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Afficher la version complète : Konishiki article Sports Illustrated exclusif de 1992 !



Kaiomitsuki
30/09/2004, 14h32
j'ai retrouvé par hasard cet article dans un vieux Sports Illustrated de mai 1992 sur Konishiki. Article intitulé "Meat Bomb"

J'ai scanné cela (chaque photo fait envrion 250 à 300ko). Il y a 12 pages !

J'espere que cela va vous plaire !!!!!

KONISHIKI : Meat Bomb (http://membres.lycos.fr/kaiou/konishiki/konishiki.htm)

Azumashida
30/09/2004, 14h37
Pas encore lu, mais merci!

Kaiowaka
30/09/2004, 14h38
Konishiki comme on ne l'avait jamais vu !

Excellent et merci !

nabudetoulouse
30/09/2004, 20h54
super , merci

encore un kesho mawashi que je découvre :!:

deniishu
30/09/2004, 21h32
je suis vraiment heureux de pouvoir voir quelques photos de cet ancien rikishi mais comme j'ai un très mauvais anglais sera t'il possible d'en avoir une traduction quand celà sera possible voir dans le monde du sumo

merci d'avance si celà peut se faire :D

Musashimaru
30/09/2004, 21h51
super trouvaille Kaio!! je l'ai mis dans mes favoris avec le site officiel de Konishiki!! vive konishiki et la grande époque des hawaiens!!! 8)

Konosato
30/09/2004, 22h09
Kaio, c'est vraiment tip top (comme on dit en Suisse-française) ton truc sur Konishiki. L'anglais ce n'est pas mon fort, mais j'ai bien apprécié les images. Merci.

Kaiomitsuki
30/09/2004, 22h31
Sports Illustrated dont est issu l'article sur Konishiki fete ses 50 ans cette année et sur leur site je viens de retrouver le texte de l'article (sans les photos).
A priori pour les 50 ans du magazine ils ont choisis 50 articles (1 par Etat)
et c'est celui que je vous ai retrouvé qui a été choisi pour representer Hawaii

http://sportsillustrated.cnn.com/magazine/features/si50/states/hawaii/flashback/

J'espere que le lien restera !!!

pereboulon
01/10/2004, 10h45
Formidable et long article sur Konishiki ! Je n'ai pas eu le temps de le lire autrement qu'en diagonale (manque de temps) mais je le trouve déjà extraordinaire. Il fourmille de détails sur l'attitude des japonais vis à vis de Konishiki (l'article est assez critique) et notamment sur le fait qu'il n'a pas été nommé yokozuna. On en apprend aussi beaucoup sur le très dur traitement des sumotoris, surtout les plus prometteurs.

Bref, c'est une vraie merveille et je vais essayer de le traduire, au moins par petits bouts. Pour ceux qui ne lisent pas l'anglais, surveillez ce post.

skydiver
02/10/2004, 19h09
C'était effectivement un bon article de S.I. qui a ainsi mieux traité les rikishi que les boxeurs. Au moins celui ci était correctement documenté, relativement exhaustif et plutot objectif.
Merci de le faire "remonter à la surface".

pereboulon
06/10/2004, 14h56
Voila le début de l'article. J'ai pris le parti de traduire "meat bomb" par bombe de chair (meat = viande en anglais).

"Une nouvelle fois, le Japon est menacé par un maraudeur grand comme une montagne et qui écrase tout sur son passage. Une nouvelle fois, les éclairs suivants le tumulte de ses pas ont embrasé le pays des ruelles d’Ozaka au château Atami à Nagoya. Et une nouvelle fois les maitres de ce pays insulaire font tout pour l’arrêter. Seulement cette fois-ci, l’ennemi n’est pas un saurien cracheur de feu de 50 000 tonnes nommé Godzilla. Non, maintenant il s’agit d’un être humain, un lutteur de sumo surnommé la bombe de chair.

Godzilla, si vous vous souvenez bien, était ce monstre engendré par les radiations nucléaires qui vint sur l’archipel après avoir été libéré par des scientifiques américains. La bombe de chair, dont le véritable nom est Salevaa Atisanoe et qui combat au japon sous le psudonyme de Konishiki, est un monstre d’origine hawaïenne qui a la manière d’un surfeur a attrapé la vague du sumo alors qu’il était peinard à Waikiki. « Quand je suis parti de chez moi pour Tokyo en 1982, je ne connaissais pas le sumo » explique le premier non-japonais a avoir réussi à atteindre les plus hauts grades de cet obscure sport multiséculaire. « En fait je ne savais même pas que Godzilla avait atteint les côtes japonaises. A cette époque je m’intéressais plus aux séries policières comme Hawaï police d’Etat »

Il y a aussi de légères différences entre les deux. Konishiki (prononcez Ko-nish-ki) est particulièrement poli. Il s’incline respectueusement, particulièrement devant ses supérieurs, son comportement est emprunt de solemnité. « Godzilla était formidablement mal-élevé » remarque Michael Browning, un correspondant du Miami Herald pour l’extrème orient. De plus, alors que Godzilla craignait les lignes à hautes tension, Konishiki lui se révèle lors de face à face électriques. Cependant, comme l’indique Browning : « les deux ont de l’estomac à revendre ».

Pour ce qui concerne le système digestif, aucun athlète n’arrive à égaler Konishiki. Il mesure en effet 1 m 85 et pèse 263 kg : il a pour ainsi dire la forme d’un cube. Enorme masse molle et flasque, il pèse pratiquement 80 kg de plus que le lutteur de sumo ordinaire, 45 de plus que son plus pesant rival et 20 de plus que la famille japonaise moyenne. « Ces 263 kg sont trompeurs » dit Konishiki. « 20 kg sont toujours en train de se secouer ». Une quantité de grands morceaux de chairs protubérants sont accrochés autour de son corps. Ils partent de sa poitrine, se déversent sur tout son corps ondulant autour de ses bras ou de ses jambes. Le ventre de Konishiki est si imposant que vous pourriez cacher une dinde entière dans son nombril. Sa carcasse semble se déplacer en grandes sections : lorsqu’il se retourne trop rapidement, le reste de son corps a besoin de quelques secondes pour le suivre."

La suite au prochain numéro.

Asafan
06/10/2004, 15h26
beau boulot, Pereboulon :) Ma faculté de lire l'anglais étant proportionnelle à ma paresse, j'ai préféré attendre ta traduction. Et je ne suis pas déçue. C'est très bien écrit. Vivement la suite!!! :wink:

Konosato
06/10/2004, 21h25
Ah! merci pour la traduction Pereboulon :) Très bien tourné cet article. J'attends la suite avec impatience.

pereboulon
09/10/2004, 13h57
Merci pour les compliments. Je ne traduis pas très vite car j'ai beaucoup de boulot en ce moment, mais voici la suite.

"A une époque ou les élites japonaises sont critiquées pour leur protectionnisme anti-américain, une importation de l’oncle sam a réussi à se hisser pratiquement au sommet de leur sport national. En effet Konishiki est le premier étranger à avoir atteint le rang d’ozeki (champion). Il a gagné deux des trois derniers bashos et a fini à une très respectable troisième place dans l’autre – un parcours qui devrait normalement être suffisant pour faire pencher la balance en faveur de son élévation au grade de yokozuna (champion suprême). Cependant l’énorme succès de Konishiki pose un dilemme géant à l’association des dirigeants de ce sport : la très ésotérique Sumo Kyokai. Aucun gaijin (« étranger » en japonais) n’a jamais eu l’honneur d’être promu yokozuna et la Kyokai est frileuse à l’idée de créer un précédent avec Konishiki. En mars dernier, le conseil s’est réuni suite à la victoire de Konishiki au basho d’Osaka et décida que la question de son accession au plus haut grade ne se ferait qu’à l’issue des deux semaines du tournoi de Tokyo qui a débuté dimanche. Bien sur Konishiki a réussi un score de 13-2 lors du dernier basho. Mais les membres du conseil considérent que ses deux défaites étaient exécrables. « Nous voulons être vraiment certains que Konishiki a l’étoffe d’un champion suprême » expliqua Hideo Ueda, un des dirigeants du sumo. « C’est pour cette raison que nous avons décidé d’attendre l’espace d’un autre tournoi ».

Le yokozuna est le sommet d’une pyramide hiérarchique d’environ 800 lutteurs. « Les yokozuna sont immortels »nous dit Konishiki avec beaucoup de respect. « C’est comme entrer au panthéon. Tu y restes toute ta vie, mon gars ». L’intronisation d’un yokozuna - un événement qui ne s’est produit que 62 fois depuis la naissance du sumo moderne au milieu du 18eme siècle – se fait à l’issue d’une cérémonie complexe de 3 heures qui se déroule sur les très vénérables terres sacrées de Meiji à Tokyo. Alors que les autres lutteurs changent de grade en fonction de leurs résultats, un yokozuna ne peut pas être rétrogradé. Mais dans les faits il est contraint de se retirer lorsqu’il se met à perdre plus de combats qu’à en gagner. Ce genre de chose arrive généralement après la trentaine. A ce moment là le lutteur se fait couper les cheveux et se retire pour une retraite bien méritée.

Comme actuellement il n’y a plus de yokozuna en activité – le dernier en date s’est retiré vendredi dernier à cause de ses blessures – la Kyokai cherche désespérement à pérenniser le plus haut grade en intronisant de nouveaux candidats potentiels. « Qu’on le veuille ou non, le sumo est du show-biz » explique Lynn Matsuoka, une tokyoïte illustratrice de livres sur le sumo. « Les yokozuna ne sont pas seulement là pour le folklore, ils attirent le public en masse » Si on s’en tient aux seuls résultats, Konishiki est le meilleur candidat. Mais la Kyokai est écartelée entre son désir d’améliorer la popularité du sumo et sa volonté de ne pas diluer ce qu’elle considère comme un héritage vivant.

Ce qu’on attend d’un yokozuna c’est soit de gagner les tournois soit d’être au moins dans les meilleurs. Cependant, il existe une autre exigence, plus subtile, plus difficile à apréhender : l’hinkaku. L’hinkaku est une sorte d’aura quasi mystique et inné de dignité qui, selon les japonais, manque cruellement aux occidentaux. Les plus nationalistes des japonais sont carrément contre l’idée d’accorder l’honneur de yokozuna à un non-japonais. Le romancier Noboru Kojima a ainsi écrit dans un récent numéro du mensuel Bungei Shunju que la promotion de Konishiki « pourrait ouvrir la voie à la renonciation de l’ identité de la culture spirituelle japonaise » Le titre de son article « Nous n’avons pas besoin d’un yokozuna étranger ». "

La suite est plus intéressante et s'attache notamment à la dure vie des lutteurs de sumo : la traduction viendra au plus vite (j'espère :roll: ).[/i]

toonoryu
10/10/2004, 10h43
Pèreboulon, j'espère que tu ne m'en voudra pas, mais comme j'avais un moment à perdre ce week end, j'ai continué la traduction. Voici donc la suite (fait assez rapidemùent, pardonnez moi pour les fautes éventuelles)

Mais les connaisseurs du sumo soulèvent une autre objection. Konishiki, disent-ils, a transformé un combat stylé et antique en une course au poids. Les règles du sumo sont simples. Vous gagnez en amenant votre adversaire au sol ou en dehors du cercle de paille de riz, de 4,5 m, qui consitue l'aire de combat. Vous perdez si une quelconque partie de votre corps autre que la plante de vos pieds - même vos cheveux - touche le sol. Les combats ne durent généralement que quelques secondes, très peu vont au-delà de vingt. Un lutteur de la taille et de la force de Konishiki, donc, a un avantage énorme. Mais "si la force était le seul préreuis pour un yokozuna" s'offusque un officiel, "pourquoi ne ferait-on pas se combattre des lions, des ours et des éléphants ?".
Konishiki, arrivé au Japon sans presque aucune notion de japonais mais qui le parle aujourd'hui couramment, prend les coups avec philosophie. "C'est leur sport, je ne tiens pas à m'ériger contre le système. La meilleure chose à faire pour moi est d'accumuler les victoires. Si je continue à gagner, il leur faudra bien faire quelque chose".
A ce propos, la seule chose que la Kyokai ait fait a été de blâmer Konishiki pour quelque que chose qu'il -ou un imposteur - aurait (ou non) déclaré. Dans un article en dat du 20 avril, le Nihon Keizai Shimbun, le plus grand journal économique japonais, a cité Konishiki au sujet du refus opposé à sa promotion comme grand champion "A proprement parler, c'est du racisme". Le lendemain, le New York Times rapportait une déclaration téléphonique dans laquelle Konishiki disait "Si j'étais japonais, je serais déjà yokozuna".
Ces remarques ont failli dégénerer en incident international. Le premier ministre japonais, Kiichi Miyazawa, a défendu les critères de sélection de la Kyokai. Le ministre des affaires étrangères Watanabe craint que les accusations portées par Konishiki puissent tendre les relations américano-nippones. Conscient du caractère sensible du sujet des discriminations raciales pour les américains, Watanabe déclarait "je demande à ce que le sujet soit clos".
Tel fut le cas. Le 21 avril, après avoir été convoqué devant la Kyokai et avoir reçu l'ordre d'adopter "une attitude plus humble", Konishiki démentit avoir tenu l'une ou l'autre des deux déclarations. La Bombe de Chair, en larmes, clamait haut et fort que ses paroles avaient été mal interprétées par le journaliste du Nihon Keizai ("si j'ai dit ça, ce n'était pas dans le sens ou il l'a écrit") et affirmait qu'un apprenti blagueur s'était fait passer pour lui auprès du Times ("je ne pouvais savoir ce qui se passait, j'étais sous la douche").
La soeur cadette de Konishiki, Kahau Sunia, est moins diplomate. "Il devrait répondre aux japonais qu'il n'est pas un étranger. Après tout, il possèdent déjà tout à Hawaï".

La petite flute laquée est faite avec l'os d'une aile de héron. Elle sort d'un fourreau couleur miel. Konishiki joue un air japonais. Le son est pur, limpide et plaintif, à l'image du vol du héron.
Un sourire béat sur le visage de Konishiki, un visage rond, force tranquille, avec une petite touche d'ironiedans le sourire. Ce sourire, il le porte que ce soit lorsqu'il fait rouler ses adversaires hors du dohyo, ou lorsqu'il roucoule des chansonettes à sa fiancée toute menue, Sumika, un top-model qui pèse à peu près autant que son coude. (il a fait sa demande l'été dernier en lui disant "si on bossait ensemble pour devenir Yokozuna").
Leur mariage à Tokyo, en février, a rassemblé plus de mille invités, dont beaucoup des politiques et hommes d'affaires japonais de premier plan. Une chaine de télé japonaise a mis sur la table un demi million de dollars pour les droits de diffusion. Cette version real-tv de la Belle et la Bête a interrompu les JO d'hiver pendant deux heures. "Aucun autre sport sur terre ne procure ce genre d'attention" nous indique Konishiki. Sa voix est étonamment douce, venant d'un homme taillé comme trois armoires normandes.
Tous les faits et gestes de Konishiki - aussi lourds soient-ils - sont autant de sujets pour la presse à scandale. "Le journalisme au Japon est une ratière, les journalistes un paquet de rats", déclare Konishiki avec mépris "je suis en permanence cité par des journalistes qui ne m'ont jamais vu. Les autres me posent le même type de questions stupides : De quoi parlez vous avec votre épouse ? Qu'est ce que ça fait d'être marié à un homme comme vous ? Vous voulez un garçon ou une fille ? La question qu'ils ne posent jamais est, Ils font l'amour ou pas ? ". "On le fait", dit Konishiki avec un brin de timidité. Nous laissons le reste à votre imagination.
Selon la presse populaire, Konishiki a fêté son 28ème anniversaire en décembre dernier en descendant 120 canettes de bière, 10 verres de téquila et 10 whiskies. "C'est ridicule" proteste Konishiki "Je ne bois jamais de whisky".
Alors, la bière et la téquila ? "Ca n'est vrai qu'en partie. Les 10 téquila sont vraies, mais j'ai bu plus de 120 canettes de bière".
Explosé ?

toonoryu
10/10/2004, 10h44
On continue...

"Non, mais le lendemain matin j'avais l'impression d'avoir 23 coeurs, qui battaient tous, et dans ma tête".
Le public japonais raffole de ce genre d'informations. Et la plupart du temps Konishiki n'en est pas avare. "Je suis traité comme un roi, un dieu vivant".
Les grand-mères et les jeunes enfants le touchent pour attirer la chance comme une sorte de Bouddha géant. Les jeunes filles défaillent à la vue de ses hanches énormes.Les masques de Konishiki s'amoncellent sur les rayonnages des magasins de jouets de Tokyo. Un fan club lui a offert un mawashi avec un énorme diamant pour le porter durant les longues cérémonies d'ouverture des tournois de sumo.
Il semble clair que Konishiki est la plus grosse raison de la sumomania qui déferle actuellement sur le japon. Les six bashos de cette année sont sold-out, y compris les trois qui se déroulent au Kokugikan, le stade de Tokyo avec ses 12000 places. Les premiers rangs s'arrachent à plus de 4000 $ chacune. Les salaires des sumos sont aussi élevés, et les aspirants sumotori déferlent du monde entier. La Kyokai reverse à Konishiki un pourcentage des revenus générés par les entrées, ce qui monte jusqu'à 100000 $ l'an, mais il gagne au moins deux fois plus grace aux exhibitions et primes de match - ce qui se révèle pratique dans une cité aussi chère que Tokyo. "J'aimerais gagner des millions de dollars comme les baseballers américains au Japon", nous dit Konishiki, "mais j'imagine que celà fait partie de la discipline du sumo. On prend ce qu'on a3.
C'est le sumotori hawaïen Jesse Kuhaulua, premier non-japonais à emporter un basho dans la division reine (en 1972), qui a fait venir Konishiki au Japon. Aujourd'hui 19 hawaïens luttent ici (l'un des frères ainés de Konishiki, Junior, figure dans une compétition de boxe parallèle). Aucun des sumotori hawaïens n'apprche les mensurations de Konishiki. Le plus proche est Akebono, un géant de 2,03m, entraîné par Kuhaulua. Mais Akebono, bien que pesant le poids respectable de 225 kgs, n'a pas le centre de gravité extrêmement bas qui avantage Konishiki.
Le tour de taille gigantesque de Konishiki le rend pratiquement indéboulonnable. Mais il amène aussi son lot d'inquiétudes à propos de sa santé. Konishiki aborde ce lourd problème d'un ton léger. "Mon seul regret est que je ne peux entrer dans les manèges de Disneyland Tokyo. Et quand je vais au cinéma, je dois m'asseoir dans m'allée3.
Est-ce que maigri - si le terme signifie quelque chose dans son cas - altérerait son sumo ? "Je ne me prends pas la tête ave celà, mais celà ne me ferait dertainement pas de mal de perdre 79 ou 80 kgs".
Kahaulua n'est pas d'accord. "les sumotori sont dépendants de leur poids. S'ils en perdent, ils perdent leurs sensations. Certains ont ruiné leur carrière aprsè une perte de poids. Je suis plus inquiet pour ce qui concerne Konishiki des risques de blessures. Des gabarits comme nous guérissent lentement".
Kahaulua dit ceci, assis sur un futon d'une écurie d'entraînement d'Osaka. La tête enfoie dans des serviettes, cet homme de 200 kgs semble immobile, tel Jabba le Hut, et presque aussi caricatural. Depuis dix jours il est dans cette position quasi en permanence. "Je me suis tordu la cheville" dit-il d'une voix rauque. Un coup au larynx au début de sa carrière de sumotori lui a laissé cette voix de crécelle.
Sur le mur, une affiche réalisée par l'un des protégés japonais de Kuhaulua.
S'il vous plaît
Ne mangez pas : viande, poisson tel que le thon
Mangez plus de : Légumes, fruits, tofu
Marchez
N'allez pas dîner
Gardez vous en vie

"Je ne connais rien à la nutrition" dit Konishiki à un visiteur, dans la modeste maison de ses parents à Oahu. "quand vous êtes élevé dans une famille qui survit à peine, vous mangez tous ce qui se trouve devant vous". Le visiteur s'éloigne.
Konishiki est le huitième d'une fratrie de neuf engendrée par Lautoa Atisanoa et son épouse, Talafaaiva. Lautoa, personnage trapu à l'air perpetuellement fatigué, a émigré avec sa famille des Samoa, où il était instituteur, vers Oahu en 1959, et trouva alors un travail de mâteur en navires. Il était déterminé à offrir à ses enfants, dont Salevaa (surnommé Sale), plus que l'école primaire.
Les Atisano vivaient au sein d'une commaunauté samoane, du côté sous le vent de l'île. Ils étaient pauvres selon les standards polynésiens. Chaucun dormait sur des nattes dans une chambre commune et se douchait à l'extérieur, sous les bananiers. Lautoa avait été un pr^cheur, dans son village des Samoa, et une fois installé à Hawaï, il construisit une église avec du bois de récupératon. "La famille avait un profond respect pour le protocole, les rituels, l'étiquette", selon Earlene Albano, l'institutrice de primaire de Sale à Nanakuli. "Je crois que c'est grâce à celà que Sale s'est aussi bien adapté au Japon".
Sale était un petit garçon gros mais fort. A 11 ans, il pesait 180 kgs. "Il avait l'air intimidant, mais il ne s'en est jamais servi".
Personne ne l'intimidait, non plus. "on portait des casques et des protections d'épaule quand on jouait au football dans la rue, mais rien n'allait sur Sale, donc il était sa seule protection" nous dit Darrin Zablan, un ancien camarade de classe.
A l'université d'Honolulu, Sale acuit un surnom, Sale l'Enorme, comme champion invaincu à la presse (275 kgs) et aux squats (300 kgs). Il jouait aussi au poste de bloqueur dans l'équipe de football. Le fils d'Albano jouait dans une équipe adverse.
"Qu'est ce qui se passe quand Sale te rentre dedans ?" lui demanda-t-elle un jour.
"Tu rebondis, m'an" lui répondit-il.

toonoryu
10/10/2004, 10h45
suite encore, le reste ce soir, peut-être (il est vraiment long, cet article...)

Trop lent pour le haut niveau, Sale pensa un moment devenir policier infiltré, comme si un ancien bloqueur de son gabarit pouvait passer inaperçu. "Tu sais, comme au GIGN, traverser les portes, casser des têtes". Un silence "C'est pas encore trop tard, non ?".
Une semaine avant son bac, un émissaire de Kuhaulua repera Sale sur une plage, qui séchait l'école.
"Non merci, lui répondit Sale, lorsque l'émissaire lui parla de sumo "Je n'ai pas les tripes pour combattre"
"Si, tu les as"
"Laisse tomber"
L'émissaire insista, revenant à la charge à deux reprises. Il dit à Sale que Kuhaulua devait venir incessamment à Honolulu, et qu'il pourrait le lui présenter. "c'est une vedette à Hawaï, alors je me suis dit, pourquoi pas?", dit Konishiki.
"je te demandes juste d'aller là-bas" dit Kuhaulua à Sale "après, ça viendra tout seul. Contre l'avis de ses parents, Sale partit en balade "le voyage était gratuit. Qu'est-ce que j'avais à pedre ?". C'était alors un poids plume de 190 kgs.
Kuhaulua lui apprit les épreuves liées à son statut de sumotori. "Ca faisait 20 ans que j'étais dedans. Le jour où je suis arrivé des Etats Unis, en 1964, j'ai eu l'impression d'être sourd, aveugle et particulièrement stupide. Je ne pouvais parler qu'à deux ou trois personnes. Et il y avait toujours énormément de ressentiment datant de la deuxième Gurre Mondiale". Kuhaulua fit des effeorts gigantesques pour s'intégrer. "Essayer de vivre à la japonaise était vraiment difficile, mec. Il m'a fallu apprendre leur culture, leur style de vie et leur langue, et accepter leur attitude vis-à-vis des étrangers".
Kuhaulua combattit sous le nom de Takamiyama, la Haute Montagne. Il atteignit le rang de sekiwake, le troisième dans la hiérarchie du sumo. Mais il ne concourrut jamais pour l'accession au rang de yokozuna. "je n'avais pas la concentration nécessaire pour m'élever plus haut. Ceux qui deviennent yokozuna ont quelque chose en plus. Ils sont vraiment différents".
Konishiki intègra la Takasago beya en 1982. Il s'était rasé le crâne juste avant le bac. Ce fut son dernier acte de défi pour longtemps.
Konishiki traîne son énorme masse au sein de son école d'entraînement avec la morgue d'un jeune chef toisant sa tribu. Et si une heya n'est pas une tribu, on y trouve suffisamment de totems et tabous pour générer des sujets de doctorats pour les antropologues des futures génération.
"retour à l'âge de pierre, mec", nous indique Konishiki

deniishu
10/10/2004, 12h48
tout simplement merci pour ces traductions :D

10/10/2004, 15h27
Nouvelle livraison...


La Tradition est présente jusque dans l'argile que les lutteurs, appelés sumotori, foulent du pied. "il faut avoir le sens de l'humour quand on parle du sumo", dit Konishiki, dans un rire semblable au démarrage d'un petit moteur. "les étrangers qui ont du mal icic sont incapables d'en rire. Mais" ajoute-t-il, après un moment "il y a un un moment ou il faut prendre les choses avec sérieux".
Lorsqu'il est arrivé à Tokyo, son oyakata (ndlr :j'extrapole pour simplifier) lui donna le nom de Konishiki, du nom d'un yokozuna qui lutta à la fin du 19° siècle. "Tout ce que je sais, c'est qu'il était petit et avait cinq épouses" soupire Konishiki II. "on vit dans un monde différent, mec. On pouvait alors avoir 20 femmes, sans se retrouver au tribunal".
La vie d'un jeune sumotori s'apparente à une servitude sous contrat. La plupart des lutteurs aspirants s'engagent vers 15 ans; ils gagnent de la masse, en résumé, en se gavant eux-même.Ce ne fut pas un problème pour Konishiki, mais l'uniforme obligatoire - un string tout ce qu'il y a de minimal - le rebuta. "je ne voulais pas me balader en couches culottes. Mais je suis là, et je les porte".
Son initiation fut brutale. Les oyakata lui crachaient dessus, lui mettaient du sel dans la bouche et le frappaient avec des bâtons de bambou. Une nuit, un lutteur plus âgé, ivre, trébucha et donna un coup de genou dans la tête d'un Konishiki en plein sommeil "Pas de raison particulière "dit Konishiki avec calme "il lui fallait simplement donner un coup de genou à quelqu'un. C'était vraiment premier arrivé, premier servi".
Un autre vétéran, raide pompette, frappa Konishiki au visage avec une bouteille de bière. "je voulais répliquer, mais je n'ai pas pu. Quand vous êtes un apprenti, vous êtes de la merde. Vous ne pouvez que prendre des coups, pas en rendre. Ce n'est pas l'Amérique".
Mais Konishiki eut de quoi se consoler. "ils ne s'attaquent qu'aux plus prometteurs. Et ils s'attaquaient à moi tous les jours. Je me suis donc tant habitué à la douleur que j'ai oublié ce que c'était". Il accomplissait consciencieusement le corvées des apprentis. Baigner et nourrir ses tortionnaires, éponger leur sueur, courrir faire leurs courses et même essuyer là ou un sumotori de 180 kgs ne peut s'essuyer. Le seul moyen de se libérer de tous ces affronts était de gravir les échelons jusqu'à ce que lui soit accordé le privilège d'utiliser des apprentis comme ses serviteurs.

toonoryu
11/10/2004, 08h49
Dernières livraison...

Tandis qu'il raconte ceci, Konishiki enfourche deux tonneaux de bière en plastic dans le sombre et venteux sous-sol du temple shinto où il s'entraîne. Une douzaine de laquais à la gueule cassée sont assis autour d'un cercle d'argile, frappant leurs cuisses et se balançant. Certains frappent leur paumes sur des rondins de bois fichés dans le sol; d'autres s'entrechoquent comme deux couettes amoureuses (ndlr : humour difficile à traduire et rendu approximativement). Konishiki porte un volumineux kinono, bleu et blanc aux motifs de palmiers. Deux assistants s'affairent à recoiffer et rehuiler son chignon. "je suis son esclave" dit Cosier (Le Gros) Gaspard, l'un des six apprentis lutteurs qui font partie de la suite de Konishiki. "mais ça va, parce qu'il est un grand maître".
Gaspard, 150 kgs et des airs de bon gros cochon, est venu d'Oahu l'an dernier. Il jouait -pouvait-il en être autrement? - comme bloqueur à l'Arizona Western College jusqu'à ce qu'il se blesse gravement au genou. Il a du faire brûler plusieurs tatouages de ses épaules, y gagnant des cicatrices peu esthétiques, parce que les strictes règles du sumo interdisent tous marquage corporel "impur".
La tâche la plus difficile de Gaspard est peut-être bien de réveiller Konishiki tous les matins "je dois lui sauter dessus, puis le frapper à la tête et crier "debout, debout".
En général, Konishiki fait de la musculation, des assauts et des poussées jusqu'au déjeuner jusqu'au déjeuner, puis mange. Et mange. Il mange d'énormes bols de riz et de grandes quantiés de boeuf, porc, poulet, poisson, tofu et légimes bouillis ensemble dans un ragoût hypercalorique appelé chanko-nabe. Le ragoût, ça va, mais ce qu'il désire le plus est la mayonnaise américaine - il a une réserve secrète de Hellman's. "assez souvent je sors pour trouver un endroit ou acheter des hots dogs, ou quelque chose d'américain".
Tout le travail et le no poi (ndlr: un terme japonais ?) n'ont pas fait de Konishiki un balourd. Avec ses rapides et troublantes poussées et ses assauts homériques, il est devenu le sumotori à l'ascension la plus fulgurante dans le pays du Soleil Levant. Il a atteint la plus haute des six divisions après seulement huit tournois, un record dans l'ère moderne. En passant il a battu quelques unes des plus grandes stars du sumo. Mais il est apparemment devenu trop fort et trop vite pour ses hôtes.
Une forte poussée xénophobe a déferlé sur Konishiki lorsqu'il finit second du tournoi de l'Empereur en septembre 1984. "Les japonais ne se soucient jamais tellement de votre couleur ou de votre nationalité. Enfin, jusqu'à ce que vous parveniez aux plus hauts rangs". Un mouvement anti-Konishiki se forma. Le jeune homme fut attaqué parce que son corps n'était pas sculpté et musclé comme un sumotori classique. Il fut affublé de sobriquets comme Benne à Ordures, le Monstre Hawaïen, la Bombe de Chair. "en fait, j'ai toujours aimé Bombe de Chair. J'imagine ma photo en couverture de Sport Illustrated avec les mots La Bombe de Chair Explose au Japon".
Des fans irascibles ont essayé de boycotter la Bombe. Ils ont cloué une poupée à son effigie en dehors du temple, lui ont envoyé du courrier haineux et des menaces de mort. Des rumeurs de noir complot pour le blesser durant l'entraînement, le corrompre, relever sa nourriture avec du sucre pour lui donner le diabète, ont circulé. "j'étais sûr que quelqu'un allait venir sur moi dans la rue pour me poignarder dans le dos. Ca m'a fichu une trouille bleue". Un quotidien vola son journal intime et en publia des extraits. Un autre exigea que les tournois fussent annulés si la Bombe de Chair devenait yokozuna. Un troisième le stigmatisa comme "la pire catastrophe survenue au peuple japonais depuis l'arrivée des Vaisseaux Noirs", allusion au Commodore Perry et à sa flotte, qui contraignirent le Japon à s'ouvrir au commerce occidental au 19° siècle.
Des appels furent lancés pour enseigner le sumo au lycée pour que le Japon puisse produire des lutteurs qui pourraient battre Konishiki. Il y a même eu une chanson anti-Konishiki qui donnait à peu près ceci : "Con, baleine, clodo. etc" (ndlr : difficile de traduire une chanson, ça ne rime pas à grand-chose).
Peu à peu ceci est arrivé aux oreilles de Konishiki. Il devint alors tout fou, comme un jeune rookie (ndlr: pas sur, là). Il tomba lourdement, puis se blessa au genou gauche. Il perdit même son calme légendaire. Après une défaite, il balança une télé du deuxième étage. "Vous n'allez pas me dire que Jordan marque 45 points à tous les matches. Il a ses jours sans, lui aussi".
Il atteint le fond quand l'un de ses assistants jeta à la poubelle toutes les lettres de sa famille "Je les lisais chaque soir, encore et encore. Ce sont elles qui me faisaient tenir. Quand elles furent jetées, j'en ai pleuré. Je me suis demandé, qu'est-ce que je fais ici ?". La fierté le fit tenir. "Je ne pouvis pas m'en aller avant d'avoir réussi. C'est ce que le sumo m'a appris, mec, comment vivre seul. Je ne dois mon parcours qu'à moi-même".
Il insista avec courage et une obstination typiquement zen. En 1987 il atteint le rang d'ozeki. Bien sûr, il lui fallut cinq places de finaliste au lieu de trois habituellement. Il montrait son esprit d'indépendance en paradant autour du dohyo avec un tablier arborant la statue de la Liberté.
Il emporta son premier tournoi, le Kyushu basho, en novembre 1989 avec un score d 14-1. Essuyant ses larmes, il déclara "mon rêve s'est réalisé". C'était une marque d'émotion très peu japonaise, et elle fit écrire à des éditorialistes "je me demande quelles pensées étaient contenues dans ces larmes... nous voudrions seulement demander à Konishiki de comprendre l'esprit qui sous-tend le sumo et de poursuivre sa carrière".

toonoryu
11/10/2004, 08h49
A mesure que le Japon se mettait à apprécier Konishiki, sa confiance grandit. En novembre dernier il s'est présenté au Kyushu bashosans bandage au genou. Il en portait un depuis six ans. Il l'emporta avec un score de 13-2 et déclara devoir sa victoire, en partie, à un nouveau régime : de la viande de crocodile, hyperproténinique et peu grasse. A aucun moment son poids n'était descendu à moins de 252 kgs.
Quand la clameur salue l'assaut, Konishiki est aussi inarrêtable qu'un train en marche. Et c'est une vision assez effrayante que d'apercevoir les soubresauts de graisse du plus gros sumotori de l'histoire essayer de vous écraser. C'est comme une char d'assaut en face d'une Coccinelle" dit Gasrpar "si vous tenez à la vie, vous vous barrez". Pour une locomotive, Konishiki est capable d'étonnantes prouesses d'équilibre, d'agilité et de force brute.
Pour éviter de terminer aplatis comme des crèpes sous la graisse, les adversaires de Konishiki essayent de le contrer avec rapidité et ruse. Sa plus grande faiblesse résidait dans son incapacité de chager de direction. Il s'élançait depuis sa place de départ, commençait à envoyer des tsupari et des poussées,et juste quand il pensait que son adversaire était prêt pour le Grand Saut, l'autre se baissait, crochetait le genou et l'envoyait s'écraser sur l'argile. "nul ne peut vaincre Konishiki en un contre un. Faut prendre une moitié et contrôler ce que vous avez dans les mains" nous indique Gaspard.
Il existe 74 prises dûment répertoriées pour envoyer un adversaire hors du dohyo, le petit cercle d'argile. A ses débuts, Konishiki s'appuyait sur l'oshidashi et le tsukiotoshi, deux techniques basées sur des coups portés avec la paume de la main. Mais quand il commença à combattre dans les années 80, il perfectionna le yorikiri, technique par laquelle Konishiki attrape à deux mains le mawashi de l'adversaire et le soulève hors du dohyo. La Joie du Sumo, de David Benjamin, appelle celà la position du missionnaire. "ce qui fait la force de Konishiki est qu'il sait conserver son sang-froid. Maintenant, il sait lire la trajectoire de son adversaire. Par le passé, il ne savait qu'aller vers l'avant", nous dit Kuhaulua.
Au basho du mois de mars, à Osaka, le championnat finit par une confrontation entre Konishiki et l'autre ozeki Kirishima, un homme trapu de 140 kgs aux faux airs de star de cinéma (on le présenta au tournoi exhibition de Paris comme le "Alain Delon du Sumo" (ndlr: commentaire de Léon Zitrône...)). En dépit, ou peut-être à cause, de sa taille, Kirishima est l'une des bêtes noires de Konishiki.
Konishiki gravit lourdement le dohyo, portant une légère (? trop technique, pas arrivé à traduire... me faut de l'aide tehnique pour ça). Ses cheveux noirs, huilés, étaient ramenés vers l'arrière et ornementés en un chignon compliqué évoquant la forme d'une feuille de ginko. Konishiki semblait concentré en lui-même. Il avaitune mine sereine et détendue, un visage souriant et distingué. Le regard n'exprimait rien.
Le combat commença avec une longue guerre des nerfs connue sous le nom de niramai, dans laquelle les adversaires se fusillent du regard. "C'est à ce moment que l'on gagne ou que l'on perd" nous dit Konishiki "Si tu peux soutenir le regard de ton adversaire, tu peux le sentir s'effondrer". Parfois, c'est Konishiki qui baisse le regard. "Ton esprit tout entier devient kamikaze, et mec, tu ne connais même plus ton propre nom".
Konishiki et Kirishima se font face, accroupis, se balançant artistiquement sur leurs doigts de pieds. Ils se lèvent, frappent dans leurs mains, puis leurs poitrines et lèvent leurs jambes aussi haut que leurs ventres le permettent. Après bien d'autres frappers du pied, ils lancent une grosse poignée de sel purificateur. Des poignées de sel traversent le cercle en des paraboles chatoyantes. Le jet douche l'arbitre en kimono, qui porte une dague dont il ne se servira pas en représailles, en homme poli qu'il est.
Konishiki est devenu le maître du niramai. Selon La Joie du Sumo, "il gagne beaucoup de ses matches simplement assis ici. Son attiutde est comme un coup de matraque. Il donne l'impression de grandir devant vos yeux."
Les combattants reviennent s'accroupir, et se dévisager d'un air sinistre. Ils se lèvent encore et reprennent d'autres poignées de sel. K et K reprennent le rituel plusieurs fois, comme des hockeyeurs inquiets faisant des cercles avant le face à face. Les spectateurs, dont beaucoup agitent des images de Konishiki, hurlent leurs approbations.
Puis soudain, la charge. Kirishima fonce tête la première dans l'amas gélatineux de Konishiki. Près d'une demi-tonne de muscles, graisse et chanko-nabe s'entrechoquent, dans un "floc" assez curieux à entendre, comme si l'on jetait du beurre sur un mur de béton. Les deux lutteurs frappent ventre contre ventre, tels deux morses en rut luttant pour leur suprématie.
Tout fut fini en dix secondes. Kirishima essaya du désequilibrer Konishiki. Libre de toute prise, Konishiki l'envoya sur le côté du dohyo avec une sorte de grâce pachydermique. Kirishima aggripa une main sur la mawashi de son adversaire et tenta de le contrer. Inamovible, Konishiki aggripa simplement le mawashi de Kirishima et s'en débarrassa sur yorikiri.

toonoryu
11/10/2004, 08h51
La victoire fut saluée par des Banzaï ! à travers tout le satde couvert, mais aussi quelques sifflets épars. Les coussins plurent sur le dohyo, et les fans se levèrent de leurs tatami pour crier leur joie. Cris et applaudissements: beaucoup étaient visiblement épuisés. Konishiki toisa les spectateurs. La sueur ruisselait de sa poitrine comme la pluie en un ruisseau d'orage.
A la remise des prix il reçut un amoncellement de primes, y compris une tonne de boeuf, un an de gasoil, du Coca, des champignons, des marrons et 5000 anguilles. Il postillonnait comme une baleine heureuse, laissant le speaker trempé. Plus tard, il s'exclama "Mince alors ! Pourqoi est-ce qu'ils ne me donnent pas quelque chose dont je puisse me servir, comme un million de dollars ?"
Le lendemain il s'envolait d'Osaka pour Honolulu. Depuis leur mariage, Konishiki et Sumika ont eu quatre réceptions partout au Japon. Sur Hawaï ils en ont prévu deux autres - dont une fête samoane.
Konishiki occupe deux sièges de première classe, et bien que les accoudoirs aient été relevés, on croirait qu'il a le siège le plus inconfortable. Il passera la plupart du vol assis sur le sol. "J'aimerais rester dans le sumo aussi longtemps que je peux. Si je peux durer encore cinq, six, sept ans, je serai heureux. Mais je ne sais pas encore ce que je ferai après. Je ne pense même pa à demain. Ca me ralentit. Jamais deux jours en même temps. Juste un. C'est ma méthode".
Pour le dîner, le steward lui demande de choisir entre les tartes aux noix, à la fraise ou à la pomme. "Balancez les simplement sur mon assiette et melangez les" dit-il, pince-sans-rire. "Pas la peine de les couper. Je les mangerai entières. De toute manière, ça va au même endroit". Quand il se lèva ensuite pour s'étirer, c'est l'avion tout entier qui sembla prendre de la gîte.
A l'aterrissage, à Honolulu, Konishiki dandina hors de l'avion et se dirigea vers les douanes. Une file pour les citoyens américains, une pour les étrangers.
Bombe de Chair rit, un rire moqueur venu du fond de sa gorge. "He," cria-t-il à la cantonnade "elle est où, la file pour les dieux vivants ?"

FIN



NDLR : Pour les puristes de la langue anglaise, je m'excuse par avance car ceci est un pur premier jet sur un texte très long. Je tâcherai peut-être un jour d'en faire une traduction plus élaborée, avec l'aide des plus techniciens du forum pour ce qui est de certaines images employées. Si d'autres d'entre vous ont des textes aussi riches et intéressants à traduire, soumettez les et je verrai ce que je peux faire.

Asafan
11/10/2004, 10h57
Un grand merci aux 2 traducteurs. Excellent article, vraiment.

Quand je lis ce que Konishiki a subi comme racisme et humiliation, je ne peux m'empêcher de frémir à l'idée de ce que doit subir Asa, ainsi que tous les lutteurs étrangers. Il y a 2 façons de réagir à ce genre de contexte. Soit on laisse glisser, comme de l'eau sur les plumes d'un canard, on ronge son frein et on attend patiemment de pouvoir prouver sa valeur, en espérant que ça suffira pour être accepté. C'est ce qu'a dû faire Konoshiki. Soit alors, on se sent agressé et on répond avec son orgueil. Et l'orgueil augmente de façon proportionnelle à l'agression. C'est la manière de réagir d'Asa. Ce serait également la mienne dans pareille situation.

Il y a une autre différence entre les deux : tous deux ont subi une ségrégation du fait qu'ils étaient étrangers. Mais Konishiki est un étranger de première classe, un Américain. Asa est un étranger de dernière zone. La Mongolie est un pays oublié. Les Mongols sont pauvres et tout le monde pense qu'ils ne viennent au sumo japonais que pour l'argent. Pourtant, l'amour de la lutte est bien plus profondément ancré chez les Mongols que chez les Japonais.

J'ai été vraiment surprise, à la lecture de cet article, de voir jusqu'où pouvait aller le racisme au Japon, que ce soit dans les medias, l'opinion publique, ou même dans les heya. Surprise, et révoltée. Je trouve cela totalement inacceptable.

Comme Hoshi a pris la décision de ne plus lancer de polémiques, il fallait bien que quelqu'un s'y colle :wink:

toonoryu
11/10/2004, 12h34
... faut quand même relativiser en se rappelant que les apprentis lutteurs subissent tous ce type de bizutage, qui doit les amener justement à endurcir leur force morale (en tant qu'ancien élève d'école militaire, j'en sais quelque chose). Pour Konishiki comme pour Asa, il est toutefois certain que leur qualité d'étranger a du renforcer le phénomène chez des japonais qui sont, sinon racistes, à tout le moins très conservateurs. Par contre, je pense que Konishiki a du plus morfler qu'Asa, car il était le premier étranger "yokozunable", ce qui devait mal passer pour la Kyokai et les plus réactionnaires des fans de sumo. Asa est arrivé dans un terrain déjà pas mal déblayé, alors que Akebono et Musashimaru avaient déjà atteint cette position. De plus, j'imagine que même avec tout le mépris que peuvent avoir certains japonais à l'égard des Mongols, ceux-ci n'en restent pas moins un peuple "jaune". Le premier yokozuna européen (Kokkai, Roho, Kotooshu ou même Baruto?) leur fera beaucoup plus mal. Mais à mon sens, le plus inquiétant pour le caractère "purement japonais" du sumo n'est pas d'avoir UN yokozuna étranger, mais d'avoir une proportion d'étrangers en makuuchi de plus en plus importante.

Encore un effort, Asafan, tu peux faire plus polémique... :wink:

Asafan
11/10/2004, 17h14
[...]je pense que Konishiki a du plus morfler qu'Asa, car il était le premier étranger "yokozunable", ce qui devait mal passer pour la Kyokai et les plus réactionnaires des fans de sumo. Asa est arrivé dans un terrain déjà pas mal déblayé, alors que Akebono et Musashimaru avaient déjà atteint cette position. De plus, j'imagine que même avec tout le mépris que peuvent avoir certains japonais à l'égard des Mongols, ceux-ci n'en restent pas moins un peuple "jaune". [...]Encore un effort, Asafan, tu peux faire plus polémique... :wink:

Asa et Hakuho ont tout de même reçu des menaces de mort. Je ne crois pas que le fait d'être "jaune" avantage les Mongols en quoi que ce soit. Pendant les prestations des lutteurs mongols, certains spectateurs agitaient des banderolles "go back to Mongolia!". Asasekiryu en a même pleuré. Est-ce déjà arrivé aux Européens, qui sont aussi considérés à mon avis comme des étrangers de première classe?

Paul et Mick vont en bateau... :wink:

Kaiowaka
11/10/2004, 17h17
Paul et Mick vont en bateau... :wink:

Ca, c'est fin.............! :wink:

toonoryu
11/10/2004, 18h20
Paul et Mick vont en bateau... :wink: [/size]

Je n'était pas au courant pour ces incidents. Effectivement, c'est grave. Je serais curieux de savoir si les Européens vont subir la même chose. A mon sens, de ce point de vue, c'est Roho qui peut être le plus en danger, si l'on considère l'amitié russo-nippone séculaire (1905...). Tout compte fait, les gaijin en makuuchi serviront peut-être à faire doucement évoluer les mentalités, les excès du type menaces de mort ne pouvant pas laisser insensibles les gens raisonnables. On verra(t) bien, comme disent les cochons... :wink:

pereboulon
12/10/2004, 12h47
Merci Toonoryu pour la fin de la traduction. J'aurais mis beaucoup plus de temps dans la mesure ou en ce moment je bosse beaucoup et lorsque j'avais un moment de libre je ne me sentais pas le courage de continuer la traduction (c'est difficile ce boulot... : bravo à Joe qui nous en fait tous les deux mois).

Juste deux petites remarques : le frère de Konishiki est dans une discipline qui mixe combat de rue et Kickboxing (d'après l'article) : je pense que cette information est intéressante à connaitre suite aux diverses excursions des sumotoris en K1 et pride. De plus le frère d'Asashoryu est dans ce genre de discipline. Pour la traduction de la chanson, je comprends que tu n'ais pas voulu en rajouter, mais je pense qu'il faudrait la traduire en intégralité dans toute sa violence et vulgarité (je m'y met dès que je mets la main sur un bon dictionnaire).

Mais bon, je chipotte, la traduction me semblait très bien (mais je ne suis pas un spécialiste, juste un amateur).

Concernant la polémique sur les japonais, il faudrait quand même faire la différence entre certains japonais très racistes et tous les japonais. Ils sont 120 millions tout de même et ils s'en trouvaient quelques uns pour trouver Konishiki formidable. Il y a certainement un sentiment national plus fort au Japon qu'ailleurs, mais n'oublions pas qu'ils sont quasiment sortis du moyen-âge d'un coup à la fin du 19eme siècle seulement. Par ailleurs, leur situation d'insulaire "isolés" les rend certainement plus enclins au nationalisme.

Ils ont fait énormément de progrès et continuent d'accepter des étrangers dans ce qui est leur sport national typique. Quant aux menaces de mort, il est bien évident que c'est inquiétant, mais il me semble que les célébrités du monde entier en recoivent de gens détraqués quelque soient leurs nationalités. Il faut savoir par exemple que les ingénieurs de chez Honda (des japonais) en recoivent réguliérement lorsque les moteurs de Takuma Sato (un autre japonais pilote de F1) explosent en plein grand prix...

toonoryu
12/10/2004, 13h56
Bien vu pour les remarques. Pour ce qui concerne le sport pratiqué par le frère de Konishiki, je n'avais pas une idée de ce que celà pouvait être, c'est pour celà que je suis resté très vague. Pour la chanson, c'est je crois la plus grande difficulté en termes de traduction, et comme j'ai traduit assez vite, j'ai préferé zapper. Mais c'est vrai que l'esprit en est assez... spécial. Je suis comme toi, un amateur éclairé de la traduction (prêt à en effectuer d'autres à mes moments perdus).
Tout à fait en accord sur tes commentaires sur le racisme présumé des japonais.

Asafan
13/10/2004, 13h41
Concernant la polémique sur les japonais, il faudrait quand même faire la différence entre certains japonais très racistes et tous les japonais. Ils sont 120 millions tout de même et ils s'en trouvaient quelques uns pour trouver Konishiki formidable.

Je ne crois pas avoir écrit que tous les Japonais étaient racistes. Si j'ai pu donner cette impression, je m'en excuse. Je ne parle bien sûr que des Japonais qui tiennent des propos ou commettent des actes racistes envers les rikishi gaijin. Je suis choquée par leur violence, relatée dans cet article et dans certains posts de la SML. Cela ne cadre pas du tout avec la noblesse de l'art du sumo, que ces mêmes racistes apprécient pourtant sincèrement, je n'en doute pas. Malgré tes arguments, tout-à-fait valables d'ailleurs, pour expliquer leur sentiment nationaliste, je trouve cela inexcusable.

Quant au "bizutage", je veux bien admettre que cela contribue à renforcer le caractère des jeunes rikishi "bizutés", mais du même coup, ça renforce les tendances sadiques des "bizuteurs". D'ailleurs, dans l'exemple de Konishiki, se faire fracasser une bouteille sur le crâne, je me demande si l'on peut encore parler de "bizutage". Le gars, apparemment, était bourré, mais même. Je suis sûre que si l'on menait une enquête sur le sujet, on en découvrirait d'autres. Peut-être pires.

.........Bref, il y a des pratiques qui me choquent (bien plus que l'indiscipline et les sursauts d'orgueil d'Asashoryu :wink: ) et j'avais envie de le dire. Voilà. :)

toonoryu
13/10/2004, 16h52
Je te rassure, pour avoir subi (et fait subir, bien que de manière moins sadique et dans une optique plus "éducative") certaines formes de ce que l'on appelait chez moi le "bahutage", fracasser une bouteille de bière sur la tête d'un jeune, ce n'est pas du bahutage. C'est une débilité d'ivrogne. La seule chose regrettable, c'est que la rigidité et le poids de certaines "traditions" (j'emploie à dessein un petit t, contrairement à la Tradition porteuse des valeurs les plus positives de l'exemple des Anciens) font que les jeunes rikishis n'osent (et n'oseront sans doute) jamais dénoncer de tels actes. Le reste, genre toilette des rikishis, tâches ménagères, etc., est à mon avis une bonne chose car c'est l'enseignement très concrète des valeurs du sumo : humilité, force morale, abnégation. Après, le différentialisme "racial" dans les heya est à mon avis moins présent que l'on ne peut le dire. Même Konishiki nous indique que son sentiment était qu'il était particulièrement brimé du fait de son caractère prometteur de futur grand plus que parce qu'il était un gaijin.
Voilà, j'espère que je n'ai pas été trop nébuleux... :wink:

Pour Asa, je suis d'accord, même si maintenant qu'il est (le seul) yokozuna, il faudrait qu'il songe à mettre de l'eau dans son koumiss (c'est bien le nom du lait de jument fermenté, non ?) :wink:

Asafan
13/10/2004, 22h58
on dit "airag" en mongol. "koumiss" est un nom gaijin! tss, tss, tss :wink:

toonoryu
13/10/2004, 23h17
Izvinite, ia samo lioubim slivo... (scuze, je n'aime que la prune...) :oops:

Asafan
13/10/2004, 23h42
oui, tiens, je crois bien que c'est russe, koumiss

On dévie, on dévie, excusez-nous :wink:

toonoryu
14/10/2004, 00h12
... la ligne droite n'est pas toujours le chemin vers la sagesse, petit scarabée... 8O (surtout pinté à l'alcool de pruneau ou au lait de jument fermenté!). Fin de la "déviance" ?

Asafan
14/10/2004, 10h31
... la ligne droite n'est pas toujours le chemin vers la sagesse, petit scarabée... 8O

C'est ce que Chiyotaikai a appliqué à l'Aki basho. Je me demande s'il a bien fait!!! :wink:

Hoshifransu
01/11/2004, 14h33
A propos de Konishiki, je viens de le voir à l'instant sur la NHK, juste avant que la NHK ne crypte ses programmes.
Le journal est en effet accessible en clair, et puis comme toujours, ils veulent vous mettre l'eau à la bouche en vous suggérant de vous abonner, alors ils laissent en clair pendant une minute environ, le programme qui suit.
Alors, il s'agit d'une émission enfantine, les gamins ont autour de 5 ans, ils retournent des cartes et sur chacune, un hiragana qu'ils doivent prononcer. Le b-a-ba, en somme. La méthode globale n'existe pas chez eux, me suis-je fait la rélfexion. Ils devraient l'essayer s'ils veulent des illéttrés. Bon, celà n'engage que moi.
Et puis soudain, un décor de théâtre avec Konishiki, perruque blonde, revêtu d'un costume orange large, lequel est couvert de cônes jaunes espacés, un peu comme les tâches sur le costume de Casimir !
Konishiki levait un bras, puis l'autre, guidé par deux enfants qui exécutaient ces mêmes mouvements, sur fond de musique rap chanté en japonais que Konishiki marmonnait (sans doûte un moyen comme un autre de mémoriser des prononciations) et le réalisateur qui affiche alors le nom de Konishiki, pour ceux qui ne l'auraient vraiment pas reconnu !
C'est comme si on sous-titrait Casimir au cas où on ne l'aurait pas reconnu !
Et puis ça s'est crypté. Alors, je ne sais pas si c'est une émission en direct ou fraichement enregistrée, mais Konishiki est toujours aussi leste.
En tout cas, le voilà blond comme Akebono ! :lol: