Car l'opposition du jour est de bonne facture. Fermement décidé à faire oublier son troisième hansoku record, Aran « Le Coiffeur » démarre l'atari tambour battant, imposant au yokozuna une furieuse mêlée de tsuppari. Après une dizaine de secondes, le combat en vient au mawashi, le Russe décrochant rapidement une solide prise à deux mains sur la ceinture du Mongol. De sa position, Aran tente plusieurs yori mais ne parvient jamais à passer suffisamment sous le centre de gravité de son adversaire pour être à même de le repousser efficacement. Avec le calme qu'on lui connaît, Hakuho encaisse et attend l'opportunité, qui survient au bout d'une minute de confrontation sous la forme d'un assaut un peu décalé d'Aran dont les forces commencent à décliner. Hakuho n'a plus qu'à imprimer un léger mouvement tournant pour employer sa main gauche à décocher un fatal uwatenage. Douzième succès pour un yokozuna toujours invaincu en ce tournoi de mai.
Le sumo est devenu trop facile pour le dai-yokozuna, qui a annoncé...
...sa reconversion comme champion de « Air Guitar »...
Derrière lui, l'opposition cède. Le duo Géorgio-brésilien composé par Tochinoshin et Kaisei cède pour la deuxième fois dans ce basho. Kaisei se voit mystifié par un Goeido opportuniste qui sent un léger déséquilibre dans le positionnement du Brésilien au contact, déséquilibre dont il profite pour l'attirer subtilement au sol par la grâce d'un shitatehineri. Goeido décroche au passage son kachi-koshi et retrouvera les rangs sanyaku. Tochinoshin, lui, est pris au piège d'une henka de Kakuryu qui suit bien son mouvement pour sortir son adversaire. Pas sûr que cela soit très plaisant dans le cadre d'un hypothétique ozeki-run à démarrer, pour le Mongol.
Les deux compères sont rejoints par l'ozeki Baruto, solide et costaud face à un autre poids lourd, le vétéran Kaio. Ce dernier tente un décalage sur la droite au tachiai, mais l'Estonien ne s'en laisse pas conter et d'offre une belle prise à deux mains au bout de quinze secondes de lutte, ayant repoussé les tentatives de Kaio à la tawara. Épuisé par son insuccès, le vétéran dont la capacité d'endurance n'est plus la qualité majeure cède alors bien vite au yorikiri de son cadet.
Kakuryu est accompagné à neuf victoires par Tosayutaka, splendide face à Toyohibiki lui bien décevant. Encaissant en reculant la charge puissante habituelle de Toyohibiki, Tosayutaka place à la tawara un superbe contre, en l'espèce un sukuinage très aérien. Tosayutaka devrait connaître les joies de la moulinette des joi-jin en juillet.
L'ozeki Harumafuji, à la peine sur ce basho, obtient un précieux succès au dépens de sa bête noire Kotoshogiku, sous la forme d'une énorme henka qui capitalise sur la charge énorme tête baissée de l'aspirant ozeki. Pour Kotoshogiku, il s'agit désormais de scorer au moins à deux reprises lors des trois dernières journées s'il veut maintenir un espoir raisonnable de promotion après Nagoya.
Pour le reste, on notera surtout la magnifique technique du magicien Tokitenku, toujours capable de coups d'éclat et particulièrement friand de crochetages. Après un tsuri placé au milieu du dohyo et plus propre à déstabiliser l'adversaire, Tokitenku projète Shotenro par un crochetage extérieur, nimaigeri, une technique qui n'a été vue en makuuchi qu'en deux occurrence lors des quarante dernières années. Notons également la victoire salvatrice de Miyabiyama, qui doit encore décrocher un succès pour en principe rester en makuuchi.
En juryo, situation analogue à la makuuchi puisque Sagatsukasa domine la division avec deux succès d'avance. Le banzuke risque d'être un véritable casse-tête pour le comité puisque cinq places se libèrent automatiquement par le jeu des intai, et qu'il n'y aura au mieux que neuf kachi-koshi, plus probablement six ou sept. certains lutteurs, dont Sagatsukasa, pourraient connaître des promotions énormes.
En makushita, on notera le kyujo de Ryuho qui enfonce encore un peu plus l'ancien maegashira Hamanishiki remporte un cinquième combat et verrouille semble-t-il sa promotion, pour un retour chez les rangs sekitori qu'il a quittés voilà plus de six années. Myogiryu enfonce Tsurugidake et assure aussi à priori sa promotion. Le point est désormais le suivant :
- Promotions assurées : Aoiyama, Takanoyama, Kaonishiki, Matsutani, Minami, Sotairyu, Myogiryu, Chiyonokuni, Hamanishiki
- Promotions possibles : Kanbayashi, Arawashi, Ikioi, Tochiyashiki, Mochimaru, Tochihiryu, Kyokushuho, Oniarashi