Il faut parfois se méfier des statistiques. Dans leur apparente simplicité, elles disent mal la complexité des phénomènes qu'elles sont censées décrire. Ainsi, qui se contenterait de lire les résultats de ce shonichi, marqué par la victoire des 8 plus hauts gradés, pourrait penser que le temps d'un règne sans partage des sanyaku est venu. La vue des combats laisse pourtant une impression plus mitigée.
Le constat ne vaut certes pas pour Hakuho. Revigoré par sa victoire du Kyushu basho - qui clôturait une année 2012 bien difficile - le yokozuna s'est défait de Shohozan en quelques poussées puissantes (oshitaoshi). Son adversaire n'avait, il est vrai, que peu d'arguments à lui opposer si ce n'est un mawashi jaune or du plus bel effet.
Un mawashi qui pique les yeux : il en faut plus pour déstabiliser Hakuho !
Les autres sanyaku (hormis les komusubi, opposés comme il est de tradition aux yokozuna) ont tous été victorieux, mais dans la difficulté et/ou avec l'aide de la chance. Harumafuji, a décidément bien du mal à enfiler une tsuna qui semble un peu grande pour lui. Méfiant face à un Tochiozan qui l'a souvent battu par le passé, son sumo paraît hésitant et emprunté. Le manque de confiance de son adversaire lui permet néanmoins de s'en sortir, sur son unique tentative (yorikiri).
Kakuryu est sur la défensive tout au long de son combat face à un Myogiryu très entreprenant. Mais il parvient à placer un contre foudroyant qui envoie son adversaire tournoyer au sol (shitatedashinage). Kotooshu ne tergiverse pas face à une de ses bêtes noires : il pousse violemment Toyonoshima dès le tachi-ai, mais sans véritable prise. Le lutin japonais entraîne son adversaire dans une course arrière tout au long du cercle de la tawara. L'ozeki s'écroule sur l'argile au moment où Toyonoshima sort des limites du dohyo. La victoire lui est accordée, mais elle s'est jouée à une fraction de seconde ! Kotoshogiku a fait parler la puissance de ses gaburi-yori face à Kyokuntenho (yorikiri), mais tout cela semble moins efficace que par le passé. Kisenosato s'en est mieux sorti, repoussant Aminishiki de son seul bras gauche, en un "raffut" que n'aurait pas renié Jonah Lomu ! Baruto a bien entamé la reconquête de son titre d'ôzeki, par la grâce d'un de ces puissants uwatenage dont il a le secret. Il est vrai que l'opposition de Toyohibiki était assez limitée, et que l'énorme strapping que le Balte conserve sur le genou gauche est rien moins que rassurant. Plus que 9 victoires dans ce basho…
Victoire rassurante, strapping inquiétant...
Autre ôzeki en devenir, Goeido montre qu'il a progressé en ne se précipitant pas face à un Kaisei pénible à combattre (stable sur ses jambes, doté de tentacules en guise de bras) Le jeune prodige ne s'est pas précipité, se contentant de déstabiliser patiemment son adversaire avant de trouver l'ouverture (sukuinage).
Plus bas dans le banzuke, Gagamaru a joliment battu Aran. Le Russe, prudent, refuse le choc au tachi-ai et se concentre sur la prise de mawashi, pensant battre son adversaire en technique. Mais le Georgien, dont on connaissait la puissance mais moins la science du combat, parvient à repousser son adversaire contre la tawara ; malgré une résistance désespérée, celui-ci doit s'avouer vaincu (yorikiri). Takayasu et Aoiyama ont livré un drôle de combat au ralenti, conclu par la chute simultanée des deux lutteurs. Le gyoji donne la victoire au Bulgare, confirmée par les shinpan. Opposé à Masunoyama, Yoshikaze n'a pas su se sortir des énormes tsuppari de son adversaire ; le virevoltant Japonais chute tout seul à la réception d'un de ses sauts de cabri caractéristiques. Takekaze croit se débarrasser de Kitataiki d'une énorme henka au tachi-ai, mais son adversaire ne s'en laisse pas conter : il s'empare de la ceinture de Takekaze et finit par l'expulser (yorikiri). Belle opposition de colosses entre Sadanofuji et Fujiazuma ; celui-ci semble prendre le dessus grâce à ses lourds tsuppari, mais lorsque les deux adversaires se rapprochent et s'agrippent, c'est Sadanofuji qui se montre supérieur (yorikiri). Belle vivacité de Shotenro, qui saoule Asahisho de harite avant de l'expulser d'un oshidashi autoritaire.
Enfin, tout en bas de la division makuuchi, Miyabiyama engage bien mal son combat pour la survie : son adversaire le shin-maegashira Kotoyuki l'expulser en quelques poussées, sans que l'ancien ôzeki ait montré une véritable envie d'en découdre. L'heure de la retraite semble avoir sonné.
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