• Natsu basho 2013 - 11ème journée (juichinichi-me)

    Stairway to heaven ou Highway to hell

    Led Zeppelin ou AC/DC? Voici le choix qui s’impose pour décrire la possible destinée de Kisenosato au terme de ce qui s’annonce de plus en plus comme un mano à mano décisif face à la légende vivante Hakuho. Si Kisenosato parvient à finir sans taches son basho et à remporter le premier yusho japonais depuis Tochiazuma, il entrera dans la légende, l’exploit se faisant face au plus grand sumotori de sa génération, voire de l’histoire. Mais si Kisenosato échoue, bien que cet échec puisse se comprendre à l’aune du niveau dudit yokozuna, la frustration engendrée risque de le hanter de longues années. Bref, c’est maintenant ou – peut-être – jamais, pour l’ozeki. Autant dire qu’il n’a pas le choix, il lui faut être décisif jusqu’à samedi, et la tâche ne s’annonce pas facile.
    Le combat du jour n’est toutefois pas le plus compliqué de ceux qui restent à disputer pour l’ozeki japonais, à qui il restera dès demain Harumafuji, puis Kakuryu, avant d’affronter Hakuho et de finir par Kotoshogiku. Un Everest. Mais on peut commencer à y croire pour lui après ce succès probant sur le Russe Aran. L’ozeki conserve une distance prudente sur les dangereux bras de son adversaire, en mode « combat franc » aujourd’hui, passant au final sa puissance et sa hargne sous les yeux d’un Hakuho toujours impassible. Le pinacle de samedi semble bel et bien se profiler, le regard de Kisenosato donnant à Hakuho la chikara-mizu valant son pesant de cacahouètes…


    Le petit Kitanoumi n’est pour l’heure pas victime de la pression.

    Mais l’eau de force de l’ozeki n’est visiblement pas coupée au Tranxène, car après une grosse lutte contre Kotooshu pour le contrôle du mawashi, que chacun des deux hommes parvient à dénier à son adversaire, le yokozuna, visiblement décidé à ne pas s’éterniser, profite du blocage en forme de clé de bras du Bulgare pour pivoter en un éclair et attirer le malheureux ozeki kadoban au sol. Uwatenage. Le combat de Kaloyan contre Aoiyama sera primordial demain, s’il l’emporte le soulagement sera au bout, car on imagine bien que Kotoshogiku ne devrait pas constituer un obstacle insurmontable au kachi-koshi, désormais….


    Le Bulgare ne devait pas trop compter dessus, il aura moins de regrets…

    Derrière le duo infernal, un (tout petit) peu de mouvement. Kakuryu est toujours à une unité, mais Harumafuji est désormais seul à deux victoires des leaders. On a connu Aoiyama mieux inspiré que sur ce basho. Le Bulgare fait une fois de plus preuve de précipitation après un bref échange de tsuppari en lançant une poussée sans équilibre sur l’ozeki Kakuryu. La sanction, une chute peu glorieuse, est inévitable. Kakuryu reste au contact.


    Kakuryu tranquille.

    Le petit décalage de côté permet à Harumafuji de se retrouver en position favorable, ce qu’il convertit avec beaucoup de subtilité lorsque Kotoshogiku se décide, prématurément, à balancer la purée. De quoi, pour le yokozuna, avoir de gros regrets pour ces deux revers stupides et prématurés.



    Harumafuji tient la distance, mais part de trop loin…

    Basho à oublier pour Goeido qui entame pourtant bien son torikumi en repoussant de deux mètres, d’un seul coup d’épaule, Toynoshima, mais le sekiwake manque une seule fois la cible et sort tout seul, emporté par son élan. Oublié l’ozeki-run, il lui faut désormais assurer son maintien au rang de sekiwake. Combat gagné à l’atari pour Tochiozan qui parvient à passer ses deux bras sous la garde de Kitataiki et se facilite subséquemment la tâche pour une poussée victorieuse malgré la résistance acharnée de son adversaire. Gros combat de Tochinoshin qui remporte enfin une victoire face à Okinoumi, et ce en dépit d’un engagement bien mal parti pour lui, Okinoumi étant après l’assaut bien mieux placé sous son bras. Le Géorgien montre une puissance impressionnante pour résister aux poussées de son adversaire avant de placer une solide projection. Un succès méritoire et mérité. Après un imperceptible décalage au départ, Myogiryu se facilite les choses en mettant presque knockout Shohozan, qui dès lors n’a plus la lucidité pour résister au reste de l’offensive. Le retour en sanyaku est acquis, le sansho quasiment. Il peut même rêver à plus, comme supplanter Goeido dans la quête du deuxième rang…


    Myogiryu devient un pilier des sanyaku.

    Aminishiki tente un classique « pousse et tire », mais le dernier mouvement est exécuté face à Takekaze pas assez déséquilibré par la poussée initiale. La sortie du vétéran est nette et le make-koshi inévitable. Takayasu a l’initiative au départ du combat, abreuvant Fujiazuma de tsuppari. Lorsque le combat en vient au mawashi, c’est le lourd qui a l’avantage, mais la qualité de déplacement de Takayasu lui permet de résister jusqu’à ce que son adversaire ne chute malencontreusement. Fujiazuma peut heurter le sol de frustration, il a perdu une occasion en or de se rapprocher du kachi-koshi. Ikioi sort un tachiai du feu de dieu et semble avoir l’avantage, mais Yoshikaze, toujours saignant à l’occasion, le contre avec une violence et une puissance impressionnante pour rejoindre au classement son adversaire du jour. Le torikumi entre anciens champions universitaires – bien mal en point sur ce tournoi – tourne à l’avantage de Jokoryu, qui profite d’un tachiai mieux négocié et passe derrière Daikiho pour le finir en okuridashi d’un coup de ventre (si, si…). Wakanosato se rassure en contraignant Tokitenku à la sortie, après un affrontement de prises intérieures droite que le vétéran convertit en plaçant un kotenage qui laisse au Mongol el choix entre la sortie ou la blessure. Tachiai net pour le toujours vert Kyokutenho sur lequel les années ne semblent pas avoir de prise. Le vétéran mongol yorikirise Daido avec une aisance presque déconcertante alors qu’il approche les 39 printemps. En situation compliquée alors qu’il est au fond de la division makuuchi, Kaisei ne se rassure pas en perdant un combat de longue haleine face à Chiyotairyu qui décroche là son kachi-koshi. Numéro de claquettes, pardon, de danseur étoile de Chiyonokuni qui surprend Shotenro qui le voyait déjà sorti mais en équilibre sur la tawara, l’élève de Kokonoe trouve les ressources pour décaler le centre de gravité de son adversaire en lui tirant sur le bras pour un tottari pas franchement académique. Bloquant le bras gauche de Chiyootori, Gagamaru patiente un instant avant d’achever ce dernier sur un kotenage attendu dans cette position. Le Géorgien est kachi-koshi, un fait attendu pour lui dans sa position sur le banzuke. Il peut encore mieux faire et pourquoi pas viser un prix en cas de bonne fin de basho. Classique affrontement en oshizumo entre Tamawashi et Homarefuji, le premier profitant au final d’une glissade de son adversaire qui se voit raccompagné dans son dos vers la sortie. Affrontement de Mongols qui tourne à l’avantage du juryo Takanoiwa, qui passe sous les bras de l’hiramaku Azumaryu pour un yorikiri facile.


    En juryo, le quatuor de leaders passe logiquement de quatre à deux unités, les rikishi encore en course s’affrontant dans deux combats décisifs. Magnifique kimarite de Kagamio qui recule sous l’impact de Kotoyuki mais lui saisit le bras dans le mouvement et lui plonge le nez dans la poussière au moyen d’un tottari splendide. Un combat à voir et à revoir. Le revers de la veille oublié, Tokushoryu repart de l’avant, au figuré comme au propre, poursuivant Tamaasuka dépassé sur la moitié du périmètre du dohyo avant de le finir en yorikiri.

    Henka de torero de Tochihiryu sur Asahisho. Qu’on aime ou pas cette forme de combat, c’est quasiment un art quand c’est exécuté avec ce niveau de perfection. Impressionnant de mobilité, Oiwato ne laisse pas un instant de répit à Tenkaiho, assailli de droite, de gauche puis encore de droite. La vaine tentative d’utchari du poids-lourd sur la poussée finale n’y changera rien. Difficile combat de longue haleine comme les aime Asasekiryu, en position très basse sur Tanzo et qui travaille son adversaire jusqu’à l’épuisement pour le sortir en force. Moulin à baffes pour Oniarashi et Sotairyu dans un combat haletant, mais le dernier précipite trop une dernière charge que Oniarashi évite pour laisser son adversaire repartir avec le make-koshi. Trop de force et surtout trop d’allonge pour Tochinowaka qui ne connaît pas le stress dans son combat face au petit gabarit de Satoyama. Performance notable de Nionoumi, aux frontières du make-koshi, qui balade le double quintal de Tokushinho pour au final se retrouver dans son dos pour une conclusion express. Chiyoo n’a plus beaucoup de marge de manœuvre s’il veut échapper à une relégation qui lui tend les bras. Il l’a bien en tête et passe sous la garde du petit Sagatsukasa pour le sortir imparablement en souplesse. Quand Wakakoyu se met à retrouver sa moulinette, il peut être irrésistible, comme aujourd’hui. Victoire nette sur Chiyoarashi, qui n’efface pas l’impression de déclin que le spécialiste d’oshizumo laisse depuis le début du basho. Quand il tombe sur des lutteurs comme Kitaharima avec des réflexes d’enfer et une grande mobilité, il n’est pas facile pour Takanoyama de sortir l’artillerie de ses tours de passe-passe. Les choses peuvent devenir délicates si le Tchèque ne réagit pas. Homasho semble retrouver ses forces à mesure que le basho s’égrène : l’Apache contient Kizenryu à distance en imprimant une poussée sur le côté avant de renverser la vapeur pour tomber son adversaire. La zone de promotion étant assez trouble avec peu de candidats évidents à la relégation, le comité du torikumi programmait aujourd’hui deux combats entre juryo et makushita. Dans le premier, Endo conserve ses chances de promotion en battant joliment en force la lourde carcasse d’Akiseyama. Il faudra encore un succès à l’universitaire pour sceller l’affaire. Dans le deuxième affrontement, Yoshiazuma met Kimurayama dans l’embarras en lui infligeant le make-koshi, tout en assurant à priori son retour en juryo.

    Puisqu’on est sur les promotions, celle d’Osunaarashi est de moins en moins un fantasme à mesure que le basho avance. L’Egyptien remporte un succès convaincant en position pourtant haute sur le dangereux lutteur de la Kise-beya, Sasanoyama. Le surprenant Taiga, petit gabarit Mongol qui rame depuis dix ans dans le fond de la makushita ou en sandanme, sera son adversaire dans un combat crucial, dans deux jours sans doute. Journée noire pour la Kise-beya puisque la victime de Taiga n’est autre que Sasakiyama, le do-beya de Sasanoyama et leader de la sandanme jusqu’alors. Privée d’Amuru depuis son isamiashi, la division reviendra à un outsider sorti de nulle part. Daieisho, ancien espoir connu sous le shikona de Daishoei précédemment, semble le plus à même de remplir ce rôle, mais la division a connu trop de surprises pour qu’on ne fasse preuve de prudence. En jonidan, Ishiura est toujours tranquillement aux commandes, alors qu’en jonokuchi le rare non-shindeshi, Shineiyama, continue sa route vers le succès.
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    skydiver

    [ Akebono ] Présentation générale

    D’après divers médias japonais aujourd’hui, la cause du décès est bien une défaillance cardiaque, à l’hôpital où l’ex Yokozuna était traité.

    skydiver 16/04/2024, 18h45 Voir le dernier message
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    Les médias japonais donnent un large écho à cette disparition. Akebono Yokozuna, après ses prouesses sur le dohyo, restait une figure populaire au Japon.

    skydiver 12/04/2024, 00h44 Voir le dernier message
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    Le site de CNN propose un article consacré au Yokozuna depuis quelques minutes.

    skydiver 11/04/2024, 15h34 Voir le dernier message
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    Le 64eme Yokozuna a gagné 11 basho. Il laisse derrière lui son épouse, deux filles et un garçon. Hospitalisé depuis le début du mois, il est décédé d’une

    skydiver 11/04/2024, 15h28 Voir le dernier message
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    Je suis au Japon et la télévision publique NHK vient d’annoncer le décès d’Akebono, à l’âge de 54 ans.

    skydiver 11/04/2024, 12h31 Voir le dernier message
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    Osaka basho 2024

    Si vous avez accès à la chaîne NHK International, à compter de dimanche prochain, vous pourrez revoir les meilleurs moments de ce basho. Plusieurs rediffusions,

    skydiver 11/04/2024, 07h19 Voir le dernier message
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    Osaka basho 2024

    En effet. Information à confirmer mais, à ce jour, je ne trouve toujours pas de liste sur le site de la NSK ou ailleurs.

    skydiver 09/04/2024, 03h14 Voir le dernier message
    lolo

    Osaka basho 2024

    Si c'est le cas, ça fait un sacrée renouvellement.

    lolo 08/04/2024, 21h21 Voir le dernier message
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    Osaka basho 2024

    Petite exposition sympathique qui ne prend qu’une trentaine de minutes. Beaucoup de photos couvrant plusieurs générations de rikishi, des tegata

    skydiver 08/04/2024, 10h45 Voir le dernier message
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    Osaka basho 2024

    La salle où se déroule le basho d’Osaka reste ouverte jusqu’à la fin du mois pour une exposition sur le sumo. Photos, mawashi, tegata et vidéos

    skydiver 04/04/2024, 23h38 Voir le dernier message