Hakuho avait deux victoires d'avance sur huit lutteurs dont l'effectif s'est réduit comme peau de chagrin aujourd'hui puisqu'ils ne sont plus que deux à conserver ce handicap déjà conséquent. Kotoshogiku et Okinoumi sont en effet les seuls à faire durer (un peu) le suspense et encore, Kotoshogiku a eu du mal à prendre le dessus sur Kakuryu qu'il n'a vaincu qu'après une intense lutte au corps à corps où il a fini par imposer sa puissance mâtinée de prudence (pour ne pas s'exposer à un contre). Une victoire difficile, donc, mais méritée tant elle a été bien construite. Toujours aussi enthousiaste, Masunoyama s'est lancé dans la bataille contre Okinoumi avec fougue. Hélas pour lui, sa première attaque a échoué et s'est transformée en bonne prise pour Okinoumi qui a eu lui aussi du mal à disposer d'un adversaire vraiment agité et qu'il a fallu balancer au pied du dohyo. Par contraste, Hakuho est apparu calme, déterminé et, surtout, efficace. Il s'est occupé personnellement du cas Toyonoshima, un autre de ses « poursuivants » qui, malgré un tachi-ai compact et un début de combat honorable au corps à corps a vu le yokozuna changer de tactique et le secouer comme un cocotier. Excellent technicien, Hakuho n'a eu qu'à relâcher la pression pile au bon moment pour le voir s'écrouler. Le Mongol est plus motivé que jamais et on voit mal comment Kotoshogiku, sans parler d'Okinoumi, pourrait l'inquiéter, même si mathématiquement, comme on dit, rien n'est joué.
Tsukiotoshi de Harumafuji sur Baruto
Pour les autres poursuivants, c'est l'hécatombe. Baruto a bien semblé en mesure de battre le yokozuna Harumafuji lorsqu'il a trouvé le moyen d'avancer en puissance (ce dont il ne manque pas) mais c'était en fait une tactique d'Harumafuji qui voyant qu'il ne pouvait plus le repousser a reculé et l'a esquivé avec une incroyable réactivité dos à la tawara pour une des victoires les plus spectaculaires et les plus belles de la journée. Pour Goeido, son problème était qu'il devait faire face à sa bête noire, Takayasu, qu'il n'a jamais battu et, encore une fois, il a dû céder après avoir concédé la prise de mawashi à son adversaire. Alors, certes, il a lutté comme un beau diable, manquant même de renverser la situation à un moment, mais in fine, il a fini par sortir. Partis en percussion tous les deux, Shohozan et Tochinoshin se sont battus comme des chiffonniers. Sans doute plus puissant, Tochinoshin a pris le dessus progressivement pour finir en trombe avec une expulsion spectaculaire. Après avoir supporté la charge de Shotenro sans vraiment broncher, Aoiyama lui a infligé sa troisième défaite en reculant pour le laisser choir. Un grand classique qui marche toujours aussi bien. Enfin, après un début de tournoi tonitruant, l'espoir Jokoryu a marqué le pas en concédant une nouvelle défaite. En effet, sur la défensive après le tachi-ai, Jokoryu a certes eu assez de ressources pour tenter une projection mais elle a été immédiatement contrée par un Sadanofuji attentif.
Tokitenku n'a pas hésité à titiller Kisenosato avec plusieurs faux-départ bien appuyés mais il faut croire que l'ozeki a gagné en maturité car cela ne l'a pas affecté outre mesure. Il n'a même pas été spécialement agressif, il juste repoussé l'insolent de toute sa puissance, sans en faire trop. Zen.
Myogiryu a voulu jouer avec les nerfs de Tochiozan en suscitant un faux-départ. Loin d'être déstabilisé, ce dernier en a au contraire profité pour trouver un supplément de concentration qui lui a permis de balayer un Myogiryu aux abois. Ikioi est encore un peu tendre et son manque d'expérience a clairement joué contre Aminishiki. Parti avec un temps de retard, luttant pour saisir un adversaire intelligemment placé, Ikioi n'a rien pu faire pour empêcher d'être balancé comme une vieille chaussette.
Aran a logiquement tenté une henka face à Gagamaru (on ne se refait pas) mais elle n'a pas marché. Curieusement, cela ne lui a pas été préjudiciable et il a été en mesure d'équilibrer la lutte au centre du dohyo avant de tenter (et réussir) une superbe projection tout en vivacité. Rapidement en possession du mawashi de Kaisei, Fujiazuma n'avait plus qu'à avancer avec détermination pour le sortir. Takekaze doit connaître l'histoire de l'arroseur arrosé. Si ce n'était pas le cas, il l'a sans doute apprise de Kitataiki qui n'a pas hésité à lui faire une henka qu'il n'aurait pas renié.
Incapable d'imposer sa puissance de poussée, Toyohibiki n'a pas pu empêcher Takarafuji de le dominer avec son efficace sumo de corps à corps. Maladroit devant Chiyonokuni, Kyokutenho s'est agité s'en arriver à prendre son mawashi. Il n'en fallait évidemment pas plus au Japonais, parfaitement placé, pour emporter son adversaire hors du dohyo à la vitesse de l'éclair. Wakanosato a créé la surprise aujourd'hui avec son tachi-ai très tranchant, plutôt inhabituel pour lui. Le plus surpris reste Yoshikaze, son adversaire, qui s'est littéralement heurté au rempart que constituait le corps de Wakanosato et s'est retrouvé instantanément à terre, sonné.
Lancés dans un duel de tsuppari, Oiwato et Tamawashi n'ont pas manqué d'ardeurs. Par contre, ce qui a manqué à Tamawashi, c'est de la lucidité qui lui aurait évité de tomber dans le piège ultra-classique de l'esquive tendu par Oiwato. Après avoir bravé stoïquement la pluie de tsuppari de Kotoyuki, Sotairyu a fait dans lui aussi dans le traditionnel : une esquive qui a fait s'écrouler Kotoyuki. Sans surprise, cette manière de faire a inspiré Asahisho qui n'a par contre pas attendu pour s'effacer juste après l'atari et laisser Daido aller à terre.
En juryo, contrairement à la makuuchi, même si cette journée a été l'occasion de dégager un unique leader, le suspense reste entier. L'homme de tête, c'est Azumaryu, qui a récupéré son bien après son faux-pas de la veille en allant battre Tenkaiho pour la première fois. Pour cela, il a fait preuve d'un vrai pragmatisme en repérant l'impatience du Japonais, très motivé par la perspective de rejoindre la tête du tournoi et qui s'est rué sur Azumaryu, ce dont a profité le Mongol pour s'esquiver dès le tachi-ai et laisser son lourd adversaire s'écrouler. Juste derrière, plusieurs lutteurs sont en embuscade, à commencer par Asasekiryu, l'ex co-leader qui n'a rien pu faire face à un Tamaasuka parfaitement placé dès l'atari et qui a intelligemment patienté pour raccompagner le Mongol hors des limites sans se faire de frayeurs. Nionoumi a fait preuve d'une belle solidité technique pour se débarrasser de Tochihiryu avec assurance. Enfin, Kyokushuho n'a pas eu de difficultés particulières pour repousser un Wakakoyu, certes plein de bonne volonté mais sans imagination, hors des limites.
Concentré et agressif, Homarefuji n'a pas laissé Oniarashi respirer pour aller chercher rapidement sa sixième victoire. Beaucoup plus laborieux, Chiyootori a dépensé une énergie considérable pour bouger l'énorme Tokushinho qui n'a pas ménagé sa peine lui non plus. Après une longue lutte exténuante accrochés l'un à l'autre, Chiyootori, en meilleure posture et un peu plus frais, a fini par sortir Tokushinho, complètement rincé, mais que ce fut dur ! Devant un adversaire aussi dangereux par sa vivacité que Takanoyama, Daikiho a été très réactif en l'esquivant pour mieux l'amener au bord du dohyo et le sortir sans tarder. Toujours aussi dynamique et technique, Satoyama a mal été récompensé de ses efforts face à Sensho qu'il a mis à terre sur une projection acrobatique mais sans pouvoir empêcher de tomber en même temps et même, en fait, un peu avant. Malgré sa situation critique (2-6) Miyabiyama s'est encore battu avec énergie aujourd'hui, preuve qu'il n'abandonne pas. Mais que faire quand vos tsuppari, naguère dévastateurs, n'arrivent même plus à faire ne serait-ce que reculer votre adversaire ? L'ex-ozeki s'est donc incliné avec un certain panache devant Takanoiwa mais le résultat reste le même, il n'est déjà plus qu'à une défaite du make-koshi et, sans doute, de l'intai.
Forum
