Journée blanche une fois de plus en termes de péripéties au Kokugikan : l’intégralité des lutteurs proches de la tête pour la conquête éventuelle du yusho se sont imposés, sans heurts pour la plupart. Dont Kisenosato, qui fait de plus en plus figure de challenger numéro un aux appétits du yokozuna Hakuho. Opposé à celui qui est sans doute l’une de ses plus grosses bêtes noires dans le gros combat du jour, l’ozeki, dont l’adversaire a une pression conséquente eu égard au kadoban dont il doit une nouvelle fois se sortir, ne tremble pas, coupant les quelques tentatives de prise de mawashi du Bulgare avant de le laisser pénétrer au moment opportun où il enclenche la marche avant, repoussant alors son adversaire désarmé. Kotooshu devra aller encore cueillir deux succès sur les cinq confrontations qui lui restent, dont les deux yokozuna. La marge se réduit.
Hargne contre prudence, un combat par trop inégal.
Le yokozuna Hakuho n’est pas en reste, mettant un terme définitif aux ambitions d’ozeki-run du sekiwake Goeido, encore trop peu régulier sur la distance pour espérer une promotion. La vivacité du yokozuna lui permet de trouver une ouverture dès le tachiai consommé, en pivotant d’un quart de tour sur sa droite tout en saisissant le bras de son opposant pour l’emmener au sol en tottari. Vite fait, bien fait.
Clé de bras ou clé du yusho ?
Derrière eux, Kakuryu, après l’échec du gros test Kotoshogiku hier, se reprend avec une épreuve bien moins compliquée pour lui, le Russe Aran, lutteur redoutable mais qui lui réussit particulièrement bien. La belle saisie du mawashi en intérieur droit par le Mongol lui permet une position favorable, qu’il affermit en soutenant la grosse pression physique du Russe avant de placer l’offensive fatale. Kakuryu peut encore nourrir quelques espoirs.
Kakuryu toujours au contact.
Les espoirs sont plus maigres pour le trio qui suit à deux victoires des leaders, et s’amenuisent à mesure que le basho arrive dans son final. Harumafuji en mode reconquête d’une crédibilité écornée par ses deux revers prématurés ne fait pas de sentiments contre Shohozan, balayé en quelques secondes. Le yokozuna est tellement désireux d’en découdre qu’il est d’ailleurs à deux doigts de réattaquer l’infortuné espoir alors qu’il est déjà sorti.
Là, on retrouve l’esprit d’Ama…
Kotoshogiku est moins impressionnant mais efficace contre Aoiyama, mettant une grosse pression physique après sa prise de mawashi sur le côté de son adversaire, avant de renverser la vapeur pour un uwatenage tranquille. Harumafuji et Kotoshogiku sont kachi-koshi, tout comme Tokitenku, qui profite du kyujo de l’infortuné Kyokushuho, blessé hier.
Kotoshogiku varie son sumo…
Deux matta entre Myogiryu et Okinoumi, l’intox est à son top. Myogiryu est cependant clairement plus fort, et sort Okinoumi en yorikiri express. Le décalage « Isegahama » d’Aminishiki ne trompe pas Tochiozan qui n’est plus une bleusaille, et qui se permet en sus de rendre la monnaie de sa pièce au vétéran par une esquive au timing parfait. Toyonoshima boit le calice jusqu’à la lie, perdant faute d’un tachiai suffisamment tranché aujourd’hui (pas dans ses habitudes). Il n’en faut pas plus à Toyonoshima pour prendre l’initiative et compenser son déficit de puissance par le placement de ses tsuppari. Combat maîtrisé de Takayasu qui domine au mawashi Kitataiki avant d’imprimer un mouvement de recul fatal à ce dernier, faute d’autre solution. Comme pour Daikiho, l’expérience de makuuchi des anciens universitaires Takarafuji et Jokoryu est difficile sur ce basho. C’est la prise de mawashi main gauche du premier qui fait la différence. Energique et suffisamment bas pour passer en dessous des épaules de Takekaze, Gagamaru remporte une victoire convaincante dans un basho assez solide de sa part, à relativiser toutefois au vu de son rang dans le banzuke. Festival d’occasions manquées pour Toyohibiki qui manque de réactivité (on le comprend cela dit, vu son gabarit) face à la vista de Yoshikaze, qui finit par parvenir à voir son adversaire sortir quasiment de lui-même. Kaisei est parfois étonnant dans sa capacité de foirer un combat quasi gagné. Le manque de placement et d’équilibre du Brésilien lui est fatal et Fujiazuma repoussé est tout heureux de remporter la shiroboshi. Sadanofuji glisse après l’atari, conférant une victoire facile à Daido qui n’en demandait pas tant. Combat échevelé entre Chiyonokuni et Ikioi, ce dernier pouvant s’estimer frustré au vu du nombre d’occasions manquées. L’expérience de Kyokutenho parle sur le jeune Daikiho qui n’en finit pas de payer le lourd prix de son accession rapide à la makuuchi : abisetaoshi, la « prise du pêcheur », le gros poisson se retrouve ferré et dans les filets du Mongol. Combat furieux entre Chiyotairyu et Masunoyama, la double prise de mawashi se terminant par une chute mutuelle et un mono-ii qui retourne le verdict du gyoji pour un succès heureux de Chiyotairyu. Azumaryu équilibre sa fiche grâce à une henka peu prestigieuse mais redoutablement efficace. Ca sent la fin de carrière pour Wakanosato, mais le vétéran parvient encore à sortir un bon tachiai qui lui permet de se retrouver en bonne position, soulevant l’épaule de Homarefuji, pour l’achever en sukuinage.
Plus de suspense en juryo qu’en makuuchi, avec le net succès de Tamawashi qui relance le basho en se défaisant du leader invaincu, Tokushoryu, en le faisant reculer après l’atari avant de l’achever sur sa deuxième offensive. Tokushoryu voit revenir sur lui un trio composé de Tamaasuka, qui a d’ores et déjà assuré sa sixième promotion en makuuchi, Kotoyuki, plus très loin non plus d’un retour, et Kagamio, qui va se donner de l’air dans la division. Chiyootori ne devrait pas foncer autant tête baissée : Tamaasuka en profite pour se décaler tranquillement et placer un okuridashi humiliant. Kotoyuki ne fait ni dans la dentelle, ni dans le sentiment face à Oniarashi, trop léger et baladé sur un tour de dohyo à coup de tsuppari avant de sortir. Assaut frontal pour Takanoyama, fatale erreur contre un lutteur aussi solide que Kagamio, toujours en lutte pour le yusho. Le Mongol sort fermement le Tchèque en yorikiri.
Sagatsukasa avait l’œil du tigre aujourd’hui, bien mal en point dans son basho il trouve les ressources pour affronter bille en tête Asahisho et le sortir en deux temps, trois mouvements. Dommage pour Takanoiwa qui avait l’initiative du combat face à Tochinowaka, mais perd le rythme en voulant saisir le mawashi de l’adversaire. Le grand échalas en profite pour reprendre à son compte l’offensive et l’emporter grâce à son allonge. Etonnant Oiwato qui rivalise de vivacité avec le petit gabarit de Sotairyu, la puissance faisant la différence pour une victoire hargneuse. Asasekiryu n’est pas au mieux ce basho. Sa chance du jour est d’affronter Kimurayama qui ne vaut guère mieux, tentant une demi-henka pitoyable avant de céder en force sous la poussée du Mongol, qui va essayer de limiter la casse dans ce qui apparaît furieusement comme une préretraite. Nionoumi semble diminué physiquement, Chiyoarashi en profite pour l’expulser facilement et violemment hors du dohyo. Kizenryu montre pas mal de calme et d’application, pour ne pas dire de prudence, face au petit gabarit empoisonnant de Satoyama, qui parvient cependant malgré tous ses efforts à décrocher une profonde prise de mawashi en intérieure droite. Kizenryu déclenche au terme de ce long affrontement une offensive tournante qui lui permet au final de s’adjuger un succès mérité en uwatenage sur ce combat de longue haleine. Combat de lourds au mawashi entre Tenkaiho et Akiseyama, le premier ayant l’avantage et l’initiative mais s’écroulant au moment de la poussée finale. Le mono-ii convoqué décide toutefois d’attribuer la victoire à Tenkaiho, considérant que la sortie d’Akiseyama était effective. Tochihiryu est loin de se présenter en victime expiatoire pour Homasho, mais l’Apache semble aujourd’hui reprendre des couleurs et soutient la comparaison dans l’échange de tsuppari avant de voir la faille de son adversaire trop avancé et d’aider ce déséquilibre d’un petit tirage subtil. Gros travail de résistance de Tanzo pour résister à la pression de la technique de Tokushinho, mais celui-ci profite alors du déséquilibre de son adversaire pour l’achever en kimetaoshi, un classique pour lui. Belle performance de Kitaharima, à relativiser car on sent depuis quelques basho que l’oshizumo de Wakakoyu n’est plus ce qu’il était, le poids léger pouvant alors parvenir à ses fins en passant sous la garde du puncheur. Pris sur le côté par Seiro, Chiyoo se retrouve bien vite en situation difficile, déséquilibré par un crochetage et quasi repoussé au dehors, mais il se rétablit par miracle et résistance acharnée. . Après une stabilisation, le Mongol, qui détient toujours la meilleure prise, achève le travail sur un shitatenage qui l’enverra en juryo pour la première fois en juillet.
En makushita, Wakakeisho manque l’opportunité d’une carrière de rejoindre le trio de tête du basho en cédant sans contestation face à celui qui fait désormais figure de favori de la division sandanme, Sasakiyama. Son compère de la Kise-beya, Sasanoyama, sera lui demain l’adversaire d’Osunaarashi pour le combat sans doute décisif du yusho de makushita (et d’une éventuelle promotion pour le dernier). Du côté de la zone de promotion, Seiro est le premier à poinçonner son ticket en allant défaire Chiyoo en juryo. Les candidats encore en course sont pour l’heure Yoshiazuma, Sakigake (en ballotage défavorable), Kotomisen, Endo (en dépit de sa claire défaite du jour), Chiyomaru et Osunaarashi. Cette liste déjà raccourcie après le cinquième combat montre la grande sélectivité du haut de makushita ce basho. Elle devrait encore se réduire et éviter ainsi les frustrations, les rétrogradations n’étant pas à première vue appelées à être pléthoriques.
La sandanme a donc comme gros favori Sasakiyama, qui regardera demain ses adversaires potentiels en découdre. En jonidan, Ishiura, au contraire de quelques-unes des têtes d’affiches ce basho comme Amuru, Tosayutaka ou Daishoho, est présent au rendez-vous. Il lui faudra prendre garde, car les lutteurs précédemment cités ont montré qu’un faux-pas (au sens propre pour Amuru) est vite arrivé.
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