PDA

Afficher la version complète : Nouvelle affaire, Shibatayama-beya.



konishiki
07/09/2010, 11h36
Daiyubu se retourne contre son ancien Oyakata, lancien Yokozuna Ônokuni.

http://mysumocorner.blogspot.com/2010/09/nouvelle-affaire-de-violences.html

kedevash
07/09/2010, 11h40
Et c'est reparti.... :x

Miyabiyama
07/09/2010, 12h53
:x :x :( :( :(

Merci de l'info en tout cas Konishiki.
Une affaire sombre de plus. Quelle drôle de période pour le sumô!!

konishiki
07/09/2010, 13h34
Je crois que l'ancien Yokozuna reprochait à son Deshi (qui fut Jûryô ) de ne pas assez s'entrainer dans la Keiko-ba.

toonoryu
07/09/2010, 13h44
Franchement, j'ai beaucoup de mal à y croire. Shibatayama-oyakata, ancien yokozuna Onokuni, est réputé comme l'une des plus grandes crèmes d'homme du sumo professionnel. Je ne l'imagine pas effectuant ce type d'acte, mais attendons de voir la suite.

X-Philohana
07/09/2010, 13h51
Des coups de pantoufle? Quelle cruauté... le sumo est devenu un monde bien dur...

Der
07/09/2010, 14h17
Je vois vraiment pas quel serait l'intéret pour un oyakata de pousser à l'intai un rikishi qui a atteint la division Juryo et qui est encore logiquement loin de la retraite.

toonoryu
07/09/2010, 14h32
Shibatayama oyakata a effectivement poussé Daiyubu à l'intai, mais surtout parce que celui-ci était devenu d'une grande paresse à l'entraînement et ne faisait aucun effort pour revenir à son rang. Onokuni a été formé à la (dure) école de la Hanaregoma-beya et ne supportait pas de voir le Mongol renâcler aux efforts en keiko. Daiyubu, lui, se contentait bien de son sort et de sortir avec ses camarades mongols. Shibatayama, qui pourtant avait en Daiyubu son seul et unique sekitori (il avait confectionné lui-même un gâteau pour célébrer son accession), ne l'a plus supporté et lui a coupé lui-même son mage (il avait déjà fait celà à l'encontre d'un jeune deshi qui avait causé des soucis au sein de la heya).

konishiki
07/09/2010, 14h49
Shibatayama Oyakata répond au Richijô (ancien Ôzeki Kaiketsu) qui fut son Oyakata par le passé.

Il ne s'agit pas de violence mais de formation de Rikishi. On a exagéré cette histoire. Si tous les Rikishi qui ont arrété ressortent ce genre de chose , on n'a pas fini .

Merci à My sumô corner.

konishiki
07/09/2010, 15h14
La bonne époque pour l'Oyakata et son Deshi .

Shibatayama Oyakata avait réalisé un superbe gateau pour la promotion de Daiyûbu comme Jûryô.

http://img260.imageshack.us/img260/3310/60537458hs5.jpg

toonoryu
07/09/2010, 17h14
Hanaregoma rijicho témoigne d'ailleurs que lorsque Daiyubu est venu annoncer son départ après le Haru, il portait encore son mage, contrairement aux premières rumeurs. Ce n'est qu'après qu'il aurait coupé ses cheveux et les aurait teint.

Asafan
07/09/2010, 19h14
Oui, je vois mal Shibatayama oyakata appliquer de force une teinture sur les cheveux de Daiyubu. "Tiens ! Pour te punir, je vais te faire blonde ! Mouah ha ha ha ha !"

Miyabiyama
08/09/2010, 09h25
Ouf, une affaire de caprices qui ne devrait certainement pas aller plus loin que ça.

gotonin
08/09/2010, 10h36
Sauf qu'au Japon, les hommes teints en blond sont très souvent liés à la délinquance et au banditisme. Il a déjà trouvé sa reconversion ?!

Asafan
08/09/2010, 12h39
Oui, mais pas en Mongolie ! :wink:

Je vois que tout le monde a son opinion déjà faite. Daiyubu est le méchant paresseux qui ne veut pas bosser et qui en plus accuse son oyakata de mauvais traitements, et le dit oyakata le gentil qui veut seulement sanctionner cette vilaine paresse. Peut-être bien....mais peut-être pas.

On juge tellement vite, toujours. Il y a peut-être eu entre les deux hommes une mésentente grandissante qui a coupé l'envie à Daiyubu de s'investir, qui sait ? Ce n'est pas forcément juste de la paresse. Si la confiance n'est plus là, il n'est pas facile de s'investir corps et âme. Il y a peut-être eu un manque de dialogue à la base de tout cela.

Cela me dérange toujours un peu, ces jugements péremptoires acquis sur des bribes d'information.

Tadanobu
08/09/2010, 13h46
Bof, les cheveux décolorés associés à la petite ou grande délinquance, c'est quand même un code des années 90, actuellement c'est plus une "mode destroy" qu'autre chose (en tout cas à Tokyo). C'est un peu comme dire que les cranes rasés en France seraient des skinhead... ca a été vrai, ça ne l'est plus.

Asafan
09/09/2010, 09h40
Il semble que Daiyubu ne soit pas le seul à poursuivre la NSK. Daitensho, un autre rikishi mongol, dit qu'il ne voulait pas se retirer mais que son oyakata l'a poussé dehors sans raison. Il vient de s'offrir les services d'un avocat.

toonoryu
09/09/2010, 10h13
Ce type d'actions me laissent un peu dubitatif. A leur décharge, s'il y avait une évolution que je trouverais naturelle dans l'Ozumo, ce serait de permettre à un rikishi de changer de heya en cours de carrière, en particulier pour les cas de problèmes relationnels graves entre un deshi et son shisho.

Asafan
09/09/2010, 10h15
Oui, c'est une bonne idée.

Sakana
09/09/2010, 16h01
une évolution que je trouverais naturelle dans l'Ozumo
Sauf que ce n'est pas naturel pour les Japonais. En arts martiaux (et même en art floral, ikebana), il est très mal vu de changer de maître en cours de carrière. La relation maître-élève est un axiome très fort au Japon. Donc, ce sera carrément la mentalité japonaise qu'il faudra modifier. C'est déjà un plus gros ouvrage...

Asafan
09/09/2010, 16h26
Et comment la mentalité japonaise considère-t-elle un maître qui ne mériterait pas son titre ? Comme par exemple l'ancien Tokitsukaze oyakata, qui à mon humble avis n'a rien d'un maître. D'ailleurs il a été déchu de son titre d'oyakata, non ?

Si le jeune Tokitaizan n'était pas mort, aurait-il eu le droit de changer de maître ? Je veux dire que dans ce cas-là, la mentalité japonaise l'aurait-elle accepté ou le jeune homme aurait-il dû continuer à subir toutes ces sortes de tortures et d'humiliations sous prétexte que la relation maître-élève est indissoluble ?

Fuseigou
10/09/2010, 10h00
Et comment la mentalité japonaise considère-t-elle un maître qui ne mériterait pas son titre ? Comme par exemple l'ancien Tokitsukaze oyakata, qui à mon humble avis n'a rien d'un maître. D'ailleurs il a été déchu de son titre d'oyakata, non ?

Si le jeune Tokitaizan n'était pas mort, aurait-il eu le droit de changer de maître ? Je veux dire que dans ce cas-là, la mentalité japonaise l'aurait-elle accepté ou le jeune homme aurait-il dû continuer à subir toutes ces sortes de tortures et d'humiliations sous prétexte que la relation maître-élève est indissoluble ?

Dans ce cas particulier, tu changes de maître mais pas de heya... Je n'y connais pas grand chose, mais au-delà de la relation lutteur / sensei il y a une forme d'investissement (depuis très jeune) qu'il ne faut peut être pas négliger et qui limite les transferts...

Sakana
10/09/2010, 11h38
Autant la déchéance de l'oyakata est la démonstration que, ponctuellement, l'opinion peut être tellement choquée qu'elle passe outre ses "habitudes", autant changer de maître sera toujours mal vu. Il est question de transmission d'un savoir (quand on n'est pas dans la dérive), de relation presque familiale.

Le maître peut avoir plusieurs appellations : shishô 師匠, sensei 先生, ... et oyakata 親方. L'élève, le disciple, a lui aussi plusieurs appellations : deshi 弟子 ou kokata 子方, par exemple. Skydiver, ou d'autres membres, compléteront les exemples. ^^

Déjà, concernant l'élève, on constate en japonais un point commun aux deux appellations que j'ai écrites : elles possèdent le kanji ko 子 qui signifie l'enfant. Sur la symbolique, c'est déjà fort.

Concernant le sumô, on est dans le système oyakata-kokata. Le kanji kata 方 signifiant plus ou moins "une manière de", "une façon de"... Oya 親, ce sont les parents. Dans le sumô, on est donc dans une relation qui est à la manière des relations parents-enfants. Par conséquent, le lien entre l'oyakata et le kokata est très forte, elle est perçue comme une relation "paternelle". Même si ce n'est que de substitution. Il faut se souvenir que les lutteurs quittent leur famille pour le sumô et ne retrouvent vraiment leur famille qu'une fois sortis du sumô. C'est pour tout cela qu'il semble inconcevable de changer de maître aussi simplement que cela. L'oyakata : héberge, nourrit, habille, entraine un "enfant" qui n'est pas le sien en propre. Il s'investit pour cet "enfant". Il faut garder cela à l'esprit. Même l'okamisan joue un rôle de substitution de mère. J'ajouterai aussi que c'est ainsi qu'on peut voir le sumô en façade, sans pour autant que cela signifie qu'en interne, ça soit accepté par tous. Mais le poids de l'étiquette et sauver la face ont du poids au Japon...

Alors ok, cela arrive. Des lutteurs quittent le heya et vont dans d'autres. Mais c'est un maître qu'ils suivent, ce n'est pas pour autre chose. Je crois que le Kokonoe-beya avait connu ça à une certaine époque mais c'étaient les maîtres qui s'étaient répartis les élèves, et un peu les élèves qui avaient choisi leur maître aussi je crois (Tony pourrait nous exposer cela bien plus clairement que moi). Et même récemment, quand il y a eu un remaniement de heya, ce n'est jamais venu de l'élève ni du maître, mais de l'instance dirigeante NSK (voire du gouvernement en arrière-plan).

Enfin, je vais revenir sur une chose. Si les maltraitances dans le sumô des maîtres, des lutteurs plus anciens, envers les jeunes sont de plus en plus mal acceptées voire rejetées (je ne parle pour le moment que des traitements "à la dure"), cela tient aussi au fait qu'au Japon, l'enfant est devenu le roi dans la famille. Cela tient à la politique de natalité du pays les décennies précédentes, puis aussi des suites de la Seconde guerre mondiale. Quand l'enfant n'était pas encore au coeur de toutes les attentions, cela choquait moins. Il y a là une évolution, rapide. Après, on peut toujours discuter du bien-fondé du résultat final, discuter du bien-fondé d'un entrainement à la dure, mais il ne faut pas oublier les siècles précédents où l'habitude -bonne ou mauvaise- a été prise d'entrainer de telle ou telle façon. On ne peut balayer d'un revers de la main certaines choses, en faisant table rase du passé. Et on ne peut transposer notre ressenti, reflet d'une époque, sur quelque chose qui a traversé plusieurs époques et qui s'est construit durant ces époques. Trop simple.

Je vais terminer sur le seul point positif que je vois aux suites du tragique décès de Tokitaizan : le lutteur est moins vu comme une valeur comptable dans le heya. On lui redonne un peu d'humanité. On ne peut plus faire tout ce qu'on veut avec, sous prétexte de l'héberger, le nourrir et lui donner un solde tant qu'il n'est pas sekitori. C'est dommage de passer par un drame pour arriver à cela.

Pour le style d'entrainement, chacun verra midi à sa porte, avec ses arguments qui seront recevables. Le tout étant d'éviter l'ethno-centrisme.

Asafan
10/09/2010, 12h05
Merci pour ces précieux renseignements, Sakana.

konishiki
10/09/2010, 12h44
Pour la Kokonoe -beya, en fait c'est l'ancien Yokozuna Chiyonoyama qui quitta la Dewanoumi-beya . Au sein de cette Dewanoumi-beya luttait alors l'Ôzeki Kitanofuji. Ce dernier choisit de suivre Chiyonoyama alors Oyakata , qui fonda la Kokonoe-beya ( Chiyonoyama ne pu être l'Héritier de la Dewanoumi car Dewanoumi Oyakata avait choisit le Yokozuna Sadanoyama pour lui succèder. Ce dernier étant son gendre).
Kitanofuji deviendra par la suite Yokozuna puis il repris en main la Kokonoe-beya après le décès de l'ancien Yokozuna Chiyonoyama / Kokonoe Oyakata.


Ôzutsu III fit de même alors qu'il était un jeune Deshi , quittant la Nishonoseki-beya pour rejoindre la Taihô-beya , quand l'immense Yokozuna a ouvert sa propre Heya (Taihô-beya).



De nos jours, Baruto a lui aussi choisit de suivre Onoe Oyakata , quand celui a ouvert l'Onoe-beya.
Idem pour Satoyama,Shiraishi concernant l'Onoe puisque ces Rikishi avaient débutés sous la bannière dela Mihogaseki-beya.
etc...

toonoryu
10/09/2010, 14h16
Ces cas sont des cas particuliers qui ne concernent pas véritablement un changement de heya dans le sens ou c'est plutôt le départ vers une heya qui se scinde de sa maison-mère. Qui plus est, dans la majorité des cas, les lutteurs partent avec leur véritable shisho, celui qui les a recrutés (en activité ou non). Lorsque les choses se passent ainsi, l'oyakata restant et la NSK n'ont en général pas grand-chose à redire. Si le rikishi souhaite partir avec un shin-oyakata qui n'est pas son shisho, c'est en général plus délicat. Je crois que des lutteurs du Pacifique avaient à une époque été exclus de l'Ozumo dans une telle affaire.

toonoryu
10/09/2010, 16h36
Madorosomaru donne un éclairage un peu plus complet sur les protagonistes de l'affaire, que voici : "l'avocat représentant Daiyubu est Kazuya Maruyama, membre de la Diète et aussi "people" japonais apparaissant régulièrement dans des shows télévisés. Il se présente lui-même comme un "défenseur de la justice"et un "champion des opprimés". Quel groupe est plus opprimé au Japon que les gaijin rikishi, en particulier les Mongols ?

C'est une dispute entre deux personnes assez peu sympathiques. Bien que les médias tendent à présenter Shibatayama Oyakata comme un gentil vieux monsieur, expert en sucreries ayant publié des ouvrages sur le sujet, sa réputation au sein de la communauté du sumo n'est pas si bonne. En bref, il est plus inquiet de sa propre image que celle de ses deshi. On peut le remarquer par exemple dans la cérémonie de promotion de Daiyubu en juryo. A cette occasion, l'oyakata a "personnellement" fait un gâteau pour fêter cela. Comment l'a-t-il décoré ? Avec une grosse image de l'oyakata lui-même, et non de son deshi pour "le plus beau jour de sa vie".

Daiyubu, de son côté, traîne une réputation de "faignasse". Peu contestent qu'il a des moyens mais est resté en dessous de ses capacités toute sa carrière. Après sept longues années, il est finalement parvenu en juryo, mais pour un unique basho. Au lieu d'être motivé à travailler plus fort pour y revenir, il a reculé de plus en plus au point d'être quasiment rétrogradé en sandanme pour le Nagoya 2010. Selon des proches de la heya, Daiyubu trouvait toutes sortes d'excuses pour louper les keiko. Il était aussi connu pour emprunter de l'argent aux autres deshi afin de financer ses "activités externes". L'oyakata en a eu marre au final des atermoiements d'un gars supposé donner l'exemple en tant que heyagashira.

Donc on a une dispute entre un oyakata nombrilliste et un branleur reconnu. Ajoutez-y un avocaillon en mal de publicité avec ses propres objectifs.On devrait normalement dire "qu'est-ce qu'on en a à ...", mais quel que soit le résultat, le perdant sera l'Ozumo.