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Afficher la version complète : Les plus grands yokozuna.



toonoryu
24/12/2010, 15h28
Bien que le grand champion Hakuho ait échoué à atteindre le record historique de 69 victoires consécutives de Futabayama, la série victorieuse du grand Mongol de 63 unités en fait l'un des plus grands yokozuna de l'histoire.

Mais qu'est-ce qui fait donc d'un yokozuna un grand ?

Il ne s'agit pas que de force physique. Les yokozuna sont censés exceller dans tous les compartiments du cœur, de la technique et du physique.

Nous avons demandé aux lecteurs de l'Asahi Shimbun de choisir le meilleur yokozuna parmi les 38 qui ont atteint ce grade dans les ères Showa (1926-1989) et Heisei (1989-présent). Chiyonofuji et Taiho ont bataillé ferme pour la première place, mais Chiyonofuji en est ressorti vainqueur.

L'enquête a été réalisée en ligne. Nous avons demandé de sélectionner les cinq yokozuna favoris, et avons reçu 3.432 réponses.

Au final, Chiyonofuji est premier avec 2.334 votes, suivi de près par
Taiho avec 2.131 votes. Le premier Wakanohana est un troisième à bonne distance avec 1.212 votes. Ils sont suivis par Futabayama, Kitanoumi, Tochinishiki, Takanohana, Hakuho, Kashiwado, et Wajima. Le controversé yokozuna Asashoryu termine 11ème.

Nous avons demandé à Tadashi Yamazaki, ancien présentateur de TV Asahi qui couvrit les tournois de sumo pendant presque 40 ansce qu'il pense des résultats de ce sondage. Yamazaki nous a déclaré que le numéro un Chiyonofuji a bâti sa popularité en raison des nombreux records qu'il a laissé à la postérité du sumo. Le plus mémorable fut la série de 53 succès, culminant lors du Kyushu basho 1988, qui fut le dernier tournoi de l'ère Showa Era. Ce record demeura le deuxième meilleur total jusqu'à ce que Hakuho ne l'améliore cette année

Chiyonofuji fit de nombreux fans en raison des difficultés qu'il devait surmonter du fait de sa carrure plutôt légère.

"Tout le monde sait comment Chiyonofuji a renforcé son épaule qui se disloquait régulièrement en effectuant un nombre invraisemblable de pompes," nous dit Yamazaki. "Il a aussi remporté le deuxième plus grand total de tournoi, 31, n'étant dépassé que par Taiho avec 32. Chiyonofuji est un authentique grand yokozuna"

Taiho, d'un autre côté, avait la chance d'avoir une grande carrure et une flexibilité exceptionnelle. Il était également réputé pour son côté infatigable à l'effort et à l'entraînement.

"Quand il était jeune, Taiho était un rikishi très agressif. Mais dans ses dernières années, il modifia son style pour adopter un sumo plus passif qui lui assurait quand même la victoire. Ses opposants avaient coutume de dire qu'on rebondissait contre son corps".

Le premier Wakanohana avait un bas du corps solide et employait souvent des techniques dynamiques comme des crochetages et des projections violentes qui requerraient une puissance considérable. Quand il affrontait Tochinishiki, Wakanohana I se servait souvent de prises excitantes au mawashi alors que les deux lutteurs étaient au contact.

Futabayama, que l'on a souvent qualifié de "plus fort yokozuna" est quatrième de l'étude.

"A cette époque, il n'y avait que deux basho par an, et chaque basho durait entre onze et treize jours. Il fallu quatre ans à Futabayama pour réaliser ses 69 victoires consécutives" nous dit Yamazaki. "Il est extrêmement difficile de continuer à gagner autant de temps sans subir de blessure. On ne peut pas facilement comparer les exploits de Futabayama avec ce qui se passe aujourd'hui".

La force légendaire de Futabayama est enveloppée de mystère. Tout le monde savait que l'emporter face à lui ferait du vainqueur un héros. Certains lutteurs se réunissaient même pour discuter de la manière de l'emporter face à lui.

Le cinquième, Kitanoumi, avait une solide carrure, mais il était aussi rapide et agile. Certains fans avaient le sentiment qu'il avait une mauvaise attitude parce qu'il ne tendait pas la main à ses adversaires vaincus. Mais Yamazaki se souvient qu'il avait "une excellente mémoire, et qu'il était capable de se souvenir du moindre de ses combats".

Le septième, Takanohana, semble être jugé à l'aune de l'exposition médiatique dont il jouit à l'époque avec son frère Wakanohana.

"Takanohana is a pur-sang. Sa quête de perfection et son implication dans le sport fut véritablement louée dans le monde du sumo," nous dit Yamazaki. "Dans ce sens, je dirais que Takanohana a vécu le sumo-do (la voie du sumo) autant que le fit Futabayama".

Parmi les yokozuna qui ne sont pas dans les dix premiers, Yamazaki a une mention particulière pour Tamanoumi, qui décéda prématurément de maladie pendant son règne comme yokozuna.

L'étude demandait aussi ce qui était considéré comme "des éléments essentiels pour un yokozuna." Un choix multiple était possible.

"Dignité et grâce" est arrivée première avec 53% des votants choisissant cette réponse. "Produire un sumo magnifique" est deuxième avec 39%. "Sens des responsabilités" est troisième avec 35%.

L'habileté technique reçoit bien moins de suffrages. "Le nombre de victoires en tournoi" est à 35%, "le nombre de victoires" 33.

Enfin, nous avons demandé à Yamazaki quel yokozuna il considère personnellement comme le meilleur.

"Si je devais choisir, je dirais Futabayama, Taiho, et Hakuho, dans cet ordre" a été sa réponse. "Ces trois là sont sur une autre planète".



Article tiré de l'Asahi Shimbun

ronsacrey
28/12/2010, 13h02
Dans tous les sports, c'est une manie, on veut toujours comparer des champions de générations différentes.

Je trouve cela totalement stupide.

skydiver
28/12/2010, 13h46
Ca se fait souvent en boxe anglaise et ce n'est pas aussi stupide que cela. Il faut tenter de rester objectif et ne pas oublier le contexte d'une époque considérée. C'est possible en sumô, sachant que l'exercice reste délicat et ne satisfera pleinement que peu de monde. La presse spécialisée japonaise s'y essaye de temps à autre avec plus ou moins de bonheur.

toonoryu
28/12/2010, 16h07
Je pense pour ma part que les comparatifs sont possibles, avec évidemment toutes les précautions d'usage et dans une certaine limite. Il est évidemment assez vain de tenter des comparatifs avec les lutteurs d'avant-guerre, tant le différentiel en matière de rythme et d'opposition est grand. Le sumo était un tout autre sport. On peut tout à fait, par contre, tenter des comparaisons avec les lutteurs des années 80, ça ne me paraît pas injustifié, même si un comparatif est, par essence, voué à un certain degré de subjectivité (c'est même le cas avec des lutteurs très rapprochés, comme Asashoryu et Hakuho. Peut-on les comparer alors même que Hakuho est arrivé au sommet au moment où l'étoile Asashoryu avait passé son zénith ?).

skydiver
28/12/2010, 19h43
Je crois qu'il faut prendre ces comparaisons entre yokozuna pour ce qu'elles sont, à savoir un exercice ludique qui permettra des débats passionnés entre fans. Il ne s'agit en aucun cas d'une science exacte et on peut leur appliquer une liste quasi inépuisable de paramètres. Partant de là pas de consensus possible mais ce n'est pas le plus important.

dohko57
29/12/2010, 08h44
+1 !
en tout cas, article très intéressant ! merci toon. c'est toujours agréable de pouvoir se plonger dans l'histoire du sumo et de discuter de ces grands champions :) 8)

pereboulon
31/12/2010, 14h56
Cela reste effectivement un article intéressant. Je ne pensais pas que Wakanohana I serait aussi bien classé et que Takanohana II serait seulement 7ème derrière un surprenant Tochinishiki. Un sondage qui en révèle beaucoup sur les goûts des fans japonais (car il est bien évident qu'un tel classement reste hautement subjectif).