• Kyushu basho 2010 15e journée (senshuraku)

    Feu d’artifice final à Fukuoka

    Lorsque Kisenosato a disposé, avec la manière, du yokozuna Hakuho lors de la deuxième journée de ce dernier basho de l’année 2010, beaucoup se sont interrogés sur l’intérêt de ce tournoi : une fois la course au record brisée dans l’œuf (pourtant prêt à éclore), que pouvait-il bien rester pour passionner les foules et donner un peu de piment à un sumo professionnel qui en manque cruellement, tant la domination du Mongol est écrasante depuis le départ de son plus féroce rival, et tant l’absence de véritables challengers à son hégémonie est criante. Et pourtant…

    … et pourtant, ce basho de Fukuoka ne devrait pas manquer de rester dans les mémoires. Certes, la domination de Hakuho reste à son zénith ; certes, il remporte à moins de 26 ans son dix-huitième yusho en makuuchi, soit un an de moins qu’Asashoryu au même total, et on imagine que s’il poursuit sa carrière sur un rythme analogue, le record de 32 yusho de Taiho finira par tomber ; certes, il égale cette année son propre record de victoires en une année calendaire avec 86 shiroboshi ; certes, il n’a concédé que cinq kinboshi (défaites face à des hiramaku) depuis qu’il a revêtu sa première tsuna (dont deux face à Kisenosato, son vainqueur du tournoi) ; certes, avec moins de 100 revers pour 579 combats disputés en makuuchi, il est tout proche du meilleur pourcentage de victoires de l’histoire, celui de Taiho. Certes, certes, certes…

    Mais ce Kyushu basho aura donné un enseignement : si le yokozuna reste au sommet de son art, il n’est pas invincible pour un lutteur suffisamment motivé, et une fois sa dynamique brisée il peut apparaître plus « humain », voire friable, comme l’ont montré plusieurs combats au cours desquels il est apparu en grand danger, son talent et sa puissance surnaturelle lui sauvant au final la mise. Ce qui n’aura pas été le cas lors de ce senshuraku, toutefois. Le musubi-no-ichiban, habituel sommet d’un tournoi, accouche cette fois d’une souris, Hakuho disposant facilement de Kotooshu, apparu sur ce basho comme très friable sur les projections, ce dont le Mongol ne manque pas de profiter en l’exécutant proprement et rapidement d’un uwatenage. Pas de surprise dans le kettei-sen, où Toyonoshima tente après l’assaut de se saisir du bras droit de Hakuho, ce qu’il parvient à faire. Mais le maestro mongol montre qu’il n’est pas en reste au plan de la vivacité, et contourne son adversaire par la droite pour lui passer dans le dos et le terminer en okurinage.


    Le sumo se pratique à deux et c’est Hakuho qui gagne à la fin…




    Kotooshu n’aura pas pesé sur ce combat, ni sur ce basho d’ailleurs

    Car, et c’est là la nouveauté, le dai-yokozuna s’est retrouvé acculé à un kettei-sen, une première depuis septembre 2009 et une toute première fois pour lui face à un hiramaku. Toyonoshima est d’ailleurs le premier hiramaku à devoir disputer un combat additionnel depuis que Hokutoriki avait été poussé à cette extrémité en mai 2004… par le maegashira 16 Hakuho ! Toyonoshima, dans un combat que le Japon entier attend, répond aux attentes en déviant les assauts de Kisenosato pourtant plus puissant, avant de rompre l’équilibre de son adversaire par un lever de jambe et de l’achever en oshitaoshi. Victoire superbe de l’ancien sekiwake qui est alors seul en tête. On a vu ce que sera la suite.


    Beaucoup de talent et de technicité sur ce basho. Toyonoshima a lui répondu aux attentes de son rang sous-évalué

    Kaio sera sei-ozeki en janvier, grâce à sa victoire efficace sur Baruto, qu’il mystifie d’un très léger pas de côté en se saisissant du bras de l’adversaire pour laisser le mouvement de Baruto faire le reste. Si certains doutent toujours au sujet du vétéran ozeki, le fait est qu’il a au cours de cette quinzaine montré la plupart du temps un sumo complet, mélange de force, d’expérience, de sens du placement et de roublardise. Pour Baruto, la mention pour ce basho s’apparente plus à un « très bien, mais peut mieux faire » tant on sent qu’en faisant preuve d’une concentration supérieure et d’un peu moins de naïveté face à des adversaires prenables, il peut encore élever son niveau. Il ne semble lui toutefois pas souffrir des soucis de motivation qui plombent le sumo de Kotooshu dès que celui-ci se sent hors-course.


    C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, dit-on…

    Derrière les deux intouchables et en compagnie de Kaio auteur de sa douzième victoire, un fait inédit depuis son jun-yusho de novembre 2004, on retrouve Goeido, auteur d’un beau basho au final. Joli kake pour l’ancien sekiwake qui crochète Tosayutaka en sotogake après une charge sérieuse. Il pourra nourrir de gros regrets sur ses deux défaites prématurées en début de basho.

    Décrochent aujourd’hui le kachi-koshi de dernière minute Aminishiki, Yoshikaze, Takamisakari et Okinoumi. Grosse erreur de Homasho qui avait le combat en main mais se relâche au moment où Aminishiki est à portée de main, et chute quasiment tout seul tandis qu’Aminishiki s’écarte. Kachi-koshi pour Yoshikaze qui l’emporte grâce à une mobilité supérieure et sur un magnifique kirikaeshi qui contre une tentative d’uchigake d’Asasekiryu. Kachi-koshi pour Takamisakari qui élève enfin son niveau et domine Mokonami en yoritaoshi après une charge solide et basse qui élève le centre de gravité de son adversaire. Grosse charge de Toyohibiki sur Okinoumi, qui poursuit en oshi puis en tirages mais subit le contre du jeune d’Okinawa, laissant la voie à un gros tomoe-sen en juryo.

    Tochiozan domine Kakuryu et lui inflige le make-koshi après une série de harite et un tsukiotoshi. Les deux sekiwake concèdent ainsi le make-koshi. Tentative mal préparée de henka d’Aran, qui glisse dans la manœuvre et laisse une victoire facile à Takekaze. Hakuba tente tout ce qu’il peut contre Tochinoshin, makikae et tournoiement, mais le komusubi est trop stable et l’emporte en puissance. Tamawashi est impuissant face aux gaburi-yori de Kotoshogiku, qui fera son retour en sanyaku en janvier. Kitataiki échoue dans sa henka et semble en mauvaise posture lorsque Wakanosato décroche la prise de mawashi, mais il parvient tout de même à passer sa puissance pour l’emporter de justesse. Plus vif, Sokokurai place une grosse henka qui échoue mais lui confère une prise de mawashi imparable sur le Géorgien, pour qui le basho est à oublier. Gros affrontement en puissance entre Kyokutenho et Tokusegawa, que le premier remporte au final en faisant pivoter son adversaire à la tawara grâce à sa prise en uwate gauche. Victoire sans coup férir de Kimurayama. Jolie victoire de Kotokasuga en sukuinage après une violente lutte en oshi conclue par une prise intérieure à la taille de son adversaire. Grosse erreur de Tokitenku qui ne parvient pas à porter la lutte au mawashi et laisse Kimurayama sur un terrain qui lui convient plus, en oshi. Miyabiyama l’emporte dans son style caractéristique, violent tsuppari et hatakikomi pour conclure. Puissante victoire en oshi pour Gagamaru, qui assure une neuvième victoire et une accession dans la première moitié de la makuuchi. Nage-man Kasugao domine Bushuyama qu’il tombe d’un kotenage placé au dernier moment à la tawara. Toyozakura est dominé clairement par Tochinonada, mais il parvient à dévier au dernier moment la charge de son adversaire pour remporter la victoire et assurer son retour en makuuchi.

    En juryo, comme on l’a vu, Toyohibiki a chu face à Okinoumi, laissant la voie à un tomoe-sen à quatre, en compagnie de Takayasu, du Coréen Tochinowaka (ex-Ri) et du Brésilien Kaisei. Dans le premier combat, Toyohibiki rencontre Takayasu. Combat à sens unique pour le premier qui fait parler le différentiel de puissance. Kaisei, en progression constante et considérable depuis deux ans, dispose de Tochinowaka par la grâce d’une solide prise intérieure main gauche après un tachiai bien maîtrisé. Victoire nette en yorikiri. Dans le combat final entre Toyohibiki et Kaisei, le Brésilien convertit sa seule chance face au puissant Toyohibiki, décrocher une rapide prise de mawashi qui anéantit l’oshi de Toyohibiki. C’est le premier yusho en division salariée d’un Brésilien, le carioca devrait être fêté au pays.

    Premier combat du gros tomoe-sen à six en makushita entre Minami et Myogiryu : le poids lourd domine en puissance mais la vivacité de l’ancien tsukedashi lui permet de décrocher une prise intérieure pour une sortie en yorikiri. Combat poids légers entre Chiyonokuni et Tochitsubasa, ce dernier l’emportant au terme d’un combat acharné d’une minute au cours duquel il tente une bonne dizaine de projections pour finir en shitatenage. Naoe remporte son duel avec Kumagai, qu’il surclasse aisément en puissance. Il reste donc Myogiryu, Tochitsubasa et Naoe. Le premier combat du dernier tour de play-off oppose Myogiryu à Naoe, confrontation remportée avec grande facilité et puissance par le premier d’entre eux sur un oshidashi rageur. Il fait de même face à Tochitsubasa pour remporter sans souffrir le makushita yusho.

    Aozaora, favori du kettei-sen de sandanme, domine Wakakengo dès l’atari d’une large prise intérieure qu’il convertit en uwatenage pour remporter le sandanme yusho.

    Au chapitre des montées et descentes de divisions, la perméabilité ne sera pas énorme entre juryo et makuuchi. Descendent Hokutoriki, kyujo ce basho, Kasugao, et Bushuyama. La question de l’accession est plus difficile, car si Wakakoyu est assuré de monter en compagnie de Toyozakura, la lutte pour la troisième place risque d’être coton entre Toyohibiki, Kyokunankai et Kaisei, le premier partant favori. Entre makushita et juryo, on notera les descentes probables de Jumonji, Ryuho, Tsurugidake et Tamaasuka remplacés par Kyoseumi, Yoshiazuma, Nionoumi et peut-être Fujiazuma.


    Toutes les vidéos de cette journée ici: http://www.lesumo.fr
  • Forum

    skydiver

    Osaka basho 2024

    Takakeisho Ozeki n’a pas repris l’entraînement suite à sa blessure à l’épaule contractée durant le basho. Il est actuellement en soins

    skydiver Aujourd'hui, 19h13 Voir le dernier message
    skydiver

    [ Terao ] Présentation générale.

    Il avait beaucoup de prestance selon moi et je le trouvais serein.

    skydiver Aujourd'hui, 03h49 Voir le dernier message
    Konosato

    [ Terao ] Présentation générale.

    Fin des annèes 90, quand je regardais le Sumo sur Eurosport le commentateur allemand (j’habite en Suisse allémanique) se répétait toujours quand Terao

    Konosato Hier, 21h23 Voir le dernier message
    liclic

    [ Terao ] Présentation générale.

    Je me souviens très bien de Terao... Il avait un physique presque 'normal' si différent de la plupart des rikishi... Et bien paix à son âme.

    liclic Hier, 12h34 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Et d’accord sur le fait qu’une promotion au grade d’Ozeki est loin d’être évidente. La concurrence se fait rude et il lui faudra

    skydiver 26/03/2024, 15h32 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Je pense aussi pour Asanoyama, oui, mais l’article que j’ai lu ne le mentionnait pas.

    skydiver 26/03/2024, 15h29 Voir le dernier message
    nandoula

    Osaka basho 2024

    Retour d'Asanoyama en sanyaku je présume.
    Curieux de voir s'il arrivera encore à retrouver son grade d'ozeki vu les nouveaux clients qui ont l'air

    nandoula 26/03/2024, 11h09 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Oui, plutôt d’accord. Au vu de leurs performances respectives lors de ce tournoi ça semble assez logique. Néanmoins la NSK nous a habitué à des

    skydiver 25/03/2024, 18h08 Voir le dernier message
    jj

    Osaka basho 2024

    Il semblerait logique de voir Wakamotoharu Se, Abi So, Asanoyama Ke et Onosato Ko. Donc Atamifuji et Daieisho M1. À votre avis?

    jj 25/03/2024, 14h58 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Kotonowaka change de shikona à l’issue de ce tournoi et s’appellera désormais Kotozakura, nom choisi par son grand-père, Oyakata de la Sadogatakebeya.

    skydiver 25/03/2024, 11h58 Voir le dernier message