• Aki basho 2011 - 14ème journée (jûyokka-me)

    En attendant (encore) mieux?

    On peut, sans trop de crainte d’être démenti par les faits qui se dérouleront dans quelques semaines, tirer un enseignement majeur de cet Aki basho 2011 : L’absence inédite de Japonais aux deux premiers rangs du banzuke devrait bientôt n’être qu’une courte parenthèse dans la longue histoire de l’Ozumo, un peu comme celle qui vit les Hawaïens Akebono et Konishiki seuls aux commandes du banzuke dans les années. Le sekiwake Kotoshogiku, avec sa victoire du jour, atteint désormais les douze victoires dans ce tournoi à l’approche du senshuraku. Une première pour lui, qui vient à point nommé, le sekiwake atteignant également le seuil fatidique des 33 succès en trois basho, agrémenté – ce qui emportera à n’en pas douter la décision – par deux victoires consécutives sur le yokozuna Hakuho.
    Un peu comme la veille, il n’y a pas véritablement eu d’affrontement. Harumafuji, qui perd deux combats sur trois face au Japonais, le craint visiblement et tente un tachiai éclair comme il en sort souvent, mais commet l’erreur de placer ses bras un poil trop haut. Cela permet à Kotoshogiku, qui s’attendait sans doute à la manœuvre, de plonger un bras gauche chirurgicalement sur le mawashi du Mongol, tout en absorbant son assaut. Le contre et fulgurant et l’ozeki est promptement emmené vers la sortie, sous les vivats de la foule qui a bien compris l’enjeu de la journée. Il reste toutefois un autre enjeu pour le jeune sekiwake. Lui qui s’apprête à devenir le premier ozeki Japonais depuis son do-beya Kotomitsuki, saura-t-il élever encore son mental pour aller disputer le yusho à Hakuho en kettei-sen, voire lui ravir et devenir le premier Nippon depuis Tochiazuma, il y a plus de cinq ans, à voir son yusho-gaku élevé dans les travées du Kokugikan ? Pas facile à dire, mais Kotoshogiku a manifestement élevé son niveau, mental en particulier, tandis que Hakuho connaît une baisse de régime et semble moins marcher sur l’eau (et sur les mage de ses adversaires). Alors tout reste possible.

    « Mince, il avait sa carte du club, lui ? »


    « Yessss… »


    Une famille en liesse.


    S’il n’y avait eu l’enjeu si important du combat de Kotoshogiku, l’affiche du jour eût constitué un alléchant combat du jour. Le combat restera quant à lui dans les mémoires comme l’un des plus beaux de ce basho, par l’intensité de la confrontation et la débauche d’énergie auquel il aura donné lieu. On ne donne pas cher avant le musubi-no-ichiban des chances de Baruto que l’on croit émoussé et moins motivé, car hors course depuis longtemps pour le gain du yusho. Il n’en est rien. Après un tachiai prudent des deux côtés, les deux hommes en viennent rapidement au mawashi, Hakuho disposant d’une extérieure main droite qu’il convertit en intérieure d’un fulgurant makikae auquel l’Estonien ne peut réagir. Bien placé dans la garde de son adversaire, Hakuho tente alors par deux fois le tsuridashi, mais les 190 kilos du géant blond sont trop compliqués à déplacer. Baruto est clairement désavantagé, mais son allonge lui permet de compenser sa position difficile. Après quarante secondes de confrontation, bras de fer entre les deux hommes, Baruto tentant un makikae auquel le Mongol résiste de toutes ses forces, mais qu’il doit concéder. Baruto lance alors une puissante poussée, mais le Mongol encaisse et revient au centre du dohyo. Après une nouvelle poussée, Baruto stupéfie le Kokugikan en soulevant à bout le bras le yokozuna, mais il ne peut le porter assez longtemps. Ce n’est qu’au bout d’une minute trente d’un combat de haute volée que le yokozuna trouve la solution en provoquant un mouvement tournoyant qui désarçonne le Balte et permet à Hakuho de remporter la rencontre sur uwatedashinage. Le yokozuna reste en course pour un vingtième yusho, mais Baruto a joué merveilleusement son rôle d’arbitre et pourra se servir de ce torikumi comme d’une référence.


    Le muscle ne suffit pas toujours… mais superbe combat de Baruto…


    …même si la logique prévaut à la fin.


    Forcément, au regard de ces deux combats, le reste des torikumi du la journée fait pâle figure. Certaines rencontres revêtaient pourtant un enjeu majeur, et elles n’ont pas déçu. A commencer par le combat de Kisenosato. Désormais dans l’ombre de son rival Kotoshogiku, le sekiwake se doit de vaincre un Tochiozan en quête de kachi-koshi et auteur d’un honnête basho, pour entamer un nouvel ozeki-run dans les meilleures conditions. Il ne manque pas l’occasion. Auteur d’un tachiai-solide et imprimant un mouvement continu qui ne laisse pas d’ouverture à son adversaire, Kisenosato expulse proprement celui-ci pour décrocher une onzième victoire. Il peut en outre rêver à un concours de circonstances qui lui permettrait de participer à un improbable tomoe-sen. Pourquoi pas ?

    On l’oublie un peu, mais Kisenosato réussit un admirable basho.


    Affrontant Tochinoshin qui lui réussit assez bien, le Mongol Kakuryu sauve son basho en profitant d’une position plus basse qui lui permet de faire reculer son adversaire et de le sortir violemment. Tochinoshin devra chercher le kachi-koshi au senshuraku avec au Russe Aran. Ayant subi une correction en première semaine, le komusubi Toyonoshima s’arrache depuis le nakabi et remporte une sixième victoire consécutive, dans un scénario qui n’est pas sans rappeler le Hatsu de cette année. Wakakoyu est ses tsuppari sont impuissants. Toyonoshima aura Kitataiki à aller chercher demain. Dernière rencontre à enjeux du jour, celle qui oppose le surprenant Géorgien Gagamaru, auteur d’un superbe basho, à Homasho, proche des sanyaku pour la première fois. Gagamaru ne dévie pas de sa ligne de conduite qui lui a si bien réussit, lançant de puissants tsuppari pour éloigner son adversaire du mawashi, avant de saisir son adversaire sous les aisselles et de l’acculer à la tawara. Mais Homasho, surmotivé, contre et passe la surmultipliée, sortant en force le Géorgien. L’Apache sera komusubi, à trente ans, un bel accomplissement pour ce lutteur tardif.

    Miyabiyama loupe son kachi-koshi en se faisant surprendre par un traditionnel hatakikomi d’Aran, une technique dont le Russe use et abuse quand il est en difficultés comme sur ce tournoi. Puissant et placé, Okinoumi s’accorde une possibilité de remporter le kachi-koshi demain, perspective qui doit donner des maux de tête au comité du banzuke si Toyonoshima décroche également le sien. Ayant acquis de la sérénité après neuf succès, Kokkai engage un combat de chiffonniers avec Yoshikaze, qui se termine par une prise de mawashi du Géorgien qui tente une projection en faisant tournoyer son adversaire, mais se fait contrer au dernier moment. Il n’est pas payé de ses efforts. Kaisei doit s’en vouloir de sa tentative foirée de henka, une technique dangereuse quand on ne la maîtrise pas suffisamment. Elle confère à Wakanosato un succès bienvenu après un basho catastrophe. Basho raté pour Toyohibiki et Tokitenku, le premier prenant l’avantage aujourd’hui avec une poussée linéaire et sans fioritures. Dixième succès pour Goeido, solide dans l’antichambre des joi-jin. Après une grosse lutte au corps-à-corps, l’espoir japonais ne trouve pas la solution et imprime alors un mouvement de recul qui surprend Kiatatiki, auteur d’un beau basho malgré tout. Après une bataille de tsuppari, Takayasu et Hochiyama sont au corps à corps, et le combat se termine par un recul vainqueur de Takayasu, très similaire à celui de Goeido. Shotenro aime combattre Tochinowaka. Victoire nette après une poussée linéaire, la quatrième en autant de rencontres. Fujiuazuma accroît l’addition pour Takanoyama, qui attaque bille en tête un adversaire auquel il rend près de 80 kilos, et ne peut logiquement trouver la solution. Sagatsukasa la joue tactique, et prévient le kachi-koshi de Daido en s’écartant au tachiai tout en saisissant le bras de son adversaire pour le tomber sur tottari. Kyokutenho continue un joli basho à un rang il est vrai bien bas pour lui en disposant tranquillement de Yoshiazuma. Kimurayama gâche la journée de Tamawashi avec une henka bien exécutée. Belle confrontation avec une grosse lutte de bras entre Aminishiki et Asasekiryu, le Renard concluant par un hatakikomi plein d’opportunisme. Asasekiryu est à 7-7, comme Tsurugidake, vaincu par Tamaasuka pourtant en galère, ainsi que six autres rikishi. Il n’y aura toutefois, c’est regrettable, qu’un seul affrontement direct entre lutteur à 7-7 demain.

    En juryo, motivé et particulièrement actif dans ses tsuppari, Kotoyuki explose Matsutani, dernier adversaire en course de Myogiryu pour le juryo yusho, offrant quasiment le titre à ce dernier. Chiyoarashi semble avoir l’ascendant sur Myogiryu en début de combat en bloquant le bras droit de son adversaire tout en le repoussant à la gorge, mais Myogiryu est trop puissant et motivé et fait reculer son adversaire jusqu’à le sortir, empochant son deuxième juryo yusho d’affilée. Ils ne sont que 18 à avoir accompli cet exploit dans l’histoire du sumo, le dernier étant Shotenro en 2008

    Satoyama remporte au forceps un combat d’échange comme on les aime face au solide makushita Kitazono, les deux hommes terminant en équilibre au-dessus de la tawara, le shitatenage de Satoyama prévalant sur l’uwatenage de Kitazono, d’extrême justesse. Ikioi lui soufflera la place en juryo, fort de son succès sur Chiyozakura. Pour l’anecdote, dans ce dernier combat, le makushita revêtait un oicho-mage quand le sekitori n’en avait pas… Hokutokuni est veinard sur son combat du jour, le contre de Sadanoumi se faisant alors que celui-ci doit avoir un orteil dehors. Tamanoshima est décidément en bout de course, incapable de battre Hitenryu à la dérive sur ce basho et déjà relégué. Il y a fort à parier qu’il sera oyakata en 2012. Aoiyama, puissant, est battu par Chiyonokuni opportuniste qui s’écarte de la course du Bulgare pour placer un uwatenage esthétique. Blessé en début de basho, Aoiyama a toutefois réalisé un basho convaincant. Repoussé puissamment à la tawara par Nionoumi, Shironoryu trouve les ressources pour contrer son adversaire et le sortir en yorikiri. Masuraumi repousse sans peine en oshidashi Hishofuji, déjà relégué à l’instar de Hitenryu. Tout comme Tamanoshima, Takamisakari est à bout de souffle et se voit facilement repoussé par Bushuyama. Kyokushuho remporte sur Tenkaiho une victoire heureuse, repoussé qu’il était hors des limites mais voyant ce dernier s’écrouler dans le mouvement. Joli combat entre deux chevaux de retour, Tochinonada parvenant en fin de mouvement à profiter de la position trop basse de Hamanishiki pour placer une jolie poussée vers le bas. Dans un combat avec le kachi-koshi en ligne de mire, Takarafuji ne manque pas l’opportunité d’assurer son retour en makuuchi en dégageant Kimikaze à grands renforts de puissants tsuppari.

    Déséquilibré au tachiai, le Russe Amuru se reprend et passe un puissant assaut qui lui permet de rompre les défenses de son adversaire avant de l’achever en uwatenage. Akiseyama termine péniblement un basho difficile. L’ex-universitaire est pour un bout de temps encore un ex-sekitori. Oiwato, promu pour novembre, tente de s’offrir le scalp de l’ex-yokozuna universitaire Meigetsuin, mais ce dernier ne s’en laisse pas compter et au petit jeu des baffes, son placement et sa vivacité sont au-dessus. Meigetsuin, avec six succès, sera en zone de promotion en novembre. Arawashi et Tokushinho combattront pour de l’échange supplémentaire éventuel demain, face à Satoyama et Chiyozakura.

    La situation en ce qui concerne les promotions/relégations est désormais la suivante :

    • Descendent en juryo : Hochiyama, Takanoyama, Tosayutaka, Tamaasuka, Yoshiazuma et Kimurayama n’étant pas encore sauvés.
    • Montent en makuuchi : Takarafuji, Sadanofuji, Myogiryu, Matsutani, la dernière place se jouant entre Tsurugidake, Tenkaiho et peut-être Aoiyama.
    • Descendent en makushita : Hamanishiki, Hitenryu, Hishofuji, Kaonishiki
    • Montent en juryo : Asahisho, Tokushoryu, Oiwato, Ikioi
  • Forum

    skydiver

    Osaka basho 2024

    Le vainqueur du tournoi d’Osaka est, lui aussi, aux soins mais, selon les médias locaux, il devrait être pleinement remis pour le prochain basho.

    skydiver Hier, 21h17 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Takakeisho Ozeki n’a pas repris l’entraînement suite à sa blessure à l’épaule contractée durant le basho. Il est actuellement en soins

    skydiver Hier, 19h13 Voir le dernier message
    skydiver

    [ Terao ] Présentation générale.

    Il avait beaucoup de prestance selon moi et je le trouvais serein.

    skydiver Hier, 03h49 Voir le dernier message
    Konosato

    [ Terao ] Présentation générale.

    Fin des annèes 90, quand je regardais le Sumo sur Eurosport le commentateur allemand (j’habite en Suisse allémanique) se répétait toujours quand Terao

    Konosato 27/03/2024, 21h23 Voir le dernier message
    liclic

    [ Terao ] Présentation générale.

    Je me souviens très bien de Terao... Il avait un physique presque 'normal' si différent de la plupart des rikishi... Et bien paix à son âme.

    liclic 27/03/2024, 12h34 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Et d’accord sur le fait qu’une promotion au grade d’Ozeki est loin d’être évidente. La concurrence se fait rude et il lui faudra

    skydiver 26/03/2024, 15h32 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Je pense aussi pour Asanoyama, oui, mais l’article que j’ai lu ne le mentionnait pas.

    skydiver 26/03/2024, 15h29 Voir le dernier message
    nandoula

    Osaka basho 2024

    Retour d'Asanoyama en sanyaku je présume.
    Curieux de voir s'il arrivera encore à retrouver son grade d'ozeki vu les nouveaux clients qui ont l'air

    nandoula 26/03/2024, 11h09 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Oui, plutôt d’accord. Au vu de leurs performances respectives lors de ce tournoi ça semble assez logique. Néanmoins la NSK nous a habitué à des

    skydiver 25/03/2024, 18h08 Voir le dernier message
    jj

    Osaka basho 2024

    Il semblerait logique de voir Wakamotoharu Se, Abi So, Asanoyama Ke et Onosato Ko. Donc Atamifuji et Daieisho M1. À votre avis?

    jj 25/03/2024, 14h58 Voir le dernier message