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Afficher la version complète : [ Kotogahama ] Présentation générale



toonoryu
14/01/2010, 17h32
L'un des piliers de l'ère Tochi-Waka dans les années 1950, Kotogahama était craint pour son dévastateur uchigake, ou crochetage intérieur. Bien que de petite taille aux regards des normes actuelles, et tout juste à la taille et au poids moyens des mieux classés de son époque, Kotogahama fut classé comme ozeki quatre années durant, tenant son rang jusqu'à l'âge de 35 ans. Il était exceptionnellement assidu en keiko, et on lui attribue le renforcement du jeune Taiho par un entraînement rigoureux, alors que le futur grand yokozuna n'était encore qu'un gamin efflanqué des divisions inférieures à la fin des années 1950.

Si la ville natale de Kotogahama est donnée comme étant Kanonji, préfecture de Kagawa sur l'île de Shikoku, il naît en fait à Miyazaki, sur Kyushu, le 10 octobre 1927, sous le nom de Ugusa Sadao. Son père, Fukutaro, est marchand de chevaux. Sadao est son fils aîné, et il a deux soeurs.

Le père de Sadao, même s'il n'est pas très grand, est très musclé, et son fils hérite de sa force, et se trouve être également considérablement plus grand que la plupart des enfants de son âge lorsqu'il est à l'école primaire dans les années 1930. le père de Sadao décède au début des années 1940, et son fils décide bientôt de quitter l'école pour rejoindre la Marine Impériale, son rêve d'enfance. Il s'engage au profit d'une unité de réparation navale à Yanai, Yamaguchi-ken, en septembre 1944. Saipan est alors déjà tombée et la Marine Impériale est dans une situation de plus en plus désespérée. Sadao est grand pour un jeune garçon de 17 ans de son époque, avec 1.69m, et inhabituellement lourd avec 71 kilos. Son physique robuste attire l'attention des officiers de son unité, qui lui disent de se mettre au sumo. La marine emploie depuis bien longtemps le sumo comme un éducatif de discipline mentale, et quelques-uns des marins ont au moins le niveau de rikishi de makushita.

Bien qu'ayant appartenu à une unité de reconstruction navale, Kotogahama dira plus tard n'avoir pas appris grand-chose d'autre que le sumo au sein de la Marine. En fait, la Marine est déjà décimée, les cargos ne sont plus qu'un lointain souvenir et, avec un seul navire de guerre digne de ce nom encore à même de flotter, il y a beaucoup moins de de travail à accomplir.

Après la reddition du 15 août 1945, l'unité de Sadao est dissoute. Il s'en retourne à Kanonji et réfléchit sur son avenir. La nourriture est difficile à trouver et il n'y a que peu d'emplois disponibles. Le jeune homme décide de tenter une carrière professionnelle dans le sumo et il prend donc contact avec un de ses concitoyens réputé pour avec de solides relations dans le monde du sumo. Cet homme avait déjà remarqué Sadao avant qu'il ne rejoigne la Marine, et le connaissant pour être un jeune bien éduqué, il le présente à un rikishi de makuuchi de Kagawa-ken, Kotonishiki, de la Nishonoseki-beya.

Début novembre, Sadao fait son arrivée aux quartiers temporaires de la Nishonoseki-beya dans un temple de Koenji, dans le quartier Suginami de Tokyo. Bien que l'ancien sekiwake Tamanoumi, qui vient tout juste de prendre sa retraite de la compétition, soit alors Nishonoseki oyakata et le shisho de la heya, il encourage tous ses sekitori à développer leurs propres deshi et de finir par fonder leurs propres écoles. Kotonishiki, qui va devenir le mentor de Sadao, n'a alors encore que 24 ans, mais il est déjà le deuxième rikishi le mieux classé de la heya après l'ozeki Saganohana.

Sadao fait ses débuts sous son prénom de Ugusa au tournoi de novembre 1945, dans le vieux Ryogoku Kokugikan. C'est le premier basho après-guerre, et Sadao est l'une des quatre nouvelles recrues, les tout premiers rikishi de l'après-guerre. Les autres jeunes quittant bien vite le sumo, Sadao se retrouve rapidement comme étant le seul rikishi à avoir effectué ses débuts en 1945.

Aux premiers temps au sein de la Nishonoseki-beya, Sadao considère que Hasegawa, un rikishi efflanqué de jonidan de un an son cadet, est son rival. Hasegawa, qui est entré dans le sumo en janvier 1944, finira par devenir le rikishi de makuuchi Kamiwaka (1928-1999). Hasegawa, Ugusa et le futur yokozuna Wakanohana I, qui a rejoint la heya à l'été 1946, s'entraînent sans relâche tous les jours et finissent par devenir des amis proches. Au départ, Hasegawa est plus fort que les deux autres adolescents, étant classé dans les rangs makushita.

En dépit d'un score de 0-4 comme nouvelle recrue en novembre 1945, Ugusa est classé pour la première fois sur le banzuke en novembre, au sein de la division jonidan. Il gagne rapidement de la confiance, atteint les sandanme en novembre 1947, tournoi qui le voit changer de shikona pour devenir Kotogahama. Son nom de dohyo est trouvé par un gyoji, Shikimori Kindayu, qui aime donner aux jeunes rikishi leur premier shikona.

En octobre 1948, Kamiwaka, Kotogahama et Wakanohana combattent au sein de la division makushita et sont proches de la promotion en juryo. Kamiwaka est le premier à atteindre le statut de sekitori, en janvier 1949, suivi par Wakanohana en mai, ce qui laisse Kotogahama seul en makushita. Le futur ozeki réussit un superbe score de 12-3 (les rikishi de divisions inférieures combattent la quinzaine entière à cette époque) en mai 1949, et rejoint ses deux amis en juryo au mois d'octobre.

Kotogahama remporte le juryo yusho avec un score de 11-4 pour son premier tournoi au sein de cette division. Classé J2 en janvier 1950, Kotogahama gagne ses trois derniers combats pour finir sur un score de 8-7. Chanceux dans le banzuke, il est promu en makuuchi pour le tournoi suivant.

Bien qu'il décroche le kachi-koshi comme shin-nyu-maku en mai 1950, il faut presque trois années à Kotogahama pour atteindre les rangs sanyaku. Classé M9 en janvier 1952, il réussit un score de 10-5, remportant sept de ses dix confrontations gagnantes sur uchigake. En fait, c'est une blessure en tout début de carrière qui est à l'origine de l'abondance des uchigake chez Kotogahama. Il s'est salement blessé le genou gauche lors d'un keiko du jungyo de Tohoku, à l'été 1946. Encore jeune, il a ignoré la douleur et continué de s'entraîner pendant des jours, avant d'aggraver sa blessure à Mizusawa. Les deux blessures cumulées lui valent un mois d'hospitalisation, et quand il peut enfin sortir de l'hôpital, les docteurs lui disent qu'il n'y a aucune garantie qu'il puisse faire à nouveau du sumo. Si la blessure guérit rapidement, il développe sa technique de l'uchigake pour pouvoir pallier à son genou gauche affaibli. Kotogahama continue à perfectionner sa technique d'uchigake bien après lé guérison de sa blessure, et au moment où il atteint la division makuuchi, il est le praticien le plus doué de cette technique.

Kotogahama est promu komusubi en janvier 1953. Il a 25 ans et est dans sa huitième année de sumo professionnel. Bien qu'il finisse avec un pitoyable 5-10, c'est un tournoi mémorable, puisqu'il bat les yokozuna Azumafuji lors de la quatrième journée et Haguroyama lors de la quatorzième. Le vétéran Haguroyama, alors âgé de 38 ans, combat avec un pouce fracturé.

Après son premier tournoi comme komusubi, Kotogahama subit une dégringolade longue de deux années, qui le voit aller et venir le long de rangs hiramaku. Il ne pèse qu'entre 80 et 90 kilos durant cette période, et ne parvient pas à gagner du poids. De plus, sa seule technique véritablement efficace est l'uchigake, et il manque de vitesse en yotsu-zumo.

Le véritable tournant de la carrière de Kotogahama intervient en mars 1955. Il a gagné du poids avant le tournoi, et il semble avoir plus de confiance en son sumo. Lors de la troisième journée, il affronte le yokozuna Tochinishiki, qu'il n'a jamais réussi à vaincre lors de leurs sept précédentes confrontations. Kotogahama parvient à immobiliser le vif yokozuna, toutefois, et finit par le faire chuter, gagnant sa troisième kinboshi. S'il ne fait pas son retour dans les rangs sanyaku avant mai 1956, le sumo de Kotogahama change radicalement à compter de mars 1955. il commence à utiliser de plus en plus systématiquement la poussée frontale et emploie l'uwatedashinage, ne gardant l'uchigake qu'en dernier recours.

Après son retour comme komusubi en mai 1956, Kotogahama parvient à demeurer dans les rangs sanyaku durant trois tournois consécutifs, devenant sekiwake en septembre 1956, à l'âge de 28 ans. Il rétrograde sur blessure au genou en janvier 1957, mais revient en forme au tournoi suivant, ayant chuté au rang de M8.

En mars 1957, Kotogahama est dans la course au yusho jusqu'au senshuraku, qu'il aborde avec un score de 12-2. Mais il perd contre Iwakaze lors du combat final, manquant l'opportunité d'un kettei-sen face à Asashio pour le gain du tournoi. Ce score de 12-3 est le premier d'une série de dix scores consécutifs à deux chiffres pour Kotogahama, et marque le début d'une ascension qui le mène au final au grade d'ozeki.

Kotogahama réussit un nouveau score de 12-3 pour son retour au rang de komusubi en mai 1957, ce qui fait de lui un solide candidat pour le rang d'ozeki. Il enchaîne par un 11-4 comme sekiwake en septembre 1957, avec son troisième gino-sho consécutif. Il n'a plus besoin que d'un autre score solide pour décrocher sa promotion comme ozeki. En novembre 1957, quelques semaines après son trentième anniversaire, Kotogahama achève sa première semaine sur le score de 6-2. il lui faut 11 victoires pour assurer sa promotion, mais il perd son cinquième combat face au yokozuna Yoshibayama lors de la douzième journée. Il finit avec un score de 10-5, mais doit passer un autre tournoi au rang de sekiwake pour affirmer de façon plus convaincante ses prétentions au grade d'ozeki.

Dans l'intervalle, le vieil ami de Kotogahama, Wakanohana, remporte son second yusho comme ozeki en janvier 1958, et se voit promu yokozuna. Wakanohana encourage constamment son ami à ce qu'il fasse le grand saut comme ozeki. Kotogahama réussit enfin dans cette entreprise en mars 1958. lors de ce qui sera son meilleur score en carrière, il demeure invaincu jusqu'à la onzième journée, quand il chute face à l'ozeki Asashio. Le lendemain, il perd à nouveau face au yokozuna Chiyonoyama. Il recommence toutefois à vaincre ensuite et décroche les trois dernier combats, ce qui l'amène au kettei-sen face à Asashio.

Le kettei-sen est un combat passionnant, mais Asashio a l'avantage en terme de puissance brute, et finit par sortir vainqueur sur yorikiri. Toutefois, Kotogahama est quand même promu ozeki au bénéfice de son score superbe de 13-2.

Bien qu'il ait désormais la trentaine, Kotogahama commence fort sa carrière d'ozeki. Il est à nouveau dans la course au yusho comme shin-ozeki en mai 1958, avec un score de 11-1 à l'approche de la treizième journée. Mais il perd ses trois derniers combats. Il établit des scores à deux chiffres le restant de l'année, et on parle alors même d'une promotion de Kotogahama comme yokozuna.

Mais Kotogahama est contraint à l'abandon sur un score de 2-6-7 en janvier 1959, en raison d'une crise hépatique aiguë. S'il récupère rapidement, il aura des soucis de santé durant tout ce qui lui reste de carrière. Il doit abandonner sans un seul succès en septembre 1959, victime d'un oedème cardiaque et d'une crise de béri-béri.

En 1960, Kotogahama ne décroche le kachi-koshi que dans trois tournois, se retirant de deux autres et terminant make-koshi dans le dernier. A la fin de cette année, tout le monde le pense fini. N'étant pas parvenu au kachi-koshi depuis juillet 1960, il est kadoban lors du tournoi de janvier 1961.

En dépit de ses 33 ans, faisant face à une nouvelle génération de rikishi de dix ans ses cadets, et incapable de s'entraîner convenablement en raison de ses multiples ennuis de santé, Kotogahama produit un effort impressionnant en janvier 1961, comme ozeki kadoban. Il parvient au senshuraku avec un score de 12-2, et peut décrocher à 33 ans son premier yusho s'il remporte son dernier combat. Mais son adversaire est l'ozeki Kashiwado, 22 ans, qui a lui aussi un score de 12-2. C'est de toute évidence la toute dernière chance de Kotogahama de remporter un yusho.

Kotogahama bloque la charge de mule de Kashiwado, et tente de faire chuter le jeune ozeki avec sa vieille méthode en uchigake, mais Kashiwado conserve son équilibre. Il procède alors de repousser le vétéran, qui est au final contraint de sortir du dohyo.

Après ce répit final de janvier 1961, les vieilles blessures de Kotogahama reviennent en force. Il continue toutefois à combattre avec courage, survivant à un autre tournoi kadoban en septembre 1961.

La retraite de Wakanohana en mai 1962 attriste Kotogahama. Le départ de son ami fait de lui le dernier survivant de son ère dans le haut du panier. Après avoir établi un score de 10-5 lors de son dernier tournoi en position de kadoban en juillet 1962, Kotogahama doit abandonner à 2-8 en septembre, et annonce sa retraite lors du tournoi de novembre, à l'âge de 35 ans.

Kotogahama a emménagé dans la heya de l'ancien komusubi Kotonishiki, la Sadogatake-beya, en 1959. Comme Oguruma oyakata, moto-Kotogahama sert en tant que bras droit de Sadogatake au sein de la heya. Quand Sadogatake décède en juillet 1974, Oguruma se voit offrir l'opportunité de reprendre la heya, mais il décline l'offre. Il sert en tant que shimpan pendant un long moment, mais à la fin des années 1970, sa santé commence à se détériorer suite à des problèmes d'hypertension. Il décède à l'âge de 53 ans, le 7 juin 1981.

L'épouse de Kotogahama était la fille du sekiwake d'avant-guerre Banjaku. Leur fils, le second Kotogahama, devint également rikishi en 1982, et parvint jusqu'au rang de ms30, avant de se retirer en septembre 1991.

Kaiomitsuki
14/01/2010, 17h58
Merci Toonoryu :wink:
eh bien tu as traduit la photo de Nishinoshima plus vite que la lumière :wink:

pereboulon
14/01/2010, 18h04
Oui, c'est vrai ça, tu dors quand ? Magnifique traduction en tout cas.

dohko57
14/01/2010, 18h12
j'hallucine^^ !! bravo

t'es payé à plein temps par Info Sumo, c'est ça ? :lol:

toonoryu
14/01/2010, 18h38
Merci Toonoryu :wink:
eh bien tu as traduit la photo de Nishinoshima plus vite que la lumière :wink:

J'avais une heure à tuer cet après-midi... j'aurais fait plus vite si je m'étais vraiment tiré les doigts, mais bon, le quotidien nous bouffe des fois... :wink: