Journée décisive au Kokugikan à plusieurs titres, mais surtout pour les destins de trois piliers de l’Ozumo actuel. L’un est sûr de son triste sort, les deux autres sont quasi assurés de leur bonne et mauvaise fortune. Ces trois hommes sont Baruto, Harumafuji et Takamisakari.
La montagne du jour accouche d’une souris : Harumafuji, qui lutte avec pragmatisme et suivant ses moyens, plie sous le poids de la charge de Kisenosato mais amène l’imprudent ozeki à sortir en décalant son axe à la tawara en même temps qu’il lui appuie sur le crâne. Pas du grand art, pas le plus spectaculaire des combats de la quinzaine, mais l’essentiel est là : le yokozuna met définitivement son adversaire hors course et n’est pas loin de s’assurer un nouveau sacre.
Le Comité pourra se gargariser d’avoir « motivé » Harumafuji…
Pas de sueur froide pour Hakuho qui dispose tranquillement de Kakuryu, adversaire qui lui réussit toujours assez aisément. Le dai-yokozuna conserve un mince espoir de jouer un kettei-sen dimanche, mais il faudra compter sur un revers de son compatriote demain, pas évident au vu de son intelligent basho.
Sans doute trop tard pour Hakuho.
Clairement fini pour Baruto.
Affrontement particulièrement physique entre Tochinoshin et Kotooshu, le Géorgien se permettant même le luxe de tenter un tsuridashi sur le double mètre. Mal lui en prend, le contre qui suit et magnifique et voit le Bulgare en sus lui retomber dessus de tout son poids. Kotooshu est kachi-koshi et continue à défier le temps : plus que quatre ans à tenir pour dépasser Chiyotaikai… Grosse tuile pour Kotoshogiku qui semble avoir les choses en main avec une prise de mawashi affirmée mais se fait blouser par Tochiozan qui lui appuie sur le crâne avec un grand sens de l’opportunité. Fort heureusement pour l’ozeki, il lui reste Aran demain et Kakuryu déjà kachi-koshi pour échapper au kadoban. La confrontation entre Aran et Goeido tourne quasiment au comique, tant les deux lutteurs loupent d’occasions, Aran en particulier, très malheureux sur ses tirages. Mais ce n’est pas ainsi que Goeido deviendra ozeki, c’est certain.
Shohozan montre un bel allant, mais manque l’un de ses premiers tsuppari, permettant à Toyonoshima de le contrer vivement et d’amortir sa chute. Aminishiki peut encore viser une nouvelle apparition en sanyaku, sa prise de mawashi lui permettant de placer un joli kirikaeshi sur le Brésilien Kaisei. Myogiryu connaît d’ores et déjà les mêmes soucis que Goeido : arriver à enchaîner ses exploits face aux plus grands contre des lutteurs théoriquement plus à sa portée. Aoiyama l’expulse grâce à son allonge sans qu’il n’ait pu tenter quoi que ce soit. Kyokutenho n’est pas en forme, car concéder un revers en yotsu-zumo face à Takekaze n’est jamais un bon signe. Toyohibiki va en force chercher un Wakanosato qui n’en a plus. La juryo se rapproche. Bien placé dans l’axe, Gagamaru peut lancer ses énormes tsuppari contre Yoshikaze qui commet l’erreur de rester dans sa ligne de mire. Victoire imparable du Géorgien. Tokitenku perd la lutte pour le contrôle des bras de l’adversaire, et une tentative avortée de crochetage n’y peut rien, Ikioi l’emporte en puissance et en vivacité. Victoire heureuse pour Masunoyama qui voit Sadanofuji trébucher bêtement sur le dohyo. Plus vif au tachiai, Chiyotairyu décroche la meilleure prise avant de se figer avec Tamawashi, pour après trente secondes d’immobilité planter une projection contrée mais pas suffisamment pour lui dénier la victoire et le kachi-koshi. Tochinowaka rate la prise au tachiai, et n’e parvient plus après à se remettre de ce mauvais coup, permettant à Kitataiki de l’emporter pour se rapprocher du kachi-koshi. Tochinowaka reste sur trois revers. Une prise extérieure droite puissante est tout ce dont a besoin Okinoumi, bien décevant sur ce basho, pour disposer de Takarafuji. La grosse machine à baffes de Fujiazuma expulse Asahisho du dohyo, et sans doute de makuuchi. Daido manque de marge pour rester en makuuchi, et attaque donc son combat contre Sotairyu tambour battant en oshizumo. C’est toutefois sur une prise de mawashi qu’il accule son adversaire à la tawara avant de retourner la poussée pour placer un bel uwatenage. Shotenro n’est pas encore kachi-koshi, la faute à la précipitation qui le voit choir sur le dohyo alors que Kotoyuki n’était pas franchement menaçant. Miyabiyama boit le calice jusqu’à la lie, expulsé proprement par Tamaasuka pas bien en forme pourtant. Il me rappelle les derniers basho de Chiyotaikai, furieusement…
En juryo, situation analogue avec un homme seul en tête, mais cette fois-ci un seul poursuivant : Takanoiwa a encore Jokoryu à ses basques. Sacré motivation de Takanoiwa qui conserve sa position de tête dans le juryo yusho en assaillant vivement Chiyonokuni, dépassé dès le tachiai et jamais en mesure de contrer. Plus à l’offensive que Chiytootori, Jokoryu comprend vite qu’il ne pourra pas bouger le gabarit de son adversaire qu’il choisit alors de tomber en reculant. Jokoryu reste au contact.
Sumo de recul efficace pour Daikiho qui s’improvise ballerine sur la tawara pour éviter la sortie tandis que Tanzo s’affaisse au sol. Après une simili-henka, Sagatsukasa subit crânement une avalanche de tsuppari de Homarefuji, avant de profiter d’un raté de la machine pour amener son adversaire au sol. Victoire de roublard. Henka d’Azumaryu qui s’évite un combat sans doute appuyé face au maître des baffes, Wakakoyu. Joli combat d’Akiseyama qui après l’atari se dégage avec deux claques magnifiques, enchaîne sur une tentative de kimedashi pour finir le travail en yorikiri. Satoyama n’y a vu que du feu. Takamisakari reçoit encore une ovation pour sa victoire du jour face au très prenable Kimurayama. Le favori des foules a encore un mince espoir de sauver sa peau un basho de plus s’il est sans faute jusqu’à dimanche inclus, mais l’arithmétique des autres confrontations, même dans ce cas, ne lui est pas favorable (cela dit, le comité du banzuke le sera peut-être pour lui…). Choc de gabarits entre Takanoyama et Tokushinho, ce dernier ne laissant aucune chance au Tchèque pour une fois pas assez mobile et pris à la gorge par de puissants nodowa. Oiwato retrouve l’allant qui lui avait permis de mener la division au cours de la première semaine. C’est Nionoumi qui fait les frais du réveil. Solide au mawashi, Kyokushuho rame avec le gabarit de Tenkaiho mais finit par avoir raison sur uwatenage. Spécialiste des combats au long cours, Asasekiryu semble cette fois avoir récupéré de sa blessure, l’opposition pas si redoutable de Kotoyutaka cédant après un affrontement plaisant. Tokushoryu est puissant, mais surtout bien trop vif pour le lymphatique Yoshiazuma, qui se voit décalé avec prise de bras dès l’atari, le Mongol contrôlant le reste des opérations pour une sortie rapide. Henka pas assez suivie pour Sensho qui semble ensuite en panne d’inspiration, laissant Hochiyama reprendre le contrôle et laisser planer une incertitude quant aux espoirs de promotion du Mongol. Kagamio décroche au tachiai une bonne prise intérieure gauche qui lui permet de passer les watts et d’anéantir les espoirs de retour d’Arawashi pour le mois de mars.
En makushita, Oniarashi conclut avec panache un basho de rêve. Tochihiryu sera promu avec lui, et Sensho devrait être le troisième sur la liste. Comme attendu en sandanme, c’est le lourd espoir Hamaguchi qui surclasse la division. En jonidan, pas plus de surprises avec le succès net d’Amuru sur Masutoo, tout comme en jonokuchi où Tamao termine avec deux victoires d’avance, une rareté en division non salariée. Tout aussi rare, le fait qu’aucune division toriteki n’ait engendré un kettei-sen.
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