Natsu basho 2013 - 7ème journée (Nanoka-me)

Si proches et pourtant si loin...

Le nakabi n’a même pas encore rendu ses vérités en ce basho printanier que déjà un scénario final semble se mettre en place : deux ozeki en forme désireux d’en découdre avec le Maître. Sauf que…
Sauf que Kakuryu comme Kisensato, les deux ozeki en question, n’ont pas depuis belle lurette connu de fins de basho solides. Si Kisenosato, l’espoir de tout un peuple japonais sevré depuis si longtemps d’un basho aux accents nationaux, est depuis plus d’un an d’une régularité de montre suisse à faire pâlir Jérôme Cahuzac, force est également de constater que depuis sa promotion comme ozeki au Hatsu 2012, il n’a enregistré que huit succès sur 21 possibles lors des trois dernières journées de ses basho ; deux sur huit lors des senshuraku ; et qu’après une brève période où il semblait devenir un poison pour Hakuho, celui-ci l’a depuis battu lors des six derniers tournois. De quoi refroidir les ardeurs des aficionados nippons. Quant à Kakuryu, il est encore plus difficile de se risquer à envisager quoi que ce soit, cette première semaine constituant pour l’heure son meilleur départ depuis sa promotion au deuxième rang du sumo. Ses fins de basho sont depuis tout aussi pénibles, voir plus, que celles de son compère japonais.
Sauf que, en face, il y a un monstre doté d’un appétit d’ogre pour les records, qui continue son bonhomme de chemin pour s’installer au Panthéon des plus grandes gloires du sumo. Ayant battu le record du nombre de zensho-yusho détenu auparavant par son idole Taiho, nul doute que son objectif du mois est d’accrocher une 25^ème Coupe de l’Empereur pour égaler au palmarès son « mentor » Asashoryu. Et si l’on se base sur l’aisance de ses combats lors des sept premières journées, on peut dire que la tâche de Kisenosato et Kakuryu, les deux seuls sans doute à même de contrarier ses plans, s’annonce titanesque.
Car aujourd’hui comme hier, et sans doute demain, Hakuho n’aura pas souffert le moins du monde. Aucune frayeur pour le dai-yokozuna qui continue imperturbablement son bonhomme de chemin, jouant avec Takarafuji qu’il fait tournoyer comme un chat le ferait d’une souris grise. Les ozeki sont prévenus, il va falloir aller le chercher.


Très lucide, Kisenosato parvient à contrer la projection en recul de Baruto pour voir l’Estonien choir avant lui. Baruto risque d’avoir une fin de basho compliquée, au vu de son geste sur son genou déjà bandé. Trop tôt pour parler de fin de carrière, mais il est à craindre que le sumo vient de perdre l’un de ses grands mastodontes.


Destins croisés entre Tochinoshin et Kakuryu, l’ozeki mongol poursuivant sa dynamique de succès en prenant le mawashi du Géorgien pour un yorikiri en prise intérieure droite.


Derrière les trois hommes, à deux victoires déjà, on retrouve un conséquent peloton de chasse de pas moins de douze unités. Après deux revers prématurés de début de basho, le yokozuna Harumafuji se rassure en manœuvrant intelligemment et du bras gauche le Bulgare Aoiyama, sur une belle dynamique cependant à son niveau de banzuke. Une bonne fin de basho pourrait être pour lui synonyme de retour en sanyaku.


Victoire énergique pour Kotoshogiku qui se rassure aux dépens de Tochiozan.


Kotooshu est un homme de bêtes noires. S’il est Aminishiki et Toyonoshima que l’on connaît, il faut également y ajouter Okinoumi, qui prend son premier succès du basho (comme Aminishiki hier) face à l’ozeki kadoban, dominé copieusement. Avec l’infortune de Baruto, c’est une journée sombre pour le sumo européen.


Succès très convaincant de Goeido qui se rassure face à Aminishiki, le repoussant avec le seul côté droit de son corps. Henka vilaine mais particulièrement efficace de Shohozan sur Yoshikaze, toujours très avancé à l’atari. Victoire facile. Revers surprise pour Ikioi dont la vivacité ne peut rien face au placement et au centre de gravité de Chiyootori. Victoire en puissance pour Toyohibiki, assez à l’aise si bas dans le banzuke. Kyokushuho est dépassé. Dépassé d’entrée par Kaisei, Tokitenku n’a pas une opportunité de placer un crochetage dont il a le secret. Défaite sans appel du Mongol face au carioca. Descendu bien bas dans le banzuke après deux lourds make-koshi, Gagamaru est en forme et très puissant sur ce basho. C’est Azumaryu qui en fait les frais aujourd’hui, sorti imparablement. La boule Takekaze est dominée en puissance par Shotenro.

Victoire nette de Myogiryu qui passe sous les bras d’Aran, se facilitant la tâche. Vaine tentative de henka de Kitataiki, qui place en plus mal ses bras et se retrouve avec Toyonoshima en position sous sa garde, pour une défaite inéluctable. Takayasu plafonne quelque peu, mais aujourd’hui ses combinaisons sont suffisantes pour donner le tournis à Sadanofuji, finalement vaincu par un peu fréquent uwatehineri. Choc de lourds entre Fujiazuma et Masunoyama, le premier ayant ce jour la capacité de faire quelque peu durer le combat, ce qui lui facilite la tâche face à Masunoyama dont les soucis cardiaques le mettent en difficultés dans ce type de situation. Henka foirée pour Jokoryu. N’est pas Aran qui veut. Chiyotairyu remporte un succès sans sueur. Défaite casquette pour Kyokutenho qui avait pourtant les choses en main en profitant de son allonge supérieure, mais glisse sur Chiyonokuni lors de la poussée finale pour abandonner le succès à son adversaire. Il n’est pas nécessairement étonnant de voir Daikiho dominé par l’expérimenté Wakanosato, cela l’est plus de voir l’ancien champion universitaire autant en difficultés sur ce basho. Septième revers de rang pour lui, un retour en juryo est de plus en plus d’actualité. Wakanosato se donne un sursis. Au jeu du « pousse-tire », Daido se révèle au final mieux placé et plus stable que Homarefuji, qui finit par choir pour laisser la shiroboshi à son adversaire.

En juryo, c’est pour l’heure Tokushoryu qui domine le paquet de la tête et des (larges) épaules, mais il faudra se méfier dans cette division où rien n’est jamais joué. Impressionnant basho du Mongol pour l’heure, qui garde les commandes de la division en se montrant plus vif que Sotairyu, ce qui n’est pas une sinécure. Sa puissance supérieure fait le reste du travail.

Derrière lui, on retrouve un trio de poursuivants, Tamaasuka, Kotoyuki et Kagamio. Situation inquiétante pour Asasekiryu que l’on n’attendait pas tant en difficultés, incapable de n’offrir plus qu’une résistance désespérée à la tawara face à Tamaasuka qui le domine de la tête et des épaules. Kotoyuki est expéditif pour balancer Tenkaiho hors de la tawara. Il reste au contact. Excellente opération du Mongol Kagamio qui parvient assez vite à passer sous la garde du puncheur Wakakoyu. A ce jeu-là, le Mongol est trop fort et Wakakoyu sort victime de la prise extérieure.

Kotenage « rock and roll » pour Tamawashi qui au final fait faire un magnifique grand écart à Satoyama, qui n’aura pas démérité, attirant l’oichomage de son adversaire dans l’argile (si, si…). Nionoumi, pourtant touché physiquement en début de basho, repousse nettement Asahisho avant de l’attirer au sol. Lutte au cordeau à base de violents harite entre Takanoiwa et Tochihiryu, la puissance du Mongol faisant au final la différence. Tel est pris qui croyait prendre pour Oiwato, tout près de bluffer Tochinowaka sur un vif décalage, mais blousé au final par son adversaire sur la même manœuvre achevée en oshidashi. Les nodowa surpuissants de Tokushinho n’ont pas raison de la résistance de Sagatsukasa. Ce n’est que quand le Lilliputien passe sous la garde que le poids-lourd peut se mettre en position de kimedashi et obtenir à l’arrachée un succès heureux sur oshitaoshi. Kimurayama n’y est plus vraiment, et l’addition risque d’être salée, après un nouveau revers face à Tanzo pourtant lui-même pas au mieux, qui domine copieusement le poids-lourd en le baladant sur toute la largeur du dohyo avant de l’expulser. Belle autorité d’Oniarashi qui place deux secondes après l’atari un puissant shitatenage qui annihile toute velléité de Chiyoo. Takanoyama est comme souvent foudroyant dès l’atari. Chiyoarashi est la victime du jour du nouveau « waza no depato » sur un tottari éclair. Victoire sans forcer pour Kizenryu qui absorbe le tachiai du léger Kitaharima avant de l’amener au sol. Homasho n’est clairement pas remis de ses blessures, sa difficile victoire en recul sur Akiseyama qu’il battrait nettement sur son vrai niveau en témoigne. L’Indien se rassure, toutefois.


Les choses se décantent chez les toriteki. En makushita, Osunaarashi est de plus en plus impressionnant, en particulier en ce qui concerne son jeu de jambe. C’est aujourd’hui le pourtant très solide champion universitaire Endo qu’il abat en plaçant au final un splendide utchari confirmé par les shimpan après mono-ii. L’Egyptien est encore en course pour une promotion estivale.


Décrochent également le kachi-koshi les solides Wakanoshima et Sasanoyama, ainsi que Taiga et Kotobai. Wakamisho demeure sans doute l’adversaire numéro un d’Osunaarashi dans la conquête du titre de la division.

En sandanme, trois lutteurs anecdotiques conquièrent le kachi-koshi dans l’attente des combats des favoris demain, dont celui bien évidemment d’Amuru. En jonidan, Ishiura mène le paquet et semble promis à un deuxième yusho d’affilée. Il devra toutefois se méfier, les mésaventures arrivent, comme peut en témoigner le Mongol Daishoho qui mange aujourd’hui un surprenant caramel face à Shineiyama, l’un des rares non-shindeshi de la division. Eu égard au nombre de lutteurs, la victoire peut toutefois se jouer à six succès et Daishoho n’a pas encore abandonné tout espoir, mais il n’a pas son destin en mains.