• Aki basho 2011 : 13ème journée (Jûsannichi-me)

    Qui l'eût cru ?

    Dans la chronique de la douzième journée, votre serviteur soulignait le caractère crucial du musubi-no-ichiban du lendemain (aujourd'hui, pour ceux qui auront suivi mes circonvolutions nébuleuses). Crucial pour le suspense du yusho, que le yokozuna Hakuho pouvait (quasi) définitivement tuer. Crucial pour la suite de la carrière du sekiwake Kotoshogiku, pour lequel une victoire serait (presque) synonyme de promotion au rang d'ozeki. Si je ne le précisais pas, je pensais que Kotoshogiku, s'il s'enlevait toute pression inutile, avait ses chances. Il était toutefois difficile d'imaginer le scénario à sens unique dudit combat
    Car y a-t-il eu véritablement combat ? A la surprise générale, celui-ci est en effet proprement dominé dès l'atari par Kotoshogiku, extrêmement motivé, qui place d'entrée une main gauche en prise solide sur l'avant du mawashi du Mongol, empêchant sa prise main droite tout en lui bloquant le bras, le rendant inopérant. Le bras gauche en intérieur, Kotoshogiku pousse deux ou trosi fois de ses fameuses cuisses pour arrimer sa poigne sur le mawashi. On sait ce qu'il advient quand Kotoshogiku a un morozachi sur son adversaire : la sortie est inéluctable, même pour un rikishi aussi puissant que Hakuho. Celle-ci est accompagnée par une pluie de zabuton salvateurs pour la fierté nippone. Même si rien n'est encore fait, le Japonais a fait un pas majeur vers le grade d'ozeki. Il ne lui reste plus qu'à remporter une de ses confrontations contre les deux ozeki survivants, et l'on se souviendra que Baruto est prenable quand il n'a pas grand-chose à gagner, et que Harumafuji tient Kotoshogiku en horreur. De quoi, en cas de promotion, panser un peu les plaies d'un Japon secoué par les tsunami et typhons. Pour ce qui concerne Hakuho, il est encore bien tôt pour évoquer une fin de règne, mais il faut noter cependant que concéder deux défaites d'affilée, et ce deux basho consécutivement, est un fait inédit pour lui depuis son accession à la tsuna. Le Mongol devient prenable, un peu comme Asashoryu après 2005. Qui saura en profiter ?


    L'image est trompeuse, Kotoshogiku n'est plus à genoux devant le dai-yokozuna...


    Il pleut des zabuton...


    Derrière les deux leaders, on retrouve à nouveau un paquet de trois lutteurs en chasse, qui peuvent toujours caresser l'espoir d'un kettei-sen éventuel. Kisenosato, sans doute décidé à ne pas rester sur le pas de la porte en cas de promotion de Kotoshogiku, ouvre son compteur pour un ozeki-run en enregistrant son dixième succès, face à Gagamaru particulièrement méritant et en prgrès sur ce basho, même si son classement lui a facilité les choses au départ. Auteur encore d'un sumo dans le style « old school hawaïenne », le Géorgien accompagne bien ses tsuppari puissants à défaut d'être vifs, et il faut une hargne et une détermination particulièrement impressionnantes à Kisenosato pour les encaisser comme il le fait. Le Japonais tarde à trouver la solution devant le placement judicieux de son adversaire, mais quand il parvient à passer sous les bras de son adversaire, il tient la clé de la rencontre, et Gagamaru doit rapidement rendre les armes. Le Géorgien se consolera avec un probable prix, en compagnie peut-être de son adversaire du jour d'ailleurs.

    Enfin opposé à un adversaire de haut niveau, Kitataiki rencontre un Homasho bien décidé à composter, à trente printemps, son tout premier ticket chez les sanyaku. Dans un combat acharné et très agréable, l'Apache doit faire face à une résistance acharnée de son adversaire, qui lui impose une bataille d'allonge et est bien près de le surprendre plusieurs fois grâce à de judicieux makikae (changements de bras). Mais bas sur ses appuis et plus puissant, Homasho finit par renverser son adversaire pour une place de komusubi qui lui tend les bras. Kitataiki briguera comme son camarade du onzième rang hiramaku (Gagamaru) un prix en fin de basho.





    Kisenosato dépose Gagamaru au terme d'un très joli combat.


    Avec des combats à enjeux comme ceux qui viennent d'être mentionnés, la rencontre du jour entre Baruto et Harumafuji, les deux ozeki encore en lice, paraissait bien fade, les deux hommes n'ayant plsu d'enjeu dans un basho trop tôt déserté, mais où l'essentiel (le kachi-koshi) était déjà préservé. Les deux hommes livrent pourtant un combat plaisant, Baruto entament les hostilités avec un tachiai léthargique (crainte de la spéciale Isegahama ?), avant de placer les deux mains sur le mawashi du Mongol. Celui-ci, se sachant en mauvaise posture pour un combat en force, tente le tout pour le tout en pivotant vivement pour placer un crochetage de la jambe, mais Baruto a bien anticipé et profite de la position de son adversaire pour le sortir avec aisance. Baruto devrait sans doute reprendre la place de sei-ozeki.


    Le sourire de Harumafuji en dit long sur sa motivation...


    Le reste des combats de la journée pâlit quelque peu en termes d'enjeux face aux confrontations ci-dessus. Service minimum pour le sekiwake Kakuryu, proche d'assurer l'essentiel, la conservation de son grade. Celui qui paraissait en bonne position de promotion va peut-être voir les deux autres sekiwake lui passer devant. Belle prestation ce jour toutefois, car combattre et vaincre Yoshikaze, l'acharné des baffes, en oshi-zumo, n'est pas une sinécure. Le komusubi Toyonoshima est lui toujours vivant, le Tom Pouce de la makuuchi remportant sa confrontation, ô combien ironiquement, grâce à une allonge plus efficace que son adversaire du jour, le non moins petit Takekaze. Aran, lui, a déjà perdu sa place en sanyaku, ce qui ne l'empêche pas de se battre encore, en témoigne son méritoire succès du jour face à Tokitenku qui l'avait battu cinq fois en autant de confrontations. Aran impose l'épreuve de force au mawashi, tentant à plusieurs reprises le tsuridashi, auquel Tokitenku répond par ses tentatives habituelles de crochetages. Au final, le Russe est le plus frais et solide physiquement, et le yorikiri vient saluer ses efforts.

    Okinoumi peut encore espérer le kachi-koshi, et il le montre en surclassant Tochiozan, auteur d'un basho correct, avec un assaut puissant et une imparable prise de mawashi. Wakanosato à la dérive subit la loi d'un bien faible Fujiazuma, l'ex-sekiwake éternel n'est plus à sa place chez les joi-jin, pour l'heure. Tochinoshin, lui, pourrait bien prochainement y revenir. Encaissant la monstrueuse charge de Toyohibiki, il encaisse les deux énormes poussées qui suivent et contre puissamment la dernière en faisant pivoter son adversaire pour le sortir. Plus qu'une victoire pour le kachi-koshi. Combat poussif de Miyabiyama qui ne se laisse pas berner par le pas de côté d'Aminishiki. S'ensuit une lutte poussées-tirages (l'un d'entre eux est d'ailleurs tout proche du hansoku, Miyabiyama appuyant fortement sur le mage de son opposant) avant que l'ex-ozeki ne retrouve un semblant d'efficacité dans ses tsuppari, ce qui lui donne la victoire face à Aminishiki déjà kachi-koshi et pas plus motivé que cela, apparemment. Goeido réussit un joli basho aux portes de joi-jin, avec un neuvième succès qui va le mener en zone de vérité au prochain basho. Opposé à Asasekiryu, il tient bien une position très basse et résiste aux harite du Mongol. Au terme d'un puissant assaut, ce dernier place ce qui semble un kotenage sur le Japonais, mais la puissance de celui-ci lui permet de contrer suffisamment pour qu'Asasekiryu soit défait sur shitatenage, ayant posé sa main au sol avant son adversaire (mono-ii quand même).

    Coup d'arrêt dans la progression de Takayasu, le jeune lutteur subissant nettement la loi de Shotenro qui le bat en puissance. Kimurayama-Wakakoyu est le style de rencontre qui ne fait pas nécessairement rêver les foules, et son déroulement n'arrange rien, l'échange de tsuppari un peu vains se terminant par un tsukite, soit une glissade de Wakakoyu , qui permet à Kimurayama d'espérer sauver sa peau en makuuchi. Neuvième succès à son plus haut rang en carrière, et une nette victoire ce jour : Tochinowaka impressionne, et ce n'est pas sa sortie de Daido tout en puissance et d'un seul bras qui démentira cette impression. Pour son baroud d'honneur cette année en makuuchi, le Tchèque Takanoyama met un point d'honneur à satisfaire ses soutiens dans le Kokugikan en plaçant un très joli uchigake sur Kaisei, bien naïf sur ce coup. Déjà relégué, Tamaasuka encaisse une jolie charge de Sagatsukasa mais enclenche alors la première, ce qui lui permet de faire inéluctablement reculer son petit adversaire pour un (seulement) troisième succès dans ce basho. Deux poussées suffisent à Tamawashi pour repousser Hochiyama si violemment que celui-ci en tombe à la renverse. Ressuscités en fond de division ,Kokkai et Kyokutenho ont fait le métier sur ce tournoi. C'est le Géorgien qui est le meilleur aujourd'hui, résistant aux projections du Mongol avant de la sortir en puissance. Les deux hommes vont se donner de l'air pour novembre. Enfin, Tosayutaka bien mal embarqué face au grand gabarit de Yoshiazuma qui l'enserre à la Takanonami, parvient à recouvrer ses esprits, se rabaisser et reprendre une marche en avant victorieuse, qui n'annule pas toutefois un basho raté.


    Takanoyama n'abdique pas, et est toujours aussi plaisant à contempler.


    En juryo, le choc du jour opposait les deux leaders Matsutani et Myogiryu. Ce dernier, par sa victoire, prend une option sérieuse pour le titre. Aoiyama enregistre un neuvième succès malgré ses deux kyujo et peut encore rêver à un improbable retour, même s'il est loin d'avoir les cartes en main. En bas de la division, les jeux sont faits pour Hamanishiki, Hitenryu, Hishofuji et Kaonishiki, Satoyama n'ayant plus le droit à l'erreur. Son combat contre Kitazono, qui joue une place en juryo, sera décisif (et sans doute passionnant) demain. Seront en juryo en novembre Tokushoryu, Oiwato, ainsi qu'Asahisho, étonnant vainqueur du makushita yusho (facilement aujourd'hui car Bungonishiki n'est pas de son calibre). Les dernières places se joueront entre Kitazono, Tokushinho et Ikioi.

    En sandanme, Karatsuumi remporte après un succès aisé sur Shoho qu'il explose littéralement le yusho, par la grâce de la tout aussi logique victoire du grand espoir Sakumayama sur le vétéran de fond de sandanme Hanasegawa. Sakumayama, toujours invaincu depuis ses débuts dans l'Ozumo, jouera le yusho en kettei-sen face à son camarade de promotion Watanabe, un choc qui devrait être intéressant à suivre. Enfin, en jonokuchi, l'unique shin-deshi Wakayama confirme sa domination sur la division en remportant son dernier combat et son premier titre.
  • Forum

    skydiver

    Osaka basho 2024

    Selon l’agence de presse japonaise Kyodo News, des sanctions financières ont été prises aujourd’hui par la NSK, à l’encontre de rikishi

    skydiver Aujourd'hui, 12h44 Voir le dernier message
    skydiver

    [ Akebono ] Présentation générale

    D’après divers médias japonais aujourd’hui, la cause du décès est bien une défaillance cardiaque, à l’hôpital où l’ex Yokozuna était traité.

    skydiver 16/04/2024, 18h45 Voir le dernier message
    skydiver

    [ Akebono ] Présentation générale

    Les médias japonais donnent un large écho à cette disparition. Akebono Yokozuna, après ses prouesses sur le dohyo, restait une figure populaire au Japon.

    skydiver 12/04/2024, 00h44 Voir le dernier message
    skydiver

    [ Akebono ] Présentation générale

    Le site de CNN propose un article consacré au Yokozuna depuis quelques minutes.

    skydiver 11/04/2024, 15h34 Voir le dernier message
    skydiver

    [ Akebono ] Présentation générale

    Le 64eme Yokozuna a gagné 11 basho. Il laisse derrière lui son épouse, deux filles et un garçon. Hospitalisé depuis le début du mois, il est décédé d’une

    skydiver 11/04/2024, 15h28 Voir le dernier message
    skydiver

    [ Akebono ] Présentation générale

    Je suis au Japon et la télévision publique NHK vient d’annoncer le décès d’Akebono, à l’âge de 54 ans.

    skydiver 11/04/2024, 12h31 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Si vous avez accès à la chaîne NHK International, à compter de dimanche prochain, vous pourrez revoir les meilleurs moments de ce basho. Plusieurs rediffusions,

    skydiver 11/04/2024, 07h19 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    En effet. Information à confirmer mais, à ce jour, je ne trouve toujours pas de liste sur le site de la NSK ou ailleurs.

    skydiver 09/04/2024, 03h14 Voir le dernier message
    lolo

    Osaka basho 2024

    Si c'est le cas, ça fait un sacrée renouvellement.

    lolo 08/04/2024, 21h21 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Petite exposition sympathique qui ne prend qu’une trentaine de minutes. Beaucoup de photos couvrant plusieurs générations de rikishi, des tegata

    skydiver 08/04/2024, 10h45 Voir le dernier message