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Afficher la version complète : Sumo et vertèbres...



songlin
15/09/2009, 23h40
Pardon d'avance si je pose une question idiote, mais comme je l'ai déjà dit, pour le moment je suis plutôt en phase de découverte du sumo et surtout, je n'ai jamais eu l'occasion de pratiquer.

Quand je vois ces montagnes qui se jettent l'une sur l'autre, je ne peux pas m'empêcher de frémir pour leurs vertèbres. J'ai eu deux hernies discales, ça explique peut-être :lol: (c'est d'ailleurs la raison pour laquelle, bien qu'habitant en région parisienne, je n'envisage absolument pas de participer aux rencontres, à part peut-être côté cuisines 8) ).

J'en viens donc à me demander :
1/ si le mawashi joue un quelconque rôle de protection des lombaires (pour avoir porté un yukata avec ceinture, je me sentais drôlement bien maintenue, mais peut-être n'était-ce qu'une impression ?) ?
2/ quelle est l'incidence de blessures de type hernie discale chez les sumo ?

Si ça se trouve, ils ont les meilleurs exercices de renforcement dorsal qui soient... j'ai trouvé sur le site de la fédération japonaise les deux PDF d'exercices physiques, y a-t-il des gens ici qui les utilisent pour leur entraînement personnel ?

Merci d'avance de vos réponses (il manque vraiment un smiley qui salue à la japonaise :lol: )

konishiki
16/09/2009, 09h17
Le gros risque, ce sont les cervicales lors du Tachi-ai , ou des Nodowa et autres Tsupparri.

Un Rikishi amateur ou professionnel doit attaquer avec la tête lors de l'assaut initial. C'est impératif pour lui, de ce fait les cervicales sont en première ligne.
Idem pour les impacts sur Tsupparri ou Nodowa.
Dans les Luttes Olympiques ou traditionnelles, le renforcement musculaire du cou est obligatoire.
Il existe différentes méthodes. Dans mon club, nous le pratiquons à chaque fois.
Par expérience personnelle, j'ai négligé une fois cet échauffement et je l'ai payé cash avec une douleur lancinante au cou.

La technique de l'Hatakikomi peut être aussi un risque pour ces vertèbres, pour des raisons évidentes.

Le Dohyô étant plus haut que les rangs des spectateurs, les risques de chutes s'accroissent aussi pour la colonne vertébrale.
C'est pour cela que les lutteurs s'entraînent à chuter, à rouler lors de l'éreintant Butsugari-geiko.

Il faut noter que tous les Rikishi possèdent un cou fort avec de solides muscles : trapèze.

pereboulon
16/09/2009, 09h29
Le mawashi ne protège pas la colonne vertébrale, sauf peut-être pour le bas du dos, et encore, ce n'est pas évident. La seule protection, comme l'a souligné Konishiki est l'entrainement qui met un peu de muscle (et de graisse aussi pour les pro du sumo, mais ce n'est pas tellement valable autour de la colonne vertébrale) autour des os. C'est le cou qui prend le plus (Konishiki l'a bien expliqué en détail).

A propos de nos rencontres : personne n'est obligé de faire l'entrainement et avoir plus de monde à table après ne nous dérange pas, au contraire. Bref, tu es le bienvenu.

X-Philohana
16/09/2009, 15h01
Par contre, je peux apporter quelques petites précisions dues à mon expérience combinée de pathétique lutteur de sumo et de formateur en manutention.
Une hernie discale se produit typiquement (pas systématiquement, mais bien souvent) comme conséquence d'un portage inadapté techniquement: en particulier sur des charges éloignées du centre de gravité, par exemple. Au sumo, les conditions sont assez peu souvent requises, en grande partie parce qu'on n'essaye même pas... Un tsuridashi à bras tendus, on n'essaye même pas. Quand on fait l'effort de "relever" son adversaire en yorikiri, on le fait avec son bassin très proche de l'adversaire, bien collé, en essayant de "glisser" ses hanches en-dessous. Pareil pour un tsuri. Tout simplement parce que sinon, c'est impossible... Efficacité et protection vont de pair dans ce cas. Alors bien sûr, la pression sur les disques peut être très forte dans ces cas, mais elle reste dans l'axe "privilégié" où les coussinets sont conçus pour résister, et dans ces conditions, leur résistance est colossale.
Le risque est sûrement plus fort lors des chutes ou de brusques changements d'appuis, mais pour ce qui est des hernies, il y a assez peu de danger comme je l'ai dit. Parce que le sumo est une très bonne école de manutention! ;) Quasi impossible de faire un tsuri sans le "geste parfait" - celui où on ne peut pas se blesser.

toonoryu
16/09/2009, 17h53
Le gros risque, ce sont les cervicales lors du Tachi-ai , ou des Nodowa et autres Tsupparri.

Un Rikishi amateur ou professionnel doit attaquer avec la tête lors de l'assaut initial. C'est impératif pour lui, de ce fait les cervicales sont en première ligne.
Idem pour les impacts sur Tsupparri ou Nodowa.
Dans les Luttes Olympiques ou traditionnelles, le renforcement musculaire du cou est obligatoire.
Il existe différentes méthodes. Dans mon club, nous le pratiquons à chaque fois.
Par expérience personnelle, j'ai négligé une fois cet échauffement et je l'ai payé cash avec une douleur lancinante au cou.

La technique de l'Hatakikomi peut être aussi un risque pour ces vertèbres, pour des raisons évidentes.

Le Dohyô étant plus haut que les rangs des spectateurs, les risques de chutes s'accroissent aussi pour la colonne vertébrale.
C'est pour cela que les lutteurs s'entraînent à chuter, à rouler lors de l'éreintant Butsugari-geiko.

Il faut noter que tous les Rikishi possèdent un cou fort avec de solides muscles : trapèze.

Ce qui est confirmé par l'intai d'Ozakiumi, précisément des suites douloureuses d'un accident de la route subi il y a plusieurs années et où il avait été touché aux cervicales. Celles-ci n'ont pas résisté au traitement de choc que le corps subit dans le sumo professionnel, et ce brillant lutteur a dû finir par renoncer.

Satori
17/09/2009, 04h16
La question n'a rien d'idiote, au contraire.

Je suis assez d'accord avec ce qui a été dit précédemment, mais j'ai envie de rajouter ceci : si j'ai bien compris quelque chose de l'accident de moto qui m'a enlevé un tiers de ma tête fémorale droite il y a désormais 20 ans, et des années de sport qui ont suivi, c'est que la qualité musculaire autour de toute partie articulée de l'ossature est l'élément le plus important pour protéger l'ensemble, tant en termes de souplesse et de puissance, qu'en termes d'utilisation.

Ca ne suffit pas et en effet à terme, toute tension et tout choc important produit une certaine usure, et l'effet d'usure accumulé conduit à une fragilisation et à des douleurs, mais l'élément qui apporte le plus d' "amortissement" en cas de choc ou de tension, c'est le muscle autour de l'articulation.

Il n'est pas du tout innocent que le traitement habituel d'une personne ressentant des douleurs articulaires chroniques en particulier dans le dos, soit le renforcement musculaire. Quand on a mal au dos, le mieux c'est de faire du dos crawlé en piscine. Le muscle ainsi généré "protègera" l'articulation concernée par sa simple présence, en assumant une partie de la charge, de l'amortissement. C'est mécanique.

Or là, que ce soit au niveau du dos, des genoux, des hanches, on parle de sportifs de très très haut niveau qui passent leur temps à renforcer, assouplir et apprendre leurs muscles et la meilleure manière de les utiliser. Leurs muscles sont présents, importants, rapides et souples, résistants et habitués aux mouvements qu'on leur demande d'assumer.

La première fois qu'on chute, on se fait mal à moins de faire tout doucement, tout comme un enfant tombe sans arrêt lorsqu'il apprend à marcher. Au bout de la 1000ème chute, le cerveau et le corps sont tellement entrainés que la chute n'est guère plus marquante qu'une simple réception de saut. Et ça, c'est vrai de pratiquement tout...

Il ne faut donc pas voir les chocs des rikishi comme un choc où l'ossature est directement impactée. L'ossature est enrobée intégralement de muscles rodés à la tache, liés les uns aux autres, se croisant et se relayant, et ce sont les muscles qui assument 95% de l'impact. C'est un peu comme les sauteurs en longueur se réceptionnant : après 8m de "vol" et l'atterrissage de 80kg lancés qui s'en suit, ceci répétés des dizaines de fois par semaine pendant des années, on comprend bien que le résultat serait catastrophique si seuls les os et le cartilage assumaient la réception d'un tel poids. Heureusement, ce sont les muscles et les tendons qui font l'essentiel du boulot...

Cependant je comprends la question candide. Une personne "standard" n'a pas nécessairement naturellement un physique de golgoth, ni ne passe des heures par semaine à renforcer son corps pour pouvoir assumer de tels chocs. Au contraire, un personne au physique "standard", surtout avec notre mode de vie moderne, a des muscles plutôt atrophiés parce que globalement peu sollicités, et la moindre tension ou le moindre choc un peu plus violent que la normale impacte beaucoup plus directement les articulations ou les os, et les blessures se produisent donc beaucoup plus facilement.

Il est donc assez difficile au quidam de se représenter la relative facilité avec laquelle les lutteurs de très haut niveau assument de tels chocs, parce que le quidam possède sa propre échelle avec laquelle il mesure l'effet que ça lui ferait, à lui... Mais ça n'est simplement pas comparable, le corps du quidam n'ayant rien à voir avec le corps d'un sportif de haut niveau spécialisé dans une discipline donnée.

Ca ne veut cependant pas dire que les chocs entre rikishi sont anodins. Ce sont des chocs d'une grande violence qui laissent des traces à long terme, c'est évident. Mais les lutteurs ont des corps parfaitement préparés et habitués à les assumer. Instinctivement le corps se place comme il faut et se tend au moment du choc, en tout cas du mieux que c'est possible, du haut de l'expérience de centaines de chocs similaires et de milliers d'heures d'entrainement. On sait comment placer son bassin, on connait le meilleur angle pour les genoux, le buste, d'instinct, sans y penser.

Et la plupart du temps, les vertèbres n'encaissent rien du tout. C'est l'ensemble de la musculature qui assume, amorti, plie. Quant au mawashi, il joue un petit rôle au bas du dos en effet, mineur, de temps en temps, mais pas plus. Voilà ce que je peux personnellement te dire, d'expérience.

Satori