Quelles surprises nous réserve donc ce premier basho de l'an nouveau ? Hakuho remportera-t-il cette fois encore le yusho ? Qui donc pourrait bien le lui disputer ? Toyonoshima, comme au dernier tournoi ? Baruto ? Harumafuji de retour de blessure et en position de kadoban ? L'indéboulonnable Kaio, promis à une retraite prochaine depuis bientôt 4 ans et toujours là, fidèle au poste, déjouant tous les pronostics ? Bien malin qui saurait le dire après cette première journée, honorée par la présence de l'empereur et de l'impératrice du Japon.
En tout cas le komusubi Kakuryu, opposé au yokozuna comme le veut le torikumi, n'a pas montré aujourd'hui une quelconque velléité de dominer enfin Hakuho après 15 tentatives infructueuses. Pourtant il a à son actif de nombreuses armes pour le vaincre et il n'en a pas été très loin, parfois. Mais aujourd'hui, le yokozuna était trop fort pour lui laisser le moindre espoir et a même rarement montré une telle facilité pour se défaire de son compatriote.
Dès l'atari, Hakuho se saisit du bras droit de son malheureux adversaire, le fait tourner pour se trouver face à son flanc, puis le sort sans autre forme de procès d'un puissant oshidashi.
L'ozeki Kaio, acclamé par la foule, comme toujours, a contrôlé son combat de bout en bout avec une maîtrise parfaite. Après l'atari, le combat se déroule sans saisie de mawashi, ni d'un côté ni de l'autre. Bien campé sur ses appuis, Kaio tente sur Tochiozan plusieurs hatakikomi. Le dernier sera fatal au jeune komusubi, qui a vu se briser son rêve d'ozeki run lors du dernier basho. Tout est à recommencer pour lui, et cette nouvelle défaite contre le vieux lion risque de lui lézarder le moral.
Beaucoup moins de maîtrise que son collègue ozeki chez Baruto. Totalement débordé par un Toynoshima toujours subtil, brillant, sachant saisir toutes les opportunités avec sa maestria habituelle, l'ozeki porte bien quelques attaques, en poussée et nodowa, mais chaque fois le maegashira 1 saisit son bras et le détourne de sa trajectoire. Le géant estonien, en grave déséquilibre, finit à terre, achevé par un hikiotoshi légèrement ironique du petit génie de la Tokitsukaze beya. Il semble que le nouveau mawashi platine de Baruto ne lui ait pas porté chance en cette première journée.L'ozeki Kotooshu a manqué de chance lui aussi de se trouver opposé dès le shonichi à sa bête noire Aminishiki. On connaît son mental friable et on sait l'importance du premier combat du tournoi. le Bulgare, méfiant, ne se laisse pourtant pas prendre au décalage d'Aminishiki au tachi-ai. Il commence à en avoir l'habitude, à la longue ! Cependant, il ne fait pas preuve d'une grande pugnacité au cours de cet assaut, restant toujours sur la défensive. Il le remporte pourtant, ce combat, mais de quelques millimètres seulement, entraînant son adversaire dans sa chute. Ce combat ne restera pas dans les annales, tant il était hasardeux de part et d'autre.
L'ozeki Harumafuji, lui, de retour d'une sérieuse blessure à la cheville droite contractée lors du 4e jour du Kyushu basho, n'a pas pu s'entraîner autant qu'il l'aurait voulu. Sa cheville lui fait encore mal à certains moments. On pourrait craindre qu'il ne se sorte pas de sa position de kadoban et soit rétrogradé sekiwake. Et pourtant aujourd'hui, il a montré une autorité qu'on ne lui avait certes pas vue lors du dernier basho. Après un tachi-ai super puissant et rapide, le Mongol attaque en nodowa et repousse le Géorgien Tochinoshin à la tawara. Evidemment, la puissance de l'ex-komusubi n'est plus à démontrer, surtout celle de ses cuisses de percheron. Il s'en sert donc pour repousser l'ozeki et tente de se décaler pour le surprendre, mais Harumafuji ne s'en laisse pas conter. Il continue inexorablement sa poussée et sort le Géorgien impuissant en yorikiri. Voilà une belle victoire bienvenue qui va venir gonfler son capital confiance et laisse un peu mieux augurer de la suite de son tournoi.
Le jeune sekiwake Kisenosato avait fait des étincelles à l'entraînement. Il confirme, aujourd'hui en tout cas, sa bonne forme du moment. Son adversaire, pourtant, n'a pas froid aux yeux. Comme à son habitude, Yoshikaze attaque au tachi-ai comme si sa vie en dépendait. Mais Kisenosato, lucide, ne le laisse pas saisir son mawashi et le repousse violemment. Sa puissance et sa confiance en lui auront raison du petit lutin de l'Oguruma beya.
S'il y a un rikishi capable de rivaliser avec Tochinoshin au niveau de la puissance des cuisses, c'est bien le sekiwake Kotoshogiku. Peut-être est-ce à cause de ses petits bonds caractéristiques qu'il s'est forgé cette impressionnante musculature du bas du corps ? Toujours est-il que dans son combat du jour, c'est plutôt grâce à sa prise en morozashi, acquise dès l'issue du tachi-ai, qu'à ses gaburi traditionnels qu'il a pu repousser facilement son adversaire, le pourtant solide Russe Aran, hors du cercle sacré.
En milieu de tableau, quelques jolis combats et quelques surprises également. Superbe victoire, tout d'abord, de Tokusegawa sur Goeido. On attendait un peu mieux de l'espoir japonais, mais il n'a fait que subir le combat malgré une pauvre tentative d'uwatenage que le Mongol a réussi à retourner à son avantage. Tokusegawa, depuis son arrivée chez les sekitori, progresse lentement, sans éclats, mais régulièrement, tout en apprenant le métier au plus haut niveau. A suivre.
Journée à oublier pour Homasho, brouillon et peu solide sur ses appuis, peu lucide également, qui concède sa première défaite face au Mongol Tamawashi, alors qu'il menait pourtant 4-1 en confrontations.
Belle démonstration de puissance et de volonté de la part de Kitataiki face à Tosayutaka. Une charge de rhinocéros conclue en oshitaoshi plus tard, le second couteau de la Tokitsukaze beya s'écroule violemment aux pieds des spectateurs du 1er rang.
Belle victoire également de Takamisakari, qui se place habilement en position d'exécuter un uwatenage sur Tokitenku. Celui-ci résiste tant qu'il peut, mais Takamisakari conclut néanmoins avec panache.
A malin, malin et demi : Wakanosato s'offre le scalp (sans le toucher, en plus) de Miyabiyama sur hatakikomi, la même technique qui permet pourtant d'habitude au lourd heya-gashira de la Fujishima beya de remporter la plupart de ses victoires.
Duel de styles pour les Mongols Shotenro et Hakuba. Mais Hakuba est très vite débordé par l'oshi-zumo de Shotenro qui l'emporte, Hakuba ayant été incapable de pratiquer le yotsu-zumo dans lequel il est pourtant capable d'exceller.
Okinoumi, lui aussi, crée la surprise, dominé qu'il était en confrontations(3-0) par Mokonami. Mais Okinoumi a de l'ambition. Il a déclaré vouloir rejoindre les rangs sanyaku avant la fin de l'année. Nul ne sait encore s'il y arrivera, mais il en a pris le chemin aujourd'hui, remportant sa première shiroboshi du tournoi sur yoritaoshi, montrant une belle volonté de vaincre.
Sokokurai s'est offert, lors de ce shonichi, un joli cadeau d'anniversaire en forme de victoire, d'un yoritaoshi infligé au lourd et puissant Toyohibiki.
En juryo, rien de bien notoire pour l'instant, si ce n'est les défaites du J1 Kaisei face à Kyokunankai et du J2 Tochinowaka face à son compatriote Kasugao. Tous deux parvenus dans la zone de promotion après leur excellent résultat du Kyushu basho, ils subissent sans doute la pression bien normale d'une telle situation. Ils doivent apprendre à la gérer s'ils veulent espérer rejoindre au plus vite la division reine.
Toyonoshima - Baruto
Toutes les vidéos de cette journée ici: http://www.lesumo.fr
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