Aux côtés du yokozuna, c’est un magnifique Kaisei qui continue d’étonner la galerie. Opposé au puissant et lourd Géorgien Gagamaru, le carioca bondit du tachiai pour décrocher instantanément un morozachi. Repoussant son adversaire à la tawara, il se voit opposer une farouche résistance à laquelle il vient à bout en effectuant une projection de toute beauté. Suikuinage. Le Brésilien décroche un kachi-koshi méritoire, reste en course pour le yusho,
Le Pain de Sucre géorgien est à terre.
Derrière le duo des extrémités du banzuke, on retrouve le duo des Européens, ozeki Baruto et M6 Tochinoshin. Baruto, qui n’aime pas les petits lutteurs compacts, est opposé à Takekaze, un exemple du morphotype. L’Estonien semble toutefois depuis deux ou trois combats avoir trouvé la juste carburation pour un retour au sumo « Akebonesque » qui peut parfois le caractériser. Takekaze en fait aujourd’hui les frais, avec une prise sous son bras gauche qui lui dénie toute capacité de manœuvre et une violente expulsion en moins d’une seconde.
Superbe combat entre Tosayutaka et Tochinoshin. Pour faire du beau sumo, il faut être deux, et les deux lutteurs montrent technicité et impact physique, comme le symbolise le tsuri placé par le Géorgien, qui échoue, mais lui permet de se placer pour une projection qu’il achève après un équilibre en suspension de plusieurs secondes. Du grand art. Tochinoshin reste au contact de la tête du tournoi.
Vient ensuite le quatuor des lutteurs à cinq victoires au moment de franchir la janome. Kaio, tout d’abord, est plaisant depuis plusieurs basho, il faut le noter. Opposé au Rudi Voeller des dohyo, le Renard Aminishiki, c’est le vétéran qui mystifie son adversaire cette fois-ci décidé à en découdre sans finesse. La clairvoyance de l’ozeki lui permet de s’écarter au bon moment et de laisser Aminishiki se défaire tout seul. De la belle ouvrage, avec en plus le mérite de ne pas taper dans les ressources physiques. Kaio n’est plus qu’à quatre unités du record absolu de Chiyonofuji de victoires dans le sumo, soit dit en passant.
Nette domination de Kotoshogiku sur Goeido, les gaburi sont mortels une fois le mawashi assuré. Kotoshogiku reste toujours en course théorique pour le grade d’ozeki, même si son torikumi a pour l’heure été très favorable. Henka redoutable de timing de Yoshikaze sur Wakanosato, le vétéran n’y voit que du feu et plonge tête la première au sol. De plus en plus en mode survie, l’ancien ozeki Miyabiyama est vite dépassé dans un combat qui respire la finesse face à Toyohibiki. Les tsuppari du Blob ne font plus effet, ceux de Toyohibiki si, le résultat est sans appel.
Kotooshu a un problème sur ce basho, c’est évident. Cinq défaites à l’orée du nakabi, et des victoires tout aussi peu convaincantes. Mais le succès d’hier acquis aux dépens de sa bête noire Aminishiki l’a peut-être remis en course. Opposé à son autre Némésis, Toyonoshima, le Bulgare ne paraît toujours pas au mieux, éprouvant clairement des difficultés à gérer le centre de gravité abaissé de la Boule. Mais il l’emporte quand même au final sur oshidashi, après nous avoir gratifiés d’un niramiai prononcé qui montre qu’il a encore des ressources psychologiques. Kotooshu est peut-être de retour, il va falloir compter sur lui pour échapper au kadoban. Trop précipité, Harumafuji se met d’emblée en posture difficile en lançant un tachiai de taureau mais en position bien trop basse. Si ce fait n’échappe pas à mon épouse, on imagine qu’il peut difficilement échapper à un lutteur aussi rusé que Kakuryu, qui en profite dans l’instant en attirant son compatriote des steppes au sol. Combat vite achevé, Harumafuji est encore dans le doute. Kisenosato semble avoir la maîtrise du combat face à Homasho particulièrement brouillon dans ses attaques, mais alors qu’il avait fait preuve de calme dans ses offensives, le sekiwake se précipite pour l’assaut final et loupe le cadre, sortant tout seul au grand soulagement de l’Indien en perdition sur ce mois de mai. Kisenosato devra à défaut d’ozeki-run se concentrer sur le maintien de son grade de sekiwake, largement pas acquis au vu de ses performances. Beau mix de poussées et tirages pour Kitataiki, dans le tempo de son combat à l’inverse de Tochiozan, qui ne trouve jamais la solution (c’est un peu le cas de l’ensemble de son basho pour l’heure) et la mesure et sort sur oshidashi. Aran se devait de se rattraper après son hansoku d’hier (troisième en carrière), c’est le cas avec un sumo physique et engagé, très convaincant. Mais en face il y a un Kyokutenho à l’expérience longue qui le retourne au dernier moment à la tawara pour le yorikiriser derechef. Aran aura eu la manière, à défaut du résultat. En dépit d’une belle offensive de Tamawashi, les tsuppari de Wakakoyu s’avèrent plus efficaces et lui permettent de conclure le combat par un tirage, sa technique complémentaire. Début de basho bien foiré pour Tochinowaka et Shotenro qui s’affrontent. C’est le Mongol qui, en relevant le Nippo-Coréen au tachiai, engage au mieux sa poussée qu’il conclut bien vite. Les deux lutteurs ne sont qu’à deux succès engrangés au nakabi, le basho va être long. Asasekiryu essaie un sumo sans fioritures techniques, tactique vouée à l’échec face à un grand ami de la finesse comme Kimurayama qui l’emporte en trois poussées, sans forcer. Combat de lutteurs mal en point entre Takamisakari et Tokitenku. Le Robot profite du mauvais placement de l’offensive du Mongol pour le retourner à la tawara et le sortir du cercle en yorikiri. Sadanoumi décroche au tachiai un morozachi sur Tochinonada, mais le vieux lion montre qu’il a du bagage et plante un joli shitatenage en contre pour équilibrer sa fiche.
Pas plus de mouvement en tête de juryo, où les quatre leaders de la veille continuent à se partager la tête. A la dérive sur ce basho, Masuraumi se voit surclassé en puissance dans un combat très déséquilibré face à Fujiazuma en forme. Masunoyama reste en tête des juryo en assaillant violemment Daido avant de retourner brusquement son mouvement pour placer un sukuinage. Shironoryu paraît bien frêle face à Takarafuji, et a au moins le mérite de tenter crânement sa chance en se lançant à corps perdu dans la bataille, en pure perte tant l’élève de Kokonoe maîtrise son sujet en l’achevant d’un embarrassant okuridashi. Takarafuji reste aussi dans le peloton de tête. Enfin, Aoiyama, confronté en juryo à Sagatsukasa, foire son combat en tentant une semi-henka qui ne surprend pas le moins du monde son adversaire. Le ticket n’est (théoriquement) pas encore validé, même si on a toutes les chances de le retrouver quand même chez les sekitori en juillet. Sagatsukasa est lui en tête de la juryo.
Quelques tsuppari et le combat entre Yoshiazuma et Akiseyama en vient au mawashi, le second décrochant une prise un peu plus profonde qui lui permet pendant deux longues minutes de tenter, sans succès des yorikiri sur son adversaire bien plus grand. Au final, Yoshiazuma contre un Akiseyama épuisé qu’il projette en uwatenage. Beau combat en tous cas. Les tsuppari de Tsurugidake sont insuffisant pour déstabiliser Tamaasuka qui équilibre sa fiche en contrant joliment son adversaire. Sumo fébrile et basho difficile pour Bushuyama, trop précipité face à Hochiyama et qui finit par choir tout seul. Kokkai se réveille enfin et montre au jeune Takayasu qu’il peut encore rugir, même s’il ne paraît pas transcendant. Victoire rapide en force.
Belle vivacité de Ryuonami, chose indispensable pour compenser son gabarit de crevette. Takunishiki décroche le kachi-koshi en dominant Higoarashi dans un combat de lourds. Plus roublard, Fukugoriki dispose de Kamei en lui tirant le bras au sol au terme d’un furieux échange de tsuppari. Superbe projection du Mongol Sensho pour contrer la charge puissante du dangereux Chiyootori, trop tardive toutefois car le sol était déjà touché. Manque de puissance pour Satoyama qui doit prendre quarante secondes bien tassées pour se débarrasser d’Higonojo. Pas assez mobile, Tokushinho est dépassé à l’atari par Kitazono qui se rapproche de son meilleur rang en carrière. Oshidashi net et sans bavure de Chiyoarashi sur Satsumahibiki. Dans le gros combat de haut de tableau du jour, Oniarashi entame par une henka avortée, qu’il convertit en profonde prise sur le mawashi de Hishofuji avant de le tomber d’un shitatenage d’école. Le Mongol peut encore espérer les juryo en cas de zensho. Buseizan annihile Naoe.
Hokutokuni peut sans conteste être considéré comme le favori de la sandanme, tant il domine de puissance après neuf basho loin des dohyo. Il n’a toujours pas perdu un combat depuis son retour. Ryutei, en revanche, est toujours aussi lourd et passif, et cède logiquement face à Bugonishiki. Masutoo défait le jeune espoir Sasakiyama et n’est pas loin d’assurer son retour en makushita. Ce n’est pas le cas pour Mankajo qui se fait balader par son adversaire et termine sur un splendide grand écart facial.
En jonidan, Wakarikido devra faire face à douze adversaires qui lui disputeront la victoire.
En jonokuchi, Hisanotora se défait de son adversaire principal Raomaru pour devenir le favori de la division. L’opposition viendra peut-être de Komatsukasa.
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