PDA

Afficher la version complète : Idées reçues : Le Japon (Pelletier Philippe)



dohko57
07/11/2008, 16h04
Je viens de recevoir un livre intitulé Idées reçues : le japon, afin d'approfondir ma culture du japon.
Pourquoi en parler ici ?
et bien, j'aimerais partager avec vous, une idée que je trouve fort intéressante et qui émane de ce livre et qui concerne le sumo.
Je le cite " plus le symbolisme et le ritualisme sont complexes et mystérieux, plus il est facile de garder les étrangers à l'extérieur du groupe, et les membres à l'intérieur. cette tendance, qui se retrouve dans tous les domaines de la socioculture japonaise, explique le haut degré de sophistication de la plupart des activités (artisanales, artistiques et sportives)"
Je pense en effet que le sumo répond à cette définition. Et vous qu'en pensez vous ? n'hésitez pas à me faire part de votre opinion, chacun peut s'exprimer librement. Je lance une discussion, pas une polémique ;) !
c'est parti !
:D

toonoryu
07/11/2008, 16h15
Là, il y a un très large débat, plus large encore que le sumo à mon sens. C'est assez vrai en ce qui me concerne, mais j'émettrais le bémol que ceci n'est pas vrai uniquement pour le Japon (ayant servi dans des classes prépa militaires je sais ce que sont les aspects rituels dans les "sociétés" militaires, et elles n'ont pas grand-chose à envier aux "sociocultures" japonaises). D'autre part, j'ajouterais, mais avec une assurance moindre du fait de mes connaissances limitées dans le domaine, que je ne pense pas que ce soit vrai dans beaucoup de domaines de la société japonaise. La cérémonie du thé, les rituels shinto, tout cela est certes complexe, c'est aussi de plus en plus confidentiel. Comme toutes les activités traditionnelles qui ont un fort ancrage dans le passé. Se référer aux Compagnonage, à la Franc-Maçonnerie pour des équivalents bien de chez nous...

Débat vaste et complexe que tu lances là...

Winoyama
08/11/2008, 11h38
C'est tout à fait ainsi que je vois la culture japonaise dans son ensemble. La sophistication qui en émane lui confère un esthétisme que je ne retrouve personnelemnt dans aucune autre société.
Je suis un gros lecteur , mais seule la littérature japonaise me donne une telle sensation de beauté: c'est ainsi que les descriptions d'un Inoue ou d'un Kawabata enchantent mon âme là ou un Balzac ou un Proust m'ennuient profondémment. J'ai ainsi débuté le jeu de Go aprés avoir lu Kawabata, et me suis passionné pour la cérémonie du thé aprés avoir lu Inoue...

L'état d'esprit des japonais rebute ou déroute nombre d'occidentaux-La mère Nothomb n'a rien arrangée-, mais leur conception de l'honneur est tout de même une référence. Un Mishima peut apparaitre comme un personnage éxtrème, il est toutefois admirable de volonté et d'intransigeance, un personnage public qui se fait ainsi Seppuko, c'est rare de nos jours -Incomparable avec Hemingway ou Romain Gary, dont les actes demeurent inexpliqués-.

Le Sumo est au dela de l'art martial chargé d'une intensité tant sur les plans historiques et sociologiques qui le distingue de toutes les disciplines de combat, en tout cas pour moi. C'est le rituel et la tradition qui transcendent les combattants. Le seul exemple ritualisé hors sumo que je connaisse est le Haka que les néo zelandais et autres pratiquent dans nombre de sports, haka leur conférant une incontestable Aura.

Mais il est vrai que cette sophistication déroute souvent les non initiés...il faut dire que rien n'est simple : la langue japonaise ...!Dur dur! l'état d'esprit des nippons vis à vis des Gaijin qui ressemblent à s'y méprendre à "la conception Athennienne des civilisés et des barbares". De même le formalisme dans les rapports humains est assez raide et n'aide pas.
Il est sans doute complexe pour un esprit occidental de voir dans le Sumo autre chose que "des obéses gominés qui se poussent", je me souviens d'une parole de mon ex-belle mère devant un combat "C'est obscène!" avait-elle dit... Quelle cruche! Mais c'est sans doute assez symbolique de ce que pensent les non initiés...

pereboulon
08/11/2008, 14h55
Sur l'idée du livre telle qu'exposée par Dohko 57, je ne suis pas du tout d'accord. Les Japonais sont notoirement nationalistes, c'est un trait identitaire certain sans doute accentué par le fait qu'ils habitent une ile (et partagé par d'autres peuples, sur une ile ou pas, d'ailleurs). Mais de là à dire que les Japonais ont complexifiés leurs rituels pour faire en sorte que les étrangers en soient exclus me semble faux.

Les Japonais ont leur culture et comme toutes les cultures du monde, elle vit. Le processus qui aboutit à des pratiques culturelles toujours plus complexe me semble universel. Les Japonais se préocuppent sans doute moins que d'autres (au hasard, les Français) de ce que le monde peut penser de leurs moeurs et de leur culture. Il ne cherche pas particulièrement à l'exporter (se sont souvent les occidentaux qui sont demandeurs et qui viennent la chercher). Mais je ne pense pas qu'ils raffinent leurs rituels en pensant consciemment (ou même inconsciemment) qu'ainsi ils pourront exclure les étrangers. Non, ils le font parce que lorsqu'on a atteint un certain niveau de raffinement, on veut atteindre le niveau suivant et c'est une caractéristique très japonaise que de se perfectionner inlassablement.

Du reste, je ne trouve pas que la culture japonaise soit tellement difficile à comprendre pour un occidental (ou du moins un non Japonais). Au contraire, elle met l'accent sur la simplicité et ce qui est passionnant ce sont les subtilités de cette approche très simple. C'est une autre façon de voir les choses plus qu'une barrière infranchissable. Mais c'est valable pour toutes les cultures.

dohko57
09/11/2008, 21h23
Je suis tout à fait d'accord avec toi pereboulon. Je ne tiens pas à dire plus haut que les japonais élaborent volontairement leur culture en fonction de ce que peuvent penser l'extérieur, les étrangers. Au contraire, il s'agit ici d'une amorce de compréhension du fonctionnement culturel japonais qui ne prétend pas tout expliquer mais qui donne des pistes de compréhension.
je me permets de vous citer les quelques lignes qui suivent mon premier extrait : " cette sophistication a pour conséquence majeur d'exiger (des japonais et des étrangers par conséquent) une quantité considérable de temps pour l'apprentissage et la maitrise, autrement dit pour entrer dans le cercle des initiés."
Je trouve qu'en ce qui concerne le sumo, cela se vérifie, et les affaires récentes témoignent du fait, qu'un certain nombre d'étrangers ne comprennent pas ce fonctionnement si particulier.
merci pour vos réponses ! c super intéressant :D

Vienna_Logan
21/11/2008, 23h53
Je me permets d'ajouter que j'ai récemment rencontré cet auteur stéphanois au mois d'octobre. D'ailleurs j'ai failli lui acheter ce livre ! J'en ai pris un autre plus général. Il est prof à Lyon2. C'est un géographe spécialiste du Japon où il a vécu quelque temps. Je peux vous dire qu'il a l'air de s'y connaître vraiment bien ! (je dis il a l'air car je m'y connais pas grand-chose).

Sinon, sur l'extrait cité, je pense que le constat est juste, à savoir qu'il est difficile pour un profane de comprendre la signification des rituels. Mais bon il me semble tout de même que c'est un trait assez commun. Dans la plupart des cultures c'est un peu comme ça, les rituels sont toujours mystérieux et destinés aux seuls initiés.

Après, je pense plutôt que la sophistication est la cause et non la conséquence.... Qu'en dites-vous ?