« Papy fait de la résistance »
On voyait Asashoryu peut-être mis en difficultés par un Kotooshu qui aurait eu soif de vengeance, après avoir lâché des combats largement à sa portée. Si le Bulgare n’est pas ridicule, il finit par céder une fois de plus sur une inspiration géniale du dai-yokozuna. Après un niramiai très intense (chose pas si fréquente pour Kotooshu), le Bulgare semble tenir le bon bout en bloquant apparemment les bras d’Asashoryu. Mais c’est sans compter sur l’aptitude du Mongol aux coups de génie, celui-ci se manifestant sous la forme d’un contre en se servant des bras accrocheur de Kotooshu pour tirer celui-ci vers l’avant et lui faire toucher terre. Kainahineri, une première pour Asashoryu et son 46ème kimarite en carrière, pas loin d’être un chiffre record.
Mais plus que le kimarite ou ce douzième succès dans le Haru basho, l’important pour Asashoryu est qu’il a désormais son destin entre les mains pour décrocher un 25ème yusho, car Hakuho a à nouveau chuté aujourd’hui. Confronté au vétéran de la makuuchi, l’ozeki Kaio, on ne donnait pas cher de la peau de celui-ci face au yokozuna mongol en chasse derrière son compatriote. Mais Kaio, en mal de victoires pour décrocher le kachi-koshi et éviter le kadoban, prouve qu’il a encore de beaux restes. Si la henka qu’il place n’est pas considérée comme le geste le plus élégant du sumo, il reste que la réussir face à Hakuho (et de quelle manière) n’est pas donné à tout le monde. Et Kaio avait-il le choix, ayant tout tenté depuis plus de trois ans pour se défaire de Hakuho , qu’il n’a jamais battu depuis qu’il a revêtu la tsuna ? Fin de série donc, après 17 revers consécutifs. Hakuho peut décidément croire qu’il est maudit au Kokugikan, où il n’a plus gagné depuis septembre 2008. Il lui faudra désormais compter sur un faux-pas d’Asashoryu demain, contre Harumafuji, pour pouvoir encore espérer un yusho kettei-sen.
Hakuho, mystifié par un Kaio roublard, n’a plus son destin entre les mains, tout ça sous le regard d’un impassible Asashoryu…
La magie est toujours là…
Derrière Asashoryu, Hakuho se fait donc rejoindre par trois rikishi. On retrouve donc Harumafuji, en position de redevenir le premier ozeki pour la première fois depuis six mois. Tachiai énergique et victoire aisée pour Harumafuji qui dispose de Kakizoe en oshidashi. Baruto, après sa déconvenue de la veille, ne passe pas loin de la correctionnelle. Il est tout heureux de voir les shimpan convoquer un mono-ii et décider d’un torinaoshi après que lui et Aminishiki tombent simultanément hors du dohyo, alors qu’Aminishiki avait fait l’essentiel du travail face à Baruto un peu mou. L’Estonien ne loupe pas la deuxième opportunité pour l’emporter face à Aminishiki pas verni sur le coup. Enfin, dernier lutteur du banzuke après trois basho catastrophiques, Toyohibiki se relance bien, avec une rapide victoire en expulsant Mokonami sans coup férir.
Aminishiki-Baruto épisode 1 : L’Estonien est heureux de pouvoir bénéficier d’un torinaoshi.
A neuf victoires, outre l’infortuné Aminishiki, on retrouve Wakanosato, qui profite à plein de sa position préférentielle dans le banzuke. Combat plaisant entre Hakuba et l’ancien sekiwake éternel, qui ne manque pas sa deuxième tentative d’uwatenage (en l’accompagnant d’une poussée sur l’arrière du crâne du Mongol). Huitième victoire d’affilée et neuvième succès pour Iwakiyama, sur un nuage en cette fin de basho. L’ancien semble avoir retrouvé une grande puissance du bas du corps.
Le mawashi desserré de Kakuryu ne fait que retarder l’inéluctabilité de la victoire en yorikiri de Kisenosato, trop puissant aujourd’hui pour le Mongol. Kisenosato peut revendiquer en cas de bonne fin de basho une place en komusubi. Il décroche en tout cas le kachi-koshi. Joli succès de Tamawashi qui bloque pendant une bonne minute les bras d’Aran avant de le tirer à lui en tournant sur lui même pour lui imprimer un kotenage. Kachi-koshi aussi pour le Japonais. Tochiozan dispose de Koryu en perdition en passant ses bras sous les siens avant de le sortir aisément, pour sa huitième victoire. Enfin, festival d’occasions manquées pour Tosayutaka qui laisse au final Kitataiki décrocher une solide prise de mawashi avant de le faire choir violemment hors du dohyo. Kitataiki stoppe l’hémorragie après quatre revers consécutifs et assure son maintien en makuuchi.
Joli combat de Toyonoshima qui contre en fin de mouvement Goeido à la tawara. Uwatenage bien placé pour Toyonoshima qui se rapproche des rangs sanyaku. Yorikiri solide de Kyokutenho sur Shimotori. Combat acharné entre Homasho et Bushuyama, le pauvre Bush n’étant pas payé de ses efforts en cédant au bout de près d’une minute de combat à un oshitaoshi. La puissance des bras de Tamanoshima lui permet de soulever le bras gauche de Shotenro alors qu’il a le droit sur son mawashi. Yorikiri inéluctable pour sa 500ème victoire en carrière.
Grosse poussées pour Kokkai très motivé qui envoie Yoshikaze se balader au deuxième rang des sunakaburi (sièges du pourtour du dohyo). Dominé en puissance et en vivacité, Asasekiryu ne perd pas l’équilibre et parvient à laisser Takekaze s’emporter dans son mouvement et à chuter tout seul. Combat étrange pour Hokutoriki, dont on sent dès le départ qu’il n’a qu’un objectif, éviter la prise de mawashi. A juste titre puisque Tochinoshin parvient à la décrocher et qu’à ce moment, la messe est dite. Miyabiyama tente lui aussi tout ce qu’il peut pour éviter la prise de mawashi de Kotoshogiku, mais oublie de conserver son équilibre et se fait contrer en hatakikomi par Giku. Celui-ci peut encore espérer conserver son rang.
En juryo, le basho est là beaucoup plus indécis. Les deux leaders d’hier restent en tête, après leurs succès respectifs. Très joli succès du Géorgien Gagamaru qui repousse puissamment Masatsukasa jusqu’à la tawara et, devant la résistance de celui-ci, change de mouvement et se retourne pour placer un kotenage très habilement exécuté. Mono-ii logique au terme du combat Tokusegawa-Sakaizawa, dominé largement par le Mongol mais avec Sakaizawa qui parvient en l’air à contrer l’aérien uwatenage placé par son adversaire. Gunbai sachigae logique qui donne la victoire à Sakaizawa, qui reste en tête en compagnie de Gagamaru. Tokusegawa a encore deux cartouches pour verrouiller son accession à la makuuchi.
Derrière eux, splendide victoire d’Okinoumi, qui scelle une promotion en makuuchi sur un uwatenage de toute beauté, face à Tochinonada qui disputait son 1200ème combat. Okinoumi sera le premier lutteur de l’histoire d’Okinawa en makuuchi. Encore un très beau combat de Sokokurai, qui montre plein de maîtrise technique en déniant tout mouvement aux bras de Kyokunankai avant de plonger pour la prise de mawashi et de le sortir en yoritaoshi. Le Sino-Mongol est étonnant, on ne cessera de le répéter.
Sumo alerte et motivé pour Kasuganishiki qui annihile le mouvement de Kaiho en passant son bras sous son aisselle et le projette à terre avec force sur sukuinage. Shirononami ouvre la porte immédiatement après le tachiai et raccompagne Chiyohakuho en okuridashi. Les deux hommes sont make-koshi. Le puissant nodowa de Tamaasuka ne suffit pas à déstabiliser Kirinowaka, un peu plus alerte qu’à l’accoutumée, qui sort son adversaire avec force. Yamamotoyama, contourné par Kasugao après le tachiai, ne peut que constater la disparition de son adversaire dans son dos. Le peu de résistance offerte risque de ne pas ravir son oyakata, pas plus que son sumo somme toute très poussif. Trois tsuppari, et Kyoseumi profite du mouvement trop avant de Wakakoyu pour le laisser chuter à terre. Sumo peu esthétique mais efficace, comme toujours avec le poids lourd quand il y a un enjeu. Gros combat en oshizumo entre Wakatenro et Kimurayama, de dernier enfonçant au final un peu plus le premier. Trop d’erreurs techniques pour Futeno qui ne doit s’en prendre qu’à lui-même de la défaite qu’il concède à Tosanoumi. Toyozakura sauve pour l’heure le make-koshi au terme d’un combat « à la Kyoseumi ». Oshidashi très direct de Sagatsukasa sur Asofuji : le sumo peut parfois être très simple.
En makushita, Furuichi inflige le make-koshi à l’infortuné vétéran Kimenryu, Sakaguchi décroche enfin un kachi-koshi laborieux, Homarefuji bondira au classement avec sa cinquième shiroboshi face à Daimanazuru. Amuru, auteur lui aussi d’un cinquième succès, sera proche de son plus haut rang en carrière, Kitazakura décroche enfin un deuxième succès face à Tamarikido en perdition. Towanoyama est kachi-koshi. Dans la lutte pour le makushita yusho, c’est Sadanoumi qui prend à la surprise générale le meilleur sur Fukao, auteur toutefois d’un très solide basho. Moins en verve à l’orée des makushita-joi, Takanoiwa subit l’assaut de Fujiazuma avant de le contrer et de le balader à la tawara, mais l’expérience de ce dernier lui permet de profiter du mouvement de son adversaire pour le faire habilement chuter à terre en hikiotoshi. Premier make-koshi en carrière qui ne remet pas en cause les aptitudes du Mongol de la Takanohana-beya. Make-koshi également pour Takanoyama qui aura tout tenté et notamment un crochetage-ventouse sur Yoshiazuma, mais concède à nouveau un revers fatal. Le pas est décidément bien dur à franchir pour le Tchèque. Balladé et bien pris par le grand Rikiryu, Satsumahibiki emploie en contre sa petite taille pour soulever le centre de gravité de son adversaire et le sortir d’un net yorikiri. Satsumahibiki limite la casse mais devra attendre au moins quatre mois pour retenter sa chance. Combat à sens unique pour Ryuden qui expulse violemment (ohitaoshi) Daishoumi du cercle. Déjà promu en juryo pour un retour immédiat, Tokushinho montre calme et détermination face à Nakanokuni surmotivé et auteur d’une belle prise sur son adversaire. Tokushinho ne s’en laisse pas conter et reconduit au terme d’une lutte d’attrition son opposant vers la sortie. D’une henka bien réalisée, Kanbayashi décroche son kachi-koshi et met du même coup Jumonji dans une situation très délicate. Un assaut décidé et un tirage suivant dans la foulée permettent à Kurosawa de plonger Hoshikaze dans une situation désespérée et de se mettre lui-même sur les rangs pour une promotion désormais tout à fait possible, si Hoshikaze ne remporte pas ses deux dernières confrontations (ou Jumonji, d’ailleurs).
La victoire de Terashita ouvre un boulevard à Hitachigo, vainqueur de Sadanofuji, qui remporte ainsi le sandanme yusho. Kazafuzan suit à une victoire, Dewanosato est make-koshi. Maeta remporte un choc contre le solide Naoe et fera un joli bond dans le banzuke. Aisaka décroche une cinquième victoire et sera en makushita au prochain basho.
En jonidan, Karatsuumi est comme prévu le premier lutteur à décrocher le score parfait. Il bat le jeune Fujinohana, qui n’aura pas à rougir toutefois de ce beau basho et de son 11-3 sur deux basho. De son côté, Terashita domine logiquement le doyen Tochitenko, pour s’offrir un kettei-sen dimanche face à Karatsuumi. Etrangement, son frère jumeau Fujinoumi encaisse lui aujourd’hui le make-koshi. Plus à l’arrière, deux de mes cibles favorites, le chauve Taikomaru et l’Empereur (déchu) de la Loose, Moriurara, réalisent la performance d’aligner sept revers consécutifs pour ce Haru.
En jonokuchi, Kozan remporte le yusho devant ses deux poursuivants, le jeune Onami, de l’Arashio-beya, qui réalise un magnifique premier basho, et Sekiho, un habitué de jonidan de retour de blessure et auteur dans le désert de la jonokuchi de ce mois de janvier de son meilleur tournoi en carrière.
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