Nagoya basho 2013 - 14ème journée (Juyokka-me)

Caramba, encore râté!

Certes, l’enjeu du basho s’en est allé hier, Hakuho remportant une 26^ème Coupe qui le place encore un peu plus haut dans l’Histoire du sumo, n’ayant plus comme objectifs en nombre de titre que les géants Chiyonofuji et Taiho. Certes, le dai-yokozuna a d’ores et déjà et va encore marquer les statistiques de son sport comme l’un, sinon le plus grand de l’Histoire. Il n’est que de voir son pourcentage de victoires, supérieur à celui record de son mentor Taiho. Certes. Mais bon. On recherche toujours ce que l’on n’a pas, si possible ce qui paraît inaccessible, quand on est un compétiteur de sa dimension. Et sa quête, à l’issue de deux yusho vierges de défaites, semblait pouvoir (re)devenir celle du mythique record de Futabayama. Las, encore une fois (la dernière), l’inaccessible marque du yokozuna des années trente va encore une fois rester au panthéon. La faute au yokozuna lui-même (sans mésestimer la performance de son adversaire), battu par sa nervosité et peut-être les pépins physiques contractés il y a deux jours.

Niramiai intense entre Hakuho et Kisenosato. A tel point que, chose rare, le yokozuna commet un matta. Puis un « refus de combat ». La tension est palpable avec un public acquis à la cause de l’ozeki. Le combat lancé, Hakuho est visiblement tendu, envoyant plusieurs gros harite, encore quelque chose qui ne lui ressemble pas. Est-ce la blessure qui l’empêche d’aller au mawashi, terrain plus favorable ? Toujours est-il que sur un affrontement un peu désordonné et bovin, Kisenosato est concurrentiel, et il le prouve en sortant au final un yokozuna rarement vu aussi fébrile. Il n’y aura pas de troisième zensho-yusho d’affilée, et Futabayama peut une nouvelle fois (pour toujours ?) dormir tranquille. Kisenosato, lui, prend une belle option pour le jun-yusho (une fois de plus), les deux autres candidats ayant perdu ce samedi.


N’y parvenant pas en force contre Okinoumi, Kakuryu prend la voie magique d’un kotenage excellemment exécuté (avec l’aide de son adversaire peu désireux d’y laisser un coude, bien sûr). Kotooshu est clairement motivé par un bon résultat et montre un sumo autoritaire sur ce basho, mais il laisse une ouverture dans sa garde qui permet à Shohozan de le sortir tout en s’écroulant dans le même temps. Le mono-ii convoqué décide finalement d’attribuer la victoire au komusubi.

Harumafuji, lui, rattrape (un peu) son basho pourri en soutenant le choc des muscles face à Kotoshogiku avant de sentir la faille d’équilibre chez l’ozeki, ce dont il profite en un éclair sur uwatenage.

Myogiryu est à sa place comme sekiwake, même s’il lui manque encore le petit plus pour franchir le palier supérieur. Démonstration avec un combat raté contre Ikioi, plus vif et placé, qui l’oblige à se transcender demain. Kaisei plombe (un tout petit peu) son excellent basho en précipitant bien trop son assaut, ce qui permet à Tochiozan de s’écarter aisément. Comme Kaisei, Aoiyama rate face à Goeido l’occasion de couronner son basho par un jun-yusho. Comme Myogiryu, Goeido jouera son rang demain.

Amnishiki est le plus malin dans l’affrontement des deux renards de la makuuchi, prévenant toute prise de Tokitenku pour le sortir en puissance. Combat de chiffonniers entre Toyonoshima et Takayasu qui se prennent pour des Russes à grands renforts de tsuppari échevelés, le plus jeune se dirigeant vers les sanyaku aux dépens de Minipouss bien décevant à son rang, et make-koshi.


En manquant un tsuppari, Chiyotairyu qui avait le combat en main permet à Takarafuji tout heureux de placer une porte ouverte qui lui donne un succès facile. Tamawashi sort des starts en premier, mais c’est Fujiazuma le plus costaud en cette fin de basho, pour une sortie violente. Kyokutenho amortit un basho difficile en venant à bout tranquillement au mawashi de Sadanofuji. Enorme combat tout en force de Kotoyuki qui anéantit Yoshikaze à force de tsuppari, pourtant une spécialité de ce dernier, pour un kachi-koshi mérité. Jokoryu est voué au retour en juryo, mais un éclair de puissance et de placement lui permet d’amortir sa chute tout en empêchant le kachi-koshi de Kitataiki, bien décevant. Sokokurai n’est pas encore au niveau, il le sait, et face à la puissance de Toyohibiki ça ne pardonne pas pour une sortie éclair. Le Mongol sera de retour, n’en doutons pas. Dieu que les henka d’Aran sont prévisibles… sauf pour ses adversaires apparemment, dont Tammasuka, bien naïf sur ce coup. Masunoyama fait toujours peur à voir quand il termine un combat au couteau, surtout une défaite longue à venir ayant réclamé un effort violent. Wakanosato le vétéran se dépêtre bien des makikae de son adversaire et pourra peut-être demain échapper à la première relégation « sportive » de sa carrière en juryo, un sort qui pourrait bien en sonner le glas le cas échéant. Déjà kachi-koshi pour son premier basho en makuuchi, Tokushoryu passe finement les bras sous la garde de Shotenro pour s’assurer une victoire inéluctable.

En juryo, le leader et déjà titulaire du titre, Endo, écrase la concurrence et montre qu’il a bien l’intention de revendiquer, ce qui devrait être l’enjeu majeur de la journée de demain, une promotion directe en makuuchi après un unique basho chez les « apprentis ». Le combat du jour en juryo est donc sans conteste l’affrontement, sans enjeu certes (pour le yusho) entre les deux révélations du basho, le gakusei-yokozuna Endo et l’Egyptien Osunaarashi, pas si affecté que ça par le saum du Ramadan dans la fournaise de Nagoya. Osunaarashi engage de façon très convaincante les hostilités par des tsuppari violents, mais omet de conserver une assise suffisamment stable, ce dont Endo profite pour remporter un treizième succès. S’il devait l’emporter demain, il serait parmi les rares (22) lutteurs à décrocher le titre en deuxième division avec seulement un revers. Il pourrait donc en outre profiter d’une promotion directe en makuuchi, si les circonstances de banzuke sont favorables.

Chiyootori a bien fait de revenir de son kyujo puisqu’il a sérieusement limité les dégâts. Mais face à Homasho, s’il est à deux doigts de l’emporter en puissance et la la grâce d’un placement remarquablement bas, c’est l’Apache qui prévaut au final par un sumo de recul forcé qui à défaut d’être habituel pour lui est bien maîtrisé, jusqu’à l’okuridashi final. Plus vif et parvenant à éloigner Takanoiwa de son mawashi, Asahisho remporte le combat de juryo comportant le plus d’enjeu du jour (7-6 pour les deux lutteurs). Kyokushuho a raté son basho, mais face à Nionoumi en perdition totale l’affaire est rapidement pliée par une poussée et un tirage. Oiwato a bien l’initiative de son combat mais le Mongol Seiro est plus habile dans son esquive et réduit à néant les espoirs de makuuchi de son adversaire. Belle poussée sous les bras de Tenkaiho qui repousse en force Tochinowaka, pourtant en bonne position pour un jun-yusho. Enorme henka d’Azumaryu qui enfonce un peu plus Tochihiryu déjà promis à la makushita. Belle résistance de Kagamio face à la traditionnelle pince de crabe de Tokushinho, mais quand le poids lourd met tout son poids dans la balance, son kimedashi est trop dur à contrer. Le Mongol concède le make-koshi. Basho pourri pour les élèves de Kokonoe, Chiyoarashi amenant un nouveau kyujo à la collection de juillet qui lui vaut un retour en makushita. Homarefuji, mal en point, est tout heureux de l’aubaine. Combat violent avec un échange forcené de tsuppari entre Sotairyu et Oniarashi, le premier ayant l’initiative et amenant son opposant au sol non sans que celui-ci lui ait refait la cloison nasale dans l’intervalle. Au fond de la piscine de juryo, Yoshiazuma a enfin pu donner un bon coup de pied pour remonter vers la surface. Mais opposé au petit gabarit de Satoyama qui lui est encore en quête de kachi-koshi, il doit céder au terme d’un très joli combat où tous les aspects du sumo sont passés en revue par les deux hommes. En recherche comme Satoyama, Daikiho se montre très motivé face à Tanzo qu’il exécute d’un uwatenage rageur. Les deux hommes joueront leur basho au senshuraku. Combat au long cours mais vif pour Asasekiryu, apparemment désireux de s’assurer une marge avec un kachi-koshi large. Kotomisen en fait les frais lourds puisqu’il ne devrait pas éviter un retour en makushita. Après six make-koshi de rang ( !), l’ancien komusubi Wakakoyu espère contre le léger Kitaharima, replongé en makushita, éviter sa propre relégation. Ses tsuppari semblent manquer d’efficacité, mais la précipitation (et le manque de masse) de Kitaharima lui facilitent les choses. Wakakoyu, à défaut d’assurer aujourd’hui enfin un kashi-koshi, sauve sa place dans l’élite. Situation similaire pour Takanoyama qui a par contre lui un septième make-koshi en poche, mais doit vaincre pour sauver sa tête. Décalage traditionnel du Tchèque qui est anticipé par Akiseyama, Takanoyama devant alors déployer des trésors de vista pour se retrouver dans le dos de son adversaire, puis des trésors de force pour enfin parvenir à le tomber en yoritaoshi. Un basho de plus en juryo en septembre, mais il n’aura plus aucune marge.

En ce qui concerne les promotions, la makuuchi devrait voir Daido, Baruto, Chiyonokuni, Tochinoshin, Sokokurai, voire Wakanosato et Tamaasuka (quelle division en septembre !). Je dis bien devrait, car le hic c’est que les candidats clairs à la montée sont bien moins nombreux, et qu’il devrait donc y avoir des repêchés parmi les grands noms précédemment cités. Lesquels ? La NSK est seule à le savoir. Seul Tochinowaka est un clair candidat à la montée, Tenkaiho et Homasho peuvent espérer, voire Endo.

Entre juryo et makushita, Kotomisen, Chiyoarashi et Tochihiryu devraient replonger au purgatoire, remplacés par Chiyomaru (s’il gagne demain), Wakamisho et Akiseyama.