Encore sous le choc de la disparition du mythique dai-yokozuna Taiho, dont le record des 32 yusho est à ranger aux côtés des 69 victoires de Futabayama, le Kokugikan aura aujourd’hui assisté à une journée relativement banale malgré l’affluence dont on dit qu’elle remonte ces derniers basho. Parmi les sept lutteurs qui composent la tête de la makuuchi à l’orée de ce premier nakabi de 2013, un seul mord la poussière.
Harumafuji ne connaît aucun souci face au supertanker Gagamaru. Le yokozuna joue au jeu du « pousse-et-tire », une tactique particulièrement efficiente avec le Géorgien qui cède au deuxième passage.
Un hochet de 200 kilos pour le yokozuna mongol.
Encore moins de difficultés pour le yokozuna est qui se défait d’un autre agijin, le Brésilien Kaisei, enserré et uwatenagisé d’un ferme bras gauche. Hakuho, à l’affut, est encore accompagné par Takarafuji, qui convertit bien une position très avancée au tachiai face à Tamawashi, et gagne la partie d’oshizumo en profitant d’un bras passé sous l’aisselle adversaire qui suce l’énergie de ce dernier, achevé d’une seule poussée du bras.
Dur, le très haut niveau, pour Kaisei.
Derrière ces trois hommes, le perdant du jour est Tochinowaka, raccompagné malgré une belle résistance, mais la prise extérieure droite d’Okinoumi est trop profonde pour qu’il puisse faire quoi que ce soit. En sa compagnie, on retrouve Kisenosato, qui gère avec calme et puissance les assauts de Shohozan, Takayasu, très appliqué à ne pas laisser Tochinoshin s’approcher de son mawashi et qui le sort prestement, et Shotenro, auteur d’un joli contre lors de l’attaque de Kitataiki.
Chez les ozeki, bilan encore assez positif : Kotooshu montre un déplacement vif et appliqué pour mystifier Tochiozan très rapidement,
Kotooshu mobile et proactif…
et Kotoshogiku compense son revers de la veille en retrouvant ses légendaires gaburi-yori, auxquels Toyonoshima résiste farouchement, juste assez pour se voir contré par un tirage bien amené.
… et Kotoshogiku déterminé.
Seul Kakuryu échoue ce jour, face à Goeido dont le sumo en dents de scie est aujourd’hui du côté acéré. Le Mongol est repoussé très rapidement et puissamment. L’autre sekiwake, Baruto, continue de s’accrocher au maigre espoir qu’il lui reste, avec un succès tout en bras encore face au rusé Aminishiki. On notera enfin le huitième revers en autant de journées pour Miyabiyama, officiellement rétrogradable en juryo (et de manière « sportive » cette fois). On imagine mal qu’il puisse continuer longtemps.
Triste.La chute sera inévitable en juryo aussi...
En juryo, retour à un paquet de tête, Oiwato cédant face à l’un de ses poursuivants directs. Gros combat de Jokoryu qui soutient la lutte en oshi imposée par Oiwato avant de plonger dans le mawashi du leader et de faire fi de sa résistance. Oiwato n’est plus seul. Deux autres lutteurs les accompagnent : Superbe combat accroché entre les deux puissants Mongols Takanoiwa et Tokushoryu, l’avantage étant indécis pendant une bonne partie des hostilités entre les deux hommes. C’est au final Takanoiwa qui assure un succès méritoire. Sotairyu complète le carré de tête grâce à une victoire en puissance et sur le hiramaku Tamaasuka.
Encore une fois, Takanoyama est dans le combat le plus spectaculaire de juryo. Le Tchèque, malmené par Daikiho particulièrement incisif, parvient in extremis à ployer ses genoux et à faire passer l’ancien gakusei yokozuna pour un shitatedashinage sorti de nulle part. Henka de Kimurayama qui arrange bien ses affaires, mais sort Sagatsukasa de la course au yusho. Chiyonokuni contre une tentative de projection d’Asasekiryu et fait retomber le Mongol sur son genou. Souhaitons-lui que cela ne soit pas trop grave. Manquant de puissance sur ses dernières apparitions, Yoshiazuma se rattrape en sortant Satoyama, essentiellement par un bon usage de son allonge supérieure. Victoire assez classique pour Wakakoyu qui repousse Tenkaiho en tsuppari avant de l’attirer au sol. Déterminé, Homarefuji ne laisse pas un instant à Kagamio pour respirer et le travaille en tsuppari pour le terminer en poussée. En position très abaissée, Chiyootori parvient à échapper aux tentatives de tirage de Nionoumi, et une fois la main sur le mawashi, la victoire est inéluctable. Tanzo perd son combat à l’atari, où le puissant Tokushinho lui coince en étau de kimedashi les bras, prévenant toute mobilité. Tokushinho n’a plus qu’à faire quelques gaburi comme Kotoshogiku pour l’emporter sans trembler. Kyokushuho profite de son allonge supérieure à Shironoryu pour l’agonir de baffes en oshi tout d’abord avant de plonger sur la mawashi et le sortir vivement. Du travail bien fait. Azumaryu ploie sous le gabarit imposant d’Akiseyama mais accompagne par un mouvement de pivot qui lui alloue une victoire facile sur uwatenage. Tochihiryu ne manque pas l’occasion, alors qu’il est le premier lutteur à cinq combats, de remporter la mise en juryo face à Kotoyutaka qu’il plonge dans l’embarras en même temps qu’il le sort : la montée est quasi assurée pour ce lutteur de devoir, à la progression régulière à défaut d’être flamboyante. Takamisakari n’y est plus, la vision de cette nouvelle sortie sans gloire et sans force n’étant pas sans rappeler le chemin de croix parallèle vécu par Miyabiyama en makuuchi.
Miyabiyama, Wakaosato, Takamisakari : on peut vraiment parler de fin d'une époque qui se profile...
Chez les toriteki, sept rikishi sont encore au contact pour un makushita yusho indécis, seul Chiyoarashi pouvant profiter du zensho pour une éventuelle promotion. En dehors d’Oniarashi déjà assuré de la sienne, Tochihiryu semble tenir la corde pour un deuxième poste, après les choses sont encore nébuleuses à ce stade mais Sensho, Kitaharima, Nishikigi voire Sadanoumi peuvent encore caresser un espoir. En sandanme, Hamaguchi et Hishofuji (éphémère sekitori) tiennent la corde pour le yusho. En jonidan, les deux ultra-favoris Amuru et Masutoo sont encore au rendez-vous, et en jonokuchi le tournoi ne devrait pas échapper au vétéran de makushita de retour de blessure, Tamao.