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Afficher la version complète : Rétrospective Ozutsu



Tony
12/10/2008, 12h19
<div align="justify">Le dernier aki basho a été le dernier au sein du Nihon Sumô Kyôkai de l’ancien sekiwake Ozutsu, Tateyama oyakata depuis dix ans et l’une des valeurs sûres du sumô des années 1980.
Ayant évolué près de treize ans en première division, Ozutsu, par sa constance et son brio technique, demeurera dans la mémoire collective. Son départ, passé quelque peu inaperçu en raison d’une actualité très chargée, se devait d’être salué.




De son vrai nom Matsumoto Takeshi, le futur Ozutsu est né le 18 avril 1956 dans la ville de Yokkaichi (Mie-ken). Il est le fils d’un ancien sekitori, chef de file des juryô à son meilleur, le poids plume du Tokitsukaze-beya Kenryû Taketora.
Dans sa jeunesse, il pratique le karate avec assiduité. Au collège, sa constitution impressionnante (il mesure 1, 80m pour 96kg en troisième) et son excellence sportive lui permettent d’avoir une certaine notoriété locale. Début 1971, il rencontre l’ancien Omiyama (ancien juryô 13) qui lui permet de rentrer en contact avec Taihô, le légendaire yokozuna, lors du tournoi de mars à Osaka.
L’Izutsu-beya, l’Isegahama-beya et surtout le Tokitsukaze-beya, le heya de son père, approchent le jeune garçon. Mais enthousiasmé par sa rencontre avec le yokozuna, l’idole des années 1960, il décide d’intégrer le Nishonoseki-beya.

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Lors du natsu basho 1971, il débute en mae-zumô sous le shikona(nom de lutteur) de Daishin. Lors de ce même tournoi, Taihô annonce son intai et fonde dans la foulée le Taihô-< i>beya[/i]. Le disciple suit son maître.
Le futur Ozutsu monte progressivement les échelons, il accède à la division makushita en mai 1974, à seulement 18 ans. Quelques problèmes physiques retardent son ascension. Début 1977, il enchaîne les belles prestations et atteint la deuxième division au Nagoya basho. Culminant alors à 1, 84m pour environ 135kg, il n’y reste que durant un bref interlude de trois tournois.
L’année suivante, à Osaka, il réintègre la division juryô et troque son shikona de Daishin pour celui d’Ozutsu. Signe du destin ? Déclic mental ? Le jeune lutteur réussit de formidables performances. Vainqueur du tournoi en seconde division en septembre 1978 et second (jun-yushô) en janvier 1979, il est shin-nyûmaku (promu en division makuuchi) au haru basho 1979 à Osaka. Deux mois plus tard, il signe une retentissante fiche de dix gains pour cinq pertes, il obtient son premier kanto-shô ou prix de la combativité. Lors de l’aki basho (tournoi de septembre), il termine make-koshi(fiche négative) mais terrasse ses deux premiers yokozuna Wakanohana II et Mienoumi.



Premier lutteur du Taihô-beya à atteindre la division surprême, Ozutsu devient une des figures de proue de la nouvelle génération qui tente de pousser les monstres de la précédente vers la sortie. Il collectionne les places d’honneur, les kinboshi (littéralement « étoiles d’or », synonymes de succès d’un simple maegashira sur un yokozuna) et les san-shô (prix attribués en fin de tournoi).
En 1981, il réalise sa meilleure année en restant notamment trois tournois consécutifs parmi les sanyakû (ensemble des komusubi, sekiwake, ôzeki et yokozuna). Lors du haru basho, alors komusubi (quatrième plus haut grade), il remporte onze de ses quinze shôbu (affrontements) et termine à la seconde place derrière le yokozuna Kitanoumi qu’il avait défait lors du shonichi (première journée). Ozutsu est promu sekiwake (troisième plus haut grade) pour le tournoi suivant. Il termine kachi-koshi (fiche positive) et signe quelques succès importants (Takanosato, Asashio et Hokutenyû). Lors du Nagoya basho 1981, il concède le make-koshi (6-9) mais réintègre les sanyakû en novembre.




Doté d’un solide physique (1,83m pour environ 140kg), d’une technique fine et précise, Ozutsu s’avère être un poison pour nombre de hauts gradés, à commencer par le yokozuna Wakanohana II. Sur un total de treize confrontations, Ozutsu l’emporte six fois et obtient quatre kinboshi à ses dépens. Son arme majeure, son « spécial », est le dashi-nage que ce soit en uwate ou en shitate. Son point faible reste sa relative lenteur mais, il est un travailleur acharné et enthousiaste.
Ce merveilleux technicien ravit le public par son style inspiré et ses oppositions avec le sekiwake Dewanohana, l’homme à la poigne de fer, devient un classique du genre très attendues pas les amateurs avertis. Pendant près de dix ans (de 1979 à 1988), les deux rikishi s’affrontent lors de shôbu souvent palpitants, véritables enchantements pour les yeux. A l’issue de ces années de rivalité, les deux hommes repartiront dos-à-dos avec douze succès chacun.
Autre grand rival, le sekiwake Daijûyama, que le rikishi du Taihô-beya affrontera à vingt-six reprises pour quatorze succès.





Ozutsu traverse la décennie 1980 sans encombre mais rentre dans le rang. Il n’est jamais réellement parvenu à confirmer toutes les attentes placées en lui. Il réalise encore quelques performances remarquables telles que sa deuxième kinboshi obtenue en mars 1986 face au yokozuna Chiyonofuji.
L’ancien sekiwake demeure un lutteur redoutable et débute les années 1990 la trentaine triomphante comme un inamovible pilier de la première division. Il tutoie même à nouveau les rangs sanyakû à plus de 34 ans. Sa longévité impressionne et, à l’instar de nombreux vétérans, il est soutenu avec ferveur.
Mais l’année 1991 sonne le glas d’une génération admirée et révérée par le public. Chiyonofuji quitte la scène lors du natsu basho 1991. Les anciens sekiwake Daijûyama et Tagaryû, puis les yokozuna Onokuni (juillet 1991), Asahifuji (janvier 1992) lui emboîtent le pas.
En janvier 1992, Ozutsu est maegashira 15 côté est, son plus mauvais classement depuis le hatsu basho 1979. Après une seconde catastrophique, il termine avec une fiche de 4-11, synonyme de rétrogradation en division juryô. Il ne se relève pas de ce revers et après deux nouveaux make-koshi, il annonce son intai lors du senshuraku (dernière journée) du natsu basho 1992.
Au total, Ozutsu a participé à 78 tournois consécutifs en première division (troisième total), et à 1170 torikumi (combats) à ce niveau (deuxième total). Trois fois sekiwake, huit fois komusubi, il a remporté un kanto-shô (mai 1979), deux shukun-shô (septembre 1981 et 1983), un gino-shô (mars 1981) et dix kinboshi.



Une fois sa carrière terminée, le toshiyori-kabu (titre d’ancien) d’Odake oyakata lui est prêté par son maître Taihô oyakata. En mai 1997, l’ancien ôzeki Daijû change de toshiyori, il devient Asahiyama oyakata et permet à Ozutsu de porter son ancien nom, celui de Tateyama oyakata. En effet, le titre d’Odake était destiné au gendre de Taihô oyakata alors en activité, Takatôriki.
Toutefois, le toshiyori-kabu de Tateyama est acheté par Tamakasuga et lorsque celui-ci annonce sa retraite au soir de la quatorzième journée de l’aki baso 2008, l’ancien Ozutsu, sans toshiyori, quitte le Nihon Sumô Kyôkai.

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konishiki
12/10/2008, 14h31
Merci Tony !

L'article est excellent comme toujours !

pereboulon
12/10/2008, 23h04
Très bel article, en effet. Et encore un rikishi moins connu qui est mis en lumière, un ! Un grand merci.

dohko57
13/10/2008, 10h00
superbe article ! merci tony !!
1981 : quelle bonne année !! :lol: