Depuis le début de ce Kyushu basho 2011, au moins un ozeki tombe chaque jour. Ce qui donne une idée de la faiblesse globale des titulaires du deuxième rang, lors même que le nakabi n’est pas encore arrivé et que les choses véritablement sérieuses n’ont pas encore commencé. Toutefois, les choses sont contrastées pour ledit quartette.
Car l’ozeki Kotoshogiku demeure, à la veille du nakabi, toujours invaincu. Confronté aujourd’hui au Russe Aran, en perdition sur ce basho mais très vaillant sur ce combat, l’ozeki doit batailler ferme pour raccompagner son adversaire vers la sortie, même si la solide prise de mawashi décrochée et sa position basse lui rendent le combat somme toute tranquille, la difficulté venant du gabarit du Russe et de sa résistance acharnée.
Début de basho fracassant pour le shin-ozeki.
Kotoshogiku est accompagné en tête par le yokozuna Hakuho bien évidemment, qui n’a pas plus de sueur à battre Toyonoshima, qui place le combat sous le signe de la savonnette, déniant au dai-yokozuna la tant redoutée prise sur le mawashi. Qu’importe au Mongol, apte à changer son fusil d’épaule avec une rapidité exemplaire. Il passe en mode oshi-zumo et expulse le Hobbit des dohyo en trois mouvements de bras.
Profitons de cette vision rare de Hakuho en oshizumo pur.
Sort plus compliqué pour l’ozeki mongol Harumafuji, dont la situation commence à se compliquer avec un quatrième revers en première semaine. Confronté à un adversaire qui prend de l’ampleur, le nippo-coréen Tochinowaka, Harumafuji est en difficultés durant tout son combat, incapable de conquérir le mawashi bien protégé par l’ancien Ri. La tentative de kotenage en contre quand le maegashira passe à l’offensive est vaine : Harumafuji pourrait bien connaître une fin de basho compliquée.
Harumafuji en bien mauvaise posture.
Sort plus favorable pour les ozeki restant : Kotooshu maîtrise bien son combat face à Gagamaru trop basique, dont le sumo a le mérite d’aller de l’avant mais que le Bulgare peut contrer sans trop de peine (ce qui peut laisser supposer que le physique va mieux, car les deux quintaux du Géorgien ne sont jamais une sinécure à manier), avant de placer un uwatenage qui lui évite l’effort énorme à produire pour repousser son adversaire. Le Bulgare se dirige sereinement vers la fin de son kadoban. Baruto, lui, connaît un peu plus de difficultés face au vétéran mongol Kyokutenho qui manque de le surprendre avec un petit décalage subtil. Le Balte ne s’en laisse pas conter et sa prise ferme de mawashi lui permet de modifier son axe et de passer un shitatenage qui envoie Kyokutenho hors des cordes.
Les deux sekiwake, candidats à plus ou moins long terme au grade supérieur, poursuivent un basho de bonne facture avec leur sixième victoire chacun. Kisenosato profite de la prise en hidari-uwate (main droite extérieure) pour sortir sans coup férir Okinoumi, auteur d’un basho plus intéressant que les chiffres ne veulent bien le dire. Kakuryu prolonge lui le calvaire du komusubi Homasho, dont l’énergie semble pompée en cette fin de semaine tant il a du mal à absorber la puissance pourtant pas exceptionnelle du Mongol. On retrouve enfin à six victoires Takekaze et Wakakoyu. Takekaze élimine en oshi-zumo un Tochiozan décidément trop inconstant à haut niveau. Plus roublard, Walakoyu se débarrasse lui de Toyohibiki d’un tirage après la poussée initiale.
Kisenosato poursuit sa route…
Sumo peu habituel pour Tochinoshin qui n’est pas l’Occidental le plus enclin aux tirages. C’est pourtant le moyen qu’il trouve pour alléger la déjà lourde facture de son manque de préparation physique. La victime s’appelle Goeido. Miyabiyama est tel qu’on le connaît en ce moment, avec une série de tsuppari bien placés mais pas assez puissants pour produire de l’effet. L’ex-ozeki s’en tire en exploitant en opportuniste un déséquilibre de Kitataiki. Tokitenku se protège de l’atari de Yoshikaze avec un bras en barrage, puis essuie ensuite la traditionnelle pluie de harite de son adversaire, y répliquant à l’occasion. Parvenant presque dans le dos de son adversaire, il n’a plus qu’à appuyer suffisamment pour l’emporter.
Grosse charge initiale pour Aminishiki qui tente ensuite d’amener Takayasu au sol. S’ensuit une belle lutte côte à côte, le vétéran ayant l’avantage déterminant d’une prise très ferme sur le mawashi qui lui permet d’achever son cadet en uwatenage.
Victoire express pour Myogiryu qui atomise Kokkai. Beau numéro d’équilibriste à la tawara pour Daido qui conserve son équilibre en dépit de la charge de Fujiazuma.
Daido, bientôt à « Danse avec les stars » ?
« Par ici la sortie ! »
Aoiyama avait le combat contre Tamawashi à sa portée, mais ce dernier place un kotenage qui oblige le Bulgare à laisser filer pour ne pas risquer la blessure. Asasekiryu remporte facilement son combat en sentant bien le déséquilibre avant de Sadanofuji, qu’une pichenette suffit à faire tomber. Grosse puissance de Kaisei qui dispose aisément de Kimurayama. Enfin, Takarafuji évite d’assombrir encore plus un basho bien compromis en contrant Tsurugidake qui manque un tsuppari.
En juryo, le scénario de la veille en makuuchi se reproduit aujourd’hui pour les jumaime, l’un des trois leaders quittant la tête. En l’occurrence, c’est Yoshiazuma qui cède face à un adversaire pourtant en sérieuse difficultés. Yoshiazuma ne peut profiter de son grand gabarit face à Chiyonokuni qui se lâche et pallie par le mouvement son manque d’allonge, l’emportant sur uwatenage après avoir fait tournoyer son grand adversaire. Les deux autres hommes de tête l’emportent, eux. Toujours autant à la peine, Tamanoshima se fait dominer copieusement dans un combat où il n’a ni la puissance ni la vivacité nécessaires pour résister à Tokushoryu lui en pleine forme. C’est le chant du cygne de Tamanoshima, il serait surprenant de le revoir sekitori l’an prochain. Ikioi subit la charge de Sotairyu, mais résiste et trouve la faille en déviant l’assaut de son adversaire qui chute. Le shin-sekitori est en tête encore, à l’instar de Tokushoryu.
Hochiyama mystifie Masuraumi, quelque peu naïf sur ce coup. Kyokushuho domine nettement son combat face au vétéran Tochinonada, même si ce dernier, à l’expérience, manque à deux reprises de lui jouer un tour pendable. Katasukashi pour Takamisakari, qui ouvre la porte immédiatement après l’atari, ce qui n’est pas dans ses habitudes et dénote une certaine fébrilité face à la menace d’intai toute proche. Victoire nette après une domination sans partage de Kotoyuki sur Shironoryu à la dérive. Belle charge d’Asahisho, mais Chiyoarashi dévie à la tawara et retourne la situation. Oiwato destabilise le mieux son adversaire, et profite d’un tsuppari puissant pour attirer à lui Chiyozakura et le faire choir en hikiotoshi. Magnifique confrontation entre Kitaharima surmotivé et Satoyama aux abois, qui se fait prendre à revers et balancer en okurinage après une minute d’oshizumo véhément entre deux poids léger. Du beau spectacle.
Succès clair et net d’Inoue sur Miyanokuni. Mankajo manque une nouvelle fois le coche et son uwatenage face à Okinofuji qui sera en janvier à son plus haut rang historique. Kototobai perd un combat au cours duquel il a eu l’entière initiative des attaques. Frustrant. Masutoo remporte un combat très moyen en ne chutant tout seul qu’un dixième de seconde après Fukugoriki. Au courage et au physique, Takateru l’emporte face au solide Yotsuguruma. Enfin le déclic ? Kamei remporte son combat de façon autoritaire à l’aide d’un uwatenage puissant. Le mouvement constant est la clé pour un poids mouche, et Suzaku l’a bien compris, ce qui lui permet de décrocher le kachi-koshi dès son quatrième combat en donnant le tournois à Kotokuni, pourtant ancien sekitori. Saishin garde sa constance qui devrait lui permettre d’être bientôt aux portes des sekitori. L’allonge de Hakiai lui permet de dominer copieusement et vaincre Kei. Sensho coince les bras d’Akiseyama et le sort puissamment, une belle démonstration face à un solide adversaire pour le Mongol qui reste dans la course au yusho. Tochihiryu reste dans la course à la montée grâce à son succès probant face au gros gabarit de Toyanoyama. Pareil pour Homarefuji qui sort assez aisément Kaonishiki. Dans le combat-phare des makushita-joi, Amuru en pleine bourre affronte l’espoir Chiyootori. Toujours dans le même style puissant qu’il adopte depuis le début du basho, le Russe se montre une fois de plus impressionnant, car sortir Chiyootori en deux secondes en oshizumo n’est pas à la portée de tout le monde. Amuru est kachi-koshi et à une victoire d’assurer pleinement une montée méritée au vu de sa carrière et de son basho. Kakizoe traîne lui sa peine sur les dohyo, ce n’est plus qu’une question de (court) temps avant qu’il ne tranche son mage. Dernier combat capital en makushita : Meigetsuin ploie au départ sous l’assaut de Tokushinho, mais déploie ensuite tout son talent technique pour placer un shitatehineri qui surprend le poids lourd. Tout comme Amuru, Meigetsuin n’est qu’à une courte encâblure des sekitori. Pour la lutte au yusho, Amuru est donc accompagné pour l’heure du Mongol Sensho, du surpenant Suzaku (sur une série de neuf succès de rang), du vétéran Tochinoyama, d’Okinofuji et d’Inoue.
En sandanme, puissant, placé, Irie avale tout cru Kiritora oshidashisé en une seconde et demie. Hisanotora plus malin raccompagne Teruazuma en okuridashi vers la sortie. Pris à la gorge, Aratoshi montre une capacité de contre et de puissance intéressante en raccompagnant prestement Ogifuji vers la sortie. Dans un choc de petits gabarits, Hokaho se montre plus habile en contournant Tsurubayashi dès l’entame avant de l’amener au sol. Belle puissance de Katsunofuji qui met Ryusei hors course. Des lutteurs kachi-koshi, Irie est sans aucun doute le plus impressionnant, mais plusieurs favoris manquent à l’appel.
En jonidan, Haseyama commence à se placer comme candidat sérieux au titre.
En jonokuchi, Ikeru est logiquement kachi-koshi et promis au titre.
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