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Afficher la version complète : [Futagodake et Shiratayama ] Présentation générale.



konishiki
16/04/2009, 19h15
REPRODUCTION DE L'ARTICLE DE TONY ( avril 2009 ).

L’année 2008 a marqué la fin des années de service au sein du Nihon Sumô Kyôkai de deux anciens de l’ombre, Araisô et Tanigawa oyakata. Arrivés à l’âge limite d’exercice de fonction au sein de l’association (65 ans), ils ont quitté la scène sans grand bruit en raison de l’actualité tumultueuse d’alors. Néanmoins, il apparaît tout à fait naturel de leur consacrer un article célébrant leurs principaux faits d’arme sur le dohyô.

Araisô oyakata, de son vrai nom Yamanaka Takeshi, est né le 15 novembre 1943 dans le département le plus septentrional de l’île principale du Japon, Aomori. Plus précisément, il a grandi dans le village de Kanagi du district de Kitatsugaru (nord du département). De stature modeste, il n’en demeure pas moins qu’il possède d’excellentes prédispositions pour l’activité physique. Né dans une région où le sumô est roi, il ne s’y consacre sérieusement qu’à partir du collège. Ses études finies, il travaille dans la compagnie de gaz familiale. A la fin de l’année 1960, son ancien professeur de sumô au collège, recruteur du yokozuna Wakanohana I alors encore en activité, le contacte pour lui proposer de rentrer dans le milieu professionnel. Le jeune garçon accepte et intègre le Hanakago-beya pour le tournoi de janvier 1961 sous le shikona de Yamanaka.
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Futagodake et Shiratayama.


atif de Kagami, dans le district de Yatsushiro (Kumamoto-ken, Kyûshû), Tanigawa oyakata ou Shirata Hidetoshi voit le jour le 25 décembre 1943. Au lycée, il pratique l’athlétisme et en particulier le sprint mais n’éprouve que peu d’intérêt pour les études. Il commence sa seconde année de lycée avant de tout arrêter et de tenter sa chance dans le sumô professionnel. En plein été 1959, il intègre le Takasago-beya au sein duquel évolue le yokozuna Asashio. De frêle constitution et d’une grande blancheur, il fait plus jeune que son âge. Il prend le nom de Shiratayama.
De son côté, Yamanaka connaît une ascension sans véritable coup d’arrêt puisqu’il enchaîne vingt et un kachi-koshi (fiche globale positive) depuis ses premiers pas sur le dohyô (sans compter son troisième tournoi auquel il n’a pu participer). Lorsque son mentor, l’ancien yokozuna Wakanohana prend sa retraite et fonde le Futagoyama-beya, Yamanaka transforme son nom en Wakafutago. En novembre 1964, il devient sekitori (statut des lutteurs évoluant dans les deux premières divisions), le premier formé au sein du nouveau heya. Il ne s’installe durablement parmi les lutteurs salariés qu’un an et demi plus tard, à partir du tournoi de mars 1966 à Osaka. Il y obtient son premier score positif en tant que sekitori et change une nouvelle fois de shikona à l’issue de la quinzaine, il devient Futagodake. Moins d’un an plus tard, il accède à la première division (janvier 1967).

Pour Shiratayama, l’ascension fut plus ardue. Il ne devient sekitori qu’à l’issue du tournoi de novembre 1967, après plus de huit ans de haute lutte. Il est vrai que son physique l’a grandement handicapé dans sa progression. De taille moyenne (1,80m), il ne pèse pour ses premiers pas en seconde division que 80kg. Travailleur acharné, Shiratayama excelle dans la prise en morozashi (prise consistant à passer les deux mains sous ceux de l’opposant). Hormis un retour éclair en division makushita, à l’instar de Futagodake, il ne quitte plus les deux premières divisions jusqu’à la fin de sa carrière.

A la fin des années 1960, Futagodake est au sommet de son art. D’une très grande habileté technique, il est promu komusubi (quatrième plus haut grade) après seulement cinq tournois en makuuchi. Un an plus tard, en novembre 1968, il remporte le ginô-shô (prix de la technique), le seul de sa carrière, ce qui peut être considéré comme une injustice. En effet, dès ses débuts, il a su se constituer une palette technique impressionnante. Excellant en hidari-yotsu (prise main gauche intérieure), Futagodake est passé maître dans l’art du shitate-nage (projection avec prise intérieure) ou le plus rare sotomusô (fauchage extérieur avec la main de la jambe adverse). Du reste, son affrontement remporté grâce à cette dernière technique sur le brillant Kainoyama lors du Kyûshû basho 1968 est resté dans les annales comme un modèle du genre et contribua grandement à l’obtention de son san-shô. Son gabarit modeste (il ne monte pas à plus de 114kg pour 1, 78m) ne l’a pas empêché d’être un rikishi redouté. Grâce à un excellent timing au tachi-ai (départ du combat), il acquiert une grande dextérité dans le ketaguri ou le katasukashi. En novembre 1969, il signe un nouveau coup d’éclat et décroche sa seulekinboshi (étoile d’or) face au yokozuna Taihô.

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Futagodake lauréat du ginô-shô, aux côtés de Dairyûgawa (kanto-shô).


Lors du tournoi du Nouvel An 1971, Shiratayama remporte le titre en seconde division, ce qui lui ouvre les portes de la makuuchi, soit 71 tournois après ses débuts. Comme expliqué précédemment, c’est un gabarit très léger et il n’atteint la barre des 100kg qu’en 1970. Par ailleurs, il possède une technique remarquable (très habile en dashi-nage et sotogake) et surtout une très grande rapidité d’exécution, déroutante pour ses opposants. Il profite également de la forte émulation au sein de son heya puiqu’il côtoie à l’entraînement Takamiyama, Maenoyama, un temps ôzeki (deuxième plus haut grade) ou le jeune Fujizakura. Faisant partie du même ichimon (groupe de heya) que le Kokonoe-beya, il est fréquemment opposé au yokozuna Kitanofuji avec lequel il développe une solide amitié. Ils s’affronteront lors du tournoi de mai 1971 pour leur seule opposition officielle et il sera à plusieurs reprises son tachi-mochi lors du yokozuna dohyô-iri.
Au total, il participe à quatorze tournois en première division et atteint à son meilleur le grade de maegashira 4 (mai 1971). Il obtient quelques succès de prestige face à Hanada (futur Takanohana), Mienoumi, Kitanoumi, Wajima, Masuiyama ou encore Chiyonofuji alors encore eux-mêmes maegashira ou juryô. Il met un terme à sa carrière après le natsu basho 1977, sur le point de redescendre en troisième division.

Durant cette même décennie des années 1970, les performances de Futagodake sont moins flamboyantes et il rentre quelque peu dans le rang. Il ne réussit pas à remonter parmi les sanyaku (les quatre plus hauts grades) mais se maintient malgré tout en makuuchi. Au sein d’un heya où s’épanouit un grand nombre de sekitori (Takanohana, Daiô, Wakamisugi, Takanosato, Wakajishi), l’ancien komusubi fait maintenant figure d’ancien. Lors du tournoi d’automne 1976, après six revers consécutifs en début de tournoi, il annonce son intai (fin de carrière). Au total, il a disputé 57 tournois en division suprême dont trois en tant que komusubi.
Il reste au sein du heya, d’abord sous le titre de Shiratama avant de devenir Araisô. En mai 1993, il créé le Araisô-beya, indépendant du Futagoyama-beya désormais dirigé par l’ancien Takanohana. Araisô officie longuement en tant que shimpan (juge-arbitre) lors des tournois. En septembre 2008, le Araisô-beya est dissout et il termine son service au sein du Matsugane-beya de l’ancien ôzeki Wakashimazu.

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Danpatsu-shiki de Futagodake en mai 1977.



Quant à Shiratayama, sa carrière achevée, il devient Tanigawa oyakata d’abord au sein de son heya d’origine. Puis, il rejoint son ami, l’ancien yokozuna Kitanofuji, au Kokonoe-beya et enfin échoue au Hakkaku-beya de l’ancien yokozuna Hokutoumi. Il s’occupe surtout des jeunes recrues et leur enseigne les techniques et exercices fondamentaux de la discipline. Le maître connaît une certaine notoriété pour son excellent niveau de golf. Enfin, son aventure dans le monde du sumô se termine après la tournée hivernale 2008 dans son île natale du Kyûshû.

Pour l’anecdote, Futagodake et Shiratayama se sont affrontés à sept reprises, le premier l’ayant emporté cinq fois. On ne peut pas parler de rivalité entre les deux. En effet, ils n’ont pas évolué au même niveau et n’ont pas eu la même progression. Futagodake a été une figure marquante de la division makuuchi durant près de dix ans (1967-1976) (il a d’ailleurs été le tsuyu-harai de Tamanoumi lors du yokozuna dohyô-iri), alors que Shiratayama n’est jamais réellement parvenu à s’y maintenir.
Quoiqu’il en soit, ces deux hommes discrets et efficaces ont joué un rôle des plus estimables au sein du Nihon Sumô Kyôkai durant de longues années.

konishiki
16/04/2009, 19h16
Merci Tony pour ce bel article ! 8) :wink:

X-Philohana
16/04/2009, 23h44
... et je crois que le prochain détenteur de l'Araiso-kabu est déjà connu, non? ;)

toonoryu
17/04/2009, 11h58
Tu veux parler du détenteur ou du propriétaire ? Sont pas les mêmes, le propriétaire est le "grand espoir japonais" Kisenosato, mais le détenteur actuel est Kotonishiki, qui a abandonné le Asakayama-kabu (qui sera sans doute repris par Kaio au moment de son intai en 2018). A noter qu'il s'agit du quatrième emprunt de kabu en ce qui concerne moto-Kotonishiki.

konishiki
17/04/2009, 15h06
Concernant le " grand espoir japonais " , je voulais préciser ceci :kisenosato est encore jeune (23 ans).
Il a déjà atteint le rang de Sekiwake.
Il reste pour moi , un espoir .

Son oyakata , l'ancien yokozuna Takanosato a atteint le grade ultime très tard. Il fut surnommé le yokozuna de la patience.
Qui aurait dit vers la fin des années 70 , qu'il atteindrait ce rang ?

Kisenosato est encore jeune , laissons lui le temps.
Je vois toujours en lui un ôzeki potentiel.

Mais ce n'est que mon avis.
Je n'ai pas la science infuse !

Avoir été 10 fois San.yaku à 23 ans , ce n'est déjà pas si mal.
Pour moi , il reste un des espoirs avec Tochiôzan et Gôeidô.

Désolé Tony pour ce hors sujet !