"La journée des petits malins" ou "Hécatombe chez les ozeki"
Premier petit malin du jour : le juryo Asofuji, de l'Isegahama beya, opposé à Yamamotoyama. Il sait bien que pour vaincre facilement la Double Montagne, il suffit de la contourner. Mais non content d'esquiver la molle poussée du Monstre débonnaire, il le fait tourner sur lui-même comme une grosse toupie au centre du dohyo, en une grotesque pirouette. Le poids lourd s'en est trouvé si étourdi qu'il a suffi d'une pichenette pour le pousser hors du cercle.
Deuxième petit malin, mais tout petit, celui-là : le shin-maegashira Sagatsukasa, opposé à un Hokutoriki en manque de confiance. Ce dernier, comme à son habitude est parti très tôt au tachi-ai et très relevé, attaquant de son classique nodowa puis de deux tsuppari, que le petit lutin a détournés d'un revers de main, laissant choir l'imprudent à quatre pattes sur l'argile.
Troisième petit malin du jour : Toyonoshima, qui a su montrer toute l'étendue de son talent face à Kakuryu. Il a pratiqué un sumo très intelligent, déjouant toutes les attaques en nage et poussées du jeune Mongol, affichant un sens du dohyo et une maîtrise de son équilibre tout à fait remarquables. Kakuryu a pourtant résisté comme un beau diable, mais Toyonoshima, plus bas sur ses appuis, a fini par avoir raison de lui.
Dans la famille des petits malins, on demande le frère cadet : Aminishiki, frère d'Asofuji, a également fait honneur à la réputation de sa heya, qui professe un sumo de renard, subtil, vif et technique. C'est l'ozeki Kotomitsuki qui en a fait les frais aujourd'hui. Aminishiki commence par une dérobade sur la gauche, saisissant au passage le mawashi de son adversaire de sa main gauche, il lui fait faire un tour complet, lui saisit la cuisse droite de sa main libre, et pousse, tout simplement. L'ozeki n'a plus qu'à clopiner sur une jambe jusqu'à la sortie, totalement pris de vitesse. Du grand art.
Dernier petit malin, mais non le moindre, et deuxième tueur d'ozeki : Tosayutaka. En perdition sur ce basho, à deux doigts du zensho make-koshi, le jeune pensionnaire de la Tokitsukaze Beya, n'a pas voulu démériter devant son oyakata présent pour les commentaires télévisés. Plus incisif au tachi-ai, plus énergique et combatif, il pousse le géant bulgare en oshitaoshi sans le laisser respirer ni réagir, et l'achève d'une harite qui avait tout de la manchette, lui infligeant une cuisante deuxième défaite. Gageons, que Kotooshu, vexé, ne daignera pas répondre aux questions des journalistes qui l'attendent dans la shitaku-beya.
"Tiens ! Prends ça !". Belle première victoire pour Tosayutaka
L'ozeki Kaio n'a plus la résistance nécessaire pour mener de longs combats. Si le débat s'éternise, il cède presque à chaque fois. Le jeune Kisenosato, l'éternel espoir japonais, en avait conscience et n'a pas laissé passer sa chance d'accrocher une nouvelle ginboshi à son tableau de chasse. Il a constamment attaqué, et a fini par venir à bout des dernières forces de son adversaire, devenant ainsi le troisième tueur d'ozeki du jour.
Que pourrait bien inventer Harumafuji pour inverser la tendance de cette spirale infernale qui le laisse presque immanquablement à la merci de sa bête noire ? Lui pourtant si incisif, si réactif et inventif, ne pèse pas plus qu'une brindille face au souffle dévastateur de l'ouragan Kotoshogiku, tueur privilégié de l'ozeki Mongol. Le pauvre Harumafuji est balayé en une seconde.
Le seul et unique yokozuna, lui, n'a pas connu le moindre danger face au Mongol Tamawashi qui avait l'honneur de le défier pour la première fois. Hakuho a su prendre son temps pour sortir en yorikiri son compatriote, qui avait pourtant fait preuve d'une belle résistance pour son premier musubi-no-ichiban. Le yokozuna obtient son zensho kachi-koshi sans avoir eu besoin de sortir ses meilleurs atouts jusqu'ici.
Tamawashi bouche bée devant la puissance du yokozuna
Autre zensho kachi-koshi de la part de Baruto, vainqueur facile aujourd'hui du vétéran Kyokutenho, qui n'a pas pesé lourd face à la puissance du géant estonien. Baruto est en grande progression dans tous les compartiments : rapidité, sens de l'improvisation, réactivité, voire même agressivité. C'étaient les qualités qui lui manquaient pour prétendre au grade d'ozeki et la promotion ne devrait pas lui échapper longtemps s'il continue sur ce rythme.
Baruto ou la rage de vaincre
Zensho kachi-koshi également pour Tokitenku. Ce n'est pas si étonnant à ce rang, mais cela ne lui était encore jamais arrivé depuis son entrée chez les sekitori. Ce n'était pourtant pas si évident face à Kakizoe qui a tout d'un boulet de canon. Le Mongol a donc détourné la charge du maegashira d'une tentative manquée de ketaguri; s'en est suivi alors une bataille de tsuppari à laquelle Tokitenku a mis un terme d'un puissant hatakikomi.
Nous avons donc en makuuchi trois hommes invaincus : Hakuho, Baruto et Tokitenku, suivis de Harumafuji, tout seul à 7-1. Puis une ribambelle de lutteurs à 6-2 : Takamisakari, Asasekiryu, Miyabiyama, Tochinoshin, Homasho, Kotoshogiku et Kotooshu. En queue de peloton : Toyohibiki, Tosayutaka, Kyokutenho et Wakanosato, tous affublés d'un pitoyable 1-7. Le Russe Aran, lui, à 0-8, n'a plus que ses yeux pour pleurer...
En juryo, la défaite de Kimurayama, face à un Toyozakura plus bouillonnant que jamais, a permis à ses nombreux poursuivants de le rejoindre en tête. Il partage maintenant la première place avec Tamaasuka, Koryu, Chiyohakuho et Tochinonada. En fond de classement, à 2-6, Kaiho, qui commence à subir les outrages du temps, Shirononami, de retour de blessure peut-être un peu prématurément, et Kiyoseumi pas encore vraiment remis de la sienne, se partagent momentanément le bonnet d'âne.
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