Hatsu Basho 2013 - 6ème journée (muika me)

Harumafuji fait plaisir au Yokozuna Shingi Inkai

Cela va-t-il durer ? Rien n'est moins sûr, tant on peut se souvenir qu'en novembre dernier, le yokozuna était idéalement placé en embuscade der son compatriote avant de subir un retentissant effondrement sur les dernières journées. La différence est que cette fois, Harumafuji a une marge, et que c'est Hakuho qui se retrouve dans le paquet avec la pression du chasseur. Harumafuji n'a en tout état de cause pas de mal à disposer de l'espoir qui monte, le présomptueux Shohozan (dont le mawashi d'or a été porté par les illustres Wajima, Asashoryu ou Mitoizumi) qui paie sur ce basho son inexpérience. Le choc de puissance est quasi équilibré mais Harumafuji est plus vif pour pénétrer la garde du komusubi qui doit alors vite rendre les armes.


Hakuho n'a pas plus de mal avec son adversaire du jour, le senpai des Mongols Kyokutenho. Le vétéran a encore de beaux restes, mais il n'a battu le yokozuna qu'à deux reprises en carrière, et cette fois ne fait pas exception à la règle, Hakuho parvenant très rapidement à passer les bras à l'intérieur pour une expulsion express, sans même tenter d'accrocher le mawashi, et avec la petite poussée rageuse finale histoire de montrer qu'on est motivé. Ça sent la poudre pour la fin de basho.



Hakuho est, derrière Harumafuji, accompagné par quatre lutteurs pas vraiment des plus attendus dans cette situation. Kitataiki perd son premier combat du tournoi face à Takarafuji qui profite mieux de son tachiai pour décrocher une profonde prise de mawashi, en particulier sur l'intérieur gauche. La sortie est inévitable. Les deux rikishi sont accompagnés par les tout aussi inattendus Tochinowaka et Shotenro (ce dernier moins peut-être après trois make-koshi de rang l'ayant emmené vers une zone plus souple du banzuke). Tochinowaka, décidément sur une impressionnante dynamique depuis son juryo-yusho, montre une puissance de cuisses et une capacité de mobilité de hanches qui lui permettent de résister aux dernières velléités de Tamawashi, qui l'avait pourtant battu trois fois en autant de rencontres. Shotenro, lui, choisit la voie de la ruse. Incapable de bouger le lourd roc Fujiazuma, il laisse alors l'initiative à son adversaire pour mieux l'attirer au sol après une esquive.

Les quatre ozeki l'emportent ce jour, pas si fréquent en ce moment. Placé très bas (chose remarquable eu égard à son gabarit), Kotooshu soulève le lourd Kaisei avec une solide prise de mawashi qui rend sa victoire inéluctable.


Mal embarqué dans son combat face à l'excellent lutteur en devenir Myogiryu, qui profite d'un tachiai de feu, Kotoshogiku doit s'employer et montrer de la versatilité technique pour profiter d'une faute de son jeune adversaire qui manque sa conclusion après une tentative foireuse de kotenage de l'ozeki. Kotoshogiku ne pourra pas toujours compter sur une telle inexpérience à ce niveau.


Kisenosato passe lui aussi près de la correctionnelle, le tachiai de mule de Toyohibiki le poussant dans les cordes, mais l'ozeki étant à même de se reprendre, sur un combat prolongé ses réserves de puissance sont nettement supérieure et l'issue du combat ne fait plus de doute. Enfin, Kakuryu met presque définitivement un terme à l'espoir pour Baruto de retrouver directement une place comme ozeki. On voit de toute manière bien que l'Estonien ne combat que sur une jambe, qui doit en plus supporter seule le poids de son impressionnant gabarit. Kakuryu, patient, en profite avec intelligence, se laissant enserrer dans les bras immenses du sekiwake qui ne peut profiter de cet avantage en poussant sur ses canes, l'ozeki concluant tranquilement après avoir laissé Baruto finir son potentiel. Le reverra-t-on ozeki un jour ? Douteux, hélas.


Si ce n'est pas la fin des illusions car la route pour lui est encore longue, à tout le moins l'autre sekiwake, Goeido, prend un sérieux coup derrière les oreilles, en cédant face à Tochiozan qui ne veut pas laisser les feux de la rampe japonaise à son seul compère. Drôle de combat où Goeido commence par un sumo de recul, pour reprendre l'offensive et se retrouver en position favorable mais céder face à la détermination et au bras droit fantastique de Tochiozan, qui emporte la décision à lui tout seul.


Aminishiki tente à peu près toutes ses ruses classiques contre Toyonoshima, commençant par une savonnette, qui après son échec se traduit par un gros échange de baffes, qui voit le nain décrocher un morozachi. En s'en dégageant, Aminishiki ouvre alors une fenêtre de tir dont profite Toyonoshima pour l'expulser de l'épaule. Affrontement très musclé, « à l'européenne », entre Aran et Tochinoshin, les deux lutteurs s'immobilisant un temps en position de prise de mawashi avant que le Géorgien ne tente une poussée immédiatement contrée par le Russe qui esquisse un tsuridashi pour terminer en yorikiri. Gagamaru est sacrément solide pour ne pas céder à l'avalanche de tsuppari distillés au milimètre par Takayasu. Le Géorgien contre même mais le jeunôt évite à la tawara, annihilant l'élan de son lourd adversaire qui se retrouve conséquemment sans défenses, pour un revers frustrant. Comme d'habitude, Masunoyama, eu égard à la particularité de sa condition physique, tente de finir au plus vite, mais Ikioi est un lutteur lui aussi bougrement vif et voit la faille dans un tsuppari de son adversaire pour l'envoyer au sol. Combat intelligemment mené par Aoiyama, qui évite de laisser Tokitenku s'approcher dans un premier temps, puis lorsqu'il ne peut faire autrement, garde suffisamment de distance pour éviter les redoutables crochetages du Mongol et montre une grosse puissance du haut du corps qu'il emploie pour deux tentatives de kotenage qui déstabilisent suffisamment son adversaire pour lui conférer la victoire. Sale temps enfin pour les vétérans, Wakanosato étant impuissant face à Yoshikaze, et Miyabiyama filant droit vers la juryo après un premier revers face à Sadanofuji. L'ex-ozeki devrait songer à revoir sa posture quant à l'intai, car il ne restera pas longtemps en juryo au vu de l'absence presque totale d'énergie lui restant en réserve. L'ancien wunderkind est manifestement arrivé au bout de ses capacités.


En juryo, c'est un homme seul qui prend la direction des opérations, Oiwato devançant un pack de pas moins de onze rikishi. De retour pour grappiller des victoires et sauver sa place de salarié, Asasekiryu se fait blouser par Oiwato plus vif qui lui passe dans le dos pour le sortir facilement. A la surprise générale, Oiwato prend donc la tête d'un juryo basho une fois de plus très ouvert.

Daikiho gagne son combat au tachiai en parvenant à se placer la tête sous l'aisselle de Wakakoyu, déniant les tsuppari au spécialiste. Une poussée est ensuite suffisante pour conclure l'affaire. Combat de grande maturité pour le jeune Jokoryu qui absorbe avec calme les charges du vétéran Kimurayama avant de placer ses mains sur le mawashi, reprendre sa position et conclure imparablement en force. Grosse démonstration de force de Chiyonokuni qui atomise littéralement Sagatsukasa, balayé de surpuissants tsuppari. Tokushoryu tente l'affrontement à distance et en tsuppari face à Sotairyu : mal lui en prend, son adversaire plus explosif n'ayant pas de mal à le contenir avant d'en disposer. Le plan de Takanoyama pour disposer de Chiyootori est une nouvelle fois limpide : léger décalage avec appui sur l'arrière du crâne pour accrocher le mawashi et l'emmener en crochetage sur la jambe gauche, mais ce plan se heurte à la puissance du Kokonoe-boy qui contre en sukuinage, confirmé par un mono-ii.

Décrochant une belle prise de mawashi avec notamment un bras plusieurs fois dans le dos de son adversaire, Takanoiwa n'arrive pourtant pas à conclure et manque de se faire contrer par Homarefuji, qui loupe son sauvetage en même temps qu'un tsuppari et voit le Mongol l'achever sur un pénible uwatenage. L'essentiel pour le protégé de Koji Hanada est là : quatrième succès.
Entre le « grand tout mou » et le « gros tout mou », c'est le dernier, Akiseyama, qui dispose au terme d'un combat pas franchement palpitant de Yoshiazuma à la dérive en milieu de tableau juryo.
Tenkaiho profite de sa masse et d'un tachiai parfait pour bulldozer le malheureux Azumaryu, prestement sorti. Plutôt rassurant en un début de basho crucial pour la suite (ou non) de sa carrière, Takamisakari se fait aujourd'hui balayer par Tanzo, qui prend le combat à son compte par la grâce d'un placement de bras abaissé lui permettant de nier toute prise de la part de son adversaire et d'inscrire la confrontation sur le registre de la puissance, où Takamisakari est devenu bien trop friable. Kyokushuho a dès l'atari un temps d'avance sur Tokushinho, qu'il convertit intelligemment par un combat varié en conservant en permanence l'initiative des opérations. Dans un combat où le fer est engagé sur un mode « baffes à gogo », c'est Nionoumi qui se montrer plus puissant que Hochiyama pour décrocher un succès probant. Le fond de juryo et les makushita-joi sont perclus de Mongols en ce moment : Sensho se défait sur henka de son compatriote Shironoryu pour conserver un espoir de repromotion. Le vétéran shin-juryo Kagamio, lui, exploite à plein son morozachi malgré la solide position de kimedashi de Kotoyutaka pour le sortir en force.

En makushita, deux Mongols mènent la danse, en l'occurrence Oniarashi et Arawashi, d'un paquet où l'on retrouve l'Egyptien Osunaarashi, qui démontre toute sa solidité et qui devrait se retrouver dans la zone de vérité au printemps. La division sandanme est plus ouverte, ma petite pièce allant au jeune Wakayama. En jonidan, ce sont deux Européens de retour de blessures, Masutoo et surtout Amuru, qui tiennent la corde. On espère un retour rapide vers les sommets pour le Russe pas verni.