Inexorablement, l'écrémage se poursuit et ils ne sont plus que trois invaincus : le yokozuna (sans surprise) et deux ozeki seulement car la grande nouvelle du jour est la défaite d'Harumafuji face à l'ambitieux Kakuryu.
A tout seigneur, tout honneur, Hakuho a une nouvelle fois fait étalage de sa grande classe. Seul sur son nuage, il n'a eu aucune difficulté à jeter Goeido hors du cercle et même au bas du dohyo. Cela n'a rien d'étonnant compte tenu de la division d'écart (au moins) qui sépare le yokozuna du reste de la troupe et, de fait, les ozeki co-leaders ont semblé avoir plus de mal pour vaincre. Ainsi, Baruto a trouvé une opposition étonnante en la personne d'Aminishiki qui a tenté de bouger sa grande carcasse avec détermination. Bien sur ses appuis, l'Estonien a toutefois rapidement compris qu'il valait mieux s'effacer pour le laisser tomber et conquérir une sixième victoire pleine de promesses. De la même façon et bien qu'il a dominé dès le tachi-ai, Kotooshu a eu fort à faire pour contenir l'avancée de Wakakoyu. Il a alors lui aussi eu la sagesse de reculer pour le laisser tomber et lui infliger une sévère sixième défaite qui ne reflète pas ses efforts. Et donc, Harumafuji a été le premier à chuter. Devant Kakuryu, l'ozeki est parti sans retard mais le sekiwake a fait exactement pareil. La reculade qui a suivi en dit long sur la puissance de Kakuryu même si Harumafuji a fini par stopper l'avancée de l'aspirant ozeki. Concentré, Kakuryu a immédiatement saisi l'opportunité qui s'offrait à lui de soulever Harumafuji qui ne pouvait dès lors que retomber derrière la tawara.
Tchao bye bye
Kisenosato, de son côté, a maintenu le cap avec une victoire supplémentaire, en apparence facile, contre Takekaze qu'il a dominé de la tête et des épaules. Devant Toyonoshima, son vieux rival, Kotoshogiku a tenu à mettre tout de suite les choses au point : c'est lui l'ozeki. Dans son style caractéristique, Kotoshogiku a réussi à bloquer Toyonoshima au corps à corps sans prise de mawashi et n'avait dès lors plus qu'à le sortir, ce qu'il a fait sans tarder (et éviter ainsi sa mésaventure d'hier contre Goeido).
Spécialiste de l'ochi-zumo, Miyabiyama s'est rué tête en avant sur Kitataiki qui n'a pas hésité à ouvrir la porte pour laisser son adversaire se précipiter à terre. Les deux rikishi étant vierge de victoires jusqu'alors, ceci explique sans doute cela. Également en difficulté (sans victoire), Okinoumi n'a opposé qu'une résistance futile au sumo dynamique de Takayasu et c'est fort logiquement que ce dernier l'a emporté. Yoshikaze a vainement tenté de surprendre Tochinowaka au tachi-ai avec un pas de côté. Le Japonais d'origine coréenne ne s'est pas laissé avoir et a fini par renverser son adversaire de belle façon. Collé à Kyokutenho, Homasho a déjoué toutes les tentatives de projection sans faiblir pour mieux expulser le vétéran.
Aoiyama a enfin ouvert son compteur de victoire. Confronté à Toyohibiki, le Bulgare y est allé franchement en frontal et sa puissance a fait le reste. Myogiryu a copieusement dominé Aran dès le tachi-ai, ultra solide et dynamique à souhait. Hélas, le jeune loup a commis une erreur en refusant le corps à corps face à un lutteur redoutable dans l'esquive et ce qui devait arriver arriva : le Russe a ouvert la porte pour le laisser tomber. Espérons que la leçon a été apprise.
Daido a été le plus rapide au tachi-ai face à Tochiozan mais ce dernier est solide, très solide même. Bien campé sur ses appuis, l'ex-sekiwake a renversé la vapeur (et Daido) avec force. Tochinoshin a encore eu droit à un combat marathon aujourd'hui. Débordé dans un premier temps par Fujiazuma (il faudrait vraiment qu'il travaille son tachi-ai), le Géorgien a alors entamé un véritable bras de fer qu'il a remporté en sortant Fujiazuma mais, une nouvelle fois, il a laissé beaucoup de forces dans l'opération. Son adversaire de la veille, Shohozan, a évité le piège d'un nouveau combat long et épuisant en partant à l'assaut de Tokitenku avec furie. Le Mongol a été emporté par ce tsunami sans pouvoir répliquer.
Surprenant d'efficacité, Chiyonokuni est allé avec enthousiasme à la charge de Gagamaru. Incapable malgré tout déviter l'avancée du lourd Géorgien, le Japonais s'est esquivé avec brio pour le laisser sortir. Virevoltant, accrocheur, Takanoyama a régalé le public d'un combat de toute beauté contre Sadanofuji. Pourchassé sans pitié par ce dernier, le Tchèque a tout tenté, souvent au bord du dohyo, pour renverser une situation très compromise, jusqu'à une dernière tentative désespérée d'ipponzeoi qui s'est révélée infructueuse. Dommage. Tous les deux mal en point en ce début de tournoi, Kaisei et Yoshiazuma s'affrontaient lors d'un combat déjà crucial pour eux. Le Japonais a tenté de surprendre Kaisei dès le tachi-ai pour ensuite garder l'avantage et l'expulser, sans succès puisque le Brésilien est revenu petit à petit à une position plus équilibrée qui lui a permis de faire parler sa puissance, enfin. Soulagement également pour Tosayutaka qui est finalement déclaré vainqueur d'un combat disputé contre Asasekiryu. Tombés ensemble à la renverse, le Mongol, qui a posé en premier sa main au sol, doit s'incliner face au Japonais qui en avait bien besoin. Classique, Tenkaiho a reculé suffisamment devant la charge de Nionoumi pour qu'il tombe à la renverse. Puissant et efficace, Kyokushuho n'a eu aucun mal a emporter Sagatsukasa hors du dohyo.
En juryo, Chiyotairyu, un des espoirs de la discipline, est passé seul en tête (et invaincu) en laissant choir un oiwato trop brouillon mais celui qui impressionne le plus reste Amuru. Le Russe domine ses combats avec une maîtrise impressionnante, son poids ne semblant pas le handicaper outre mesure. Il est vrai que face à Shironoryu, il n'avait pas grand chose à craindre de ce côté. Il a parfaitement contenu son adversaire qu'il a gentiment amené à l'extérieur sans jamais trembler. Asahisho maitient lui aussi la pression après sa victoire opportuniste (une reculade classique) contre Homarefuji. En se faisant expulser par Tamaasuka pour la première fois du tournoi, Sotairyu reste le grand perdant du jour. Sinon, la journée a été fructueuse pour les anciens avec les victoires du coriace Bushuyama, de Tochinonada (splendide), Takamisakari (très convaincant), Kimurayama, tout en force et enfin Wakanosato, auteur d'une splendide projection sur Ikioi. A contrario, Shotenro s'est piégé tout seul en tombant (glissant?) devant Takarafuji tout comme Kokkai qui se retrouve de justesse par terre avant que Tamawashi ne soit expulsé. Avec quatre défaites, le Géorgien inquiète.
En minarai, la journée a été plutôt fournie avec nombre de leaders qui s'affrontaient. En makushita, il faudra surveiller plus que jamais Sakumayama. Invaincu depuis ses débuts, le petit génie de la Kitanoumi est encore apparu irrésistible face à Takanoiwa qu'il a pris le temps d'amener hors du dohyo avec la sérénité d'un vieux briscard. Il est rejoint en tête par l'ancien juryo Kotokuni, réaliste face à Saishin, Terashita, qui s'est débarassé sans problème de Chiyomaru, Nankairiki, habile alors qu'il était acculé au bord de la tawara, Higoarashi et enfin Kumagai qui a brillamment évité le piège tendu par Hokuo. Kakizoe, ex-pilier de la makuuchi, a également remporté un précieux deuxième succès.
En Sandanme, après la défaite surprise hier de Sasanoyama, on se retrouve avec une pléthore de lutteurs relativement anonymes. Un favori ? Parmi les vainqueurs du jour, peut être Sakaguchi, ancien universitaire, Kotokawazu, assez efficace, Toyononami, relativement prometteur ou encore le super lourd (+ de 200 kg) Kenho. Reste Watanabe, qui n'a pas combattu aujourd'hui et qui fait maintenant figure d'épouvantail.
En Jonidan, le prodige Ikeru a concédé sa première défaite de sa carrière sur le dohyo malgré une tentative d'ipponzeoi comme son aîné Takanoyama. Aucun leader clair ne se détache. L'ancien makushita Oruri, qui a gagné hier et revient bien de sa blessure fait figure de favori.
En jonokuchi, Moriurara, abonné au fin fond de classement, surprend avec sa troisième victoire en autant de combats. On n'ose le déclarer favori de même que Hakubizan, d'habitude aussi « brillant » que Moriurara. Parions plutôt sur Goshi, petit nouveau prometteur.
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