Encore un combat sans trop de sueur pour le yokozuna Hakuho, en cette dixième journée de l'Aki basho 2011. Opposé à son compatriote et maître ès techniques Tokitenku, il engage une lutte de force en décrochant une solide prise de mawashi. Tokitenku aussi d'ailleurs, ce qui permet à ce dernier de tenter un crochetage intérieur sur le yokozuna qui ne s'en laisse pas compter et contre par un balayage extérieur qu'il suit dans le mouvement pour l'emporter aisément sur yorikiri. Hakuho reste seul en tête.
Victoire très nette de Kotoshogiku sur Kisenosato, l'aspirant ozeki enserrant les bras de son homologue sekiwake en position de quasi-kimedashi avant de le sortir en puissance. Du sumo efficace pour le Sadogatake-boy, dont la fin de basho sera cruciale pour son objectif. Trois succès sur les cinq dernières journées pourraient bien être suffisantes. Le problème est qu'il se trouvait dans une situation quasi identique à Nagoya, et qu'il s'est effondré lors des trois dernières journées. Saura-t-il garder ses nerfs cette fois-ci ?
Le rouleau-compresseur est-il de nouveau en marche ?
Si proche, et pourtant si loin encore...
Gagamaru, après une défaite lors du shonichi, n'en finit pas de surprendre. Opposé pour la première fois du basho, en raison de ses huit succès consécutifs et de sa position de chasse pour le yusho, à forte partie, en l'occurrence Goeido, le Géorgien asphyxie littéralement ce dernier de nodowa à deux mains, quasiment des étranglements, pour contrer la prise de mawashi ferme de son adversaire. Lorsque Goeido parvient à plonger dans la garde pour tenter un shitatenage, Gagamaru le contre puissamment d'un imparable kotenage. De la belle ouvrage, le deshi de la Kitanoumi reste au contact du yokozuna.
Un sacré effort pour le Géorgien... mais ça paie.
Succès facile pour Baruto qui inflige une baffe à Tochiozan que l'on entend résonner jusque dans les travées du Kokugikan. Suivant immédiatement le mouvement, l'Estonien yorikirise le Nippon pour décrocher le kachi-koshi et rester à porté (lointaine) de tir du yokozuna. Plus bas sur ses appuis, Kitataiki remporte logiquement un succès facile contre Kimurayama peu concerné, et décroche lui aussi le précieux sésame.
L'Isegahama special de Harumafuji échoue quelque peu au départ, le Géorgien Tochinoshin anticipant le mouvement et pivotant de même. Mais l'ozeki mongol, plus vite, a bien suivi et repousse son adversaire à la tawara, non sans être à deux doigts de la correctionnelle, en l'occurrence une tentative d'utchari qui manque d'être réussie. Tochinoshin a une réserve de puissance impressionnante, avec un peu plus d'expérience il devrait pouvoir s'installer durablement chez les joi-jin. Harumafuji quant à lui se reprend bien après son début de basho catastrophe. Homasho n'est pas payé de ses efforts face au sekiwake Kakuryu, qu'il domine outrageusement durant presque tout son combat. Mais les qualités d'équilibriste du Mongol, qui fait en reculant presque deux tours de tawara, paient au final. Le sekiwake équilibre sa fiche, ce dont il avait besoin urgemment. Joli combat du Russe Aran face à l'empoisonnant rikishi de poche Toyonoshima. Aran, en position très basse, enserre bien les bras de son adversaire, mais ce dernier parvient subtilement à se dégager et à balancer une jolie charge qui sort l'Ossète. Aran est make-koshi, mais il aura montré un joli sumo sur ce combat. Très puissant, Okinoumi envoie une énorme baffe sur Yoshikaze et lui enserre rapidement les bras, coup fatal face à un spécialiste d'oshi-zumo. Okinoumi l'emporte alors assez rapidement pour un quatrième succès, performance probante si l'on tient compte de son rang.
Il s'en est fallu de (très) peu pour Harumafuji.
Tout comme Homasho, le vétéran Wakanosato n'est pas verni face au non moins vétéran Takekaze qui parvient à le faire choir après un tour de doyho de manoeurvres échappatoires. Miyabiyama n'a plus la puissance d'antan, ce n'est plus un secret pour personne. Et surtout pas pour Tochinowaka qui pénètre sa garde en absorbant des tsuppari qui ne remplissent plus leur office, avant de l'expulser proprement du dohyo. Belle victoire en yotsu-zumo pour le spécialiste d'oshi-zumo qu'est Wakakoyu, qui plante un joli uwatenage sur un Toyohibiki cela dit bien faiblard sur ce tournoi. Vif et constamment en mouvement, Sagatsukasa remporte un succès probant face à Takayasu qu'on a vu plus inspiré. Surprenant revers de Kyokutenho face à Fujiazuma pourtant à la dérive en cet Aki basho. Le Mongol ne parvient jamais à diriger un combat mené pourtant au mawashi. Défaite logique de Kaisei, le Brésilien étant sur une défensive permanente face à Shotenro qui le fait reculer puis absorbe son mouvement pour le laisser s'écraser au sol.
Le déficit de puissance dont pâtit le Tchèque Takanoyama est toujours patent, mais aujourd'hui il s'en tire comme souvent grâce à son sens du placement, qui lui permet d'attirer le bras de Tamawashi au moment fatidique et de le laisser passer sur le côté et vers la sortie. Kakenage, prise peu commune sortie de l'arsenal toujours aussi divers du gars Pavel. Magnifique confrontation entre Asasekiryu et Tosayutaka, le Mongol concluant à l'énergie un combat âpre de près de deux minutes face au Japonais épuisé. Conclusion amusante de combat entre Aminishiki et Hochiyama, le Renard subissant les assauts de son adversaire avant de placer un sukuinage tout en pivotant et sortant de la tawara, mais quelques heureux dixièmes de seconde après son adversaire. Yoshiazuma exploite à plein son grand gabarit pour exploser en puissance l'infortuné Tamaasuka. Grand n'importe quoi entre Kokkai et Daido, mais pour une fois ce n'est pas le Géorgien qui est l'auteur de l'inopportune tentative de tirage, mais son adversaire. Kokkai s'écroule de tout son long, mais après la sortie de son adversaire.
En juryo, la division d'habitude si indécise semble devoir se diriger vers un yusho prématuré. Myogiryu est en position très favorable pour remporter un deuxième juryo-yusho consécutif, un exploit réussi par 18 lutteurs dans l'histoire du sumo (le dernier était Shotenro en 2008. Miyabiyama, Wakanosato et Koshiniki font partie des grands noms de cette liste). Il est poursuivi par le seul Matsutani, qui peut viser comme Myogiryu le doublé yusho-makuuchi. L'autre enseignement qu'il semble devoir être fait de cette fin de deuxième tiers de basho est le crépuscule des Dieux auquel nous assistons. Trois anciens grands noms de makuuchi rament en effet dans une division juryo dont ils ne semblent plus pouvoir se dépêtrer, voirte empêcher que la chute soit plus conséquente. Si Tamanoshima limite aujourd'hui la casse tout près du make-koshi, Takamisakari et Tochinonada concèdent encore un revers, Tochinonada abandonnant par la même occasion, face à Aoiyama pourtant de retour de blessure (hernie discale, ben voyons...) toute velléité de finir l'année en makuuchi. Comme le temps passe...
Tamanoshima est au plus mal, mais il ne lâchera rien...
Alors que deux tiers du basho se sont écoulés, il est temps de faire également un point sur les divisions des toriteki.
En makushita, le grand favori de la division est sans conteste l'universitaire Meigetsuin, qui montre beaucoup de puissance sur ce tournoi. Il est malheureusement pour lui un peu loin pour viser les rangs sekitori en novembre même en cas de zensho-yusho. Dans la lutte pour la montée, alors que deux juryo semblent promis à tout le moins à la rétrogradation (Hamanishiki et Kaonishiki), Oiwato a déjà composté son ticket. Ikioi a manqué l'opportunité face à Satoyama, mais il reste en course, en compagnie de Tokushoryu (3-2), Kitazono (4-1), Arawashi (3-2) et Tokushinho (2-3).
En sandanme, sur les six invaincus, trois semblent pouvoir livrer la véritable lutte pour le yusho : Karatsuumi, solide pilier de makushita dpeu épargné par les blessures, Takanoiwa, le Mongol de la Takanohana-beya, lui aussi de retour de blessure et en forme, et Shoho, ancien universitaire lui aussi de retour de blessure. La lutte promet d'être serrée.
En jonidan, l'infernal duo des Kitanoumi do-beya, Sasakiyama et Sakumayama, continue sa route parfaite, la seule défaite concédée par ces deux lutteurs ayant logiquement été la conséquence de leur affrontement en kettei-sen à Nagoya. Les quatre autres rikishi qui les accompagnent ne devraient pas être de taille.
En jonokuchi, le plus prometteur des shin-deshi (et pour cause, c'est le seul...), Wakayama, répond aux attentes en étant l'un des deux lutteurs invaincus jusqu'ici. Kairiki, qui n'a jamais dépassé le fond des jonidan en quatre ans de sumo, devrait céder en fin de basho.
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