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Afficher la version complète : Un article sur Futenô



Sakana
29/01/2008, 22h33
C'est en anglais, c'est sur Futenô : une sorte de "tranche de vie". L'auteur veut en gros savoir ce que fait un lutteur de sa journée ou de sa soirée.

Lien : http://www.asahi.com/english/Herald-asahi/TKY200801250050.html


With that in mind, we traveled recently to Ryogoku, the heart of sumo in Tokyo, to pin one of these little-known giants down and find out what makes them tick.

Who are these mysterious men wearing next-to-nothing on our television screens every night? What made them get into sumo in the first place? What makes them continue plugging away despite the hardships and relative obscurity? And what, pray tell, do they do in their spare time aside from eat, sleep and train?

Our target: No. 12 maegashira Futeno.

:)

toonoryu
30/01/2008, 16h47
J'essaierai de me dégotter un peu de temps libre pour le traduire dans les jours qui viennent... Stay tuned

yomugi
30/01/2008, 16h53
Merci pour l'info. Dommage que l'article soit si court !

konishiki
31/01/2008, 11h15
Merci beaucoup pour l'article et la traduction ! :wink: :D

dohko57
31/01/2008, 11h34
merci pour ces infos ! la langue de shakespeare n'est pas toujours un obstacle ;) 8)

toonoryu
31/01/2008, 15h26
Et voilà...


SUMO : Futeno vit sur le dohyo ses rêves d'enfant.

Il n'est pas un jour sans que le yokozuna Asashoryu ne soit nommé dans les journaux ou à la télévision. Celui qui est le roi incontesté du sumo depuis quelques années fait naturellement graviter les caméras et les micros autour de lui.

Ceux qui bataillent en dehors des rangs d'ozeki et de yokozuna, pendant ce temps, sont largement ignorés de tous, en dehors des magazines spécialisés de sumo. Ce n'est que quand ils créent la surprise sur l'un de leurs plus prestigieux adversaires, ou qu'ils contreviennent à l'une des nombreuses règles de l'Association Japonaise de Sumo telle que – stupeur et tremblement ! - celle prohibant la conduite automobile, qu'ils peuvent jouir d'une couverture médiatique conséquente.

C'est avec ce fait à l'esprit que nous avons fait récemment le voyage vers Ryogoku, le coeur du sumo à Tokyo, pour coincer un de ces géants méconnus et trouver ce qui les fait avancer.

Qui sont ces hommes mystérieux et quasi-nus qui apparaissent sur nos écrans de télévision quasiment chaque soir ? Quelle a été leur motivation pour arriver dans le sumo ? Qu'est-ce qui les fait continuer en dépit des difficultés et d'un relatif anonymat ? Et enfin, je vous prie, que font-ils de leur temps libre une fois fini de manger, dormir, et s'entraîner ?

Notre cible : le maegashira 12 Futeno.

Pour le non-initié, trois heures de l'après-midi est une heure saugrenue pour trouver un bâtiment entier empli de gens en train de dormir.

Mais la Dewanoumi-beya est dans les vapes.

Il faut trois tentatives pour réveiller le réceptionniste, un personnage gigantesque qui émerge lentement de la pénombre tel un supertanker d'une mer de brouillard. Sa simple carrure démontre à l'évidence que répondre à la porte n'est pas son boulot habituel.

Le gros homme frotte lentement ses yeux et nous fait signe placidement de le suivre pour monter une volée de marches. Il déambule dans les escaliers et arpente un couloir, le long d'une grande chambre où une demi-douzaine de lutteurs repus de leur déjeuner et étendus à dormir sur une mer de futon. Une symphonie de ronflement emplit les airs.

Notre port d'attache est une pièce au fond du couloir qui appartient à Futeno, le lutteur leader de la confrérie. Heureusement pour nous, il est debout et bien réveillé.

En tant que Number One de la heya, Futeno jouit de petits conforts que ne connaissent pas ses camarades moins bien classés : quatre murs bien à lui, pour commencer.

Pour autant, pour un athlète professionnel classé aussi haut dans la hiérarchie qu'il l'est – le natif de Kumamoto, âgé de 27 ans, est classé maegashira 12 au basho de ce mois, ce qui en fait l'un des trente meilleurs au monde dans son sport – il y a un surprenant manque de, ben en fait de tout, dans son petit coin de bâtiment de Ryogoku.

Il n'y a aucun signe ostentatoire de richesse, juste une télévision écran plat, un lecteur de dvd et un ordinateur portable sur une petite table basse. Contre un mur décoré de photos en patchwork d'amis et de membres de la famille, repose un futon enroulé. Le reste de ce glorieux placard est nu.

Il est difficile d'imaginer ne serait-ce que le plus modeste des joueurs pro de baseball ou de football qui soit prêt – sans même parler d'être capable – à faire preuve d'un tel ascétisme.

Mais c'est la vie telle que Futeno la connaît, la seule dont il ait été familier. Quand on l'enjoint à se demander quelle carrière il aurait pu embrasser s'il n'était pas entré dans le sumo, Futeno reste coi.

« C'est vraiment une question effrayante. On pourrait penser que le sumo n'est qu'une partie de soi, mais depuis le plus jeune âge la seule chose à laquelle j'ai jamais pensé a été le sumo », me dit Futeno. « je n'ai pas la moindre idée de ce que j'aurais fait. Je ne peux même pas envisager une réponse. Le fait est que je n'ai pas beaucoup de hobbies, donc en ce sens je crois que j'étais destiné à devenir sumotori ».

Futeno est étonnamment franc et bien plus enjoué en personne qu'il n'apparaît quand il est dans sa partie. Il choisit ses mots avec soin avant de s'exprimer et ponctue la fin de la plupart de ses phrases avec un sourire. Quelques minutes en compagnie de ce gentil géant et on ne peut que se demander si cette personnalité attachante ne constitue pas un frein à son avancée dans ce sport.

Mais ce qu'il lui manque en méchanceté, il le compense par son acharnement au travail. Et son nom en témoigne.

« c'est mon père qui a trouvé le nom de Futeno. Je viens d'un endroit qui s'appelle Tensui et j'avais vraiment envie d'employer le kanji 'ten'. En plus, 'futen' signifie apparemment 'tout dans l'univers'. 'Teno' vient d'une vieille histoire au sujet d'un garçon qui travailla dur pour protéger une montagne. Donc, dans mon esprit, le tout signifie quelqu'un qui travaille dur en tout ».

Né sous le nom d'Izumi Uchida le 28 août 1980 dans une famille d'exploitants d'orangers, Futeno s'est dirigé vers le sumo « aussi naturellement que d'autres gamins vont vers le baseball » quand il était à l'école primaire.

Il y a été encouragé à la fois par la popularité de ce sport dans son village natal et par sa carrure qui s'étoffa rapidement.

« J'étais un peu enveloppé quand j'étais enfant. Non, enlevez ça. J'étais gros. J'étais le seul gamin gros de ma famille, donc du fait de mon environnement et de mon type physique, ça semblait simplement s'imposer ».

Futeno fut soutenu totalement par ses parents dans sa quête de son rêve d'enfant de devenir professionnel, bien qu'à la différence de la plupart des jeunes lutteurs, il ne fut pas autorisé à rejoindre une confrérie immédiatement après ses études au collège. Son père insista pour qu'il effectue des études normales d'abord.

Futeno resta à Kumamoto jusqu'à la fin du lycée, après quoi il déménagea à Tokyo pour aller à l'université. Il s'éleva rapidement au rang de yokozuna amateur, gagnant ainsi son billet d'entrée chez les professionnels.

Sur les conseils d'un ancien sensei, Futeno rejoignit la Dewanoumi-beya, qui était la plus puissante confrérie du pays au cours des ères Taisho et Showa avant la guerre, et dont les traditions et la réputation impressionnèrent le jeune Futeno.

« Pour être complètement honnête, je ne peux pas dire quelles sont les différences entre les différentes confréries. Ce n'est pas que l'une soit bonne et l'autre mauvaise. Mais j'ai favorisé les endroits avec une longue histoire parce qu'ils savent ce qu'ils font. J'ai aussi pensé qu'il serait mieux d'aller quelque part où il y avait beaucoup de lutteurs pour bénéficier d'un large éventail de styles et de forces à l'entraînement ».

Culminant désormais à 180 cm pour 155 kilos, Futeno lutte chez les professionnels depuis cinq années et demi, et a accumulé un total respectable de 225-217-4 à la douzième journée du basho en cours du Nouvel An. Son score au sein de la division reine, qu'il a rejointe en mars 2004, est de 164-174-4.

Futeno ne semblait pas avoir de limites jusqu'en 2005, avant qu'il ne se déchire les ligaments de sa cheville droite, ce qui le contraignit à se retirer du basho de novembre. Un peu plus tôt cette année là, il avait enregistré ses deux meilleurs score (11-4, 10-5) et s'était élevé au rang de komusubi, seulement trois rangs en dessous de celui de yokozuna. Il remporta également les prix de la technique et de la combativité cette année là.

Futeno me dit que sa blessure lui a fait voir sa carrière sous un angle complètement nouveau et l'a rendu plus déterminé que jamais de profiter à fond de toutes les opportunités qui peuvent se présenter à lui, dans le sumo comme dans sa vie.

« Je voulais guérir ma cheville aussi vite que possible parce que le classement chute tant qu'on est éloigné des dohyo », me dit-il, « et je n'arrêtais pas de me dire que j'avais parcouru le chemin entier jusqu'à Tokyo et que j'avais subi tant de choses qu'il me fallait faire en sorte que tout cela en ait valu la peine ».

Futeno s'est débrouillé de manière admirable pour revenir de sa blessure et prendre part au tournoi suivant, terminant avec un score de 9-6. Mais il peine depuis à rester régulier, enregistrant une alternance de résultats positifs et négatifs. Fidèle à ce schéma, après avoir chuté avec un score de 6-9 en novembre, il enregistre d'ores et déjà un score de 8-4 après une douzaine de journées de ce basho du Nouvel An.

Maegashira moyen, Futeno n'a aucune ambition de devenir rapidement yokozuna. Il préfère se fixer des buts plus modestes, plus réalistes, qu'il pourra réévaluer plus tard.

« Viser le rang de yokozuna n'est pas réaliste en ce qui me concerne pour l'instant. Avant de n'envisager que de ne serait-ce que sentir les effluves des yokozuna, il faut d'abord arriver au rang de sekiwake. Donc le rang le plus élevé que je vise désormais est celui-ci. Une fois que j'aurai atteint ce niveau mon but changera à nouveau. Mais dire dès le départ qu'on veut être yokozuna... bon, j'imagine que chacun a sa façon de voir les choses... mais personnellement j'ai le sentiment que ce n'est pas réaliste et qu'il est plus bénéfique de viser un rang après l'autre ».

Alors que l'interview s'approche de son terme, la pensée de sa demi-douzaine de camarades toujours endormis amène une dernière question.

Qu'est-ce qui motive Futeno – et tous les autres – pour tenir bon l'an mal l'an avec ce qui semble être si réduit en terme de récompenses immédiates ?

« Quand je suis arrivé là dedans, je voulais juste connaître quelle force je pourrais atteindre » dit Futeno. « j'ai toujours le même sentiment, j'ai toujours la motivation de m'améliorer et de faire tout ce que je peux pour devenir de plus en plus fort ».

« Sans le sumo », ajoute-t-il, répondant finalement à une question posée plus tôt dans l'entretien, « je serais probablement devenu un ouvrier travaillant à heures fixes. J'aurais sans doute eu une vie normale. Je considère ce que j'aurais fait de ma vie si je n'avais pas eu le sumo, et je suis terriblement heureux d'avoir le sumo dans ma vie ».

konishiki
31/01/2008, 15h52
Merci Toonoryu !

Attachant Futueno !

X-Philohana
31/01/2008, 15h53
Assez drôle de présenter Futeno comme un "oublié des médias", un obscur... Avec la distance, les pensionnaires de la makuuchi nous sont assez familiers, et Futeno est tout sauf anonyme. Être sekitori est déja un sommet en soi-même; beaucoup de lutteurs n'y arrivent jamais, et ce n'est pas faute de dévouement et de sacrifices. Mais faut croire que le grand public, même au Japon, ne voit que les têtes d'affiches... Ce que me disait un collègue japonais y'a pas longtemps, juste après la promotion de Kotomitsuki: "Ah oui, je suis surpris que tu le connaisses, parce qu'au Japon il est quasiment inconnu 8O "... Faut croire que nous sommes tellement avides d'information avec le recul qu'on absorbe tout!
Remarquez, on me demanderait qui est n°25 mondial en tennis, hein...

Sakana
31/01/2008, 15h54
Est-il légalement possible d'en mettre la copie traduite en accueil du site ? :)

toonoryu
31/01/2008, 16h17
Assez drôle de présenter Futeno comme un "oublié des médias", un obscur... Avec la distance, les pensionnaires de la makuuchi nous sont assez familiers, et Futeno est tout sauf anonyme. Être sekitori est déja un sommet en soi-même; beaucoup de lutteurs n'y arrivent jamais, et ce n'est pas faute de dévouement et de sacrifices. Mais faut croire que le grand public, même au Japon, ne voit que les têtes d'affiches... Ce que me disait un collègue japonais y'a pas longtemps, juste après la promotion de Kotomitsuki: "Ah oui, je suis surpris que tu le connaisses, parce qu'au Japon il est quasiment inconnu 8O "... Faut croire que nous sommes tellement avides d'information avec le recul qu'on absorbe tout!
Remarquez, on me demanderait qui est n°25 mondial en tennis, hein...

Le grand public japonais ne connaît que les yokozuna, plus quelques figures emblématiques de la pub comme Takamisakari ou Kotooshu, donc effectivement, l'auteur peut employer le qualificatif d'anonyme en l'occurence...

dohko57
31/01/2008, 16h45
J'ai personnellement trouvé cet article super intéressant ! merci encore toonoryu !
Je le trouve plutôt sympathique ce lutteur et je suis heureux de voir qu'il a reussi le dernier basho ! En espèrant le voir progresser dans le classement et parvenir à pleinement montrer sa force, il faudrait pour cela qu'il soit épargner par les blessures, malheureusement c'est le lot de beaucoup de lutteurs !

toonoryu
31/01/2008, 17h11
J'ai personnellement trouvé cet article super intéressant ! merci encore toonoryu !
Je le trouve plutôt sympathique ce lutteur et je suis heureux de voir qu'il a reussi le dernier basho ! En espèrant le voir progresser dans le classement et parvenir à pleinement montrer sa force, il faudrait pour cela qu'il soit épargner par les blessures, malheureusement c'est le lot de beaucoup de lutteurs !

Futeno a d'ores et déjà montré ses limites depuis cette fameuse blessure, et ne parvient plus à confirmer les espoirs placés en lui quand il déboulonna si je me souviens bien Asashoryu lors d'un shonichi alors qu'il était classé komusubi. Comme beaucoup d'espoirs japonais, il ne parvient pas à franchir le cap, et est devenu surtout un rikishi ascenseur (les stats de SFM sont assez éloquentes en ce qui le concerne)

konishiki
31/01/2008, 18h30
Il étaient aussi concurrent en sumô amateur. Lors d'une finale de tournoi en sumô amateur , Futuenô avait vaincu Asashôryû . Ce dernier avait le crane rasé !

Asafan
31/01/2008, 18h42
Il étaient aussi concurrent en sumô amateur. Lors d'une finale de tournoi en sumô amateur , Futuenô avait vaincu Asashôryû . Ce dernier avait le crane rasé !

Le voilà avec son crâne rasé à Meitoku Gijiku High School :wink:

http://img88.imageshack.us/img88/659/picture075xk2.jpg

Kotononami
31/01/2008, 18h58
Merci pour le boulot de traduction Toon.
Très interessante cette interview dénichée par Sakana.