• Entretien avec Sentoryû

    A la fin du mois dernier, nous avons eu le plaisir de rencontrer l'ancien lutteur Sentoryû, à Tôkyô.
    Il était de passage au Ichigeki Plaza, près de la station de Ebisu, au coeur de la capitale japonaise.

    Ce centre appartient au Kyokushinkaikan, organisation mère d'une des plus grosses organisations mondiales de karatedô.
    Ce bâtiment très moderne, outre des bureaux, un restaurant, une boutique, une magnifique salle de musculation et un dôjô, abrite également une salle équipée d'un ring et de tout le matériel pour la pratique des boxes.
    Elle accueille principalement des kickboxers habitués des tournois K1 et autres Pride ou assimilés.

    Si de nombreuses personnes fréquentent ce centre, l'accès à la salle de boxe est réservé et les curieux restent devant les portes vitrées.
    Néanmoins, en tant que membre du Kyokushinkaikan au Japon et connaissant le staff du Ichigeki Plaza, nous avons pu entrer dans la salle et saluer plusieurs champions dont le Néo-Zélandais Ray Sefo et le Russe Alexandre Pichkounov.

    Bonne surprise, une autre personne se trouvait là pour s'entraîner: Sentoryû. Nous en avons donc profité pour parler avec lui, de sumô et d'autres sujets.

    Tout d'abord, il a bien changé depuis son intai. Pas mal de kilos en moins, beaucoup de tatouages en plus ainsi qu'une grosse moustache et un bouc.
    Ce qui a le moins changé chez Henry Miller - tout le monde l'appelle Hank ou Henry - c'est cette impressionnante musculature du haut du buste; trapèzes, épaules et biceps de bodybuilder.

    Très abordable, simple et souriant, Sentoryû s'est prêté de bonne grâce au jeu des questions/réponses.

    - s: "Comment ça se passe depuis votre retraite du dohyô?"
    - HM: "Bien, bien. Je m'entraîne mais sans trop forcer entre deux combats et j'accélère le rythme quand j'ai signé un contrat."

    - s: "Le sumô ne vous manque pas?"
    - HM: "C'est une partie révolue de ma vie et je n'oublierai jamais les bons moments mais c'est du passé. Maintenant je dois faire autre chose.
    Je garde le contact avec certains lutteurs de ma heya et les Américains comme Akebono.
    Je continue aussi à regarder les résultats et voir les jeunes monter."

    - s: "Comment s'est passé votre reconversion?"
    - HM: "Pas mal car j'avais déjà des contacts avec le K1 et aussi aux Etats Unis. Mais là ça s'est révélé peu intéressant. Je comptais combattre chez moi, à Saint Louis, et j'avais même rencontré l'homme d'affaires du boxeur Cory Spinks qui habite aussi là bas. Malheureusement ça n'a finalement rien donné donc j'ai continué avec le Japon."

    - s: "Et physiquement, comment s'est passé la conversion?"
    - HM: (Rires) "C'était dur! Très, très dur...J'ai beaucoup souffert et je souffre encore." (Nouveaux rires)

    - s: "C'est trop différent du sumô?"
    - HM: "Sur le plan cardiaque, boxer est très difficile pour un lutteur de sumô. On n'est pas habitué à ça du tout. Le sumô ne dure pas longtemps mais les rounds de boxe sont vraiment longs.
    Qui plus est, il m'a fallu apprendre beaucoup de nouvelles techniques. Je ne savais pas donner un bon coup de poing ou bloquer avec les jambes. Regardez Chad Rowan ou Wakashôyo...
    Comme je prenais trop de coups j'ai préféré passer au grappling où j'ai plus ma chance. Comme je suis fort physiquement il vaut mieux que j'entraîne mes adversaires au sol. Non, le kickboxing n'est pas pour les lutteurs de sumô. Vous, les karateka vous vous en sortez bien mais nous on n'est pas fait pour ça. Même un yokozuna se fait détruire par un combattant moyen. Moi j'ai vite compris ça."

    - s: "Pas de combat en vue alors?"
    - HM: "Si éventuellement. Je suis venu discuter avec les Japonais pour ça et m'entraîner. Je dois perdre 5 kilos et retrouver le rythme.
    Pour le moment j'étudie ce qu'on me propose."

    - s: "Quels sont vos meilleurs souvenirs du sumô?"
    - HM: (Il réfléchit assez longuement) "En fait j'en ai beaucoup. A chaque fois que j'ai été promu c'était vraiment bien et puis aussi certains combats gagnés pour éviter le makekoshi; une petite victoire mais importante.
    J'étais plutôt fier d'arriver dans les divisions les plus hautes même si je n'ai jamais pu m'imposer vraiment. Mais c'était bien."

    - s: "Des mauvais souvenirs?"
    - HM: (Rires) "Pas tellement en fait sauf les coups de shinai pendant les entraînements. Quand j'ai fait des makekoshi mais je suis rapidement devenu philosophe et je savais que je ne deviendrai jamais le meilleur."

    - s: "Vous regrettez le Monde du sumô?"
    - HM: "En partie mais rarement. L'essentiel est de regarder devant soi et réussir sa reconversion. Pour moi ça peut aller même si tout n'est pas fixé.
    Il est clair que c'était une période au cours de laquelle je n'avais pas de soucis particuliers, surtout pour organiser ma vie. Vous savez, tout est bien réglé dans les écuries. On sait ce qu'on fait les jours suivants, pas besoin de s'inquiéter pour le logement, les courses, etc.
    Après il faut apprendre à se débrouiller seul.
    Maintenant je suis libre de faire ce que je veux, aller où j'en ai envie mais, bon...c'était une autre époque de ma vie."

    - s: "Le fait d'être américano-japonais n'était pas un problème dans le Monde du sumô?"
    - HM: "Je ne pense pas...J'avais généralement de bons rapports avec tout le monde et puis, à mon époque, je n'étais pas le seul Américain. C'était facile pour parler avec les autres, du pays, de ce qu'on a en commun, ce qu'on connaît. J'étais donc un peu un cas à part. Comme je suis moitié Japonais c'était aussi plus simple avec les "vrais" Japonais.
    Je crois que pour les Américains j'étais Américain et Japonais pour les Japonais."

    - s: "Si c'était à refaire?"
    - HM: (Eclats de rire) "Je suis trop vieux! Non, sérieusement, c'est bien quand on est jeune ou si on arrive au somment, au moins en restant en makuuchi sinon c'est très dur. Pour les jeunes c'est difficile mais ça peut être un beau projet. Mais bon...c'est toujours incertain. Arriver en haut est reservé à quelques rares élus.
    Vous savez, il y a beaucoup de pression et quand vous retombez dans le banzuke ce n'est pas évident...Aussi quand vous êtes souvent blessé."

    - s: "Quels sont vos rikishi favoris maintenant?"
    - HM: "J'ai beaucoup aimé le style de Takanohana et aussi Musashimaru. Très très forts ces deux là.
    Aujourd'hui...difficile de juger mais je crois que Hakuho est vraiment bon. Asashoryû aussi mais je le vois en perte de vitesse. Et puis il y a trop de problèmes autour de lui.
    Takanohana ou Akebono; là on parle de yokozuna majestueux qui marquent l'Histoire de ce sport.
    Par contre, côté fighting spirit et technique il est au top. Il peut revenir mais ce ne sera pas évident avec Hakuho."

    s: "Vous voyez des Japonais s'imposer prochainement au plus haut niveau?"
    HM: "Personne en particulier mais c'est possible en tant que sekiwake ou komusubi. ozeki ou yokozuna je ne vois pas, tant qu'il y aura les deux actuels.
    Mais bon, je ne suis plus vraiment dedans et je manque d'informations."

    - s: "Aviez vous un modèle quand vous avez rejoint le Monde du sumô?"
    - HM: "Peut être Chiyonofuji, la grande classe. Il avait tout et représentait vraiment le sumô. Les yokozuna actuels en sont très loin; ce n'est pas le même niveau.
    Sinon, Musashimaru et Akebono parce qu'ils se sont imposés au Japon et ce n'était pas évident."
    Ainsi se conclut cette discussion informelle avec Henry Miller, ex Sentoryû.
    Nous le remercions de sa simplicité et sa gentillesse.
    Merci également à Baboo, responsable du fitness au <i<Ichigeki Plaza[/I] et à son équipe.

    Je reste seul responsable des erreurs de traduction et d'interprétation éventuelles.
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    Si c'est le cas, ça fait un sacrée renouvellement.

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