Est-on en train d’assister à une relève de la garde dans le haut de tableau de la makuuchi ? C’e’st la question que l’on peut se poser au vu des résultats de cette première semaine de combats de cet Aki basho 2011. Si Hakuho est toujours aussi serein en haut de la hiérarchie, la combinaison des résultats pour le moins médiocre des trois ozeki encore présents et de ceux des sekiwake aspirant à ce grade peuvent le laisser entrevoir.
Le yokozuna reste tranquille sur son Olympe, qu’il avait brièvement quittée pour laisser le champ libre à son compatriote Harumafuji. Tout n’est pas rose cependant aujourd’hui. Succès sans vraiment de manière particulière pour Hakuho qui recule sous l’impact et le centre de gravité de Toyonoshima, mais profite intelligemment de la tête trop basse de son adversaire pour lui appuyer sur la nuque et décrocher un septième succès tranquille. Le yokozuna reste logiquement invaincu.
Hakuho (plus ou moins) tranquille.
Mais il est toujours en compagnie des deux sekiwake japonais, en feu sur ce début de tournoi. Si Kisenosato a de minces chances d’accession au grade supérieur (il lui faudrait quasiment un zensho-yusho pour convaincre d’une possible promotion), il n’en conserve pas moins la motivation de faire un gros deuxième basho qui lui offrirait une chance sérieuse en novembre. Et pour l’instant, il ne laisse pas passer l’opportunité. Kisenosato est remonté comme une pendule. Ployant sous le poids d’une charge puissante de son homologue sekiwake Kakuryu, il se ressaisit vite, s’empare du mawashi et lâche une poussée désaxée qui envoie le Mongol à deux mètres de lui, hors du cercle.
Surpuissant Kisenosato
Kotoshogiku, lui, a besoin de douze succès pour voir ses performances prises en considération. Il a déjà largement franchi la moitié de l’étape, avec son septième succès en autant de combats. Pas en reste de son camarade Kisenosato, il signe une victoire nette et traditionnelle (gaburi-yori, et « houba, houba ! ») face à Okinoumi, auteur pourtant d’un superbe basho dans la broyeuse des joi-jin. Kotoshogiku est plus que jamais en course pour le grade d’ozeki, mais résistera-t-il à la pression immense qui pèse sur lui ?
Saura-t-il être serein en fin de basho ?
A l’inverse des deux sekiwake, les ozeki sont mal en point. Kotooshu abandonne aujourd’hui un basho mal engagé. Blessé à priori au genou avant le tournoi, en sus de son récurrent souci au coude, il laisse un succès facile à Tochinoshin, qui est désormais positif à la frontière des joi-jin. Harumafuji a fait son deuil de ses illusions de tsuna, mais il va maintenant lui falloir se reprendre, car la défaite du jour enregistrée face au largement prenable (pour lui) Yoshikaze ne laissant pas d’inquiéter sur une fin de basho qui le verra affronter Baruto, Hakuho et les deux sekiwake en forme olympique. Un chemin de croix après le tapis de fleurs de juillet ? Incrédulité de Baruto face à la victoire. Etrange, il faut bien dire, l’Estonien embarquant très mal les affaires en laissant le petit Takekaze le prendre sur le côté, mais s’en tirant véritablement par miracle grâce à un bon jeu de jambe et à sa puissance qui lui permet d’un bras d’appuyer sur le Japonais et de le faire chuter. Mais ce n’est pas avec un tel sumo que le Balte pourra représenter une menace pour le yusho.
Le trou est fait pour les trois leaders du tournoi, puisqu’il ne reste plus qu’un unique poursuivant en chasse, en l’occurrence Tochiozan, en belle forme alors qu’il doit faire face à une opposition corsée. Combat maîtrisé pour Tochiozan qui absorbe les lourds tsuppari du spécialiste d’oshi-zumo qu’est Wakakoyu avant de passer sous sa garde et de le sortir énergiquement.
Aran parvient au début de son combat face à Homasho à tenir son adversaire à distance de par son allonge. Cherchant à l’attirer au sol, il tente de conclure enfin par une violente projection, mais il a déjà alors un pied hors du cercle. Dur tournoi pour le Russe. Surclassé en puissance, Tokitenku trouve un souffle d’énergie suffisant pour dévier à la tawara la charge de Wakanosato et le faire rouler à terre d’une projection maîtrisée. Miyabiyama semble un peu se refaire la cerise sur ce basho, mais il souffre sur son combat du jour d’un déficit de puissance face à Goeido, qui l’expulse sans coup férir. Défaite étrange de Takayasu qui engage bien son affrontement face à Tochinowaka, mais dont le genou cède inexplicablement. Victoire en reculant de Sagatsukasa qui attire au sol Fujiazuma. Peu probant, mais une shiroboshi quand même. Belle vivacité de Kyokutenho qui se décale légèrement de l’axe de poussée de Kaisei au tachiai et poursuit le combat tout en mouvement, sans laisser une chance au Brésilien. Auteur d’un basho médiocre, Toyohibiki écrase toutefois ce jour Kitataiki surclassé en puissance.
L’infortuné Tamawashi est opposé aujourd’hui à Gagamaru, vértitable mur sur ce combat qui encaisse sans broncher la charge avant de sortir son adversaire du cercle d’une seule impressionnante poussée. Le renard Aminishiki surprend Tosayutaka en le prenant à la gorge avant de l’attirer au sol de cette position. Après six tentatives de projection de part et d’autres entre Asasekiryu et Daido, c’est le Mongol qui finit en fin de compte par attirer au sol le Japonais, sur kotenage. Joli combat. Lorsque Takanoyama affronte bille en tête Yoshiazuma et son impressionnant gabarit, on se dit que le Tchèque va prendre cher. Mais il a (toujours) plus d’un tour dans son sac, et cette fois ci il nous sort un kakekage magnifiquement amené. S’il n’a que deux victoires jusque là, on ne peut pas dire qu’il soit ridicule. Le soutien de la foule est d’ailleurs impressionnant, le Tchèque a visiblement remplacé Takamisakari en makuuchi (y compris pour la Nagatanien). Classique échange de tsuppari entre Hochiyama et Tamaasuka, le premier se décalant à un moment légèrement et en profitant pour prendre son opposant dans le dos. En bien mauvaise posture, Kokkai parvient à lâcher une splendide projection aérienne qui semble gagnante en dépit du mono-ii convoqué. Le torinaoshi est toutefois décidé. La henka lâchée par Kokkai est alors beaucoup moins empreinte de panache, mais elle, elle est validée. Le Géorgien fait un beau tournoi et pourrait enfin se donner un peu d’air en makuuchi.
Combat amusant de Bushuyama qui repousse Tochinonada mais dont la violence de l’assaut le fait littéralement rebondir sur son adversaire et sortir tout seul du cercle. Pris durement par un nodowa d’enfer de Sadanofuji, Tenkaiho parvient à de dégager de l’étreinte et profiter du déséquilibre avant de son adversaire pour placer une projection. Victoire sans trembler de Matsutani qui assaille furieusement un Tsurugidake dépassé. Après un concours de baffes violentes, Myogiryu s’empare du mawashi de Sotairyu quasiment dans son dos, et le projette violemment à terre. Le départ de Sotairyu en chaise roulante, touché à la cuisse ou au genou gauche, m’augure rien de bon quant à la suite de son basho. Si Aoiyama était bien victime d’une hernie discale, il ne semble plus s’en ressentir du tout, comme en témoigne sa victoire tout en puissance sur Masuraumi, balayé en deux tsuppari trois mouvements. Combat bref pour Chiyonokuni qui attire à lui Shironoryu après un solide tachiai. Tamanoshima est un fantôme, mais son expérience lui permet d’éviter les naïves tentatives de hatakikomi de Kimikaze avant de profiter du placement hasardeux de son adversaire pour placer une projection. Combat solide du favori des foules Takamisakari qui s’empare du genou de son adversaire avant de le sortir sur yorikiri. Combat raté de Chiyoarashi qui subit les assauts en tsuppari de Sadanoumi avant de céder sur oshidashi. Nionoumi effectue un solide combat, contrant la puissance de Hishofuji pour se décaler et profiter alors de son imparable ouverture. Kyokushuho réussit de bons débuts en juryo, mais il na peut rien aujourd’hui face à Hokutokuni trop puissant et placé, en dépit de la vivacité et des décalages du Mongol. Belle victoire de Chiyozakura qui dispose de Hitenryu après un affrontement au mawashi à la tawara, l’élève de Kokonoe étant juste un peu plus puissant au final. Après deux matta, Hamanishiki plante une monumentale henka sur Kotoyuki pour enfin ouvrir son compteur. Il lui en faudra bien d’autres pour éviter la rétrogradation toutefois. Takarafuji est trop puissant pour Kimurayama, balayé en oshidashi. Takarafuji se rapproche d’un retour en makuuchi.
En makushita, Oiwato est tout heureux d’un quatrième succès limite face au solide Kitazono, mais qui lui offre sur un plateau l’accession en juryo. Mais les shimpan en décident autrement, établissant que les deux rikishi ont chu en même temps. Le torinaoshi subséquent aboutit à une tentative de projection d’Oiwato cette fois-ci contrée par Kitazono, entraînant un second mono-ii. KItazono, décidément pas verni, voit le verdict du gyoji retourné (gunbai-sachigae). Oiwato est cette fois ci bel et bien en juryo. Tokushoryu s’en rapproche lui avec un succès probant en puissance aux dépens du Mongol Azumaryu, toujours limité en vue du grââl.