Même si le yokozuna semble un peu moins invincible ces derniers temps, il n'avait plus été battu le premier jour d'un tournoi depuis le Kyushu basho 2008. À cette époque, déjà, Aminishiki était l'auteur de l'exploit et il a récidivé aujourd'hui à la plus grande joie des spectateurs. Hakuho a pourtant attaqué avec force et rapidité. Le sort du komosubi semblait scellé. C'est alors que l'impensable est arrivé : en s'écartant au bon moment, Aminishiki s'est non seulement dégagé mais a surtout laissé le Mongol en équilibre au bord de la tawara. Il n'avait plus qu'à le pousser pour le sortir, ce qu'il a fait bien vite malgré un petit temps d'hésitation dû à l'incrédulité. Pour mémoire, lors de ce fameux Kyushu basho 2008, Hakuho a remporté le yusho 13-2... En attendant, les ozeki ont tous remporté leurs combats. La pression est donc sur les épaules d'Hakuho. Pas mal pour un début de tournoi dont on n'attendait rien de spécial.
Aminishiki sort le yokozuna
Sans surprise, Aran a tenté de déstabiliser Kisenosato au maximum, notamment en le giflant dès le tachi-ai ou en reculant. L'ozeki ne s'est pas laissé prendre et l'a donc sorti, comme de bien entendu. Myogiryu a posé de sérieux problèmes à Kotooshu tant sa vivacité et son esprit combatif ont mis en danger le Bulgare. Ce dernier a dû s'employer pour sortir le Japonais tout en faisant un spectaculaire salto avant qui a fini dans le public. En comparaison, le combat de Kotoshogiku a été beaucoup plus tranquille. Le collègue de heya de Kotooshu n'a pourtant pas eu la partie facile face à Takayasu mais sa puissance supérieure a suffi pour le repousser. Tout frais promu ozeki, Kakuryu a fait honneur à son rang en stoppant net les 200 kg de Gagamaru qu'il a ensuite tranquillement précipité à terre.
Goeido s'est moins précipité que d'habitude. Il a même été un brin attentiste face à Takekaze... et bien lui en a pris car il a ainsi eu le temps de s'effacer pour laisser sortir son brouillon adversaire. Un signe de maturité qui demande confirmation pour le sekiwake. On ne sait pas en quoi sont faits les muscles de Tochiozan mais il doit y avoir du fer, comme pour Popeye, tant sa résistance à la charge de mammouth de Toyohibiki a été grande. Mieux, il a poursuivi sur sa lancée comme si les 170 kg de son adversaire, proprement expulsé, n'existaient pas.
Classique dans son approche, Okinoumi a poussé Tochinowaka avec efficacité jusqu'à ce qu'il sorte. Même si Miyabiyama n'est plus le rikishi flamboyant qu'il était, il est rare de le voir perdre à son propre jeu des tsuppari. C'est pourtant ce qui est arrivé quand Wakakoyu a pris l'ancien ozeki de vitesse pour mieux s'écarter et le laisser choir. Shohozan n'a pas hésité à attaquer Aoiyama avec force, ce qui ne manque pas de panache quand on connaît la puissance du Bulgare. Ce qu'il y a de formidable, c'est qu'il a bien failli réussir. Hélas pour lui, les juges ont décidé qu'il était tombé au même moment que son adversaire. Un nouvel affrontement a donc eu lieu et même si Shohozan est reparti à l'attaque, Aoiyama s'est fort logiquement imposé.
Les années passent mais Kyokutenho reste un danger redoutable pour n'importe quel rikishi de makuuchi. Tochinoshin a pu s'en rendre compte, épuisé qu'il était après sa longue et âpre lutte au corps à corps. Heureusement pour lui, la victoire était au bout. Wakanosato a été très prudent pour traiter le cas Yoshikaze tant il se méfiait de ce rikishi bouillant. Il a bien fait car, après avoir patienté, il a trouvé naturellement l'ouverture pour imposer sa puissance toujours aussi respectable. Kitataiki aurait dû tirer les leçons de ce combat mais il n'en a rien fait, ce qui veut dire qu'il s'est précipité quand il croyait le combat acquis alors qu'il ne faisait que tomber dans le piège tendu par Tokitenku. Avec ses cheveux pas encore assez longs pour confectionner l'ô-ichô-mage (tant la progression de l'ancien universitaire a été rapide), Chiyotairyu se permet de produire un sumo que bien des piliers de la makuuchi envieraient, à commencer par Shotenro, sa victime du jour. Nonobstant les critiques de son oyakata Kokonoe, le jeune prodige a été brillantissime en repoussant le Mongol avec une facilité et une assurance déconcertantes. Ce rikishi est plus que jamais à suivre.
De retour en makuuchi après un tournoi au purgatoire des juryo, Kaisei a fermement pris son destin en main (et Sadanofuji avec) pour décrocher une victoire de bonne augure. Sorte de force tranquille du sumo, Tenkaiho a bénéficié de son avantage de poids et d'une plus grande rapidité pour sortir Daido avec facilité. Asasekiryu a encore de la ressource comme sa résistance à la poussée de Kimikaze l'a prouvée. Avec son expérience, le Mongol n'avait plus qu'à convertir cette énergie à son avantage pour vaincre sans trembler. Véhément, Tamawashi n'a pas laissé une seconde de répit à Fujiazuma qu'il a projeté au sol faute de pouvoir l'expulser. De passage en makuuchi, le juryo Asahisho a attaqué Takarafuji avec sérieux mais cela n'a pas empêché ce dernier de le battre en l'esquivant de justesse.
En juryo, l'entrée en matière a été rude pour les petits nouveaux. Cela a été le cas notamment pour Jokoryu, l'ex-Sakumayama et prodige de la minarai, intelligemment esquivé par le plus expérimenté Homarefuji qui n'a pas eu à beaucoup s'employer pour triompher. Encore makushita, Arawashi s'est bien battu mais a dû s'incliner face à Kitaharima tandis que Kokkai a facilement pris la mesure de Masakaze. Autre ancien, Kimurayama est allé arracher la victoire à Satoyama à l'issue d'un combat indécis. Bushuyama a bataillé ferme pour expulser Sotairyu mais sa ténacité a payé et lui permet de remporter sa première victoire en trois confrontations. Tosayutaka a eu moins de difficulté pour emporter Oiwato avec lui hors du dohyo. Sagatsukasa n'a pas fait de détails non plus pour repousser Takamisakari. Comme toujours, le frêle Takanoyama était condamné à l'exploit face à un adversaire beaucoup plus lourd que lui. De fait, le Tchèque s'est retrouvé dos à la tawara, proche de l'expulsion et il lui a fallu un véritable coup de génie pour balancer Yoshiazuma hors du cercle lors d'un utchari d'anthologie.
En minarai, le premier jour ne permet évidemment pas de dégager une tendance. On peut toutefois constater la défaite d'Akiseyama qui semble avoir perdu sa vista. En jonokuchi, Imao, toujours aussi maigre, n'en a pas moins triomphé de Hakubizan grâce à un magnifique sens de l'attaque. Sa blessure semble un mauvais souvenir. Osunaarashi, l'Égyptien, combattra demain.