sumofr
13/04/2006, 16h05
Vous trouverez ci-dessous une traduction en français d'un article paru sur Ozumo Magazine en mars 2006, traduit en anglais par Hananotaka sur sumoforum.
Désolé pour la traduction, mais traduire de l'anglais qui est déjà de la traduction du japonais, c'est pas simple :?
Avec le yusho de Tochiazuma, le Hatsu Bashô a déclenché une certaine excitation pour la première fois depuis longtemps. Comme s’il savait combien de fans veulent un Yokozuna « Made in Japan », le président Ishibashi a déclaré, lors de la réunion du Conseil de délibération des Yokozuna un jour après le Hatsu Bashô que, « même avec 12 victoires, si [Tochiazuma] gagne ce yusho-là, il devrait y avoir une réunion [du conseil]. ». En outre, il a suggéré qu'il y aurait la possibilité d’une discussion s'il laissait filer le yusho mais qu’il montait à 13 victoires.
Si Tochiazuma gagne le Haru Bashô, le fait d’avoir gagné 4 yusho dans sa carrière serait pour lui probablement une étape raisonnable. Il serait également possible de dire que si on tient compte du fait qu'il était kadoban dans le Hatsu Bashô, on a proposé la barre la plus basse pour la promotion de Yokozuna dans l'ère de Heisei.
Comme ce magazine l’a souvent précisé, les conditions pour la promotion de Yokozuna ont considérablement changé durant l'ère Heisei comparée à l'ère Showa.
En mai 1950, le «titre» autrefois simplement symbolique de Yokozuna devint un «grade» officiel, et le Conseil de délibération de Yokozuna fut inauguré. Plus tard, en janvier 1968, l’actuel règlement «de deux yusho consécutif comme ozeki, ou performance équivalente» fut institué. Sur les 18 lutteurs promus pendant l'ère Showa après que le règlement ait été créé, seulement 3 ont été promus pour « yusho consécutifs ». Tous les autres ont été promus pour « performance équivalente. ». 7 sont même devenus Yokozuna sans gagner un seul yusho dans les deux bashô précédant immédiatement leur promotion.
Dans l’ère Heisei, les 6 lutteurs promus yokozuna ont tous été promus pour « yusho consécutifs ». L’origine de cette sévérité soudaine fut probablement Futahaguro. Le scandale créé par « l'incident de Futahaguro » en 1988 vers la fin de l'ère de Showa, a tendu la perche aux partisans de la tendance à rendre les normes plus strictes. En outre, on ne peut nier le fait que la candidature de rikishi étranger comme Konishiki et Akebono au titre de Yokozuna a également stimulé ce mouvement. En conséquence, les cas d'ozeki étant resté à leur rang après plusieurs accumulation de résultats ont été plus nombreux qu’avant . Le résultat provoque encore un sentiment saisissant d'injustice.
Le Dai-yokozuna Kitanoumi attint en 1974 10 victoires comme shin-ozeki, puis 13 victoires ( son 2ème yusho), et encore 13 victoires (équivalent à un yusho), et au très jeune âge de 21 ans et 2 mois, il fut promu Yokozuna. Comparativement, le Heisei Dai-yokozuna Takanohana a atteint en 1993 11 victoires comme shin-ozeki, 14 victoires (son 3ème yusho), et 13 victoires (équivalent à un yusho), mais n'a pas été promu alors qu’il avait magnifiquement surpassé la performance de Kitanoumi. Takanohana avait 20 ans et 11 mois à ce moment-là. Il aurait pu devenir certainement « le plus jeune Yokozuna qui n'ait jamais existé ». Takanohana a loupé à plusieurs reprises cette promotion simplement à cause d’aucun « yusho consécutifs », et a été finalement promu avec la performance fantastique d’un zensho consécutif à un yusho. C’était son 7ème yusho…
Au passage, Kitanoumi a réalisé pour la première fois deux yusho consécutif au Haru Bashô de 1978. Selon les exigences retenues pour Takanohana, il aurait du être promu à l'âge de 24 ans et 10 mois.
Pour leur propre fierté ?
Le populaire rikishi Konishiki rata l'honneur d'être le premier Yokozuna étranger. De novembre 1990 à mars 1991, il réussit la jolie performance de 13 victoires (2ème yusho), 12 victoires, 13 victoires (3ème yusho), mais ne put être promu. Dans son amertume, Konishiki lança une polémique avec sa déclaration de discrimination raciale, mais si on considère les déclarations des patrons de la Kyokai qui avait rejeté sa promotion, sa colère peut être facilement comprise. De mai 1994 à janvier 1995, Musashimaru attint 12 victoires (jun-yusho), un zensho de 15 victoires (1er yusho), 11 victoires, 12 victoires (jun-yusho), 13 victoires (équivalent à un yusho). Une décennie plus tôt, cela aurait été assez pour le promouvoir Yokozuna plutôt deux fois qu’une, mais il n'y eut aucune réunion. Au lieu de cela, alors que le bashô de septembre suivant son zensho yusho était considéré comme tsuna-tori bashô , son bashô de mars 1995 avec 13 victoires (équivalent à un yusho) ne fut même pas pris en compte.
Pour justifier cette décision, le shimpan-bucho Sadogatake Oyakata (ancien Yokozuna Kotozakura) indiqua alors que « le point de départ des tsuna-tori est toujours un yusho, » ajoutant ainsi une nouvelle condition. La carrière active de Kotozakura n'a pas été meilleure avant ni après sa promotion, mais en ce temps-là, il fut un des rares promu pour yusho consécutif. Protégeait-il simplement sa propre fierté ?
Si l’on continue dans ce sens, l’actuel Rijicho Kitanoumi (l’ancien Yokozuna Kitanoumi) a été promu non pas pour yusho consécutifs, mais avec des résultats continuels de 13 victoires. Le même Kitanoumi a à plusieurs reprises varié son opinion sur le fait que « le point de départ pour un tsuna-tori est au moins de 13 victoires. Les résultats sont plus importants que le yusho. » Il a plus tard déclaré que « un yusho à 12 victoires n'est pas un point de départ pour être Yokozuna » quand Chiyotaikai a gagné le Haru avec 12 victoires en 2003, et quand Kaio a fait la même chose à Nagoya.
Je voudrais maintenant revenir sur Takanohana. Après un yusho avec 14 victoires, et lui succédant, un équivalent yusho de 13 victoires, il entra dans les conditions de la « vision Sadogatake » et de la « vision Kitanoumi », et fut pourtant recalé.
La raison donnée fut complètement incompréhensible : « Sa défaite en finale était trop laide. » La déclaration venant de Dewanoumi Rijicho (ancien Yokozuna Sadanoyama).
Dommage pour Takanohana. Ce genre de traitement s'appelle typiquement le « harcèlement »...
Toujours pour comparer, si l’ozeki Kaio se retirait maintenant, il laisserait un tableau de victoires plutôt bien garni de 5 yusho, le plus grand nombre de yusho que n'importe quel ozeki. Des 18 Yokozuna promus en Showa, 9 ont 5 yusho ou moins ; il est certainement approprié d'appeler Kaio « le plus grand ozeki » .
Un fardeau encore plus lourd pour les ozeki
Comme pour suivre les conditions de la promotion de Yokozuna, les promotions d'ozeki sont également devenues plus strictes.
À la différence des Yokozuna, il n'y a aucune norme claire pour la promotion d'ozeki. Jusqu'à la fin des années 70 et au début des années 80, 3 bashô en Sanyaku avec 30 victoires ou plus avait plus ou moins été considéré comme la norme, mais les promotions furent en fait traitées au cas-par-cas. Dans la réalité, Wakanohana I, Kitabayama, et Kitanofuji furent favorisés avec 28 victoires sur 3 bashô, et Asashio 4 fut promu avec 29 victoires. Pour différentes raisons un nouveau standard est maintenant apparu : « 3 bashô en Sanyaku avec 33 victoires ou plus » , et la promotion au dessous de ce niveau a presque disparu.
Cependant, au senshuraku du Hatsu Bashô, après avoir déclaré que Hakuho (qui a eu 13 victoires à ce bashô) partirait en ozeki-tori au Haru bashô , Oshiogawa Oyakata (l’ancien ozeki Daikirin) suggéra que le doute était permis quant aux conditions : « puisqu'il a eu le seulement 9 victoires au dernier bashô (Kyushu), la barre est haute. Mais s'il gagne le yusho, il l'obtiendra naturellement, et s'il gagne douze combats, il aura une excellente chance. » Parce que jusqu'à maintenant, le nombre de victoires dans le bashô de point de départ pour la course au titre n’avait jamais été considéré comme un problème. En fait, sur les 53 ozeki promus depuis 1955, au moins la moitié ( 28 ) ont un bashô avec un nombre de victoires inférieur à 10 dans les trois bashô précédant la promotion. Et Wakahaguro et Kaiki ont même eu un makekoshi dans ces bashô-là...
Même si on tient compte que grimper dans le classement est dans l’ordre des choses, Oshiogawa Oyakata lui-même, dans sa période active, dut être un des rikishi les plus frustré à cause de l'injustice des conditions de sa promotion en ozeki. A son époque, 30 victoires en 3 bashô étaient la norme. Daikirin, bien qu'il ait réalisé ces résultats à plusieurs reprises, ne fut promu que longtemps après.
Commentant ce fait, il a dit dans une numéro de septembre 1970 d'Ozumo Magazine : « Pensez à ça du point de vue d’un salarié de base. Je doute qu'il y en ait qui ne trouvent pas ça décevant quand un groupe de types avec qui on a progressé soit promus avec juste un peu plus de chance. »
Le 13ème jour du Bashô de septembre cette année-là, les médias annoncèrent que le Sekiwake Daikirin serait sûrement fait ozeki, le Yomiuri Shimbun rapportant que « Daikirin aura le titre d’ozeki avec 11 victoires ! ». Il n’avait que 9 victoires en bashô quand il commença sa course au titre d’ozeki, même résultat que Hakuho ; cependant dans le bashô suivant, il en eut une de moins que Hakuho avec 12, et dès qu'il obtint ses 11 victoires en septembre, sa promotion en ozeki fut assurée. Si on revient à Hakuho, même avec la norme récente plus dure, avec 13 victoires dans le bashô précédent, il devrait seulement avoir besoin de 11 ou mieux. Pourquoi, alors, disent-ils qu’ « avec 12 victoires, il aura une chance », relevant la barre plus haut d’une victoire ?
« Afin d’avoir des Yokozuna et des ozeki forts. » C’est devenu le cliché toutes les fois que les conditions de promotion deviennent plus strictes. Cependant, il n'y a vraiment aucune corrélation entre le nombre des rikishi à l'heure de la promotion, et ceux après la promotion. Et à la limite, si vous attendez trop longtemps, ça peut finir en ratant la meilleure performance d’un rikishi, ou en gaspillant la durée de carrière du rikishi. Trop souvent, là où on n’est pas capable de secouer l'impression créée par les tentatives avortées de promotion, il n’y a plus aucune motivation ni aucune anticipation de la part du rikishi.
Si Kaio, Musoyama (l’actuel Fujishima Oyakata) ou d'autres avaient été lutteurs durant l'ère Showa, ils auraient été promus quand ils étaient sur leur lancée. Avec un peu de chance, ils auraient même atteint le titre de Yokozuna. Même Kotomitsuki, qui avait combattu ardemment en tant que rival d'Asashoryu, est passé à coté de sa promotion après avoir accumulé 34 victoires et un yusho dans 3 bashô à partir de septembre 2001. Bien qu'il ait été hiramaku quand il a commencé sa course au titre, cette performance aurait certainement pu lui amener la promotion à ozeki dans l’ère Showa. Après cela, la motivation de Kotomitsuki a clairement diminué. S’ils lui avaient laissé accomplir son rêve, il pourrait faire un tout autre parcours dans le sumo en ce moment.
Chiyotaikai et Kotooshu, qui ont facilement gagné leur promotion, sont devenus populaire juste après leur promotion. Faire les gros titres de la presse quand vous rejoignez d'abord une écurie, comme les frères Waka-Taka, reste une exception. Les rikishis normaux attirent l’attention lorsqu’ils atteignent les plus hauts niveaux.
La promotion des Yokozuna et des ozeki fonctionne comme un instrument pour la popularité du sumo. Ce qui voudrait dire que la popularité du sumo est descendue parce que la Kyokai avait plumé les bourgeons de la popularité eux-mêmes.
Satoshi Nagayama, Ozumo Magazine, mars 2006
Ce texte me parait être un bon point de départ pour plusieurs sujets :
- les conditions réelles de promotion en ozeki ou yokozuna
Vu les disparités cité dans le texte, peut-on encore raisonnablement penser que les promotions ne se font pas au bout du compte "à la tête du client" :wink: ?
- l'impact des nominations des lutteurs des plus hauts niveaux sur la popularité du sumô
Là aussi , la recherche de qualité pour les hauts grades ne nuit-elle pas à cette popularité ?
Je vous laisse réfléchir... :)
Désolé pour la traduction, mais traduire de l'anglais qui est déjà de la traduction du japonais, c'est pas simple :?
Avec le yusho de Tochiazuma, le Hatsu Bashô a déclenché une certaine excitation pour la première fois depuis longtemps. Comme s’il savait combien de fans veulent un Yokozuna « Made in Japan », le président Ishibashi a déclaré, lors de la réunion du Conseil de délibération des Yokozuna un jour après le Hatsu Bashô que, « même avec 12 victoires, si [Tochiazuma] gagne ce yusho-là, il devrait y avoir une réunion [du conseil]. ». En outre, il a suggéré qu'il y aurait la possibilité d’une discussion s'il laissait filer le yusho mais qu’il montait à 13 victoires.
Si Tochiazuma gagne le Haru Bashô, le fait d’avoir gagné 4 yusho dans sa carrière serait pour lui probablement une étape raisonnable. Il serait également possible de dire que si on tient compte du fait qu'il était kadoban dans le Hatsu Bashô, on a proposé la barre la plus basse pour la promotion de Yokozuna dans l'ère de Heisei.
Comme ce magazine l’a souvent précisé, les conditions pour la promotion de Yokozuna ont considérablement changé durant l'ère Heisei comparée à l'ère Showa.
En mai 1950, le «titre» autrefois simplement symbolique de Yokozuna devint un «grade» officiel, et le Conseil de délibération de Yokozuna fut inauguré. Plus tard, en janvier 1968, l’actuel règlement «de deux yusho consécutif comme ozeki, ou performance équivalente» fut institué. Sur les 18 lutteurs promus pendant l'ère Showa après que le règlement ait été créé, seulement 3 ont été promus pour « yusho consécutifs ». Tous les autres ont été promus pour « performance équivalente. ». 7 sont même devenus Yokozuna sans gagner un seul yusho dans les deux bashô précédant immédiatement leur promotion.
Dans l’ère Heisei, les 6 lutteurs promus yokozuna ont tous été promus pour « yusho consécutifs ». L’origine de cette sévérité soudaine fut probablement Futahaguro. Le scandale créé par « l'incident de Futahaguro » en 1988 vers la fin de l'ère de Showa, a tendu la perche aux partisans de la tendance à rendre les normes plus strictes. En outre, on ne peut nier le fait que la candidature de rikishi étranger comme Konishiki et Akebono au titre de Yokozuna a également stimulé ce mouvement. En conséquence, les cas d'ozeki étant resté à leur rang après plusieurs accumulation de résultats ont été plus nombreux qu’avant . Le résultat provoque encore un sentiment saisissant d'injustice.
Le Dai-yokozuna Kitanoumi attint en 1974 10 victoires comme shin-ozeki, puis 13 victoires ( son 2ème yusho), et encore 13 victoires (équivalent à un yusho), et au très jeune âge de 21 ans et 2 mois, il fut promu Yokozuna. Comparativement, le Heisei Dai-yokozuna Takanohana a atteint en 1993 11 victoires comme shin-ozeki, 14 victoires (son 3ème yusho), et 13 victoires (équivalent à un yusho), mais n'a pas été promu alors qu’il avait magnifiquement surpassé la performance de Kitanoumi. Takanohana avait 20 ans et 11 mois à ce moment-là. Il aurait pu devenir certainement « le plus jeune Yokozuna qui n'ait jamais existé ». Takanohana a loupé à plusieurs reprises cette promotion simplement à cause d’aucun « yusho consécutifs », et a été finalement promu avec la performance fantastique d’un zensho consécutif à un yusho. C’était son 7ème yusho…
Au passage, Kitanoumi a réalisé pour la première fois deux yusho consécutif au Haru Bashô de 1978. Selon les exigences retenues pour Takanohana, il aurait du être promu à l'âge de 24 ans et 10 mois.
Pour leur propre fierté ?
Le populaire rikishi Konishiki rata l'honneur d'être le premier Yokozuna étranger. De novembre 1990 à mars 1991, il réussit la jolie performance de 13 victoires (2ème yusho), 12 victoires, 13 victoires (3ème yusho), mais ne put être promu. Dans son amertume, Konishiki lança une polémique avec sa déclaration de discrimination raciale, mais si on considère les déclarations des patrons de la Kyokai qui avait rejeté sa promotion, sa colère peut être facilement comprise. De mai 1994 à janvier 1995, Musashimaru attint 12 victoires (jun-yusho), un zensho de 15 victoires (1er yusho), 11 victoires, 12 victoires (jun-yusho), 13 victoires (équivalent à un yusho). Une décennie plus tôt, cela aurait été assez pour le promouvoir Yokozuna plutôt deux fois qu’une, mais il n'y eut aucune réunion. Au lieu de cela, alors que le bashô de septembre suivant son zensho yusho était considéré comme tsuna-tori bashô , son bashô de mars 1995 avec 13 victoires (équivalent à un yusho) ne fut même pas pris en compte.
Pour justifier cette décision, le shimpan-bucho Sadogatake Oyakata (ancien Yokozuna Kotozakura) indiqua alors que « le point de départ des tsuna-tori est toujours un yusho, » ajoutant ainsi une nouvelle condition. La carrière active de Kotozakura n'a pas été meilleure avant ni après sa promotion, mais en ce temps-là, il fut un des rares promu pour yusho consécutif. Protégeait-il simplement sa propre fierté ?
Si l’on continue dans ce sens, l’actuel Rijicho Kitanoumi (l’ancien Yokozuna Kitanoumi) a été promu non pas pour yusho consécutifs, mais avec des résultats continuels de 13 victoires. Le même Kitanoumi a à plusieurs reprises varié son opinion sur le fait que « le point de départ pour un tsuna-tori est au moins de 13 victoires. Les résultats sont plus importants que le yusho. » Il a plus tard déclaré que « un yusho à 12 victoires n'est pas un point de départ pour être Yokozuna » quand Chiyotaikai a gagné le Haru avec 12 victoires en 2003, et quand Kaio a fait la même chose à Nagoya.
Je voudrais maintenant revenir sur Takanohana. Après un yusho avec 14 victoires, et lui succédant, un équivalent yusho de 13 victoires, il entra dans les conditions de la « vision Sadogatake » et de la « vision Kitanoumi », et fut pourtant recalé.
La raison donnée fut complètement incompréhensible : « Sa défaite en finale était trop laide. » La déclaration venant de Dewanoumi Rijicho (ancien Yokozuna Sadanoyama).
Dommage pour Takanohana. Ce genre de traitement s'appelle typiquement le « harcèlement »...
Toujours pour comparer, si l’ozeki Kaio se retirait maintenant, il laisserait un tableau de victoires plutôt bien garni de 5 yusho, le plus grand nombre de yusho que n'importe quel ozeki. Des 18 Yokozuna promus en Showa, 9 ont 5 yusho ou moins ; il est certainement approprié d'appeler Kaio « le plus grand ozeki » .
Un fardeau encore plus lourd pour les ozeki
Comme pour suivre les conditions de la promotion de Yokozuna, les promotions d'ozeki sont également devenues plus strictes.
À la différence des Yokozuna, il n'y a aucune norme claire pour la promotion d'ozeki. Jusqu'à la fin des années 70 et au début des années 80, 3 bashô en Sanyaku avec 30 victoires ou plus avait plus ou moins été considéré comme la norme, mais les promotions furent en fait traitées au cas-par-cas. Dans la réalité, Wakanohana I, Kitabayama, et Kitanofuji furent favorisés avec 28 victoires sur 3 bashô, et Asashio 4 fut promu avec 29 victoires. Pour différentes raisons un nouveau standard est maintenant apparu : « 3 bashô en Sanyaku avec 33 victoires ou plus » , et la promotion au dessous de ce niveau a presque disparu.
Cependant, au senshuraku du Hatsu Bashô, après avoir déclaré que Hakuho (qui a eu 13 victoires à ce bashô) partirait en ozeki-tori au Haru bashô , Oshiogawa Oyakata (l’ancien ozeki Daikirin) suggéra que le doute était permis quant aux conditions : « puisqu'il a eu le seulement 9 victoires au dernier bashô (Kyushu), la barre est haute. Mais s'il gagne le yusho, il l'obtiendra naturellement, et s'il gagne douze combats, il aura une excellente chance. » Parce que jusqu'à maintenant, le nombre de victoires dans le bashô de point de départ pour la course au titre n’avait jamais été considéré comme un problème. En fait, sur les 53 ozeki promus depuis 1955, au moins la moitié ( 28 ) ont un bashô avec un nombre de victoires inférieur à 10 dans les trois bashô précédant la promotion. Et Wakahaguro et Kaiki ont même eu un makekoshi dans ces bashô-là...
Même si on tient compte que grimper dans le classement est dans l’ordre des choses, Oshiogawa Oyakata lui-même, dans sa période active, dut être un des rikishi les plus frustré à cause de l'injustice des conditions de sa promotion en ozeki. A son époque, 30 victoires en 3 bashô étaient la norme. Daikirin, bien qu'il ait réalisé ces résultats à plusieurs reprises, ne fut promu que longtemps après.
Commentant ce fait, il a dit dans une numéro de septembre 1970 d'Ozumo Magazine : « Pensez à ça du point de vue d’un salarié de base. Je doute qu'il y en ait qui ne trouvent pas ça décevant quand un groupe de types avec qui on a progressé soit promus avec juste un peu plus de chance. »
Le 13ème jour du Bashô de septembre cette année-là, les médias annoncèrent que le Sekiwake Daikirin serait sûrement fait ozeki, le Yomiuri Shimbun rapportant que « Daikirin aura le titre d’ozeki avec 11 victoires ! ». Il n’avait que 9 victoires en bashô quand il commença sa course au titre d’ozeki, même résultat que Hakuho ; cependant dans le bashô suivant, il en eut une de moins que Hakuho avec 12, et dès qu'il obtint ses 11 victoires en septembre, sa promotion en ozeki fut assurée. Si on revient à Hakuho, même avec la norme récente plus dure, avec 13 victoires dans le bashô précédent, il devrait seulement avoir besoin de 11 ou mieux. Pourquoi, alors, disent-ils qu’ « avec 12 victoires, il aura une chance », relevant la barre plus haut d’une victoire ?
« Afin d’avoir des Yokozuna et des ozeki forts. » C’est devenu le cliché toutes les fois que les conditions de promotion deviennent plus strictes. Cependant, il n'y a vraiment aucune corrélation entre le nombre des rikishi à l'heure de la promotion, et ceux après la promotion. Et à la limite, si vous attendez trop longtemps, ça peut finir en ratant la meilleure performance d’un rikishi, ou en gaspillant la durée de carrière du rikishi. Trop souvent, là où on n’est pas capable de secouer l'impression créée par les tentatives avortées de promotion, il n’y a plus aucune motivation ni aucune anticipation de la part du rikishi.
Si Kaio, Musoyama (l’actuel Fujishima Oyakata) ou d'autres avaient été lutteurs durant l'ère Showa, ils auraient été promus quand ils étaient sur leur lancée. Avec un peu de chance, ils auraient même atteint le titre de Yokozuna. Même Kotomitsuki, qui avait combattu ardemment en tant que rival d'Asashoryu, est passé à coté de sa promotion après avoir accumulé 34 victoires et un yusho dans 3 bashô à partir de septembre 2001. Bien qu'il ait été hiramaku quand il a commencé sa course au titre, cette performance aurait certainement pu lui amener la promotion à ozeki dans l’ère Showa. Après cela, la motivation de Kotomitsuki a clairement diminué. S’ils lui avaient laissé accomplir son rêve, il pourrait faire un tout autre parcours dans le sumo en ce moment.
Chiyotaikai et Kotooshu, qui ont facilement gagné leur promotion, sont devenus populaire juste après leur promotion. Faire les gros titres de la presse quand vous rejoignez d'abord une écurie, comme les frères Waka-Taka, reste une exception. Les rikishis normaux attirent l’attention lorsqu’ils atteignent les plus hauts niveaux.
La promotion des Yokozuna et des ozeki fonctionne comme un instrument pour la popularité du sumo. Ce qui voudrait dire que la popularité du sumo est descendue parce que la Kyokai avait plumé les bourgeons de la popularité eux-mêmes.
Satoshi Nagayama, Ozumo Magazine, mars 2006
Ce texte me parait être un bon point de départ pour plusieurs sujets :
- les conditions réelles de promotion en ozeki ou yokozuna
Vu les disparités cité dans le texte, peut-on encore raisonnablement penser que les promotions ne se font pas au bout du compte "à la tête du client" :wink: ?
- l'impact des nominations des lutteurs des plus hauts niveaux sur la popularité du sumô
Là aussi , la recherche de qualité pour les hauts grades ne nuit-elle pas à cette popularité ?
Je vous laisse réfléchir... :)