Non, le Japon ne connaît pas une tempête de neige comme celle qui a pourri les nuits de votre serviteur cette semaine en Normandie, enterrant des centaines de voitures sous les congères. Osaka voit surtout un yokozuna, que j’avais imprudemment jugé fébrile lors de son combat du shonichi (quoique je maintienne qu’il n’était pas serein sur ce combat), enterrer petit à petit les espoirs de yusho de ses adversaires sous des congères de shiroboshi. La semaine qui va venir nous dira si cette avance fondra comme les flocons sous le soleil normand (la bonne blague, tiens), mais en attendant c’est bien à un cavalier seul que l’on assiste, aidé par les revers prématurés déjà concédés par les principaux candidats au titre.
Tokitenku est la victime du jour, perdant son combat dès l’entame faute d’un tachiai suffisamment tranchant (appréhension ?) qui lui vaut de concéder une prise extérieure gauche, jamais un bon signe face à Hakuho. Le yokozuna, qui est historiquement celui de tous ses congénères à avoir concédé le plus faible pourcentage de kinboshi, poursuit le mouvement en se décalant sur le côté avant d’achever le spécialiste des kake sur un puissant nodowa. Victoire express et sans sueur inutile.
De retour ?
Son poursuivant immédiat n’est autre que l’étonnant Jokoryu, qui après avoir digéré sa promotion express après seulement huit basho pour la makuuchi, est revenu suite à un Hatsu conclu par un yusho et poursuit sur une impeccable lancée. Comme pour Hakuho, c’est une prise extérieure gauche après un tachiai tranchant qui fait la différence sur Daido un peu endormi.
Quel avenir pour Jokoryu ?
Un large peloton de rikishi de pas moins de dix unités suit les deux hommes de tête. C’est Ikioi, teigneux rikishi jamais battu et d’un exemplaire fighting spirit qui n’est pas sans rappeler celui de l’absent illustre de ce tournoi, Homasho, qui se présente face au yokozuna Harumafuji. Il ne peut rien contre ce dernier toutefois, qui alterne intelligemment harite et nodowa avant de plonger le bras et de conclure sur une poussée qui fait choir le maegashira sur son séant.
Le courage d’Ikioi n’aura pas suffi.
Aminishiki tente bien le coup du matta déstabilisateur, mais Kotoshogiku n’est pas Kotooshu. L’ozeki bloque le bras de son adversaire et il ne lui faut alors que trois secondes pour le raccompagner vers la sortie. Goeido semble mal parti face à Tochiozan en concédant une profonde prise de mawashi, mais l’aspirant ozeki sauve brillamment la situation en contrant sur shitatenage. Le tachiai très prudent de Baruto le préserve pour l’heure des blessures, mais il est la raison principale de la défaite du jour, le sekiwake se relevant une fois de plus trop haut et laisse Takayasu maître de la situation en profondeur. La puissance physique de l’Estonien recule l’échéance, mais Takayasu choisit alors d’inverser les gaz, ce qui lui permet de profiter de l’inertie de son adversaire pour le faire chuter. Le chemin d’une seconde promotion sera pavé de déconvenues. Surprenant succès de Toyonoshima qui ne laisse pas l’ombre d’une chance à l’ozeki Kakuryu, dépassé en puissance et en vivacité.
Toyonoshima atomise Kakuryu.
Kisenosato refuse dans un premier temps le combat au corps à corps face à la révélation Shohozan, mais le combat en vient au mawashi et s’y éternise, et Shohozan commet l’erreur de tenter un makikae qui lui est au final fatal.
Shohozan engrange de l’expérience.
Takarafuji semble avoir une meilleure prise que Kitataiki, mais ce dernier place au final son deuxième bras, ce qui lui donne l’avantage décisif. Okinoumi égalise avec son adversaire du jour alors même que Shotenro semblait avoir fait le plus dur en oshi, mais qu’il ne parvient pas à conclure et laisse Okinoumi prendre le mawashi pour l’emporter. Dernier membre du groupe, Takekaze l’emporte de manière très classique en ce qui le concerne, poussée-tirage, sur Oiwato.
Deux kyujo viennent s’ajouter à ceux de Homasho et Kotooshu, celui de Tochinowaka, attendu au regard de la blessure patente de sa cuisse, et celui plus surprenant de Chiyotairyu, qui faisait de bons débuts chez les joi-jin. Aran et Kyokutenho sont les heureux bénéficiaires des fusen.
En juryo, Azumaryu reste sur son impressionnante dynamique, encore zensho à l’approche du nakabi (chose pas si fréquente dans cette division). Le Mongol profite de l’excès de précipitation d’Asahisho qui en dépit de sa charge bovine loupe son deuxième nodowa et se fait aspirer le bras. Azumaryu conclut dans le dos de son adversaire. Le seul poursuivant d’Azumaryu n’est autre qu’un de ses compatriotes, le vétéran Asasekiryu. Parvenu en fond de piscine juryo, Asasekiryu donne sur ce tournoi un sacré coup de patte pour remonter à la surface. Victime du jour, Tokushinho, poids très lourd sorti en force.
Kotoyuki ouvre enfin son compteur grâce à une henka empruntée (on sent qu’il ne doit pas avoir l’habitude) mais qui suffit pour tromper Wakakoyu, qui pêche souvent par excès d’enthousiasme à l’atari. Sumo de recul également pour Daikiho qui ouvre largement et fait choir Oniarashi juste avant de valdinguer sur les sunakaburi. Combat assez étrange mais intéressant entre Satoyama et Chiyootori, le premier passant volontairement à l’atari sa tête sous l’aisselle de son adversaire. S’ensuit une empoignade musculeuse et une tentative de projection de Chiyootori qui, les jambes trop écartées, finit par amorcer un superbe grand écart, malheureusement fatal en ce qui concerne l’obtention d’une shiroboshi. Yoshiazuma est encore dans un basho en mode lymphatique, ce dont profite Homarefuji pour un oshidashi net et sans bavures. Kimurayama retrouve un rare éclat (si l’on peut dire au vu du combat) pour battre un Takanoiwa bien peu fringant sur ce tournoi. Malmené en oshi puis yotsu par Tokushoryu, Kagamio retrouve suffisamment de forces pour contrer son adversaire sur lequel il s’écroule violemment, pour rendre sa fiche positive en ce deuxième tournoi chez les salariés. Auteur d’un premier matta, Akiseyama se rate à son deuxième tachiai et voit Tenkaiho passer ses bras en dessous de sa garde. Face à un adversaire d’un tel gabarit, cela ne pardonne pas. Nionoumi, en force, trébuche en expulsant Tamaasuka, et il faut un long mono-ii pour confirmer sa victoire, ce qui n’est pas fait puisqu’un torinaoshi est commandé. L’oshidashi du combat de rattrapage ne souffre d’aucune contestation. A l’issue d’un combat vif et très plaisant, Tanzo crochète son vis-à-vis mongol Sensho, lui faisant toucher le sol de la main. Le mono-ii convoqué confirme le verdict du gyoji. Takanoyama est un génie de l’accroche, mais quand il loupe la prise, cela donne une sortie sans appel, comme aujourd’hui face à Tochihiryu. Miyabiyama bouge encore, mais lentement, toujours très lentement. Ce qui ne l’empêche pas de mystifier Hochiyama, bien naïf de tomber lors d’un tirage poussif de l’ex-ozeki.