Formellement, les deux rikishi qui s'étaient détachés dans le course au yusho ont tous les deux gagné et il n'y a maintenant plus aucun doute mathématique, le yusho se jouera bien entre Kisenosato et Hakuho. Mais l'enjeu véritable va bien au delà d'une simple histoire de victoire sur un tournoi car ce à quoi l'on assiste est peut être le réveil du sumo japonais et la naissance d'un nouveau yokozuna, rien de moins. Kisenosato a tellement souvent pêché par son mental fragile malgré le génie évident de son sumo et le destin glorieux que tout le monde lui prédisait que l'on doit saluer comme il se doit sa treizième victoire en autant de jours. Gonflé à bloc, sûr de lui, l'ozeki semble enfin avoir trouvé les ressources mentales qui lui manquaient. Face à Kakuryu, comme face à tous ses précédents adversaires, Kisenosato a été impérial de force, de rapidité et de stabilité et l'a emporté avec une facilité déconcertante. Il se retrouve maintenant devant son destin car il affrontera demain Hakuho lors d'un combat qui promet d'être historique.
Pas de problème pour Hakuho face à Kotoshogiku
Hakuho a donc, lui aussi, remporté son combat du jour. Opposé à un Kotoshogiku remonté comme une pendule, le yokozuna a bien été secoué mais n'a, en fait, jamais été en danger. Il est en effet un des rares à réussir à contrer l'ozeki lorsqu'il attaque en ligne, un véritable exploit qui s'est traduit par l'impossibilité pour Kotoshogiku de mettre ses deux mains sur le mawashi du maître. Il faut reconnaître qu'il s'est démené comme un beau diable mais lorsqu'il a voulu attaquer bille en tête malgré ce handicap, il s'est fait très logiquement contrer par une de ces projections dont le yokozuna a le secret. Harumafuji savait que Kotooshu, qui avait impérativement besoin d'une huitième victoire pour se sauver de son kadoban, allait attaquer avec l'énergie du désespoir. Le yokozuna n'a donc pas hésité à faire un grand pas de côté dès le tachi-ai pour mieux laisser passer l'ozeki qu'il a ensuite repoussé avec la rage qu'on lui connaît, blessant au passage Kotooshu sur son genou indemne... Goeido a très bien entamé son combat contre Takayasu qu'il a copieusement bousculé et était sur le point de le faire chuter quand ce dernier, une nouvelle fois (c'est sa bête noire) a trouvé la parade. Il s'est d'abord dégagé de sa prise au bras et à fait suivre par une bonne esquive qui a précipité Goeido à terre. Le sekiwake arrivera t'il un jour à battre Takayasu ? Tochiozan et Shohozan se sont livrés à un vrai combat de rue et à ce petit jeu, c'est Tochiozan qui a fini par céder.
On peut comprendre qu'Aran essaye souvent d'esquiver ses adversaires quand on voit ce qui lui arrive quand il cherche le contact. N'hésitant pas à rentrer dans le lard d'Okinoumi, le Russe n'a en effet pas pu empêcher de se faire sortir en un clin d'oeil. Myogiryu a beau avoir un tachi-ai parfait, il pêche parfois par naïveté. Il en a fait la démonstration face à Tokitenku qu'il a parfaitement repoussé au bord du dohyo mais qui a réussi à s'esquiver et profiter ainsi de sa position trop déséquilibrée pour le faire chuter. Malin, Aminishiki a tout de suite fait un pas de côté pour surprendre Tochinoshin. Son coup à réussi même s'il lui a fallu s'employer pour le faire tournoyer jusqu'à ce qu'il chute. Après son éprouvante tournée des plus hauts gradés, Aoiyama était confronté à Kitataiki, un adversaire qui semblait plus à sa mesure. Il n'en a pas moins subi la loi du Japonais qui l'a emmené avec efficacité hors du dohyo pour une huitième défaite d'affilé le précipitant dans le make-koshi.Takarafuji a bien supporté le choc face à Takekaze et il a pris progressivement le dessus jusqu'à renverser son adversaire.
C'est sans difficulté que Toyonoshima a repoussé Chiyotairyu après un très bon tachi-ai qui l'a retrouvé collé à son adversaire à la manière bondissante d'un Kotoshogiku. Yoshikaze a certainement cru à un faux-départ tant son atari était faible malgré son départ fulgurant. Du coup, Gagamaru n'a pas eu à forcer son talent pour repousser le Japonais complétement démobilisé. Toujours bon pied bon œil, Kyokutenho a rapidement mis Fujiazuma à terre au moyen d'un kotenage défensif magnifique. Bousculé par Toyohibiki, toujours aussi tranchant au tachi-ai, Ikioi n'a pas eu d'autre solution que de se mettre de côté pour contrer son adversaire lui assurant ainsi la victoire. Beaucoup mieux maîtrisé par Sadanofuji, collant comme un vieux chewing gum, Jokoryu n'a pas eu la même opportunité d'esquive et s'est donc logiquement retrouvé dehors.
Pragmatique, Daido s'est tout de suite effacé pour laisser shotenro chuter non sans avoir supporté préalablement le choc à l'atari. Wakanosato semble de plus en plus usé. En tout cas, le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a pas opposé une résistance farouche à Kaisei qui l'a balayé comme un vieux débris. Il se retrouve ainsi make-koshi. Toujours aussi combatif, Masunoyama a vu ses efforts contre Chiyootori récompensés par une belle victoire après une lutte à couteaux tirés. Emprunté, Azumaryu a semblé attentiste face à Chiyonokuni qui, dans ces conditions, n'a pas eu trop de mal à l'expulser et gagner ainsi son kachi-koshi. Bien mal en point sur ce tournoi, le premier en makuuchi de sa jeune carrière, Daikiho avait bien besoin d'une petite victoire supplémentaire. Il l'a trouvée en esquivant le juryo Asahisho acrobatiquement. Ce n'est pas un triomphe mais lui permet d'éviter l'humiliation totale. Très motivé par son passage en makuuchi, Oiwato a attaqué Homarefuji avec envie et n'a donc pas eu trop de mal à le repousser hors des limites.
En juryo, Kagamio, le leader, a maladroitement perdu son combat contre Tamaasuka et se retrouve à nouveau à égalité avec deux autres lutteurs. En effet, alors qu'il avait le combat bien en main, le Mongol a exécuté une belle projection tout en mettant son pied dehors et perd ainsi une belle opportunité de rester seul en tête. Plus sereins dans leur attitude, Kotoyuki et Tokushoryu ont assuré leur victoire sans trembler pour se retrouver au même niveau que Kakgamio. Kotoyuki a repoussé Chiyoo avec fracas sans trembler une seule seconde. De la même façon, Tokushoryu s'est imposé avec autorité à Kimurayama et conserve ainsi toutes ses chances de yusho. Juste derrière ces trois là, à une longueur, on retrouve donc Tamaasuka mais aussi Tamawashi après qu'il ait repoussé Kitaharima sans ménagement.
Engagé dans un long corps à corps avec Tenkaiho, Asasekiryu s'est progressivement épuisé et n'a rien pu faire pour éviter d'être repoussé hors des limites. Toute aussi longue, la lutte à grands coups de tsuppari de Takanoiwa contre Sagatsukasa a finalement tourné à l'avantage du lutteur de poche qui a repoussé le Mongol de la Takanohana beya après avoir trouvé l'ouverture. Comme hier, Takanoyama a régalé le public de deux combats pour le prix d'un. Repoussé dans un premier temps avec force par Nionoumi, Takanoyama a suffisament réussi son esquive au bord du dohyo pour que les juges décident d'un nouveau combat. Cette fois-ci, Nionoumi ne s'est pas précipité pour éviter de tomber dans les pièges du lutin tchèque et a sagement attendu avant d'imposer sa masse malgré son genou défaillant. Homasho contre Tochinowaka avait un petit goût de makuuchi et, de fait, le combat a tenu toutes ses promesses tant il a été dynamique. Homasho a eu l'avantage pendant presque l'intégralité de la confrontation, manquant de peu l'expulsion de Tochinowaka à plusieurs reprises. Mais ce dernier s'est admirablement défendu, revenant sans cesse au centre du dohyo et esquivant avec art la dernière attaque d'Homasho qui s'est retrouvé par terre. Satoyama s'est défait de Tochihiryu pratiquement de la même manière. Décidément inspiré par ses petits camarades, Sotairyu a lui aussi failli finir hors du dohyo plus d'une fois et doit à sa vivacité la déviation de la charge de Wakakoyu qui s'est retrouvé contraint de sortir.Oniarashi, plus dynamique, a expulsé sans problème Tokushinho. Tanzo a également pris la mesure de Chiyoarashi sans réelle difficulté. Kizenryu a surpris Sakigake avec un très rare kekaeshi, un balayage que n'aurait pas renié un Tokitenku de la grande époque.
En minarai, cette journée était particulièrement décisive dans l'attribution des yusho qui ont tous trouvé preneur. Cela a été le cas en makushita malgré le torikumi particulier de cette journée qui faisait s'éviter soigneusement les deux invaincus. Le grand gagnant est finalement Osunaarashi, le lutteur égyptien, qui est parti à la conquête de sa septième victoire face au juryo (plus pour longtemps) Akiseyama comme si sa vie en dépendait. Lancé d'abord en percussion, Osunaarashi s'est ensuite emparé du mawashi d'Akiseyama avec la ferme intention de l'expulser, ce qu'il a fait après une lutte acharnée. Juste avant, Taiga s'est fait facilement expulser par Wakamisho offrant donc à Osunaarashi tout à la fois le yusho et son ticket vers la juryo. Une belle performance qui sanctionne un parcours exemplaire jusqu'à présent pour le premier lutteur africain de l'histoire. A noter que Tosayutaka termine son tournoi de reprise à 6-1. En sandanme, c'est le prometteur Daieisho, même pas 20 ans, qui a remporté le yusho après avoir intelligement dévié l'attaque sans imagination de Matsubayama, un des co-leaders. Le troisième invaincu, Nishiyama, s'est fait retourner comme une crêpe par Ishiura qui remporte par la même occasion le yusho de jonidan. Ishiura remporte son deuxième tournoi consécutif après celui de jonokuchi en mars. Rien d'étonnant pour un ancien universitaire mais tout de même une belle performance de la part d'un rikishi technique au parcours à surveiller. Enfin, en jonokuchi, un autre ancien universitaire, Shineiyama, est allé conquérir sa septième victoire, synonyme de yusho après une longue période de blessure de près de deux ans.
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