Ils étaient quatre à se partager la tête du tournoi, quatre invaincus qui le sont toujours au soir de cette septième journée. Pour être honnête, il faut reconnaître que les plus hauts gradés de ce petit groupe n'avaient pas grand chose à se mettre sous la dent, de simples maegashira qui ne devaient pas poser de difficulté. Ils se sont pourtant fort bien défendus, du moins contre les ozeki car Hakuho, le yokozuna, n'a pas tremblé en déviant la trajectoire mal assurée de Wakakoyu pour le laisser s'effondrer. Moins facile, Baruto, en mauvaise posture dès le tachi-ai, a compté sur sa force de colosse pour contrer Aoiyama, bien mieux placé. Il a eu raison car lors d'une attaque du Bulgare, l'Estonien, en embuscade, l'a retourné d'un uwatenage impressionnant. Harumafuji a eu plus de mal encore pour se débarrasser d'un vaillant Shohozan en mal de victoire qui s'est débattu comme un forcené sans arriver à faire chuter l'ozeki, très concentré. Reste le dernier de la bande, Cendrillon. Très encouragé par une délégation de supporters, le maegashira 13 Daido a continué son rêve éveillé en déjouant les pièges tendus par Yoshikaze jusqu'à le faire chuter et entretenir l'espoir d'un destin à la Kyokutenho. Pourvu que ça dure.
Uwatenage de Baruto sur Aoiyama
Complétant les victoires de leurs collègues, les autres ozeki ont presque tous gagné, preuve qu'ils tiennent bien leur rang. Ainsi, Kotoshogiku n'a pas laissé une seule chance à Toyonoshima qui a essayé de se défendre comme il a pu face à un ozeki en pleine confiance. Comme on pouvait s'y attendre, Kyokutenho a poursuivi son chemin de croix en se laissant nettement dominer par Kotooshu. Enfin, en laissant la porte grande ouverte au tachi-ai, Kakuryu ne pensait pas piéger aussi facilement Tochiozan. C'est pourtant ce qui est arrivé lorsque celui-ci s'est retrouvé instantanément à terre. Seul Kisenosato empêche les ozeki de faire carton plein. Il est vrai que son adversaire du jour, Goeido, paraît en pleine progression. Faisant en sorte de garder au combat toute sa dynamique, le sekiwake a imposé sa marque jusqu'à pousser l'ozeki à la faute malgré son sens de l'attaque.
Myogiryu s'affirme de plus en plus comme un combattant de premier plan. Face à un adversaire difficile, Aminishiki, le lutteur de la Sakaigawa a déroulé son sumo simple et sans fioritures mais diablement efficace comme en atteste le bond d'Aminishiki loin dans le public. Takayasu et Tochinoshin se sont livrés un combat de toute beauté. Très engagé, long, dynamique, le spectacle a passé en revue tout ce qui se fait en sumo ou presque. Il n'a manqué que le crochetage car pour le reste, les deux lutteurs ont tout tenté. Tochinoshin a conclu de belle façon en voulant soulever Takayasu qui s'est suffisamment défendu pour sortir sur un « simple » yorikiri. Takayasu reste donc sans victoire tout comme Okinoumi spectaculairement projeté au sol par Takekaze.
Homasho n'a pas traîné pour sortir Tokitenku en un éclair. Aran ne s'est pas éternisé non plus mais à sa manière, c'est à dire en s'écartant de la poussée de Miyabiyama qui s'est retrouvé à plat ventre. En contraste, Takarafuji et Shotenro se sont battus comme des chiffonniers. Shotenro est celui qui a le mieux géré cette furie en s'écartant au bon moment pour faire tomber Takarafuji. Toyohibiki a fait parler sa puissance pour défaire Masunoyama. Parti en percussion, il n'a pas forcé son talent pour sortir son adversaire. Bousculé par Gagamaru, Kitataiki a lui aussi cédé devant la puissance de son adversaire non sans l'avoir renversé au passage, hélas trop tard. Les juges ont eu beau se concerter, ils ont confirmé la décision du gyoji. Mal en point, Tochinowaka a concédé une nouvelle défaite face à Kaisei. Mené de bout en bout, le Coréen n'a rien pu faire pour contrer le Brésilien, en grande forme.
Calme et déterminé, Tamaasuka a enfin remporté une première victoire depuis son retour en makuuchi. Faisant fi des coups portés par Hochiyama, le détenteur du titre en juryo a parfaitement construit son attaque pour sortir tranquillement son adversaire. Partis comme des furieux, Tamawashi et Ikioi sont tombés à la renverse en même temps. C'est du moins ce qu'ont décidé les juges qui ont demandé un torinaoshi. Cette fois, Ikioi a été plus opportuniste en précipitant Tamawashi au sol malgré l'énorme pression qu'il exerçait. Tout prodige qu'il est, Chiyotairyu s'est clairement méfié de Takanoyama, qu'il affrontait pour la première fois. Le jeune lutteur de la Kokonoe a donc été prudent lors de ses attaques ce qui ne l'a pas empêché de subir un utchari de toute beauté de la part du Tchèque. Heureusement pour lui, ce dernier avait mis le pied dehors et permet à Chiyotairyu de glaner un sixième succès. Wakanosato a imité son collègue de heya en perdant malgré la chute de son adversaire. Lui aussi a mis le pied dehors avant que Sadanofuji atteigne le sol.
En juryo, la situation est revenue à la normale, à savoir que plus aucun rikishi n'est invaincu. Tokushoryu, qui avait réussi un début de tournoi tonitruant, a été en effet nettement dominé aujourd'hui par celui qui commence à devenir sa bête noire, Takanoiwa, le protégé de Takanohana. Il reste toutefois seul en tête après les défaites de ses deux plus proches rivaux, Chiyonokuni et Asahisho. Pour Chiyonokuni, la situation est claire, à défaut d'être agréable, il a perdu classiquement sur hatakikomi en voulant résister à la poussée de Nionoumi. Pour Asahisho, en revanche, la défaite a un goût particulièrement amer car, en fait, il a gagné et nettement, en plus, après une rude bataille contre Kitaharima. Alors qu'il s'attendait à être désigné vainqueur, le chef des juges a demandé à ce que le combat soit refait au grand dam du gyoji, visiblement honteux. Sans doute a t'il estimé que les deux lutteurs n'étaient pas bien synchronisés au tachi ai. Toujours est il que le nouveau combat, tout aussi animé que le premier, a tourné en faveur de Kitaharima qui a réussi à convertir la poussée de son adversaire en chute. Dur.
Du côté des anciens de la makuuchi, la situation n'est guère reluisante. Rien ne va plus pour Tosayutaka qui s'est à nouveau incliné, cette fois ci face à Masuraumi après un combat très mouvementé. Sa situation est d'autant plus inquiétante qu'il semble en prime s'être blessé à la cheville. La situation est à peine meilleure pour Takamisakari qui a lui aussi perdu, sèchement, incapable qu'il était de construire son combat contre Jokoryu, mais au moins est il reparti en un seul morceau. Kokkai s'est également incliné et pour la cinquième fois, comme ses petits camarades. Face à Sagatsukasa, le Géorgien n'a pas démérité, son sumo n'est simplement plus ce qu'il était. Toutefois, c'est Kyokushuho qui remporte la palme de la malchance en concédant une septième défaite en autant de jours (face à Kotoyuki) et en rajoutant un coude blessé à sa longue liste de blessures. Le reste de son tournoi semble compromis. Au final, Asasekiryu est le seul à surnager, non sans mal. Confronté à Yoshiazuma, le Mongol a produit un de ces combats marathon dont il a le secret et a fini par sortir son adversaire à l'usure. Il est à nouveau positif.
En makushita, le choc du jour était entre Satoyama et Yamaguchi, entré dans le sumo professionnel en tant que makushita tsukedashi en mars. Le petit nouveau n'a pas laissé l'ancien respirer et l'a repoussé hors du dohyo d'un coup de ventre. Le très léger Suzaku a réalisé un exploit en bougeant sans cesse pour mieux sortir Akiseyama qui fait à peu près deux fois son poids. Sensho, ancien juryo qui revient de blessure est aussi à surveiller. Il a gagné face à Nishiuchi et paraît favori compte tenu de sa modeste place (pour lui) de Ms 49. Kotofukuju, Hokkairyu et Higoarashi complètent la liste des invaincus. Bushuyama, en pleine dérive, concède une quatrième défaite qui le place déjà make-koshi.
En sandanme, Watanabe surnage au milieu de lutteurs plus anonymes.
En jonidan, suite à la défection d'Osunaarashi, le lutteur égyptien, difficile de dégager un favori dans le paquet de lutteurs invaincus. Peut être Fukushima, tout jeune lutteur, va t'il irradier de son talent ce tournoi ? A voir. A noter la troisième victoire de Moriurara qui semble bien s'accommoder du fond de la division. Plus qu'une et c'est le kachi-koshi.
En jonokuchi, le yusho se jouera sans doute entre les deux ex-universitaires Iwasaki et Hamaguchi, tous deux de la Kise beya. Iwasaki a gagné aujourd'hui, son compère le rejoindra sans doute demain pour égaliser à quatre victoires.
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