Nagoya basho 2011 - 10ème journée: C'est la lutte finale

La victoire finale se jouera entre Hakuho et Harumafuji. Ce n'est certes pas une surprise tant les tendances de ce tournoi sont claires mais ce dixième jour en a apporté la confirmation, pour ceux qui doutaient encore. Tout d'abord, Hakuho a gagné, comme d'habitude, et ce n'est pas Kisenosato qui peut changer quoi que se soit à la domination d'un des plus grands yokozuna de l'histoire, pas même ses belles victoires récentes contre lui qui on suscité un espoir mal placé. Encore aujourd'hui, le Mongol a été le plus rapide et le plus fort attaquant sans répit pour conclure par un uwatenage lumineux. Classique mais toujours aussi efficace. Harumafuji s'est lui débarassé du brave Wakakoyu. Une simple formalité serait on tenté de dire même si ce dernier a déjà épinglé deux ozeki à son tableau de chasse. Dépassé en rapidité par l'ozeki, Wakakoyu s'est retrouvé dans les bras de Harumafuji et toute résistance était dès lors futile bien que méritante. Derrière ces deux monstres, c'est déjà le vide, ou presque, avec les plus proche poursuivants à deux défaites.


Seul rikishi à une défaite, Baruto a donc chuté aujourd'hui. Attendue, sa confrontation avec Kotoshogiku a pourtant tenu toutes ses promesses. En effet, bien parti, Kotoshogiku s'est retrouvé avec les deux mains sur le mawashi de l'ozeki, le corps placé bien bas comme il faut : une position idéale pour le sekiwake qui s'est mis à dérouler son sumo... en vain tant Baruto est puissant. Les bonds de Kotoshogiku auraient même pu lui valoir d'être soulevé aussi le Japonais, voyant qu'il n'arriverait pas à expulser l'Estonien a préféré le mettre à terre, de fort belle manière, ce qui ne gâche rien. Une victoire précieuse dans le cadre de son ozeki run qui le maintient lui aussi à deux défaites de la tête.
Premier affrontement entre ozeki, Kaio contre Kotooshu n'a pas eu l'intensité que l'on pouvait espérer. Au contraire, les deux ozeki sont apparus particulièrement prudents, Kaio reculant face aux attaques méfiantes de Kotooshu. Au final, Kaio finit dehors et permet au Bulgare de décrocher le très précieux kachi-koshi nécessaire pour le sortir de son kadoban.
Étonnant combat entre Kakuryu et Toyonoshima, les deux lutteurs se retrouvant un moment face à face sans même se toucher. Si le début du combat était plutôt à l'initiative de Toyonoshima, le Mongol a ensuite dominé au point de pratiquement expulser Toyonoshima mais c'était sans compter sur la vivacité et l'intelligence du Tom Pouce du sumo qui s'est écarté juste ce qu'il faut pour mieux repousser son adversaire hors du cercle et conclure ainsi un affrontement très plaisant. Animé et brouillon, le combat de Tochinoshin contre Yoshikaze aurait pu basculer aussi facilement dans un sens que dans l'autre. Le Géorgien, en évitant un nouvelle charge du Japonais qui s'est alors retrouvé dehors, a glané là un précieux succès. Prudent au tachi-ai (sa fougue lui a souvent joué des tours), Goeido a été complétement débordé par Kyokutenho. Acculé à la tawara, le Japonais a alors sorti un magnifique utchari d'école pour arracher une splendide victoire.
Aminishiki est diminué et il est évident que ça ne pouvait pas s'arranger face à un Kaisei en pleine forme. L'ancien a pourtant lutté honorablement en déstabilisant le Brésilien qui est resté solide comme un roc et a fini par l'emporter logiquement. Gagamaru n'a pas eu trop de mal à imposer sa masse à Takekaze et retarde ainsi l'échéance du make-koshi. Rapidement en action, Aran s'est emparé d'Okinoumi avec détermination et l'a balancé spectaculairement à terre malgré l'énorme pression exercé par le Japonais sur ses bras. Dans le duel de vétérans qui opposait Miyabiyama à Wakanosato, la victoire s'est jouée lorsque Wakanosato a dévié la poussée de Miyabiyama qui s'est alors retrouvé dos à son adversaire et a décidé de ne pas résister à une expulsion inévitable.
Très disputé, le combat entre Asasekiryu et Tamawashi s'est soldé par un écroulement simultané hors du dohyo. Malgré l'apparent avantage du compagnon de route d'Asashoryu, qui était à l'attaque, les juges ont décidé que la défense de Tamawashi lui donnait l'avantage. Sans réaction face à son compatriote Shotenro, Tokitenku n'a presque pas opposé de résistance à son expulsion. Alors qu'on pouvait avoir quelques craintes sur la santé de Toyohibiki après son rude combat de la veille, il s'est tout de même bravement présenté devant Tochiozan - toutefois généreusement bandé au pied. Mais il est manifeste qu'il n'est pas à 100 % si on en juge par son tachi-ai peureux où il s'est mis légérement de côté. Ce style, exécuté sans grande conviction d'ailleurs, ne lui convient pas et une fois pris en tenaille par Tochiozan, il ne pouvait que sortir en s'écroulant pour remonter sur le dohyo en boitillant plus que jamais. Au passage, kachi-koshi pour Tochiozan qui fait un superbe tournoi. Homasho a conquis sa huitième victoire, synonyme elle aussi de kachi-koshi, en s'écartant opportunément du chemin de Tochinowaka qui a été suffisament surpris pour mettre un pied hors du dohyo. Bien joué.
Après un tachi-ai moyen, Sagatsukasa et Takarafuji se sont neutralisés quelques secondes, étrangement passifs. Finalement Sagatsukasa a été le plus impatient des deux et a sorti son adversaire sans brio particulier tant Takarafuji semblait dénué d'initiative. Kitataiki a tanquillement mené Kimurayama hors des limites du cercle sacré mais sa situation (4-6) reste préoccupante. Surprenant depuis le début du tournoi, Takayasu affrontait Fujiazuma, autre sekitori en forme. Bousculé dès le tachi-ai, le jeune rikishi de 21 ans a chèrement défendu sa peau mais n'a pu éviter l'expulsion. Tochinonada s'est fait gentiment sortir par Yoshiazuma sans éclat.
Mais la grande nouvelle reste la victoire de Takamisakari, enfin, serait on tenté d'écrire. En empêchant intelligement Daido de se saisir de son mawashi, Takamisakari a fait le principal. Il n'avait plus ensuite qu'à expédier presque nonchalament son adversaire à terre. Pourquoi retrouver son talent seulement maintenant ?

En juryo, ils ne sont plus que deux en tête. Myogiryu s'est employé comme il faut pour expulser le coriace Matsutani en faisant preuve du métier d'un vieux briscard qu'il n'est pas encore. Pas mal pour cet espoir du sumo qui pousuit donc son irrésistible ascension depuis son retour de blessure. Tsurugidake fait peut être le tournoi de sa vie en remportant avec détermination son huitième succès face à un Aoiyama un peu tendre. Le voilà pour la première fois kachi-koshi en juryo et co-leader.

Derrière ce duo, on trouve un quintette composé de Takanoyama, incapable de résister à Tamaasuka et qui concède une troisième défaite, Masunoyama, facile vainqueur d'Hochiyama mais aussi Chiyonokuni qui a évité la charge d'un Kokkai confondant parfois sumo et plongeon olympique, Tenkaiho, vainqueur d'un combat difficile et enfin Masuraumi qui a expulsé Kaonishiki avec facilité.

Kakizoe poursuit son chemin de croix en enregistrant une nouvelle défaite, humiliante pour cet ex-pilier de la makuuchi qui n'est désormais plus capable d'endiguer la fougue d'un jeune makushita ambitieux, Nionoumi en l'occurence.

En makushita, aucun des invaincus ne combattait aujourd'hui. On peut toutefois signaler la victoire (et le kachi-koshi) de Satoyama qui pourrait le ramener en juryo après un long purgatoire. Terashita conquiert lui aussi ce précieux 4ème succès alors que Takatoshi en fait de même montrant ainsi qu'il commence à s'acclimater à la makushita. Les deux super lourds Maeta et Mankajo ont tous les deux concédé une troisième défaite. Situation indentique en Sandanme où les leaders sont restés tranquillement dans leurs heya. A l'inverse, en Jonidan, les leaders s'affrontaient ce qui a donné lieu à un sérieux écrémage. Restent en piste Maenofuji, Ranbo (pas le super héros américain bodybuildé, juste l'increvable Fusanohana qui a récement changé de shikona), Fukai, Daichi et Kotodaiki qui rejoignent ainsi Hasugeyama. En jonokuchi, Sasanoyama rejoint son collègue de heya Sakumayama et restent les seuls invaincus. La Kitanoumi semble avoir bien choisie ses nouvelles recrues qui pourraient se départager lors d'un kettei-sen.