Le torikumi de cette douzième journée du basho de Fukuoka prévoyait un affrontement entre deux des quatre lutteurs alors à dix victoires, c’est donc sans surprise que le nombre des protagonistes est désormais réduit d’une unité. Ce qui a constitué la surprise du jour, en revanche, est la victoire de David Toyonoshima contre Goliath Baruto. Dans le combat phare du jour, en position très basse, Toyonoshima contient Baruto qui décroche une ferme prise sur l’arrière du mawashi, mais au moment de donner l’assaut final, le genou droit de l’Estonien semble céder avant que Toyonoshima ne sorte du cercle, à moins que ce ne soit sa cheville qui glisse. En tout état de cause, Baruto est perdant, et devra battre le yokozuna s’il souhaite rentrer en Estonie avec le yusho (peut-être même deux fois, c’est dire l’ampleur de la tâche qui l’attend), et Toyonoshima est lui toujours au contact.
Baruto glisse étonnamment, et avec lui s’envolent une partie de ses espoirs de yusho
Toyonoshima vainqueur est accompagné tout en haut du hoshitori par Kaio, net vainqueur de son combat du jour. L’enfant du pays de Fukuoka continue son rêve éveillé en anticipant parfaitement le léger bond de côté (prévisible) de Hakuba avant de le sortir d’une ferme prise de mawashi. Même si les miracles existent, il y a toutefois fort à parier que le rêve s’achève demain puisqu’il rencontrera le dai-yokozuna. Mais Kaio nous surprend tellement qu’on ne sait qu’envisager pour l’issue de ce combat. Peut-être l’ozeki vétéran jouera-t-il le va-tout pour sans doute sa dernière chance d’augmenter son impressionnant total de yusho et rêver à un improbable tsunatori basho en janvier, à 38 ans et demi.
Kaio, impressionnant de détermination. Le chant du cygne s’est transformé en vibrant cocorico. En attendant le soleil d’Austerlitz ?
Il est certain que le seul yokozuna du moment ne l’entendra bien sûr pas de cette oreille. Mais si Hakuho continue d’engranger victoire après victoire, il semble quand même que quelque chose ait enrayé la belle mécanique, tant son sumo paraît parfois (ce qui pour lui est déjà beaucoup, compte tenu de son état de forme de cette année) sur le fil du rasoir, voire presque emprunté. Si cela n’a pas été véritablement le cas aujourd’hui, on ne peut pas dire que sa victoire entrera dans les annales. Hakuho ne tremble toutefois pas dans son combat en accompagnant la charge énorme de Tochiozan d’un bras, après un gros harite à la face de son adversaire, pour le tomber en kotenage. Pas la victoire la plus spectaculaire du yokozuna, mais il répond aux attentes, comme d’habitude. On ne peut s’empêcher de regretter la flamboyance qui règnait pendant la (trop courte) ère des deux yokozuna mongols. Tochiozan, lui, est make-koshi. La quête du grade d’ozeki n’aura été qu’un triste feu de paille.
Hakuho, efficace. Que dire de plus ?
Derrière les trois hommes de tête et Baruto, on retrouve désormais le seul Goeido, qui enchaîne bien après des débuts poussif à un rang qui devait pourtant lui permettre d’envisager les premiers rôles à l’instar de Toyonoshima. Grosse puissance de Goeido sur ce combat qui, après un tachiai sérieux et une belle prise de mawashi, tsurise quasiment Sokokurai avant de le sortir en yorikiri.
Un seul lutteur décroche aujourd’hui le kachi-koshi. Etrange victoire de Tamawashi sur Shotenro qui s’écroule pour ainsi dire seul après deux tsuppari, laissant le kachi-koshi à son adversaire. Outre Shotenro, les deux autres rikishi déjà assurés du précieux sésame sont défaits. Bel assaut de Kotooshu qui bloque le bras gauche de Kakuryu, mais le Mongol parvient à s’écarter du chemin pour infliger au Bulgare une embarrassante défaite.
Kotooshu est toujours aussi peu concentré dès qu’il n’est plus dans la course. Choc à sens unique pour Kotoshogiku qui ne laisse pas une seconde de répit à Kisenosato, victime des traditionnels gaburi-yori de l’enfant du pays. Kotoshogiku n’a plus besoin que d’un succès pour revenir chez les sanyaku.
Tochinoshin et Kokkai, déjà make-koshi, limitent aujourd’hui la casse. Combat de chiffonniers entre Tochinoshin et Homasho, qui en viennent au mawashi. Après deux tentatives de projection du Japonais, c’est le Géorgien qui contre en shitatenage pour prendre la shiroboshi. Avec une solide prise de mawashi, Kokkai qui ne parvient pas à projeter Kimurayama change alors de portage et inflige un crochetage à son adversaire, l’emportant sur un joli kirikaeshi. Outre ces deux lutteurs ainsi que Hakuba et Tochiozan déjà mentionnés plus haut, trois autres lutterus concèdent le make-koshi en ce jeudi noir. Victoire surprenante de Tosayutaka qui survit à la tawara aux nodowa de Kimurayama avant de retourner la situation et de l’emporter en oshidashi. Gagamaru encaisse sans broncher la charge de Wakanosato et enchaîne sur sa poussée akebonesque pour le sortir puissamment. Grosse attaque en poussée et prise de mawashi ferme pour Okinoumi qui sort et inflige le make-koshi à Tochinonada. Le vétéran semble bien parti pour un retour en juryo. C’est également un retour en division inférieure qui attend Kasugao. Magnifique victoire de celui-ci, pourtant mal engagé quand Kotokasuga lui arrache sa prise de mawashi, mais le Coréen s’en tire une fois de plus par une projection, kotenage cette fois-ci. Un succès insuffisant.
Takamisakari profite au départ d’une tentative de prise de mawashi surprenante de Koryu, spécialiste d’oshizumo, mais Robocop doit céder quand son adversaire revient à sa spécialité et l’expulse sans ménagements. Grosse henka de Tokitenku qui laisse Miyabiyama s’écrouler comme une bouse de vache sur l’argile sacrée, avec l’aide d’un petit crochetage qui fait de la technique un ketaguri. Henka et prise de mawashi pour Mokonami qui l’emporte peu glorieusement face à son compatriote Tokusegawa. Mal inspiré, Kyokutenho tente un pas de côté qui lui coûte face à Yoshikaze la stabilité qui est normalement son point fort. Yoshikaze l’emporte en puissance. Shimotori ne parvient pas à tenir Takekaze à distance, ce qui lui coûte le combat. Les tentatives de tirage d’Aminishiki sont contrées de la même manière par Asasekiryu qui emporte la décision. Joli numéro de torero d’Aran qui mystifie Kitataiki en le laissant sortir tout seul.
En juryo, les choses se décantent pour le moins, puisque le nombre des leaders est aujourd’hui divisé par six, pour arriver à un trio de tête à l’instar de la makuuchi. C’est quasiment en technique de boxe que Wakakoyu exécute Sakaizawa, qui cède sous une grêle de coups et finit presque knock-out. Sakaizawa est désormais à une victoire derrière, lui qui possédait une avance de deux unités en début de basho. Nodowa et hidari-uwate, telle est la recette de Toyohibiki pour l’emporter face au méritant Kaisei. Toyohibiki conserve ses chances pour le yusho et sera de retour en makuuchi. Beau combat entre Tochinowaka et Chiyohakuho : assaut brutal du second, encaissé par le Coréen qui contre au mawashi avant de perdre sa prise puis de manquer un oshitaoshi. C’est finalement après un échange de tsuppari que Chiyohakuho manque la cible et choît au sol. Tochinowaka reste en tête pour le juryo yusho.
Décrochent le kachi-koshi Takarafuji, Takayasu et Akiseyama. N’est pas Chiyotaikai qui veut, Wakatenro en fait l’amère expérience en manquant la cible d’un de ses tsuppari, ce qui facilite considérablement la tâche de Takarafuji, qui décroche ainsi le kachi-koshi, reste au contact pour le yusho et l’accession éventuelle en makuuchi. La lutte psychologique assez longue entre Takayasu et Shironoryu est remportée par le shin-juryo, qui reste au contact des leaders pour son premier et excellent basho. Un tsuppari et une esquive suffisent à emporter la décision aujourd’hui. Gros assaut d’Akiseyama qui dispose sans trembler et en puissance du vétéran Tsurugidake, en oshidashi simplissime. Akiseyama est kachi-koshi, Tsurugidake est désormais en position difficile.
Masunoyama lance un assaut brutal sur Daido, mais l’expérience du second parle et celui-ci parvient à conserver l’équilibre en dansant sur la tawara, ce que le shin-juryo ne parvient pas à faire. Tosanoumi rugit toujours comme un lion pendant ses combats, mais ses crocs semblent passablement élimés. Défaite en uwatenage après une lutte en puissance au mawashi, aux mains de Tamaasuka que l’on a pourtant connu meilleur. Tamanoshima entame bien son combat face à Kyokunankai mais il se fait contrer et sort avant que son opposant ne chute au sol. Le vétéran doit réviser ses prétentions au yusho. Joli contre de Masatsukasa, tout en puissance face au yori de Sadanoumi. Hochiyama semble avoir la maîtrise du combat face à Asofuji, mais celui-ci déclenche un tirage de dernière minute et l’emporte par katasukachi. Déjà condamné au retour en makushita, Jumonji aggrave la note en ne parvenant pas à surclasser Hoshikaze en puissance et il finit contré par un joli sukuinage tout en rondeur. Sumo vif et simple de Toyozakura, qui exécute Kakizoe de trois tsuppari suivis d’un hikiotoshi. Lutte physique en oshi prolongée en yori entre Ryuho et Sadanofuji, que le premier remporte d’un solide mouvement tournant.
En makushita, pas de combats pour l’accession en juryo ni l’attribution du yusho. On note les cinquième victoires de Myogiryu, qui va revenir plus avant dans la division, et des espoirs Yamashita, Naoe et du Mongol Kagamio, les deux derniers à leur meilleur rang en carrière. A noter que derrière le seul leader Tochitsubasa, ils ne sont pas moins de douze à attendre un faux pas du poids-plume. Un tomoe-sen monstre est tout à fait envisageable. Ryuo est kachi-koshi, Masutoo encaisse un cinquième revers. Hakiai montre de la puissance mais il ne contrôle pas sa charge et glisse, laissant la victoire à Mochimaru. Encore une occasion de perdue pour l’ancien yokozuna universitaire. La tentative de pas de côté de Kitazono se révèle contre-productive, le petit Higonojo ne se laissant pas prendre au piège et profitant du déséquilibre de son adversaire pour placer une charge rageuse. Make-koshi pour Kitazono, Higonojo a encore ses chances de dépasser son meilleur rang en carrière. Enfin, beau combat de Kyokushuho qui passe les bras sous la garde de son adversaire, ce qui lui permet d’appliquer sa puissance et de sortir Daishoumi, make-koshi du coup, sans coup férir.
En sandanme, seul Wakakengo rejoint le groupe des invaincus toujours mené par les favoris Aozora et Chiyootori. Ryutei est kachi-koshi, Aratoshi concède un bien décevant make-koshi.
En jonidan, les choses se décantent puisqu’ils ne sont plus que trois invaincus, et on pourrait même envisager, chose très rare dans cette division, l’absence d’un kettei-sen, en admettant un combat inter-division avec la sandanme ou la jonokuchi. Aucun des trois leaders n’est un habitué des grosses performances.
En jonokuchi, la logique aura été respectée jusqu’au bout puisque le combat final opposera les deux favoris revenants de blessures Hisanotora et Hokutokuni. Ce dernier, ancien hiramaku, paraît bien entendu grandissime favori.
Toutes les vidéos de cette journée ici: http://www.lesumo.fr
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