On pourrait raconter ce début de basho, et plus particulièrement cette journée, en faisant quelques appariements…
La première, la plus évidente, nos deux grands champions Hakuho/Asashoryu. Tous deux le même score, encore invaincus, et pourtant deux sumo radicalement différents. Hakuho, pour le moment infaillible, fait autorité sur le dohyo et ce ne sont pas les petits bonds de Kotoshogiku qui l’auront inquiété aujourd’hui. Ces petits bonds étaient autant d’aveux d’impuissance, incapables de bousculer le roc. Hakuho a planté ses racines dans l’argile… Aux petits bonds, on aura préféré les petits pas d’Asashoryu, comme des instants suspendus de cette fragilité que l’on ressent depuis le senshuraku. Hakuho/Infaillible, Asashoryu/Fragile, 4-0 tous les deux… mais les apparences peuvent être trompeuses, qui sait ? Il suffit d’un moment de fragilité à l’Infaillible pour mordre la poussière, et un moment d’infaillibilité au Fragile pour l’emporter. Tant que ça dure, ça met du sel dans notre tambouille.
Hakuho défait Kotoshogiku par uwatenage
Et maintenant la paire des bonnes surprises (tant qu’elles durent…), Kotooshu/Baruto tous deux invaincus. Kotooshu comme un aimant, Takekaze c’est de la limaille… A 4-0, on peut espérer le meilleur pour le lutteur bulgare. On retrouve son sumo qui va de l’avant, pas forcément spectaculaire, mais implacable, étouffant. Rapide à l’atari, il s’abat sur Takekaze les deux bras grands ouverts et l’étouffe lentement, immanquablement… Baruto, quant à lui, on peut le dire, a gagné en maturité. Devant lui, Kaio à 3-0, au lendemain d’une très belle victoire sur Kotoshogiku… Très rapidement sur l’ozeki, il enferme son flanc gauche et réduit sa mobilité côté droit par une prise très haute sous l’aisselle, anéantissant toute velléité de Kaio pour mieux placer un yorikiri impeccable. Bref, une très belle victoire et paradoxalement, une plus grande maîtrise que lors des premiers jours contre les joijin. Plutôt prometteur ?
Le binôme Asasekiryu/Tokitenku ne lasse pas de surprendre, basho après basho, à perdre les matchs évidents, et à gagner ceux qui le sont moins. Deux rikishi entre deux eaux, qui finiront certainement bien leur deuxième semaine, pour aller sauver un petit kachi-koshi surprenant pour deux lutteurs habitués au haut de tableau…
De nos convalescents, on en fera une triplette plutôt qu’une paire… Homasho et Kakuryu sont à 3-1, alors que Toyohibiki est davantage à la peine, avec un score de 1-3. On retrouve peu à peu le sumo d’Homasho qui encaisse la charge de son adversaire avant de la retourner lentement avec puissance. Tamawashi s’est fait prendre au piège aujourd’hui. Kakuryu gagne une shiroboshi contre l’énigme Tokitenku, dont on a parlé plus haut.
Et enfin, notre dernière paire ! Tochiozan/Tochinoshin. Tochiozan, également à 4-0, réussit le même départ qu’au Nagoya 2008, avec un classement à peu de choses près équivalent. Très convaincant, à l’initiative et sur de bons appuis, il a facilement maîtrisé un Toyohibiki encore un peu juste. Continuera-t-il sur sa lancée ou connaitra-t-il la même histoire qu’en juillet, commençant à bafouiller son sumo pour finir à 9-6… Tochinoshin, à 3-1, fait le basho qu’on attend de lui à ce niveau du banzuke. Il est à noter ses efforts pour produire un sumo plus complet, plus technique et moins porté vers la feinte.
En juryô, Hoshihikari et Hakuba maintiennent le rythme et sont les deux seuls lutteurs à 4-0. Mais un certain Sakaizawa, à 3-1, est idéalement placé en embuscade.