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toonoryu
01/10/2005, 15h26
Suite des traductions de SFM, avec un article d'actualité sur les étrangers dans le sumo. Enjoy !


L'invasion étrangère dans le sumo


par Mark Buckton


Au dernier jour du Grand Tournoi de Nagoya 1972, le sumo, sport si japonais par essence, change à tout jamais. Il devient international.

En soulevant la Coupe de l'Empereur, emportée avec un score de 13-2, Takamiyama, alors maegashira 4e, devient le premier sekitori de l'histoire sans une goutte de sang oriental dans les veines à remporter un tournoi.

Arrivé au Japon quelques huit ans auparavant, Takamiyama, de son vrai nom Jesse Kuhaulua, un jeune garçon nerveux de 19 ans mesurant 1,92 m., enfonce littéralement toutes les barrières à chaque victoire remportée sur le dohyo, et est à l'époque le seul étranger présent.

En s'engageant dans une carrière longue de deux décennies qui le voit participer à 97 tournois de makuuchi (28 de plus que le légendaire Taiho), Jesse est animé par une volonté féroce de réussir. Il accomplit cette réussite avec un esprit si combatif qu'il amène les japonais à considérer l'éventualité que des étrangers prennent part à leur sport national – et à la pensée alors impensable de les voir s'en aller porteurs de la Coupe de l'Empereur de manière régulière. Jesse devient alors un pont entre le monde extérieur et le sumo, il y aura trente trois ans le mois prochain.

Le seul tournoi remporté par Takamiyama mis à part, il faut encore près de vingt ans de plus pour que le trophée majeur du sumo ne soit remporté par des rikishi d'importation plus souvent. Au milieu des années 80, Konishiki, désormais connu dans le monde entier, lui aussi de la Takasago-beya, est alors le meilleur étranger dans le sumo, bien que sa carrière plafonne au rang d'ozeki. Tout près d'atteindre le rang de yokozuna en de multiples occasions, Konishiki porte fièrement les couleurs des internationaux jusqu'à la mi-1992, quand son poids excessif finit par avoir raison de ses performances. Inexorablement, les blessures s'accumulent, le faisant redescendre dans les classement jusqu'à ce qu'il finisse par poser son mawashi fin 1997.c'est peut-être Konishiki qui brise à nouveau la glace qui s'était formée depuis le début des années 70 et l'époque de Takamiyama, mais quelle qu'en soit la raison, la fin des années 80 et le début des années 90 voient une arrivée massive de non-japonais cherchant à se faire un nom dans l'ozumo.

Le Sri Lanka, l'Angleterre, le Brésil et l'Argentine furent toutes des nations représentées dans le banzuke (c'est toujours le cas du Brésil), mais ce sont les îles du Pacifique qui se taillent la part du lion parmi les rikishi dont on peut encore se souvenir plus de dix ans après. Akebono et Musashimaru, qu'il n'est point besoin de présenter aux initiés du sumo actuel, font leur entrée dans leurs heya respectives (l'Azumazeki de l'ancien Takamiyama pour ce qui concerne Akebono, la Musashigawa pour Musashimaru) à dix huit mois d'intervalle; Akebono au printemps 1988 et Musashimaru à l'automne de l'année suivante.

Réussissant ce qu'aucun rikishi totalement non-asiatique n'avait pu accomplir, la paire excelle, et Akebono se montre extrêmement supérieur à ses pairs en terme de talent et de domination. Toutefois, quinze hommes différents conquièrent un yusho dans les années 90.

Cependant, à mesure que les corps prennent de l'âge, il devient évident que les autres étrangers ne parviennent pas suffisamment au-delà des rangs juryo pour constituer de véritables menaces au sommet. En conséquence, n'étant pas considérés par les pouvoirs alors en place comme des menaces suffisamment sérieuses, les rikishi étrangers peuvent alors être recrutés en nombre illimité et, face à cette opportunité qui leur est accordée, des étrangers venus cette fois de l'est du Japon commencent à manifester leur intérêt.

D'abord un, puis quelques autres étrangers font leur entrée et ne se débrouillent pas si mal. Atteindre les rangs salariés n'est pas exclu, comme Kyokushuzan et Kyokuteho, de Mongolie, le prouvent avec bonheur dans les cinq ans après leur entrée dans le sumo, en 1992.

puis, à l'orée du nouveau millénaire, alors que Musashimaru est promu au rang de yokozuna et qu'Akebono, Takanohana et Wakanohana arrivent tous au crépuscule de leur carrière, un nouveau Mongol fait son apparition dans le bas du banzuke – un homme connu aujourd'hui comme le yokozuna Asashoryu.

Dolgorsuren Dagvadorj, de son vrai nom, est le grand dominateur de la makuuchi aujourd'hui, et est considéré par beaucoup d'observateurs comme le futur Chiyonofuji ou Taiho – s'il parvient toutefois à se protéger des blessures.

Cependant, avec l'installation semble-t-il définitive d'au moins un yokozuna non-japonais au sommet de la hiérarchie du sumo, et le renfort d'un groupe d'une demi-douzaine de lutteurs qui devraient squatter les hauts grades pour les dix ans à venir, une limite est désormais imposée au nombre de gaijin – ou étrangers – qui font leur entrée dans le sumo, reluquant les gains potentiels.

Malgré tout, les quelque 45 lutteurs étrangers non salariés actuellement dans le sumo ne semblent pas très désireux de stopper leurs assauts sur les forteresses des divisions supérieures. Pour les fans locaux particulièrement chauvins, toutefois, une pause et ce qui apparaît comme une éclaircie naturelle pourrait bien se faire jour vers la fin 2005 et à l'orée de 2006.

dans les divisions majeures, avec douze sekitori né hors du Japon désormais fermement enracinés il semble qu'il ne reste plus que quelques rikishi supplémentaires qui ne soient en position de briguer un statut de sekitori d'ici la fin de l'année. Mais, en raison de l'âge maintenant avancé des deux rikishi de l'Oshima-beya cités précédemment, Kyokutenho et Kyokushuzan, on peut considérer ceux-ci comme des remplaçants, plus que des rikishi étrangers supplémentaires.

c'est quasi certain, les 197 cm de l'estonien Baruto (Mihogaseki-beya) semblent promis à la division juryo pour septembre ou novembre au plus tard, s'il poursuit son ascension, mais derrière lui apparaît ce que l'on peut qualifier d'un vide.

Des talentueux mongols, chinois et un brésilien en particulier – Takaazuma de la Tamanoi-beya – viennent à l'esprit comme futurs sekitori possibles s'ils rassemblent leurs forces, mais dans les divisions inférieures c'est vers rikishi locaux que l'attention des fans du Japon et d'ailleurs se tourne, ou devrait se tourner. Sawai, 19 ans, de la Sakaigawa-beya, dans le haut des jonidan en mai, mais dont on pense qu'il devrait atteindre les sandanme pour Nagoya, et Shibuya, 18 ans, de la Tamanoi-beya, sont à un niveau bien supérieur à ce qui est attendu de garçons de leur (peu) d'expérience, et de grands espoirs sont placés en eux. Mais, tandis que ses détracteurs voient le fait que Shibuya patauge dans le haut des sandanme comme un blocage devant un mur, il semble qu'il soit simplement en train de suivre l'exemple montré par beaucoup des grands yokozuna en s'accordant un répit au milieu du banzuke – Umegatani II en était un exemple. Un peu plus haut, Chiyohakuho, à peine plus de vingt ans lui-même, a déjà fait une apparition en juryo et sera bientôt de retour. Bien d'autres rikishi japonais sont sur le point de franchir le mur final qui sépare l'enfer du paradis, dans l'année qui vient. Aucun d'entre eux, je dis bien AUCUN, ne semble en mesure d'anéantir l'opposition, laissant dans leur sillage des mage déconfits, pour se montrer un sérieux candidat sur le chemin des sanyaku dans un futur proche.

Pour trouver de tels hommes, il nous faut nous tourner vers ceux qui appartiennent déjà aux rangs salariés, et réduire nos attentes sur le temps qui leur sera nécessaire pour s'assurer une place au-dessus du lot. Katayama, tout juste issu des juryo, tourne les têtes avec son sumo brut (et ses levers de jambe). Kisenosato, célébré comme le sauveur du sumo japonais l'an dernier à la même époque, alors que beaucoup lui voyaient un peu prématurément la tsuna déjà autour de la taille, continue l'apprentissage de son art, mais devrait poursuivre avec le temps son avancée vers les échelons supérieurs. Même Iwakiyama, l'un des lutteurs les plus lourds de la division majeure, possède le potentiel de relever un peu la fierté hinomaru en se faisant de la sanyaku un repaire régulier, surtout si ses genoux tiennent le coup, tout comme Tamanoshima de la Kataonami-beya.

Mais au vu de ces quelques hommes seuls, et du manque cruel d'espoirs japonais, peut-on encore considérer que le sumo reste le domaine des seuls japonais ? Et doit-il l'être ? La réponse à ces deux questions, qui ne fera sans doute pas plaisir aux conservateurs de tout poil, est un NON retentissant !

Donc, le sumo ayant montré qu'il ne pourra jamais être exporté hors du Japon à un niveau professionnel, et donc demeure en un sens un sport purement japonais, il ne peut aujourd'hui prospérer qu'avec l'apport régulier de sang neuf venu de l'étranger.

Les successeurs de Takamiyama ont depuis bien longtemps disparu due l'active, mais avec tout d'abord Konishiki, puis Akebono et Musashimaru et, plus récemment, Asashoryu arrivant à la rescousse dans les années intermédiaires, il reste de l'espoir pour ce sport. Peut-être alors n'a-t-il jamais été aussi vrai de dire que le sumo du XXIème siècle est un sport destiné au monde entier et un sport du monde entier – une phrase qui embrasse son présent et son futur, et une phrase bâtie sur son passé japonais unique, mais de plus en plus en danger.

toonoryu
11/10/2005, 15h02
Petit test sur les étrangers : qui sont ces trois jeunes (pas encore) aspirant rikishi, désormais pour au moins deux d'entre eux, en makuuchi ?

Le gagnant gagne... euh, rien du tout :oops:

http://pierre.fkit.hr/~jmacan/s/mong1992.jpg

Azumashida
11/10/2005, 15h31
De gauche à droite : Kyokutenho, Kyokushuzan et Kyokutenzan, les trois Mongols de l'Oshima beya (pour Kyokutenzan, c'est une déduction, car je ne connais pas son visage).

toonoryu
11/10/2005, 15h34
Trop rapide... faudra que je trouve plus dur et original la prochaine fois... :oops:

Satori
12/10/2005, 04h05
Ben déjà... ta photo s'appelle "mong1992", autant dire que trouver la réponse avec un tel indice, c'est pas bien compliqué!!! ;) Ceci dit sans vouloir t'enlever le moindre mérite, Azumaryu! ;) :D

La prochaine fois, renomme ta photo en "nanana" avant de la coller à ton message, on verra si on fera aussi facilement les marioles! :D

Satori

Hoshifransu
18/06/2006, 03h03
Un autre article de Mark Buckton qui date de 2006 :
http://metropolis.japantoday.com/tokyo/616/lastword.asp
http://www.crisscross.com/jp/comment/886

Intéressant, il est à 100% pour la totale internationalisation du sumo, et tous les arguments sont bons.

Je suis contre l'internationalisation totale du sumo, comme beaucoup savent, et je suis pour des quotas d'étrangers dans le sumo, afin qu'il reste essentiellement japonais, mais je respecte le point de vue de ceux qui sont pour, quand ils ont des arguments fondés. Hors, je suis sorti de mon mutisme pour vous poster les liens vers cet article dont je trouve l'argumentation très discutable.

Citation :
"Imagine the global hoo-hah if, from today, non-American players were banned from joining baseball teams in the US. The guys already in the door can stay but the bolt is on to others. What about if the English Premier League followed suit ? Chelsea and Arsenal as clubs would essentially cease to exist when their foreign legion of players age and finally wilt."

Dans un parallèle avec le foot, il déplorerait que des équipes comme Chelsea et Arsenal n'aient plus leur légion d'étrangers et elles cesseraient même d'exister !?

J'ai personnellement vu jouer Arsenal avec une écrasante majorité d'anglais du style Ian Wright, et Arsenal a même gagné une coupe d'Europe ainsi, en 1994, en déplaise à monsieur Buckton.

On voit d'ailleurs le problème rencontré aujourd'hui par l'équipe d'Angleterre pour trouver de bons attaquants expérimentés au top niveau quand les meilleurs clubs ne donnent justement plus leur chance à des anglais. L'Angleterre en est réduite à faire jouer deux blessés (Owen et Rooney) et à espérer d'un jeune de 16 ans (Walcott) qui n'a jamais joué en première division, à Arsenal, barré justement par des attaquants étrangers.
Si monsieur Buckton aime bien l'équipe d'Angleterre, il devrait y songer.

Citation :
Luckily, these extreme examples of discrimination will never happen

Il est mal informé car "ces exemples extrêmes de discrimination", comme il dit, vont arriver en foot très bientôt :
http://news.bbc.co.uk/sport2/hi/football/4270267.stm

Citation :
"The situation is admittedly a tad more complicated than being a blanket “no foreigners” edict, but “persona non grata” is the label any new applicant will be stamped with if his passport carries a mark other than the chrysanthemum."

Il y a effectivement des quotas et en parlant de label, d'étiquette, il fait là de la provocation ou je me trompe ?

Citation :
"While the Tokyo-based International Sumo Federation works toward Olympic recognition of a sport that now has well over 80 national associations, how does a ban on the international community competing in Japan look to the IOC?"

Pendant la quasi totalité de l'article, il parle de sumo professionnel et de heya, puis il glisse l'ISF alors que chacun sait que la Kyokai ne veut pas voir du sumo comme discipline olympique et que la Kyokai et l'ISF, ce n'est pas du tout la même chose.
L'ISF et ses tournois amateurs avec ses dohyo de plastique, ses compétitions ouvertes aux femmes, c'est sans rapport avec le sumo de tradition régi par la Kyokai.
Qu'il se serve de cet argument pour des lecteurs qui ne connaissent rien au sumo, mais pas envers le fan moyen qui n'amalgame pas Kyokai et ISF.

Citation :
"It is sport, after all—level dohyo and all that! Let’s not forget that many of the Japanese rugby team were born beyond these shores, or the farce surrounding the ice hockey players at the Nagano Winter Olympics "

Ben oui, comparons donc le sumo de tradition avec le rugby et le hockey et pourquoi pas avec le K-1 également ?

Citation :
"It’s time to see beyond borders, to have every sport adopt the “Fair Play” mentality carried by footballers before World Cup games, and to let an athlete’s nationality be no hurdle at a given sport’s domestic level.
So, back to this rule on banning more foreigners thinking of coming into sumo: It’s time, methinks, for a bit of John Lennon. Time to “Imagine.”
Sumo is, when all is said and done, a game—not politics. "

Nouveau parallèle cette fois avec la coupe du monde de foot, avec le sumo catégorisé comme sport en général, et à aucun moment dans son article, n'apparaît le mot "tradition".
J'imagine le Kokugikan avec des grandes banderoles "Fair Play" et pendant ce temps-là, les sumo qui se donnent des coups de boule au tachi-ai !

Cet article viendrait d'un journaliste qui connait peu le sumo, cela se comprendrait, mais Mark Buckton est co-fondateur et rédacteur en chef du Sumo Fan Magazine.
C'est comme ça qu'il conçoit le sumo ? un vulgaire sport ? Pas un mot sur la tradition, sur la religion shinto ? C'est décevant de la part d'un journaliste professionnel qui est un grand passionné de sumo.

Pas sûr que si l'on imaginait comme dans la chanson de John Lennon une terre avec aucun pays, aucune religion, les gens partageant le monde, que le sumo japonais de tradition shinto ait pu exister et se développer dans son coin.

Chicconofuji
18/06/2006, 11h59
Bien evidement mon cher Hoshi, c'est là tout le problem.
Ceux qui voient le sumo comme un folklore, une tradition et qui pensen qu'on ne doit pas y toucher, que l'on ne doit pas l'internationalisé (comme moi egalement, et je l'ai aussi deja dit) et ceux qui voient dans le sumo un simple sport.
Mlaheureusement, la seconde conception fait inexorablement son chemin....sur ce forum aussi.

Hoshifransu
18/06/2006, 15h45
Oui, c'est ainsi, je le déplore mais c'est leur choix.

Cependant, la différence entre les fans de sumo du forum et Mark Buckton, c'est que la plupart des fans ont une argumentation qui tient la route en tenant compte de la dimension "tradition".
Beaucoup parlent par exemple de continuité du sumo de tradition par le biais des gaijins.
Mark Buckton parle simplement du sumo comme un sport, durant tout l'article et à aucun moment, il ne fait mention de rite, de tradition, de culture, de légendes, etc..

Citation :
It is sport, after all

C'est très réducteur de ne voir le sumo que comme un sport, et cet article vient du co-fondateur et rédacteur en chef du Sumo Fan Magazine.

C'est d'autant plus grave que l'article est publié dans Japan Today (Metropolis) et qu'il est repris par d'autres sites.

Citation :
the implications that it will have on the world of professional sumo and the global image of Japan as a nation

Comme si c'était une nouveauté. Comme si les japonais et la Kyokai en particulier devenaient subitement conservateurs et protectionnistes !

Je m'attendais à mieux de la part du co-fondateur et rédacteur en chef du SFM.

Je respecte l'argumentation de ceux qui souhaitent l'internationalisation totale du sumo de tradition quand elle est cohérente et souvent, dans ce forum, il y eut des discussions âpres, mais je dois reconnaître que mes contradicteurs avaient une argumentation intelligente.
Il s'agit ici de l'article le plus nul (pour être poli) que j'ai lu ces cinq dernières années.

Chicconofuji
18/06/2006, 18h53
J'ai tendance à penser qu'une internationalisation totale du sumo va faire disparaitre le caractere de "tradition" d'elle meme, et ceux meme si les intentions vont dans un autre sens et sont louables au fond, les arguments étant comme dit "intelligents".
C'est vrai qu'un tel article d'un "fan" de sumo me laisse perplexe...

Hoshifransu
18/06/2006, 20h46
Je n'arriverai jamais à comprendre comment on peut aimer profondément le sumo de tradition et je n'enlève pas à Mark Buckton qu'il est un grand passionné qui lance un magazine et visite les heya, et parallèlement à ça, être à ce point en rupture avec le conservatisme de ses dirigeants qui l'ont préservé et l'ont fait lentement évoluer à travers le temps pour donner la forme que, justement, il aime autant aujourd'hui.

Comment être un grand passionné de la forme actuelle et vouloir en même temps libéraliser en accélérant l'internationalisation, pour créer une nouvelle forme de quelque chose que l'on aime ?

Comme Mark Buckton le dit dans le texte du haut, traduit par Toonoryu :

Citation :
Peut-être alors n'a-t-il jamais été aussi vrai de dire que le sumo du XXIème siècle est un sport destiné au monde entier et un sport du monde entier – une phrase qui embrasse son présent et son futur, et une phrase bâtie sur son passé japonais unique, mais de plus en plus en danger.

Le sumo du XXIème siècle, sport destiné au monde entier que prône Mark Buckton, évolution d'un sumo bâti sur son passé japonais unique qui est pourtant la forme qu'il a connue quand il a découvert le sumo et dont il est devenu amoureux et qu'il souhaite voir changer.

kitano
18/06/2006, 23h00
Citation :
"Imagine the global hoo-hah if, from today, non-American players were banned from joining baseball teams in the US. The guys already in the door can stay but the bolt is on to others. What about if the English Premier League followed suit ? Chelsea and Arsenal as clubs would essentially cease to exist when their foreign legion of players age and finally wilt."

Dans un parallèle avec le foot, il déplorerait que des équipes comme Chelsea et Arsenal n'aient plus leur légion d'étrangers et elles cesseraient même d'exister !?

J'ai personnellement vu jouer Arsenal avec une écrasante majorité d'anglais du style Ian Wright, et Arsenal a même gagné une coupe d'Europe ainsi, en 1994, en déplaise à monsieur Buckton.

On voit d'ailleurs le problème rencontré aujourd'hui par l'équipe d'Angleterre pour trouver de bons attaquants expérimentés au top niveau quand les meilleurs clubs ne donnent justement plus leur chance à des anglais. L'Angleterre en est réduite à faire jouer deux blessés (Owen et Rooney) et à espérer d'un jeune de 16 ans (Walcott) qui n'a jamais joué en première division, à Arsenal, barré justement par des attaquants étrangers.
Si monsieur Buckton aime bien l'équipe d'Angleterre, il devrait y songer.



L'analogie est un mode de réflexion que je trouve très riche mais force est de constater que dans l'article que tu mentionnes, Hoshifransu, l'auteur en abuse à mauvais escient. Ceci dit, sur ce point précis concernant le football, il y a beaucoup de choses à en tirer.

L'évènement qui a totalement chamboulé le football de club en Europe durant ces dernières années, c'est bien évidemment l'arrêt Bosman. Ce qui est intéressant, c'est que les défenseurs de l'arrêt Bosman à l'époque utilisait le même type d'arguments que Mark Bukton. Dans l'idéal, l'arrêt Bosman était une loi juste, aux intentions plus que louables, puisqu'elle était sensée protéger la liberté des joueurs-employés. Dans les faits, ça a été une véritable catastrophe pour le football européen. Maintenant, plus de surprises ou si peu, l'argent est le nerf de la guerre, on le savait avant, mais quasiment lui seul suffit. Drogba ne marque pas assez de buts à Chelsea, on achète Chevtchenko et Ballack. Le tour est réglé. La défense d'Arsenal vieillit. Faisons nos emplettes dans les centres de formation de France, de Navarre, d'Europe et du monde et dans quelques années, plus personne ne se souviendra de Keown et de Tony Adams. Les équipes anglaises qui étaient celles à l'identité locale la plus prononcée (on ne parle pas de club d'une ville mais de club d'un quartier quand même) sont paradoxalement celles qui ont sombré le plus vite dans le tout-mercantile.
L'argument de Mark Bukton est donc, à son corps défendant, un parfait contre-exemple des méfaits d'une internationalisation du sport à tout va.

Je crois qu'on peut tout à fait considérer le sumo comme un sport sans sombrer dans la radicalisation internationalisante. Celle-ci se doit d'être raisonnée. C'est une internationalisation intelligente et raisonnée donc que je supporte. Et force est de constater que c'est ce que les dirigeants de la Kyokai essaient de faire, loin des schémas beaucoup trop simplistes de l'auteur de l'article. Il ne faut surtout pas hurler à la discrimination en ne regardant le problème que par le petit trou de la serrure. En ce qui me concerne, je trouve les décisions de la Kyokai plutôt judicieuses car loin de dénaturer le sumo, l'internationalisation actuelle lui donne une saveur nouvelle. Seule la non émergence de grands talents japonais dans les années à venir pourrait devenir préoccupant pour son avenir...

En effet, ce n'est même pas seulement une question de tradition dont il s'agit, mais bien une question de survie. Celle d'une forme de tradition, d'art et de sport telle qu'on la connaît et qu'on l'apprécie actuellement. Le football européen ne l'a compris que trop tard (le lien d'Hoshifransu sur le site de la bbc donne des informations très claires sur la prise de conscience actuelle des méfaits engendrés par un arrêt Bosman appliqué de manière extrême). Le sumo, comme tout sport, doit être considéré comme une activité fragile. Visiblement partisan du libre-échange, Mark Buckton devrait jeter un coup d'oeil du côté des théories de l'économiste Friedich List, un libéral si il en est. Celui-ci défend un "protectionnisme éducateur" dont l'objectif est de protéger les industries nationales faibles afin de les protéger d'un libre-échange à sens unique, au profit d'industries déjà florissantes d'autres nations. Appliqué au sumo, cela revient donc à ne pas ouvrir les vannes des heya à tous les lutteurs du monde entier. Cela ne pourrait se faire qu'au détriment des rikishi japonais, et du sumo auquel nous sommes attachés. Il n'y aurait plus que quelques rikishi japonais, la crème de la crème, au milieu de lutteurs venus de partout dans le monde. Ce ne serait rien de plus qu'un championnat du monde professionnel comme il en existe dans de nombreux autres "sports"...

Hoshifransu
18/06/2006, 23h35
C'est exactement ça et c'est vrai qu'il part d'un bon sentiment avec son idée de ne pas empêcher les nouveaux arrivants étrangers d'accéder au sumo professionnel, mais c'est dommage qu'il se préoccupe plus du droit des étrangers postulants que du sumo lui-même.
Avec seulement un étranger par heya, ils sont parvenus à jouer les premiers rôles alors avec un nombre illimité par écurie, cela viderait quasiment toute la makuuchi des japonais, il le sait bien, il est un bon pronostiqueur. Quel sens cela aurait ? Cela le préoccupe peu.

L'arrêt Bosman, c'est la même chose. Le belge Bosman a fait valoir ses droits (pour une histoire de transfert dans un club français) et la jurisprudence accordant ensuite à tout footballeur européen les mêmes droits de jouer dans un club européen sans être limité par le nombre. Cela est bien pour l'intérêt individuel mais néfaste pour l'intérêt collectif.
De plus, l'arrêt Bosman a permis aux clubs riches de piller les clubs moins riches de tous pays et faire s'envoler le prix des transferts, alors qu'autrefois, ils n'avaient droit qu'à trois étrangers, ce qui limitait le pillage.
Des clubs de foot comme Montpellier en France reconnaissent que la donne a complètement changé et qu'ils ne reviendront plus au niveau d'avant l'arrêt Bosman.

Pour le sumo, la solution, c'est que le sumo amateur connaisse une progression et je suis très satisfait de manifestations comme au Madison Square Garden ou à Paris prochainement pour permettre aux meilleurs amateurs de récolter financièrement les fruits de leur travail de même que je ne suis pas opposé au sumo amateur aux JO afin de leur permettre de récolter les honneurs qu'ils méritent et que les étrangers ne soient pas frustrés de ne pas pouvoir accéder au sumo professionnel et qu'une carrière en amateur soit également très profitable.

Kiemuha
19/06/2006, 11h45
Je me trompe peut-être, mais il me semble que le fond de cet article n'est pas exactement l'internationalisation du sumô. Mark Buckton semble plutôt avoir trouvé là un angle d'attaque pour mettre le combat proprement dit au premier plan, devant tout l'aspect rituel de la discipline. Mais comme je ne l'ai jamais lu auparavant, je ne voudrais pas non plus trop m'avancer...
Juste une impression! :wink:

Imumaru
19/06/2006, 12h11
de même que je ne suis pas opposé au sumo amateur aux JO afin de leur permettre de récolter les honneurs qu'ils méritent et que les étrangers ne soient pas frustrés de ne pas pouvoir accéder au sumo professionnel et qu'une carrière en amateur soit également très profitable.


Le sumo (amateur) fait partie des sports reconnus par le CIO au même titre que le golf, la lutte à la corde, le motocyclisme, la pelote basque, le polo, le roller, le rugby et le surf pour ne citer que les plus connus (ils ont en tout 29), et le problème est que tous ces sports demandent à être olympiques; et pour le devenir, il faut exclure un autre sport (la limite est de 35). Pour l'instant, la liste est pleine jusqu'en 2016.
A mon avis, on peut toujours attendre, ça viendra pas...; mais on peut toujours espèrer...
En plus pour devenir sport olympique les règles sont très srictes : il doit être pratqué par les hommes et les femmes, sur les 5 continents, des fédérations nationales doivent exister dans un certain nombre de pays (je me souviens pas du nombre) et il doit y avoir un certain nombre de praticants.

skydiver
19/06/2006, 14h12
Pour mémoire, le karate n'est toujours pas sport olympique malgré toutes les conditions requises sur le papier.
Les instances dirigeantes - notamment japonaises et françaises - n'arrivent pas à leurs fins malgré un lobbying important et des moyens appropriés.
Le sumo amateurs aux Jeux Olympiques reste un rêve.

maverickfr
19/06/2006, 20h32
quel est à votre avis le sport le plus insolite à être olympique?

réponse : les échecs... comme quoi... enfin fermeture de la parenthèse.

kitano
19/06/2006, 21h13
quel est à votre avis le sport le plus insolite à être olympique?

réponse : les échecs... comme quoi... enfin fermeture de la parenthèse.
Les échecs ne sont pas olympiques pour l'instant. Dans l'histoire des JO, ce n'est pas ce qui manque les disciplines insolites. Les éditions de 1900 et surtout de 1904 qui ressemblait plus à une foire qu'à autre chose, respectivement à Paris et à Saint Louis, sont connues pour leurs excentricités telles que la natation avec obstacles, le plongeon en longueur, les sauts sans élans, le tir à la corde ou encore l'haltérophilie à un bras.

Aujourd'hui on en est bien loin. Ce qui compte, c'est bien évidemment le lobbying. C'est ce qui explique que le taekwondo se retrouve olympique alors que le karaté ne l'est pas. De ce que j'ai entendu, c'est grâce à l'efficacité des pressions exercées par le président sud-coréen de la fédération internationale de taekwondo.

Kaiomitsuki
19/06/2006, 21h39
la natation avec obstacles, le plongeon en longueur, les sauts sans élans, le tir à la corde ou encore l'haltérophilie à un bras.
.
On pourra citer également les concours de Littérature, de Poésie etc organisés lors de trois olympiades au début du XXè siècle : épreuves dites artistiques.

Pierre de Coubertin gagant d'ailleurs la médaille d'or lors d'une Olympiade (il parait qu'il était le seul juge ... c'est plus simple :roll: )

En 1924, la médaille d'or du concours de Littérature est remportée par le poète Géo-Charles qui devance Henry de Montherlant
Il gagne avec :
Le speaker

En mon blanc pavillon, fleur bruissante,
je chanterai l’homme courageux, qui porte, blouse
bleue, tout le ciel sur l’épaule,
à l’orée du Nouveau Monde, dans l’ombre des grands
arbres et des machines puissantes comme au matin d’un beau jour publicitaire.
Je veux être un derviche-tourneur,
je dirai les ébats d’un poète-boxeur, ces miroirs,
ces galets du soleil sur les eaux
et sa vie ronflera dans mon bruit de toupie.
Que tel un « jeu de jambes » éclate dans mon chant
la vérité-nature
l’éclair du magnésium sur un public obscur n’est
rien sauf qu’il évoque le soleil sur la mer.
Foule des tribunes, parterre d’oiseaux distingués,
Herbe sombre des places populaires
d’où s’élèvent les cris tels le Vent, grand voyou,
que ma voix arrive vers vous portée sur l’air,
comme sur l’eau le chant d’insecte des canots automobiles.

remiogawa
19/06/2006, 21h57
Un peu de poésie ne fait pas de mal dans ce monde cruel du sumo :D .

Imumaru
19/06/2006, 23h21
Voici la liste des sports reconnus par le CIO mais pas olympique :

LISTE DES SPORTS RECONNUS

Activités subaquatiques ; Motonautisme
Alpinisme; Netball
Bandy; Pelote basque
Billard; Polo
Boules; Quilleurs
Bridge; Racquetball
Course d'orientation; Roller
Dance; Rugby
Echecs; Sauvetage aquatique
Golf; Ski nautique
Karaté; Sports aériens
Korfball; Squash
Lutte à la corde; Sumo
Motocyclisme; Surf
Wushu

Et voici les sports ancienements olympiques :

LISTE DES SPORTS PASSÉS

Cricket ; Pelote basque
Croquet; Polo
Golf; Rackets
Jeu de paume; Rink-hockey
Lacrosse; Roque
Lutte à la corde; Rugby
Motonautique; Ski Nautique



Je remarque l'absence du foot US.
Y'avait de ces sports à l'époque.

Musashimaru
20/06/2006, 00h19
Salut Imumaru.
Tu as oublié un sport: le bodybuilding. Reconnu par le CIO en 2000, il devait servir d'"exhibition" lors des cérémonies d'ouverture des Jeux, mais ça ne s'est jamais concrétisé.
ça reste un sport reconnu, mais pas Olympique.
Pire pour la force athlétique, sport que je pratique, très similaire à l'haltérophilie, qui n'est même pas reconnu par le CIO! :twisted: