Ce qui fait le caractère d'exception de Hakuho en sumo, c'est son étonnante capacité à adapter son sumo à son adversaire. Preuve encore avec ce combat contre Yoshikaze et ses redoutable tsuppari : à l'inverse d'hier où Hakuho avait calmement pris Tosayutaka en prévenant toute atteinte au mawashi, il rentre dans le lard du Japonais en le tenant à distance grâce à son allonge supérieure, avant de l'attirer au sol en profitant de la position trop avancée de l'adversaire. Efficace et sans bavures.
Kaio est dans les ennuis, mais Kotooshu paraît quant à lui toujours aussi emprunté en ce Nagoya basho, et le combat du jour contre Tosayutaka n'est pas fait pour rassurer davantage. Blessure encore présente ? Le Bulgare s'en sort aujourd'hui par le truchement de son allonge, mais son tachiai trop lent et sa propension à ne pas vouloir aller au mawashi laissent perplexe. Baruto, lui, alterne depuis le shonichi les tachiai de qualité et les départs d'escargot. Ce mardi, c'est tachiai éclair, ce qui lui donne une belle prise de mawashi et une sortie tout en muscles face à Kyokutenho dépassé. L'Estonien reste (pour l'heure) en course. Harumafuji manque de puissance en ce début de basho, mais il compense intelligemment par une vitesse de déplacement et d'exécution. Incapable de bouger Toyonoshima au tachiai, il passe subtilement sous la garde de son minuscule adversaire et engage le mouvement avant imparable.
Le cliché est plus spectaculaire que n'est vraiment le sumo de Kotooshu à Nagoya.
Au moins a-t-il gagné...
Des sept samourai hiramaku invaincus d'hier, il n'en reste plus que cinq. Avec Toyonoshima, c'est Okinoumi qui a rendu les armes. Le chouchou de ces dames, pour la première fois joi-jin, subit la loi de Wakanosato en ne parvenant pas à placer se projection intérieure. Basho quand même solide pour le deshi de Hakkaku oyakata. Les autres, c'est à dire Tokitenku, Homasho, Tochinowaka, Toyohibiki et l'étonnant shin-nyû-maku Fujiazuma, poursuivent leur route. Long combat pour le Russe Aran, opposé au technicien mongol Tokitenku. Après une prise mutuelle de mawashi, Tokitenku place une première tentative d'uchigake. C'est au tour du Russe de répliquer par un tsuri avorté (n'est pas Baruto qui veut). Après stabilisation, Aran s'épuise à remettre le couvert toujours sur tsuridashi, et son épuisement affaiblit sa lucidité, ce dont profite Tokitenku pour convertir de superbe manière sa deuxième tentative d'uchigake. A défaut de victoire, Aran offre aujourd'hui un spectacle digne du sumo professionnel. Gros combat de Homasho, qui résiste avec brio aux assauts de mammouth de Gagamaru, puissant et placé, le Japonais profitant d'une tentative trop lente du Géorgien de mae-mitsu (changement de position de bras, ici de l'extérieur vers l'intérieur) pour placé l'offensive fatale). Toyohibiki reste solidement en course face à Takarafuji bien dépassé en ces premières journées. Dépassé en puissance par le jeune Coréen Tochinowaka, Asasekiryu fait un tour complet de dohyo avant de rendre les armes. Enfin, Takamisakari inquiète, tant il paraît dépassé physiquement, incapable même à la tawara de produire les résistances farouches qui ont fait sa réputation. Est-ce un dernier baroud d'honneur du chéri des foules ? Fujiazuma en tout cas ne lui a pas laissé l'ombre d'une chance.
Sumo sans trucs ni subtilité pour Aminishiki cette fois-ci. Le vétéran étonne toujours par sa capacité à varier les approches de ses combats, cette fois-ci en chargeant bille en tête un solide pratiquant d'oshizumo, Wakakoyu. Victoire nette et sans contestation possible. Début de basho un peu compliqué pour Kaisei, le Brésilien se faisant avoir cette fois par le sumo à reculons de Takekaze, qui parvient à lui faire perdre l'équilibre. Joli combat de Tochiozan, qui accule bien vite Tamawashi à la tawara, et conclut sur sukuinage devant la résistance de son adversaire. Tochiozan alterne bon et moins bon en ce début de tournoi. Miyabiyama fait peine à voir depuis plusieurs basho, cela se confirme encore aujourd'hui. Face à Kitataiki qui lui rend 40 kilos, il ne parvient pas à donner l'allonge et à éloigner son mawashi des bras de son adversaire. Quand celui-ci place sa deuxième mains, le combat est fini, Miyabiyama n'ayant plus la force de résister à la tawara et sortant prudemment « à la Kaio ». Le jeune shin-nyû-maku Takayasu est tout aussi solide pour ses débuts en makuuchi. Tochinonada, lui, limite les dégâts de sa chute irrémédiable. Beau combat de Sagatsukasa qui essaie de montrer qu'il ne doit pas son énorme promotion qu'aux trous béants du banzuke. La puissance et le rythme font rendre les armes à Kimurayama.
Toujours aussi disputée, la division juryo a déjà réduit le nombre de ses invaincus à quatre petites unités. Avec les bouleversements du banzuke, il était difficile de prévoir quoi que ce soit, et le fait est qu'on a eu raison de ne pas s'y essayer. Qui aurait pu imaginer un attelage aussi improbable en tête que celui composé par Shironoryu, Mongol irrégulier sauvé de la relégation par l'infortunée situation vécue par le sumo ces derniers mois ; Tsurugidake, un vétéran solide mais sans génie, dont le parcours en juryo fait jusqu'ici état de trois basho, tous make-koshi ; Chiyonokuni, jeune loup aux dents longues mais trop souvent blessé, apparu en juryo par le truchement de trois basho de rêve depuis le fond de la makushita, et d'un banzuke favorable ; et Hitenryu, lui aussi pilier solide de makushita voué à le rester, et promu depuis le rang de ms10 avec un simple 4-3 ? On n'est sans doute pas au bout des surprises et retournements en juryo pour ce basho. Car on peut ajouter un Kokkai semblant retrouver un peu de forme malgré sa défaite du jour, Takanoyama qui enchaîne un deuxième succès et pourrait qui sait rêver à la makuuchi (je sais, on n'en est pas là...), Aoiyama solide depuis son faux pas du shonichi, ou les vétérans heureux Kakizoe, Hamanishiki et Kanbayashi bien partis pour retourner dans l'enfer des rangs toriteki.