Considérons Kaio, par exemple. Il n’est pas pour but dans cette chronique de jeter une ombre ou un discrédit à une carrière qui force globalement le respect. Mais on peut se souvenir que Kaio a, pas mal de fois par le passé, bénéficié de scénarios « miracles » qui ont pimenté ses divers exploits. Et quoi de plus beau comme scénario que d’égaler au shonichi, devant une assistance étonnamment garnie pour ce qu’on pouvait en juger sur le stream, la mythique barre des 1045 victoires du non moins mythique Chiyonofuji ? Las, si l’histoire eût pu être belle pour Kaio, le vétéran ozeki est toutefois dépassé en vivacité par un Yoshikaze feu follet qui contourne bien vite l’ancien avant de le raccompagner sans ménagements vers la sortie. N’en doutons pas toutefois, le record sera égalé et battu cette quinzaine par celui qui figure pour la 65ème fois sur un banzuke en tant qu’ozeki, record de Chiyotaikai égalé. Peut-être est-ce un mal pour un bien, et que les foules vont continuer à arpenter le gymnase de Nagoya dans l’espoir d’assister à l’exploit inéluctable.
Toyonoshima surprend son monde, Kotoshogiku en particulier, en empêchant à ce dernier toute prise de mawashi et donc tout gaburi-yori, l’arme fatale du Sadogatake-boy. A partir de cette position de contrôle, Toyonoshima passe la puissance par son centre de gravité plus bas et le tour est joué. Wakakoyu tente ses tsuppari classiques, mais Kisenosato est concentré et solide en ce shonichi, et il contre le bulldozer à son propre jeu. Victoire facile et rapide. Si Kakuryu poursuit la dynamique sur laquelle il est lancé, il se pourrait bien qu’il grille la politesse aux « espoirs » japonais Giku et Kisenosato dans la recherche du grade d’ozeki. Placé et puissant, il ne laisse aucune chance à Aminishiki après la conquête du mawashi.
Okinoumi et Takekaze échangent quasiment des uppercuts de boxe, avant que le premier, plus vif, ne saisisse le mawashi adverse et exploite tout de suite sa prise en sukuinage. Kaisei continue encore de surprendre, même si son adversaire du jour, Wakanosato, n’est pas plus le lutteur qu’il a été. Le Brésilien montre toutefois ses qualités intrinsèques, puissance, sens du placement et bon usage de ses bras au corps à corps. Etonnante vivacité à l’atari de la part de Gagamaru, à laquelle répondu une résistance physique non moins surprenante de Tokitenku, qui recule ensuite mais se permet dans le mouvement de placer un uwatenage sur le poids lourd géorgien. Miyabiyama est en fin de course, il le montre un peu plus à chaque basho. La recette tsuppari/tirages est toujours la même, mais le manque d’épices dedans rend le potage finalement digeste à Tochiozan, qui finit par contrer et sortir sans peine son lourd adversaire. Il serait étonnant que Miyabiyama soit encore présent en 2012. Solide sumo de Homasho, placé et technique face à Asasekiryu, toujours dangereux dans ce type de confrontations. Beau combat entre Kitataiki et Takarafuji, se dernier se voyant mal récompensé de ses efforts après avoir acculé Kitataiki à la tawara, lequel plante superbement un utchari d’école. Magnifique combat entre Takayasu et Tochinowaka, le Coréen concluant en yoritaoshi en dépit de la tentative d’utchari de son adversaire. Mais quel sumo entre ces deux jeunes lutteurs ! Aran gâche un peu la fête aux beaux combats du jour en plaçant une prévisible henka, très bien exécutée cela dit. Atari énorme entre Toyohibiki et Daido, le premier faisant au final plier la résistance de son adversaire avec une puissance rassurante pour la suite de son basho. Combat solide de Shotenro qui se saisit dès l’atari du bras gauche du vainqueur de dernier juryo yusho Sagatsukasa pour lui infliger un inévitable tottari. Conscient de la chance qu’il a d’être encore en makuuchi, Takamisakari fait plaisir au public en accrochant Tochinonada sur un uwatedashinage juste après le tachiai, dans un subtil mouvement de retrait. Au jeu des tsuppari entre Fujiazuma et Kimurayama, c’est le premier, plus placé, qui a rapidement gain de cause.
Joli combat bien mené de Masunoyama qui contre habilement Tamaasuka et profite sans attendre de son inertie pour le sortir. Solide Yoshiazuma qui remporte une confrontation musclée face à Kimurayama, par le truchement d’un bras gauche ferme pour contrer les tentatives de projection intérieure. Choc d’époques entre un Kokkai bien vieillissant et le jeune loup aux dents (très) longues Aoiyama, fraîchement débarqué chez les sekitori. C’est pourtant bien l’ancien qui dispose du Bulgare sur hatakikomi, et prolonge ses jours chez les sekitori après la veine qu’il a eue de se voir promu avec un 5-10.Tamanoshima n’est clairement plus que l’ombre de lui-même, et il faut une bonne dose d’expérience de sa part et une grosse de naïveté chez Matsutani pour qu’il renverse un combat mal engagé par un brusque tirage au cou. Takanoyama sekitori. Voilà bien longtemps que j’attendais ce moment. Mais déception aujourd’hui, le Tchèque prenant trop de front Hochiyama pour avoir une chance de s’en sortir vu son déficit de puissance. Sumo de recul, mais efficace, pour le clone d’Elvis, Kaonishiki, qui a une vieille carcasse mais sait la bouger. Sadanofuji prend un assaut meilleur que Sotairyu, mais le plus léger des deux est fin manœuvrier et parvient, après une petite minute au corps à corps sans prise de mawashi, à contourner l’obstacle pour sortir son adversaire en okuridashi. Gros assaut de Kanbayashi sur le tachiai décalé d’Akiseyama, mais l’ancien universitaire encaisse parfaitement et parvient à plus ou moins tordre le cou de son adversaire pour l’achever en kotenage. Six ans et demi qu’on n’avait vu Hamanishiki. Il tente sur ce torikumi face à Shironoryu une combinaison de poussées/tirages, mais le Mongol est trop puissant pour lui, ce qui laisse inquiet sur son sort pour le restant du tournoi. Tsurugidake connaît sa chance : promu J10 avec un 6-9 comme J14, il ne laisse pas échapper l’occasion et entame le basho puissamment et de la meilleure façon face à Tenkaiho, l’ancien Minami, un peu tendre sur ce combat. Beau numéro de danseuse pour CHiyonokuni qui parvient dans un fougueux assaut d’oshi contre Kakizoe à conserve d’un pied l’équilibre sur la tawara en plaçant le hatakikomi décisif. Myogiryu plonge tête baissée, mais Masuraumi le bloque d’un nodowa à la gorge avant de relâcher soudainement la pression pour faire chuter son adversaire. Arawashi n’est pas payé de ses efforts face à Hitenryu qu’il manœuvre bien (avec l’aide d’un mawashi bien relâché il faut dire), et sa tentative d’utchari de dernière minute ne parvient pas à sauver la mise face à la trop grande puissance de son adversaire.
Le stream de la Kyokai est désormais valable pour l’intégralité du basho, même si je ne ferai peut-être pas un CR de tous les combats. Quelques beaux mouvements en cette première journée, comme le très joli kubinage de Kamei. Homutokuni subit la loi de Kitaharima qui le harcèle de tsuppari et le contourne pour le sortir subtilement. Bien moins subtil, Buseizan sort violemment Tokushoryu. Même violence pour Naoe qui expulse Kotoyuki en oshidashi. Ça n’est pas la fête à la Sadodgatake puisque Kotoyutaka est lui aussi vaincu sur le même kimraite par Chiyoarashi. Enfin, dans le combat des frustrés de la foire à la promotion, Nionoumi prend l’avantage malgré la tentative de décalage du Mongol Oniarashi.
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