• Tournoi de mai 2011 - Jour 07

    On sait que le komusubi Kakuryu fait partie de ces lutteurs, à l’instar d’Aminishiki, pour qui l’impact psychologique revêt une importance majeure pour compenser leurs faiblesses techniques et/ou physiques face aux cadors de la discipline. Le combat du jour ne fait pas exception, avec un niramiai (échange de regards) tendu et un tachiai manqué (volontairement ?) face au yokozuna Hakuho. Mais celui-ci n’est pas le roi de la discipline depuis déjà quatre ans pour rien. Il ne se laisse pas déstabiliser et anticipe le deuxième tachiai de son compatriote mongol pour le dominer de la tête et des (larges) épaules, en puissance. Temps calme et mer plate pour le porte-avion d’Ulanbaatar.qui vient de dépasser les 500 victoires en makuuchi, les atteignant plus vite que Taiho. Un mythe est en marche.



    Hakuho prend les choses en main… rien de bien neuf.

    La surprise du jour vient de celui qui accompagne le dai-yokozuna mongol. Rien moins qu’un shin-nyu-maku, carioca qui plus est. Le Brésilien Kaisei, à défaut d’avoir déboulé comme une bombe dans le banzuke à l’instar des Européens Baruto et Kotooshu, sa progression est très régulière et suit les étapes logiques des points-clés du banzuke. Son prochain coup d’arrêt devrait se situer aux alentours des joi-jin. En attendant, le pauliste montre un sumo solide et plaisant. Prenant à son compte le combat dès l’atari, il coince de ses grands bras Takamisakari qui ne peut rien faire contre la puissance du Brésilien. 7-0, le deshi de la Tomozuna est au contact de Hakuho.



    Kaisei, ou la samba au rythme des taiko.

    Derrière les deux leaders, qui sont respectivement premier et dernier du banzuke makuuchi, on retrouve à une marche deux européens. L’ozeki Baruto balbutiait son sumo au début du basho, décrochant des succès heureux et encaissant un revers aux mains de Goeido (le mangeur d’ozeki de ce basho). Mais l’Estonien semble avoir retrouvé ses marques et délivre aujourd’hui aux dépens de l’infortuné Kitataiki le sumo monstrueux de puissance qu’on lui connaît souvent : tsuridashi de mammouth. Pas sûr toutefois que ce type de sumo puisse véritablement poser un problème à qui l’on sait. A ses côtés, on trouve le Géorgien Tochinoshin, qui revient au premier plan dans une zone du banzuke plus conforme à son expérience encore relative du très haut niveau. Superbe combat offert par Tochinoshin et Asasekiryu. Les hostilités commencent par une semi-henka du Mongol, qui ne surprend pas son adversaire. La lutte en vient ensuite au mawashi avec une épreuve de force du haut du corps et plusieurs tentatives de crochetages de Tochinoshin et de contres d’Asasekiryu, les deux minutes de pur bonheur se concluant par un yorikiri de Tochinoshin. Du très, très beau sumo.

    Le camp des ozeki connaît des fortunes diverses, en dehors de Baruto. Si Kotooshu stoppe l’hémorragie face pourtant à sa bête noire Aminishiki, la manière toujours aussi empruntée, confuse et irréfléchie de son sumo ne rassure pas ses aficionados. En choisissant d’aller au rentre-dedans face à Aminishiki qui lui saisit le bras, Kotooshu s’expose aux talents de ce lutteur quand il est sur la défensive, et le Bulgare est tout heureux de voir sortir son adversaire avant que lui ne chute. Sursis, mais de quelle durée ? Pour Kaio, en revanche, tout baigne, comme le montre sa victoire pétrie d’intelligence face à un solide Kotoshogiku lancé dans un éventuel ozeki-run. Plutôt que de risquer le face à face contre les mortels gaburi du Sadogatake-boy, il aspire son bras droit tout en finesses et le raccompagne vers la sortie avant qu’il n’ait eu le temps de dire ouf. Kaio se rapproche du mythe Chiyonofuji dont il n’est plus qu’à cinq unités. Et en plus avec un sumo plaisant ce qui (re)devient une habitude. Pour Harumafuji en revanche, c’est un nouveau basho à oublier qui se dessine. Défaite triste face à Okinoumi que l’ozeki ne peut surclasser en puissance et qui finit par le contrer. Harumafuji n’a pas fini de souffrir en ce mois de mai.


    Après s’être offert le scalp de tous les ozeki, Goeido marque le pas en offrant un sumo puissant mais trop brouillon, Kisenosato, auteur d’un basho déjà raté, s’en tirant de justesses par la précipitation de son adversaire. Catastrophe un peu enrayé pour Toyonoshima qui gagne enfin, en gagnant le mawashi de Homasho, autre victime de mai, qu’il raccompagne vers la sortie. Takekaze domine Tochiozan bien emprunté en décrochant une belle prise intérieure conclue par un yorikiri.

    Le manque de précision des tsuppari d’Aran n’est pas loin de lui coûter très cher au départ du combat, puisque Yoshikaze est près à chaque fois de lui passer sous la garde. C’est le Russe qui effectue la poussée décisive, mais un mono-ii infirme la décision du gyoji : Le Russe a tiré sur le mage de son adversaire pour l’emmener au sol, la sanction est immédiate, hansoku (disqualification). Aran détient désormais un record du sumo puisqu’il est le seul lutteur de l’histoire à avoir subi cette sanction à trois reprises… Morozachi instantané pour Wakanosato sur Kyokutenho, qui lui garantit un succès éclair. Dépassé dès l’atari, Tosayutaka ne pèse pas bien lourd face aux bras vengeurs de Tamawashi. Après deux matta provoqués, Shotenro tente classiquement la henka au tachiai sur l’oshi-rikishi qu’est Wakakoyu, qui ne se laisse pas surprendre et parvient à sortir son adversaire avant de chuter. Petite surprise pour Toyohibiki confond vitesse et précipitation, ce qui permet à Tochinonada, sur le reculoir suite à la charge infernale de son adversaire, de dévier sa charge pour l’envoyer au sol. La sanction est identique pour Gagamaru, manœuvré et achevé par un joli uwatenage de Tochinowaka, qui essaie de limiter la casse d’un bien mauvais basho jusqu’ici. Niramiai intense entre Kimurayama et Tokitenku. Le premier prend à la gorge le Mongol, et profite ensuite de la reprise d’équilibre de celui-ci pour l’achever en tsukiotoshi. Combat peu mobile entre deux lutteurs en fin de carrière proche : Miyabiyama montre moins de naïveté que Tamanoshima pour l’emporter et se donner un peu d’air.

    Décidément, sur ce basho, à chaque fois que je fais une chronique, il y a un intai. Cette fois-ci, après Futeno, c’est Hokutoriki qui tire sa révérence, pour devenir Tanigawa-oyakata au sein de la Hakkaku-beya. Son plus grand exploit restera une victoire sur Asashoryu en 2004.



    In memoriam, nous te regretterons, Hokutoriki, bon vent…

    En juryo, gros tachiai de Takayasu, que Sadanoumi tente de contrer par un tsuridashi. Après l’échec de celui-ci, Takayasu n’a plus qu’à profiter du déséquilibre et de l’épuisement pour le faire chuter et passer à 4-3. Lutte furieuse de Bushuyama face à Takarafuji, mais le fils caché de l’ex-Takatoriki se montre intelligent en bloquant d’abord les bras de son adversaire avant de profiter du déséquilibre avant de celui-ci pour lui faire mordre l’argile. Hochiyama tente l’assaut en puissance, mais Daido a intelligemment placé ses bras et tourne la charge pour finir en shitatenage. Pauvre Kokkai, qui concède un sixième revers contre Shironoryu. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, avec un violent tachiai accompagné d’un bras vengeur en barrage. Mais la puissance n’y est pas et Shironoryu, pourtant pas le plus épais des lutteurs, finit par avoir raison. Akiseyama n’a aucune chance dans son combat, assailli qu’il est par Masunoyama qui poursuit le mouvement jusqu’à son terme. Bel assaut de Fujiazuma qui expulse Tsurugidake avant de lui-même choir au sol. Sagatsukasa profite à plein de sa petite taille pour pénétrer dans la garde de Sadanofuji et le soulever avant de l’expulser.

    En makushita, Maeta l’emporte au terme d’un combat long et erne, son poids faisant au final la différence. Azumaryu est aussi à trois succès après une intelligente projection. L’ancien juryo Yotsuguruma équilibre sa fiche. Les deux ex-futur-espoir Kei et Hakiai sortent vainqueurs de combats bien menés, alors que les Mongols Seiro et Ryuo connaissent l’échec. Doçminé par le plus petit Chokozan, l’ancien sekitori s’en sort à la dernière seconde par une projection au bon timing. Kotoyuki dé croche un kachi-koshi méritoire face au solide élève de Kokonoe Chiyozakura et sera à son meilleur rang en carrière en juillet. Takateru équilibre sa fiche sur yorikiri, le lourd Towanoyama dispose violemment de Tochiyashiki, à son meilleur rang en carrière. Kyokushuho le chouchou de ces dames met trois secondes de doute à trouver la carburation, mais après plus rien ne l’arrête. Il se rapprochera de son meilleur rang en cas de très bon basho. Ikioi plus technique vainc Rikiryu dans un duel de laissés-pour-compte du basho. Mochimaru et Tokushoryu sont eux aussi deux lutteurs qui tangentent depuis longtemps les juryo sans les atteindre. C’est le dernier qui se trouve désormais en difficulté après être dominé logiquement. Hamanishiki se rapproche des rangs sekitori qu’il n’a plus connu depuis plus de sept ans, mais il est tout de même battu logiquement en puissance aujourd’hui par un autre ancien sekitori, Sotairyu. Bon sens du dohyo pour Myogiryu qui laisse choir Nionoumi au moment opportun et conserve lui aussi toutes ses chances pour l’accession. Kaonishiki fait partie de ces vieux guerriers de makushita, une division qu’il occupe quasi sans interruption depuis sept longues années. Face à une chance historique de promotion éventuelle, il ne laisse pas passer l’occasion en absorbant les assauts de l’ancien sekitori Kanbayashi avant de le renverser d’une énorme frappe de mule d’un seul bras. Il est maintenant à trois victoires. La henka du Mongol Arawashi échoue sur Kakizoe, mais le jeune a de la ressource et plante un aérien uwatenage pour plonger un peu plus l’ancien komusubi dans le doute quant à son avenir dans l’Ozumo. Petit pas de côté pour Takanoyama sur Aoiyama, auquel le Bulgare ne se laisse pas prendre. La lutte en vient en hidari-yotsu, le Tchèque tentant un retourné qui échoue après une tentative de tsuri du Bulgare, qui vient s’écraser sur son adversaire pour remporter un précieux succès qui le laisse à une marche des sekitori. Kitaharima arbore un bel oicho-mage pour faire face à Yoshiazuma, mais il est bien trop léger face au puissant vétéran. Plus de réussite pour Minami qui absorbe et contrôle grâce à un jeu de jambe parfait un Masuraumi en perdition avant de l’expulser du dohyo. Tochitsubasa est lui bien trop frêle pour Tamaasuka qui passe la puissance aisément.

    En sandanme, Asumanami pénètre dans la garde de Fujinoumi en dépit de son déficit d’allonge et profite de l’avantage du poids pour expulser son opposant et décrocher le kachi-koshi. Chiyosakae est kachi-koshi et sera à son meilleur rang en carrière à Nagoya. Aratoshi est bien naïf et laisse son adversaire au contrôle du combat. Yakunoshima est kachi-koshi au terme d’un combat très statique. Mis sur le reculoir, Kainowaka se laisse ensuite entraîner par son poids et manque sa quatrième victoire au profit de Shiroryu. Kotofukuju est lui aussi kachi-koshi, Gorikiyama plante un okuridashi sur le Mongol Daionami désemparé. Dernier des Sadogatke-boy invaincus de sandanme, Kotodaishin

    En jonidan, Hanakaze surprend Arikawa d’un hatakikomi au tachiai et décroche son kachi-koshi, le retour en sandanme est possible. Toyononami, jeune dans le sumo, montre puissance et appuis solides pour expulser directement son adversaire. Il faudra le suivre. On a parfois de véritables petites perles toutefois, comme celle que nous sort la crevette Yamanaka et ses 80 kilos, dépassé en puissance mais auteur d’une incroyable résistance à tous les assauts avant de placer un mouvement digne d’une prise de judo sumo son adversaire, ça ressemblait fortement à un ipponzeoi, au final c’est un kotenage. Kiriarashi arrache le kachi-koshi au terme d’un combat tête contre tête avec Daishoryu, très frustré de sa défaite. Aoimaru remporte en haut de la division son kachi-koshi au terme d’un combat léthargique qu’il gagne en puissance.
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    Osaka basho 2024

    Selon l’agence de presse japonaise Kyodo News, des sanctions financières ont été prises aujourd’hui par la NSK, à l’encontre de rikishi

    skydiver 19/04/2024, 12h44 Voir le dernier message
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    D’après divers médias japonais aujourd’hui, la cause du décès est bien une défaillance cardiaque, à l’hôpital où l’ex Yokozuna était traité.

    skydiver 16/04/2024, 18h45 Voir le dernier message
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    Les médias japonais donnent un large écho à cette disparition. Akebono Yokozuna, après ses prouesses sur le dohyo, restait une figure populaire au Japon.

    skydiver 12/04/2024, 00h44 Voir le dernier message
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    [ Akebono ] Présentation générale

    Le site de CNN propose un article consacré au Yokozuna depuis quelques minutes.

    skydiver 11/04/2024, 15h34 Voir le dernier message
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    Le 64eme Yokozuna a gagné 11 basho. Il laisse derrière lui son épouse, deux filles et un garçon. Hospitalisé depuis le début du mois, il est décédé d’une

    skydiver 11/04/2024, 15h28 Voir le dernier message
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    Je suis au Japon et la télévision publique NHK vient d’annoncer le décès d’Akebono, à l’âge de 54 ans.

    skydiver 11/04/2024, 12h31 Voir le dernier message
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    Osaka basho 2024

    Si vous avez accès à la chaîne NHK International, à compter de dimanche prochain, vous pourrez revoir les meilleurs moments de ce basho. Plusieurs rediffusions,

    skydiver 11/04/2024, 07h19 Voir le dernier message
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    En effet. Information à confirmer mais, à ce jour, je ne trouve toujours pas de liste sur le site de la NSK ou ailleurs.

    skydiver 09/04/2024, 03h14 Voir le dernier message
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    Osaka basho 2024

    Si c'est le cas, ça fait un sacrée renouvellement.

    lolo 08/04/2024, 21h21 Voir le dernier message
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    Osaka basho 2024

    Petite exposition sympathique qui ne prend qu’une trentaine de minutes. Beaucoup de photos couvrant plusieurs générations de rikishi, des tegata

    skydiver 08/04/2024, 10h45 Voir le dernier message